Curieux métrage que THE LAST SECT sobrement intitulé LA SECTE pour sa sortie française directement en vidéo. Curieux car cette production canadienne mise en scène par Jonathan Dueck dépasse l'entendement à plusieurs niveaux. Et plus particulièrement en ce qui concerne le montage du film qui éclate de manière assez surréaliste l'intrigue pourtant simpliste de LA SECTE. Histoire de se faire une idée, rien de mieux qu'un petit résumé des premières minutes du film…
Abraham Van Helsing joue de la flûte traversière avant que son assistant n'entre dans la pièce pour lui faire une révélation importante. Générique avec formes géométriques colorées. Sidney, jeune journaliste, a des soucis pour boucler son prochain article. L'assistant de Van Helsing prépare le café avant de discuter. Le photographe de Sidney débarque à l'appartement de la jeune femme avant de repartir en sa compagnie à un rendez-vous. Van Helsing et son assistant discutent encore… Sidney arrive dans le hall de l'immeuble où se trouve la personne qu'elle doit interviewer…
Au bout d'une heure d'aller et retour entre la pièce unique où semble habiter Abraham Van Helsing en discussion interminable avec son assistant et les vagues investigations journalistiques de Sidney, il est temps de s'inquiéter. A vrai dire, il ne se passe pas grand chose de concret dans LA SECTE avant le dernier quart d'heure. Ce ne sont pourtant pas les bonnes idées qui manquent. Le film dépeint ainsi une société de vampires qui utilise une agence de rencontres de manière à sélectionner leur nourriture. Le concept ne sera que très vaguement exploité dans le développement d'une intrigue qui stagne gentiment. Pour meubler, le cinéaste a plusieurs atouts. Ses vampires sont de jeunes femmes qui apprécient les ébats saphiques. L'occasion de placer quelques séquences SM où des actrices en lingerie et aux crocs proéminents s'attaquent à une victime masculine. Très «soft», la charge érotique de LA SECTE fait quand même pâle figure en comparaison avec des œuvres cinématographiques peuplées de lesbiennes vampires datant d'une trentaine voire d'une quarantaine d'années. A ce niveau là, LA SECTE s'avère très gentillet et bien moins transgressif que THE VAMPIRE LOVERS, VAMPYRES ou encore VAMPYROS LESBOS. Ce n'est pas non plus la violence du métrage qui risque de choquer les spectateurs. Hormis une décapitation et un ou deux effets gores, presque tous localisés dans les dernières minutes du film, LA SECTE est dénué de frisson. D'une manière générale, le film est aussi dénué de tension.
Dernier atout du film, la production s'est payée David Carradine. Mais a priori, LA SECTE n'a pas du remplir énormément l'agenda du septuagénaire. Au final, cela donne un peu l'impression que le comédien a emballé ses scènes en deux ou trois jours maximum (et encore ?). Cela expliquerait pourquoi quasiment toutes les scènes de l'acteur se déroulent en tête-à-tête dans un décor quasi unique. Fort de cette tête d'affiche, Jonathan Dueck laisse aussi David Carradine improviser avec le comédien lui donnant la réplique. A un tel point que certains passages deviennent pour le moins bizarres comme un Van Helsing pratiquant quelques gestes martiaux dans son salon. Si le personnage de David Carradine joue de la flûte traversière, tout à coup, au détour d'un échange de dialogue, son assistant se met à jouer du trombone. L'effet saugrenu est assuré et donne un peu l'impression qu'on se moque un poil du spectateur, à moins qu'il ne s'agisse d'une forme d'humour hermétique baignant l'ensemble du film. Dans le même registre, le montage de LA SECTE est aussi un bel exemple de non-sens. Le cinéaste a peut être voulu imiter le style adopté par Steven Soderbergh sur certains de ses films en déstructurant le récit. Si c'est le cas, le résultat est pour le moins très maladroit. A moins, plus simplement, que cet artifice ne serve à camoufler de manière ridicule la vacuité des séquences tournées. Ainsi, sur la durée du film, on ne compte plus les séquences coupées net pour aller voir ce qui se passe ailleurs.
Passée une première heure d'introduction, LA SECTE se réveille et la structure du récit reprend une forme à peu près normale. Un peu tard… Le film change alors de registre et ajoute quelques sbires entre démons et morts vivants pour des affrontements plutôt mous. Ceci étant dit, après une heure léthargique, ces séquences d'action pourront paraître frénétiques en comparaison du reste. Il serait possible de continuer à énumérer les bourdes de cette SECTE mais à quoi bon ? LA SECTE avait pourtant tout pour plaire en nous aguichant avec des «vampires lesbiennes» et un David Carradine incarnant le fameux Van Helsing, l'adversaire mythique de Dracula. Hélas, le film ne tient franchement pas ses promesses !
Le DVD français a le mérite de proposer LA SECTE avec un transfert 16/9 très honnête. Pas de quoi s'enthousiasmer plus que de mesure sur la qualité de l'image mais le rendu ne pose pas vraiment de problème. Trois pistes audio sont proposées. Deux sont dédiées au doublage français décliné en stéréo et en Dolby Digital 5.1. La version originale, sous-titrée en français, est disponible seulement en stéréo. Dans tous les cas, ce ne sera pas franchement spectaculaire mais il faut dire qu'on parle beaucoup assis sur un canapé dans LA SECTE. La section des suppléments propose de retrouver une bande-annonce bien plus rythmée que ne l'est réellement le film. A côté, d'autres bandes annonces de l'éditeur permettent de découvrir des métrages en apparence bien plus sympathiques que LA SECTE.
