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Critique du film
PANDORUM 2009

 

Le caporal Bower s'extirpe avec peine d'un caisson d'hyper sommeil. Le réveil est d'autant plus rude qu'il est victime d'un phénomène courant après une longue période de stase, l'amnésie temporaire. Bower n'a plus aucun souvenir et ne peut donc se fier qu'au tatouage imprimé sur son bras ainsi qu'à quelques bribes d'informations pour retrouver son identité. La situation est plutôt embarrassante surtout que le vaisseau spatial où il se trouve semble être à l'abandon. Il ne tarde pas à réveiller un autre passager, son supérieur, le lieutenant Payton. Les deux hommes vont alors essayer de découvrir ce qui s'est déroulé à bord de l'Elysium, gigantesque vaisseau transportant à l'origine 60.000 personnes en sommeil…

L'Allemand Christian Alvart navigue dans le milieu du cinéma depuis quelques années déjà lorsqu'il se fait remarquer hors des frontières de son pays avec ANTIBODIES, une histoire de tueur en série qui n'a pourtant rien d'exceptionnelle. Le cinéaste a alors l'envie de s'orienter vers d'autres horizons que le cinéma horrifique mais ANTIBODIES lui ouvre une brèche vers Hollywood. Parmi les projets qu'on lui propose, il accepte de réaliser un film d'horreur mettant en scène Renée Zellweger dans LE CAS 39. Un départ américain un peu inquiétant lorsque l'on sait que le film est resté coincé, faute d'être distribué dans les salles, pendant un an et demi. Ce retard mène d'ailleurs LE CAS 39 a sortir dans les cinémas français après un PANDORUM pourtant tourné bien plus tard.

Bien qu'il aurait dû tourner le dos au cinéma d'horreur, comme il l'aurait voulu, c'est pourtant une nouvelle fois vers ce genre que Christian Alvart s'oriente avec PANDORUM, un projet très ambitieux. En effet, l'intrigue se déroule dans le futur à bord d'un vaisseau spatial et mêle donc science-fiction et horreur dans une ambiance lorgnant pas mal vers la franchise ALIEN. C'est Paul W.S. Anderson qui va produire le film au sein de sa maison de production, Impact Pictures, qu'il a fondé aux débuts des années 90 avec Jeremy Bolt. Le réalisateur américain ne dirigera pas pour autant le film et confiera donc un premier scénario écrit par Travis Malloy à Christian Alvart. Ce dernier va ainsi rentrer au pays pour tourner PANDORUM puisque le métrage sera filmé en Allemagne. Le financement sera en grande partie assuré par la société de production allemande Constantin Films qui a déjà collaboré à plusieurs reprises avec Impact Pictures que ce soit sur les RESIDENT EVIL ou encore D.O.A. : DEAD OR ALIVE. Importé des Etats-Unis, une part du casting fait donc le déplacement avec en-tête Dennis Quaid alors que le reste de la distribution permet de découvrir une actrice allemande, Antje Traue, ou encore un champion de free fight, Cung Le

La patte de Paul W.S. Anderson semble apparaître ici ou là dans PANDORUM. Le réalisateur, seulement producteur sur ce film, a déjà mis en scène des aventures spatiales avec SOLDIER et surtout l'excellent EVENT HORIZON. Certains décors, particulièrement les caissons d'hyper sommeil, ont ainsi un petit côté familier qui renvoie directement à l'univers d'EVENT HORIZON. Du coup, on peut se demander si le cinéaste n'avait pas l'envie de prendre une petite revanche avec ce PANDORUM puisque après le premier ALIEN VS PREDATOR, la Fox va l'écarter totalement de ce qui deviendra le pitoyable ALIENS VS PREDATOR : REQUIEM. Car si une influence se fait sentir tout au long du film, c'est bel et bien celle la franchise ALIEN. Les créatures du film arborent même sur leur dos un détail assez particulier qui n'est pas sans évoquer de manière fugace l'extraterrestre conçu par H.R. Giger. De nombreuses séquences donnent ainsi l'impression de découvrir une véritable suite de la saga ALIEN. Toutefois, les créatures de PANDORUM sont aussi un étrange mix entre les bestioles de THE DESCENT et celles de GHOST OF MARS. Une menace très agressive que le film sert particulièrement bien par une mise en scène qui ne dévoile que subrepticement ses créatures pour mieux les exposer bien plus tard, lors de séquences franchement barbares. PANDORUM fonctionne pour beaucoup grâce à la tension suscitée par cette effrayante meute lâchée dans des couloirs sombres durant les deux premiers tiers du métrage. Mais le film s'avère aussi malin en essayant de développer bon nombre d'autres thèmes même si l'originalité n'est jamais vraiment au rendez-vous. En effet, PANDORUM, à l'instar d'autres films de Paul W.S. Anderson, semble piocher des idées ici ou là mais a, au moins, le mérite de palier des impressions de déjà vu avec une efficacité redoutable. Le scénario nous ressert aussi un inévitable compte à rebours, générateur de suspense, ou bien à une virée dans un charnier de restes humains. Christian Alvart fait par ailleurs un excellent boulot à l'exception de quelques scènes d'action qui aurait gagné à être plus lisibles. Quoi qu'il en soit, PANDORUM fait donc un peu penser à une version de EDEN LOG boostée à l'adrénaline, à un film de zombies extraterrestres ou encore un THE DESCENT se déroulant dans les coursives d'un vaisseau spatial fantôme. Le métrage se permet aussi de surprendre son monde avec quelques rebondissements inattendus, le développement astucieux du personnage principal qui retrouve la mémoire au fur et à mesure ou bien grâce à un épilogue nous offrant une très belle image de science-fiction cinématographique… De quoi pardonner quelques petites incohérences ou facilités dans le développement de l'intrigue pour n'en retenir qu'un spectacle rudement efficace que ce soit sur le front de la science-fiction ou bien de l'horreur !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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