Jeune mariée, Peggy rejoint son mari devenu l'employé d'une école privée au milieu de la campagne. Mais le lieu isolé s'avère des plus étranges tout comme ses rares habitants. De plus, Peggy est loin d'être rassurée depuis qu'elle a été agressée dans son ancien appartement par un homme ayant une prothèse à la place de l'avant bras…
Célèbre scénariste de la maison de production britannique Hammer Film, Jimmy Sangster ne va pas se cantonner à l'horreur gothique qui fera la renommée du studio. Fort du succès de HURLER DE PEUR au début des années 60, Jimmy Sangster va être amené à écrire d'autres thrillers psychologiques, ancrés dans un décor contemporain, pour la Hammer avec MEURTRE PAR PROCURATION, PARANOIAQUE ou encore LE MANNEQUIN DEFIGURE. Le dernier de ces thrillers a être porté à l'écran sera SUEUR FROIDE DANS LA NUIT qui sera aussi le troisième et dernier long métrage pour le cinéma réalisé par Jimmy Sangster lui-même après LES HORREURS DE FRANKENSTEIN et LUST FOR A VAMPIRE. Pourtant, à l'origine, sera SUEUR FROIDE DANS LA NUIT aurait dû être mis en scène par Freddie Francis. Toutefois, le film va connaître quelques changements en traînant sur les bureaux de la maison de production durant plusieurs années. Prévu au départ pour être tourné au début des années 60 sous le titre de BRAINSTORM, le scénario sera remanié à plusieurs reprises pour devenir ensuite THE CLAW avant d'être réellement concrétisé avec de nouveaux ajustements au début des années 70 sous la forme définitive de FEAR IN THE NIGHT.
La vision de SUEUR FROIDE DANS LA NUIT amène le souvenir du Français LES DIABOLIQUES même si les deux métrages ont deux histoires tout de même très différentes. De même que l'on pourra noter une structure relativement similaire aux autres thrillers psychologiques de Jimmy Sangster et plus particulièrement HURLER DE PEUR ou MEURTRE PAR PROCURATION. Mais SUEUR FROIDE DANS LA NUIT va s'orienter vers un récit très épuré, allant droit à l'essentiel. Réécrit pour être placé dans un lieu isolé, le film va rapidement se concentrer sur quatre personnages principaux occupant quasiment seuls la presque totalité du métrage. Ne se tournant pas du tout vers l'horreur pure, SUEUR FROIDE DANS LA NUIT installe une atmosphère étrange et laisse planer le surnaturel durant quelques séquences à suspense. Si LES HORREURS DE FRANKENSTEIN et LUST FOR A VAMPIRE n'étaient pas vraiment des réussites, surtout pour des productions de la Hammer, Jimmy Sangster semble en tout cas bien plus à l'aise dans le thriller contemporain. Plusieurs séquences s'avèrent ainsi plutôt efficaces comme la poursuite d'une victime par un tueur manifestement increvable et ganté de cuir noir. Le cinéaste adopte aussi quelques cadrages et plans curieux qui viennent renforcer l'aspect bizarre des situations. Mais le côté très direct de l'histoire joue tout de même un petit peu en sa défaveur et donne l'impression de voir un épisode d'une anthologie télévisée plutôt que le sujet d'un véritable long métrage. Un vrai paradoxe puisque SUEUR FROIDE DANS LA NUIT a tout de même une patine cinéma, et ce malgré son côté minimaliste, qui tranche radicalement avec les films tournés de nos jours en vidéo.
L'un des points forts de SUEUR FROIDE DANS LA NUIT est évidemment l'interprétation. Heureusement puisque le film se concentre sur un quatuor de comédiens qui doit donner vie à l'intrigue. Très professionnels, Peter Cushing, Judy Geeson, Ralph Bates et Joan Collins assurent très correctement leurs personnages. Pour les fans de Peter Cushing, le film sera surtout une curiosité puisque son temps de présence à l'écran est relativement court. De son côté, alors qu'elle n'est pas encore l'une des héroïnes du feuilleton DYNASTIE, Joan Collins travaillait à cette époque en Europe. Elle fut ainsi au générique de divers métrages horrifiques dont un HISTOIRES D'OUTRE-TOMBE produit par la Amicus. Elle retrouvera d'ailleurs Ralph Bates peu après puisqu'ils seront le couple du EVIL BABY de Peter Sasdy, toujours produit en Grande Bretagne. Parfois inégal, Ralph Bates est, en tout cas, plutôt convaincant dans ce SUEUR FROIDE DANS LA NUIT. Cela ne sera pas forcément remarqué au moment de sa sortie puisque le métrage sera distribué en Grande Bretagne sans grand succès avec STRAIGHT ON TILL MORNING de Peter Collinson, un autre thriller produit par la Hammer. Alors qu'aux Etats-Unis, il sera projeté en double programme avec un métrage bien plus gothique, le DEMONS OF THE MIND de Peter Sykes, sans plus de succès.
Pour sa sortie en DVD, Studio Canal choisi de distribuer le film en mettant en avant son titre original, FEAR IN THE NIGHT, plutôt que le nom français que l'on retrouve tout de même en plus petit sur la jaquette. Peu importe, ce métrage de Jimmy Sangster n'a aucune réputation, même avec ses toutes petites qualités, et est souvent largement occulté, à l'instar d'un grand nombre d'autres films, par d'autres titres bien plus écrasants produits par la Hammer Film. C'est justement dans le cadre d'une petite collection de cinq titres dédiés à la maison de production britannique que l'on retrouve donc SUEUR FROIDE DANS LA NUIT. Avec un petit prix de vente, il est à espérer que les spectateurs curieux s'y intéresseront. Mais ce prix plancher a évidemment quelques conséquences sur le contenu éditorial. Le DVD ne propose, en effet, aucun supplément en dehors d'une toute petite galerie de photos. Aux Etats-Unis, il existait un commentaire audio de Jimmy Sangster, produit spécialement pour le DVD américain, alors que le disque commercialisé aux Etats-Unis proposait aussi une bande-annonce.
Le film, quant à lui, est présenté dans son format cinéma avec un transfert 16/9 franchement surprenant. Car l'image y est vraiment très jolie, arborant une belle définition et des couleurs très naturelles. Une belle façon de découvrir le film surtout que l'éditeur propose le choix entre la version originale anglaise sous-titrée et le doublage français. Les deux pistes audio sont très claires, sans véritable défaut, et mixées d'origine en mono. Le petit prix n'a donc eu aucune incidence sur la qualité audio/vidéo du film est c'est finalement là l'essentiel !
