Crystal Lake a été le théâtre d'un carnage en 1980. Aujourd'hui, tout le monde l'a oublié et des jeunes viennent s'égarer aux abords du lac où rodent un tueur monolithique qui n'a pas envie que l'on trouble sa tranquillité !
Dans sa politique de remettre au goût du jour quelques fleurons du cinéma horrifique, la maison de production de Michael Bay, Platinum Dunes, ne pouvait pas ignorer VENDREDI 13 après s'être intéressée à MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, AMITYVILLE ou encore THE HITCHER. Néanmoins, le projet leur est plus ou moins amené sur un plateau par New Line qui, fort du succès du remake de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, a bien envie de voir revenir sur les écrans le slasher le plus emblématique selon le même type de traitement. Trois ans vont tout de même s'écouler durant lesquels le projet va prendre une forme concrète. Pendant que plusieurs scénaristes vont plancher sur une manière de ramener au cinéma le fameux tueur au masque de hockey, la production pense confier le film à l'un des deux réalisateurs qui ont mis en image MASSACRE A LA TRONCONNEUSE et MASSACRE A LA TRONCONNEUSE : LE COMMENCEMENT. Jonathan Liebesman est pressenti mais le cinéaste sera finalement remplacé en cours de route par Marcus Nispel qui sort de quelques soucis avec un pourtant très sympathique PATHFINDER. Un bon point de manière à donner un véritable sens de l'image à cette nouvelle version de VENDREDI 13. Hélas, le résultat final déçoit de par un manque d'ambition flagrant. A vrai dire, une ligne de conduite bien à l'image d'une série de films dont la qualité générale n'a jamais été un point fort. Du coup, le but avoué de pas mal d'intervenants, celui de relancer une franchise sur de nouvelles bases, paraît bien loupé !
Plutôt que jouer la carte du mystère comme dans le tout premier film, ce VENDREDI 13 se rattache à l'image emblématique de la série, à savoir un colosse déshumanisé et portant un masque de hockey. Une image forte qui s'est forgée une certaine réputation au fil d'une dizaine de métrage. Pourtant, Jason, puisque c'est son nom, ne va mettre son fameux masque qu'à la moitié de MEURTRES EN TROIS DIMENSION, soit le troisième métrage de la série. Voulant rester fidèle aux métrages d'origine, le VENDREDI 13 de Marcus Nispel propose deux à trois remakes en un seul. Passé une première séquence qui expédie platement la maman du tueur, on suit un premier court slasher avant de nous relancer avec une nouvelle équipe de victimes potentielles. Une construction assez étonnante qui ne fait apparaître le titre du film qu'au bout d'une demi-heure et ne lançant finalement son intrigue principale qu'au premier tiers du métrage. Assez surprenant mais les scénaristes n'ont apparemment pas trouvé mieux pour multiplier les jeunes adultes frivoles prêts à mourir sous la machette vindicative du tueur. Après tout, en dehors de ramener sur un écran Jason, la fonction primaire des VENDREDI 13 a toujours été d'égrener les morts violentes. Mais après tant de slashers, jouant avec plus ou moins d'inventivité avec cette recette, ce VENDREDI 13 expose avant tout un manque d'originalité.
Pire, le film n'est pas non plus très efficace ce qui ne le place pas vraiment dans le haut du panier des slashers contemporains. Mais, après tout, on peut voir dans ce VENDREDI 13 une adaptation très fidèle d'une série de films qui n'a que très peu essayé de chambouler une recette rentable. Des nanas à poil, de l'humour gras, des références à la fumette… Seul agencement de taille, les courbes des actrices sont à présent plus gonflées tout comme le pouvoir d'achat de nos mannequins victimes. Mais la recette ne serait pas complète sans une accumulation de découpages «gores». Gores mais pas trop car dès le tout premier VENDREDI 13, la série fut elle-même victime des coups de machette donnés par le MPAA, comité de contrôle américain. Le film de Marcus Nispel ne va pas, lui non plus, très loin dans l'horreur graphique et paraîtra un poil sage en comparaison avec son MASSACRE A LA TRONCONNEUSE ou bien les débordements bien plus extrêmes de LA COLLINE A DES YEUX 2, par exemple. Peu importe, après tout, puisque si les amateurs vieillissant de cinéma d'horreur s'offusquent de la fadeur de ce VENDREDI 13, il a du tout de même dû être assez rentable pour qu'une suite soit déjà en projet avec une date de sortie prévue pour l'été 2010 !
Paramount distribue en France ce VENDREDI 13. Cela s'avère d'ailleurs un poil amusant puisque l'éditeur n'a pas les droits du film original en Europe. C'est en effet Warner qui a distribué le premier film réalisé par Sean S. Cunningham dans les pays européens durant les années 80 et aujourd'hui en vidéo. Néanmoins, aujourd'hui, la donne s'est inversée puisque c'est donc le contraire qui se produit avec le nouveau VENDREDI 13, distribué aux USA par New Line (appartenant à Warner) et ici Paramount. Et cela coince un peu parce que justement, les Etats-Unis ont eu droit à une version allongée en vidéo avec une petite dizaine de minutes supplémentaires. Un montage qui ne traversera pas, pour l'instant, l'Atlantique puisque le Blu-ray reprend la version distribuée dans les salles.
L'image du Blu-ray est, en tout cas, magnifique avec son transfert haute définition 1080p. Un bon point surtout qu'une grande partie du métrage se déroule dans l'obscurité. L'occasion de redécouvrir, et cela surprend, un film qui donne l'impression d'avoir une image encore plus belle sur ce Blu-ray que lors de sa diffusion en salles. La piste sonore anglaise en Dolby TrueHD 5.1 ne manque pas non plus de mordant et donne un rendu bien percutant à des rebondissements qui en manquent un peu. Un doublage français est aussi disponible en 5.1.
L'interactivité du disque se termine avec deux Featurettes d'une dizaine de minutes chacune et des scènes coupées. Il est à noter que tout le contenu supplémentaire est intégralement présenté en haute définition. Même les scènes coupées qui s'avèrent d'une qualité relativement proche à celle du film lui-même. Des séquences qui ne sont pas toutes vraiment très intéressantes mais on peut y voir une version alternative de la trouvaille du masque de hockey par Jason jugée peu efficace alors qu'elle contient tout de même une décapitation ! Une séquence qui fait déjà partie, ce qui est un peu bête, de l'une des deux Featurettes. La première, «La renaissance de Jason Voorhees», est un grand moment puisque tous les intervenants annoncent l'arrivée d'un métrage qui réinvente le genre, qui va vous clouer à votre siège… Au milieu, on peut apercevoir quelques bouts du travail des maquilleurs. Mais ce qui prime, c'est donc un vent d'enthousiasme assez effarant après avoir vu le film. Mieux, on discerne les faux pas des scénaristes, producteurs et réalisateur désireux, comme ils le disent, de donner une intelligence à un tueur qui gagnait justement sa force en n'étant une brute épaisse. «Taillader d'un sens à l'autre» est un peu du même tonneau. On reprend les mêmes intervenants et on leur fait lâcher des tirades à propos du film original et de ses suites. A l'arrivée, vous n'aurez donc rien appris si ce n'est qu'il est effectivement possible de faire un montage d'environ une vingtaine de minutes avec quasiment aucun bout d'interview valable… Une performance qui s'est hélas généralisée depuis de nombreuses années avec les éditions DVD où la quantité et le vide prime sur la pertinence et l'information. Dommage !