Trois potes décident de se payer quelques jours au Mexique pour y faire la fête. Lorsque l'un d'entre eux disparaît sans laisser de trace, ses deux amis vont essayer de le retrouver en compagnie d'une jeune mexicaine alors que la police semble ne pas vouloir bouger le petit doigt…
Devenu un argument publicitaire, la mention «Inspiré de faits réels» est tellement utilisée à tort et à travers que l'on a un peu tendance à ne plus vraiment y faire attention. Surtout que dans pas mal de cas, l'inspiration est parfois proche du zéro ou de l'anecdotique. Dans le cas de BORDERLAND, au contraire, l'histoire se base vraiment sur un fait divers carrément incroyable. C'est d'ailleurs à l'issue du film que l'on se souvient du fameux «Inspiré de faits réels» tellement l'histoire paraît improbable. Pour être tout à fait honnête, BORDERLAND n'est pas calqué au millimètre sur la véridique histoire. Le scénario romance son intrigue mais y conserve toutefois les éléments les plus étonnants. Durant les années 80, dans une ville mexicaine, près de la frontière américaine, des trafiquants de drogue s'adonnaient aussi à un culte païen. Dirigé par «Le Parrain de Matamoros», de son vrai nom Adolfo Constanzo, ils organisaient des sacrifices humains. Ils feront l'erreur d'enlever un étudiant américain pour l'une de leurs cérémonies, ce qui déclenchera des recherches un peu plus poussées qu'à l'habitude. BORDERLAND conserve donc ce culte ainsi qu'une figure charismatique à sa tête. Nommé Castillan, le personnage est ici interprété par le chanteur chilien Beto Cuevas. Annoncé longuement dans le film, l'apparition de ce maléfique protagoniste pourra d'ailleurs créer une petite déception. Même si le jeu de l'acteur, ici occasionnel, n'a rien de honteux, le personnage apparaît au final un peu trop commun. Peu importe, à vrai dire, puisque le film ne se base pas essentiellement sur cela…
De prime abord, BORDERLAND ressemble aux copies de HOSTEL. Un trio de jeunes se tire au Mexique pour y faire la fête et y rencontrer un sort bien moins plaisant. Mais le film de Zev Berman réussit tout de même à créer un décalage en proposant une intrigue et un décor un peu différent. On pourra même y noter deux curieux clins d'œil en provenance du cinéma de Francis Ford Coppola. Le premier, le plus marqué, impose une détention dont certains éléments renvoient à APOCALYPSE NOW. Sean Astin, ancien hobbit du SEIGNEUR DES ANNEAUX, semble rejouer le personnage qu'interprétait Dennis Hopper durant les années 70. La présence des enfants ou encore le face à face entre un prisonnier et le maître des lieux tend d'ailleurs à affirmer cette évidente comparaison. A partir de là, lorsque la tête tranchée d'un animal est retrouvée dans un lit, on pense irrémédiablement au PARRAIN. Ces emprunts, références ou clins d'œil, à vous de choisir, ne sentent pas la pièce rapportée et s'insèrent très bien dans l'ensemble d'un métrage lorgnant vers le thriller horrifique.
Proposant une partie «enquête» policière, BORDERLAND s'évade ainsi un peu du cinéma purement horrifique en amenant tout au long de son histoire quelques courses-poursuites, affrontements et autres fusillades. Il nous présente aussi une galerie de héros plutôt sympathiques confrontés à une meute de fanatiques plutôt inquiétants. Dès lors, les séquences gores, peu nombreuses, fonctionnent parfaitement. Plusieurs séquences violentes prennent d'ailleurs un aspect assez impressionnant de par leur brutalité alors qu'elles sont filmées hors champ. Quelque part plus proche d'un Carpenter que d'un Eli Roth, le métrage de Zev Berman est une petite réussite qui passe outre l'aspect artificiel des films d'horreur actuels qui essaient vainement d'exploiter la violence sur grand écran.
Paré d'une photographie assez particulière, BORDERLAND est, en tout cas, retranscrit de belle manière sur le DVD français. Metropolitan propose le film dans son format large (2.35) avec un transfert 16/9 de bon niveau. Mixé en Dolby Digital 5.1, la version originale sous-titrée et le doublage français assurent une sonorisation sans faille mais aussi sans éclat particulier. Evidemment, le sujet du film mène à un premier supplément qui est un petit documentaire dans lequel on nous retrace la véritable histoire derrière celle dépeinte dans le film. A coups d'images d'archives, de témoignage du policier américain chargé de l'enquête mais aussi d'extraits de BORDERLAND, l'histoire de l'enquête menant jusqu'à la mort de Adolfo Constanzo, trafiquant et dirigeant du culte, nous est exposée en détail.
Plus traditionnel, le making-of du film propose un mix d'images de tournage, d'extraits et d'interventions du réalisateur Zev Berman qui nous explique d'ailleurs de quelle façon il fut amené à connaître la véritable histoire. On peut aussi y découvrir un Sean Astin peu téméraire face aux "cascades" que son personnage serait amené à réaliser. Une sélection de bandes-annonces dont celle de BORDERLAND vient clore en apparence l'interactivité de cette édition DVD. En réalité, il reste une vingtaine de minutes de suppléments à découvrir et qui n'ont, à vrai dire, strictement rien à voir avec le film. Si vous faites la bonne manipulation à la télécommande, vous pourrez donc accéder à un menu proposant de consulter l'une des six parties de l'élection de Miss Horrorfest 2007. Une sorte d'émission de télé réalité où des nanas habillées en cuir ou latex essaie de rivaliser de mauvais goût en passant dans une émission de radio, présentée par Dee Snyder, en visitant le Queen Mary ou en participant à d'autres épreuves à l'intérêt très relatif ! Néanmoins, le bidule se regarde d'un œil et surtout l'éditeur n'a pas zappé ces petites vidéos qui se trouvaient sur l'édition DVD de BORDERLAND parue aux USA. Un «Plus», c'est toujours mieux qu'un «Moins». Car le «Moins» existe ici dans le sens où le commentaire audio du film n'a, par contre, pas été repris ! En tout cas, la présence de cette élection est motivée par le fait que BORDERLAND faisait justement partie de la sélection des huit films de ce festival cette année là.