Header Critique : BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB (LA MOMIE SANGLANTE)

Critique du film et du DVD Zone 2
BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB 1971

LA MOMIE SANGLANTE 

La fille d'un archéologue est frappée d'étranges cauchemars. A la veille de son anniversaire, son père lui offre une magnifique bague provenant de ses fouilles égyptiennes. Mais si le joyau est sensé protéger la jeune femme d'un danger indéfini, elle va surtout découvrir de sombres secrets du passé menaçant notre avenir !

A priori, rien ne destinait Howard Brandy a travailler avec un studio de cinéma britannique et encore moins la Hammer. En effet, Howard Brandy commence son activité d'attaché de presse dans le domaine de la musique à l'orée des années 60. Il va ainsi travailler pour des artistes tels que Frankie Avalon, Aretha Franklin ou encore Marvin Gaye. Dans le courant des années 70, il continuera son travail auprès d'artistes ou de labels musicaux mais commencera aussi à faire de même pour le cinéma. Il a toutefois l'idée de se lancer dans le cinéma et, pour cela, il fait l'acquisition des droits du livre «Le joyau des sept étoiles» écrit au début du XXème siècle par Bram Stoker, ce dernier étant plus connu pour avoir écrit «Dracula». Il met la main sur le scénariste Christopher Wicking qui vient d'écrire plusieurs films pour le compte de l'A.I.P. (LACHEZ LES MONSTRES, LE CERCUEIL VIVANT…) et lui demande de travailler sur la rédaction d'un scénario. Et en tout logique, Howard Brandy va proposer ce projet d'adaptation cinématographique à la Hammer Film, encore auréolée de ses grands succès horrifiques des années 50 et 60. Au début des années 70, c'est encore James Carreras qui tient les rênes de la maison de production britannique et celui-ci accepte de prendre le film sous son aile. Howard Brandy devient pour l'occasion producteur mais va tout de suite devoir faire des concessions. En effet, James Carreras n'a aucunement l'intention de mettre en chantier un film portant le titre THE JEWEL OF SEVEN STARS, titre original du livre, et demande à ce que le nom du film comporte le mot «Momie». Pourtant, le film ne contient pas vraiment de momies telles qu'on peut les appréhender habituellement et encore moins de la façon dont on a pu les voir dans les films précédents de la Hammer : LA MALEDICTION DES PHARAONS, LES MALEFICES DE LA MOMIE et DANS LES GRIFFES DE LA MOMIE.

Alors que sont envisagés Peter Duffell ou bien Gordon Hessler pour réaliser le film, c'est finalement sur Seth Holt que se portera le choix de la production. Le cinéaste avait d'ailleurs déjà mis en scène deux métrages pour la Hammer Film auparavant avec HURLER DE PEUR et CONFESSION A UN CADAVRE. Le rôle masculin principal est directement offert à Peter Cushing, acteur vedette du studio. En ce qui concerne l'héroïne devant incarner un double rôle, le réalisateur et le scénariste opte pour Amy Grant. James Carreras imposera toutefois l'actrice Valerie Leon alors que, suite à une audition, Seth Holt et Christopher Wicking ne sont toujours pas convaincu par la comédienne. La rencontre entre Valerie Leon et Peter Cushing ne sera jamais vue sur un grand écran car le comédien quitte le plateau après une demi-journée de travail pour rejoindre le chevet de sa femme gravement malade qui décèdera quelques jours plus tard. Peter Cushing est donc remplacé par Andrew Keir qui ne se sent pas forcément à l'aise dans ce rôle écrit pour un autre comédien. Quoi qu'il en soit, les petites séquences mettant en scène Peter Cushing et Valerie Leon sont retournées avec le nouvel acteur.

Le tournage sera marqué par plusieurs autres incidents. Ainsi, un technicien décède pendant le tournage dans un accident de moto et, surtout, Seth Holt est frappé d'une crise cardiaque une semaine avant la fin des prises de vues. On propose à Don Sharp de boucler le film mais le cinéaste refuse poliment. Plutôt que chercher plus loin, c'est Michael Carreras qui va terminer le film. Le fils de James Carreras travaille bien évidemment au sein de la Hammer dans l'équipe dirigeante du studio et il a déjà réalisé quelques films dont LES MALEFICES DE LA MOMIE. Toutefois, le cinéaste se retrouve embarrassé en reprenant BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB. Car Seth Holt a l'habitude de monter ses films lui-même et a donc une idée plutôt précise du découpage de son film. Néanmoins, il n'écrit pas de note et garde tout en tête. Michael Carreras se trouve donc face à un puzzle qu'il lui faut assembler et dont il ne comprend pas toujours la logique. Cela mène le cinéaste a retourner quelques séquences pour compléter des scènes qui lui paraissent inachevées. Dans le même temps, il va se heurter au monteur de Seth Holt qui ne lui est d'aucune aide car ayant l'habitude de travailler une fois le tournage terminé sur les directives du réalisateur à présent décédé. Michael Carreras va d'ailleurs congédier le technicien pour le remplacer par un autre dans lequel il a une plus grande confiance. S'il n'est pas crédité au générique en tant que réalisateur, Michael Carreras va donc finir de tourner les séquences égyptiennes (réalisées en studio en Grande Bretagne) ou bien mettre en boîte les scènes avec George Coulouris dont le personnage est interné dans un asile psychiatrique. Ce sont d'ailleurs ses parties de l'histoire qui vont poser des problèmes avec la censure anglaise. En effet, la commission ne va rien trouver à redire en ce qui concerne les passages sanglants ou les scènes dénudées. Mais le portrait de l'institut psychiatre apparaît comme inhumain et surtout les deux gardiens ont un comportement jugé trop sadique envers les malades. En raison de cela, deux séquences pointées du doigt par la censure seront coupées par la Hammer et le film pourra finalement sortir sur les écrans dans les mêmes conditions que les autres métrages produit par le studio britannique. On pourrait encore évoquer des soucis plus mineurs comme une chute dans les escaliers d'Andrew Keir ou des soucis de santé de l'actrice principale qui sera remplacée sans que cela soit notable par sa doublure lors de dialogues. Toutefois, la doublure de Valerie Leon se montre nue dans le film. Ainsi, ce n'est pas la poitrine dénudée de l'actrice que l'on peut voir subrepticement mais celle de Sarah Mathieson. Cette dernière va aussi être mise à contribution à plusieurs reprises lorsque Valerie Leon doit interagir avec son double reposant dans un sarcophage. Dans un registre très anecdotique, BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB contient quelques petits clins d'œil. Le plus flagrant est le nom de Tod Browning donné à l'un des personnages et faisant référence au réalisateur du DRACULA des années 30. Moins évident, en dehors des aficionados de la Hammer, on pourra noter que le panneau d'une entreprise de location indique «Neame & Skeggs» en référence à deux membres de l'équipe de production, Christopher Neame et Roy Skeggs, les deux ayant pas mal œuvré au sein de la Hammer Film.

Comme déjà évoqué précédemment, BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB ne met jamais en scène une momie avec ses habituelles bandelettes. Néanmoins, l'épilogue du film nous offre tout de même un final plutôt amusant et ironique renouant avec la tradition. Avant cela, il faut bien reconnaître que le métrage s'éloigne grandement des films de momies "classiques". D'ailleurs, la vengeance habituellement perpétrée par notre revenant n'est pas non plus à l'ordre du jour. En effet, la maléfique reine égyptienne qui se réincarne à notre époque n'a pas de raison d'appliquer une vengeance particulière à l'encontre de ses victimes. Leur seul tort est surtout de se mettre sur le chemin d'une entité qui cherche à recouvrer l'intégralité de ses pouvoirs et, pourquoi pas, asservir le monde. Toutefois, si toute la première partie du film apparaît comme parfaitement maîtrisée, la suite des événements va entrer dans une certaine redondance avec une liste d'objets à recouvrer et menant, à chaque fois, à une mort violente. L'épilogue paraît lui aussi peu convaincant et donne l'impression d'expédier la fin du film rapidement et sans que cela ne soit spécialement spectaculaire. Mais BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB reste tout de même un métrage plutôt solide. Ainsi la première demi-heure mêle assez adroitement le présent avec des séquences provenant de plusieurs époques. Le tout donnant au métrage un aspect véritablement intrigant. Cette narration plus ou moins éclatée donne encore aujourd'hui au film un côté plutôt moderne. Si les mises à mort se soldent assez souvent de la même manière, on notera tout de même une intéressante idée assez poétique qui fait plus penser aux métrages de Jacques Tourneur, telle que la séquence de meurtre avec le chacal, plutôt qu'aux films d'épouvantes habituellement produits durant les années 70. Certes cela ne fonctionne pas complètement mais cela donne un cachet réellement différent au film de Seth Holt. De même, la séquence nocturne au sein de l'hôpital psychiatre est une véritable réussite créant l'étrange avec des mouvements de caméra tarabiscotés et usant, grâce à des cris, de la folie habitant déjà les lieux à l'origine. A l'époque du tournage du film, la nudité se fait obligatoire et le métrage met donc au passage bien en valeur les formes de son actrice (mais aussi celle de sa doublure dont la poitrine n'est clairement pas du même gabarit). Plus surprenant, le film ose une séquence suggestive avec une banane qui sous des airs plutôt anodine pourra être interprétée à l'envie par les spectateurs. Enfin, quelques généreuses scènes sanglantes viennent parfaire l'ambiance horrifique d'un BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB qui, sans être parfait, s'avère être un joli spectacle de la Hammer Film.

A l'époque de sa sortie, la Hammer Film a une politique de double programme. Ce qui fait que BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB sera distribué en Grande Bretagne en support de DR JEKYLL & SISTER HYDE. Cette double affiche ne rencontrera pas vraiment le succès escompté bien que les deux métrages soient des plus appréciables. Le film ne sera même pas distribué dans les salles en France mais connaîtra une sortie en Belgique sous le titre LA MOMIE SANGLANTE. Une dizaine d'années plus tard, Mike Newell réalisera une nouvelle adaptation de l'œuvre de Bram Stoker avec LA MALEDICTION DE LA VALLEE DES ROIS. Mais cette version mettant en scène Charlton Heston s'avère bien moins divertissante que BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB. Plus récemment, LA LEGENDE LA MOMIE mettait au goût du jour, à la fin des années 90, la même œuvre littéraire. Notons enfin que si dans certains pays un métrage de David DeCoteau, ANCIENT EVIL : SCREAM OF THE MUMMY, s'attribue une filiation avec Bram Stoker, cela s'avère quelque peu abusif.

StudioCanal nous propose de redécouvrir BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB au sein d'une collection de cinq titres datant de la dernière décennie de la Hammer Film. Parmi les autres titres, on peut sans mal placer le métrage parmi les meilleurs de la sélection avec le DR JEKYLL & SISTER HYDE de Roy Ward Baker. Le DVD français de BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB présente le film dans son format cinéma avec un transfert 16/9 plutôt joli. De petits défauts de pellicule s'invitent ici ou là sans que cela ne soit vraiment gênant et donne, à vrai dire, un côté résolument cinéma à l'image. D'ailleurs, ces petites tâches sur la pellicule se montrent essentiellement sur des séquences utilisant des transparences comme lors des génériques. Il est peut être probable que ces petits défauts disgracieux soient en réalité d'origine sur toutes les copies du film.

Deux pistes audio sont proposées avec d'un côté une version originale anglaise sous-titrée et de l'autre un doublage français. Les deux sont en mono et ne font pas spécialement de miracle sans pour autant laisser transparaître de réel défaut technique. Le doublage français n'est pas d'une grande qualité artistique surtout que l'on peut souvent noter que les dialogues français ne collent pas aux mouvement des lèvres des acteurs. Peu importe, cela donne une possibilité de plus de revoir le film avec une option francophone. Seul défaut de cette édition DVD, la partie interactive est décevante. Pourtant, c'est le DVD qui a le plus grand nombre de clichés dans sa galerie puisque l'on peut en dénombrer une vingtaine avec un mix entre photos de production, photos d'exploitation ou bien l'affiche anglaise. Curieusement l'une des photos est reprise deux fois. En tout cas, cela paraît peu surtout que l'édition américaine, ne datant pas d'hier, proposait la bande-annonce, bien plus de photos dont celles du tournage avec Peter Cushing, ainsi que des interviews. On se consolera avec le prix de vente placé aux alentours des dix euros, le prix d'une place de cinéma, ce qui est un prix des plus attractifs pour qui a envie de découvrir et conserver le film !

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
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L'édition vidéo
BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h29
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
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