Suite à un laborieux hold-up, trois jeunes loubards s'arrêtent dans une station-service et tombent malheureusement sur deux flics. Les esprits s'échauffent, une fusillade s'engage et les balles sifflent lorsque soudain retentit une explosion... Chacun compte ses membres et semble rassuré mais ce soulagement n'est que de courte durée. Le Reeker, créature malodorante et vicieuse a en effet décidé de porter un intérêt tout particulier à ce petit groupe d'individus.
Réalisateur et scénariste, Dave Payne œuvre dans l'univers de la série B depuis quinze années maintenant. Bien que sa cadence de travail ne soit pas des plus élevées, son curriculum vitae compte tout de même quatre collaborations avec l'incontournable Roger Corman. Payne sera par ailleurs responsable en 1998 d'une suite vidéo aux aventures de la famille Addams dans laquelle Daryl Hannah sera curieusement retenue pour le rôle de Morticia. Sans doute lassé par la mise en scène d'oeuvres douteuses, notre homme décide de s'investir davantage en produisant un premier projet personnel. Payne rédigera donc le scénario, se chargera de la réalisation et s'occupera même de composer la bande originale de son REEKER qui rejoindra les salles en 2005. Le film confrontait alors un petit groupe d'individus à une créature aux activités pour le moins morbides. Agréable série B juteuse, REEKER ne nous semblait cependant pas être le genre de métrage appelant ou méritant une suite. Reste que Dave Payne ne partage bien évidemment pas cette opinion et nous livre donc aujourd'hui un second opus intitulé NO MAN'S LAND : THE RISE OF THE REEKER (NO MAN'S LAND : REEKER II chez nous).
Si NO MAN'S LAND est bel et bien un second volet, il n'est en revanche pas une suite. Pas plus qu'une préquelle du reste, malgré ce que pourrait laisser à penser le titre original. Ce nouveau film est donc une (més)aventure parallèle à la première, reprenant grosso modo la même ambiance, une unité de lieu très similaire ainsi qu'une créature identique. Le «twist» qui clôturait le premier opus est lui aussi conservé même si l'on tombe en quelque sorte le voile aux deux tiers du métrage. Avec NO MAN'S LAND, le spectateur ayant goûté à REEKER sera donc en terrain connu. Peut être un peu trop du reste car bien souvent, la sensation de redite prend le pas et l'on espère que la créature-titre saura rapidement venir nous combler. Malheureusement, cette suite prend là encore exemple sur son aîné et le Reeker se fera tout de même attendre pendant près de cinquante minutes. Une durée plutôt longuette durant laquelle nous ferons connaissance avec une poignée de personnages plus ou moins crédibles, campés par des acteurs au palmarès globalement réduit ou anecdotique. Plutôt jeune, ce casting offrira cependant un rôle à Robert Pine, sympathique acteur télévisuel essentiellement connu pour avoir incarné le Sergent Joseph Getraer, supérieur des héros de CHIPS.
Le relatif anonymat des interprètes ainsi que leur degré de compétence variable offre tout de même une contrepartie appréciable : Il semble difficile, voire impossible, de deviner qui va vivre ou mourir dans NO MAN'S LAND. L'agonie de certains personnages pourra dès lors surprendre et relancer quelque peu un intérêt qui viendra trop souvent à manquer. En effet, en plus de nombreux problèmes de rythme, ce nouvel opus se trouve grandement pénalisé par une créature sans imagination. Alors que celui de REEKER savait gérer ses apparitions et user d'un arsenal des plus vicieux/inventifs, celui-ci se montre assez paisible et bien peu enthousiaste. Nous aurons évidemment droit à quelques effets gores bien sentis mais c'est essentiellement la tension qui fera défaut dans NO MAN'S LAND. Si l'on ajoute à cela un second degré tombant souvent à plat ainsi qu'une paire de répliques pour le moins décalées («j'aime regarder les poissons copuler»), on comprendra bien vite que cette resucée s'avère malheureusement incapable de trouver sa voie.
Ce NO MAN'S LAND nous apparaît donc bien vite comme une véritable copie carbone de son prédécesseur. Malheureusement et malgré quelques rapides ajouts liés à la genèse du monstre, le duplicata s'avère bien trop inférieur à l'original. Outre les différents points déjà abordés, nous pourrons citer de surcroît une photographie très «télévisuelle» ainsi qu'une mise en scène souvent plate… Dès lors, il deviendra difficile à NO MAN'S LAND de trouver son public. Les amateurs du premier ne pourront qu'être déçus à la vue de ce copier/coller commercial n'apportant rien de neuf et surtout, rien de mieux (outre une séquence d'introduction réussie). Ceux qui ont raté REEKER à sa sortie n'ont quant à eux pas de raison particulière pour se ruer en priorité sur cette pseudo-suite… Subsiste cependant l'éventualité d'une boulette, d'un achat irraisonné provoqué par une jaquette séduisante ou l'euphorie d'un salaire fraîchement perçu. En ce cas, le spectateur non familiarisé avec le premier opus pourra peut être goûter NO MAN'S LAND comme une honnête série B ; ce qu'il serait probablement, du reste, s'il n'avait pas à souffrir de son statut de second, né d'un évident élan de fainéantise de la part de son scénariste/réalisateur.…
Si l'éditeur français BAC avait régalé en DVD lors de l'arrivée de REEKER, c'est en revanche Seven 7 qui s'y colle pour sa suite. Nous ne perdons pas au change puisque comme c'est généralement le cas, ce dernier fait plutôt bien les choses. En terme d'image tout d'abord, nous trouvons là une copie préservant le ratio d'origine 1.78 via un encodage 16/9ème de bonne tenue. Nous aurons donc droit à une définition plus qu'honnête et à un rendu des couleurs parfait, que les scènes soient diurnes ou nocturnes. La compression est pour ainsi dire invisible et nous n'aurons à déplorer aucun artefact ou autre élément disgracieux…
Sur le plan sonore, Seven 7 s'acquitte encore une fois de sa tâche avec brio en nous offrant bien évidemment le choix entre la version anglaise et le doublage français. Ce dernier s'avère être d'une qualité très honorable même si, fidèle à nos habitudes, nous ne pouvons qu'inciter le visionnage en version originale. Le spectateur aux connaissances linguistiques incertaines pourra d'ailleurs être épaulé par la présence d'un sous-titrage français très correct. Sur le plan technique, les deux pistes sonores en Dolby Digital 5.1 se montrent efficaces et ce bien que le film ne soit pas des plus démonstratifs. Le rendu est assez naturel et quelques effets arrière pourront éventuellement réveiller les moins attentifs. Les voix sont en outre claires et se détachent parfaitement de l'ambiance sonore générale.
NO MAN'S LAND dispose par ailleurs d'une interactivité qui pourrait, de prime abord, paraître riche et pertinente. Malheureusement et comme nous allons le voir, ce n'est pas vraiment le cas... Débutons dans l'ordre avec le making-of sobrement intitulé «Autour du film». D'une durée légèrement supérieure à la dizaine de minutes, ce document divisé en chapitre fait, comme son nom l'indique, le tour de la question sans toutefois réellement entrer dans le vif d'un sujet. Le tiers dédié au effets spéciaux remonte quelque peu l'intérêt mais le reste ne sera constitué que de classiques et barbantes séquences de congratulations mutuelles.
Gardons espoir et embrayons directement avec «Visite sur le tournage» qui cache rien de moins que l'un des documentaires les plus inutiles de l'histoire du DVD ! Les amateurs de sourires filmés seront aux anges puisque durant plus de cinq minutes, ce sont environ cinquante intervenants liés au métrage qui défileront pour décliner noms et professions face à la caméra. Un tel appel à la somnolence méritait d'être salué mais ne nous arrêtons pas là et évoquons le troisième document lié au métrage. Titré «Votre plus grande peur», ce bonus de 106 secondes (soyons précis, c'est pour le Guiness Book) a lui aussi de quoi laisser perplexe. Là encore, la caméra nous place face à une série d'individus (une partie de ceux vus précédemment) mais cette fois-ci, la donne change et ils devront nommer à l'écran leurs plus grandes peurs. Follement originales, celles-ci iront de l'arachnophobie au vertige en passant par la peur des couteaux (achmophobie). Rien d'autre à ajouter si ce n'est que le responsable de ces passionnants documentaires ne devait pas être katagélophobe...
Terminons ce tour des bonus par les bandes-annonces, véritables sources de réconfort après ce qui vient d'être visionné. Celles de THE GIRL NEXT DOOR et SPIRIT TRAP seront visibles à l'insertion du disque mais il sera possible de les re-consulter par le biais des menus. Dans ces mêmes menus, nous trouverons en sus celles de NO MAN'S LAND, FARM HOUSE, X-CROSS mais aussi et surtout celle du furieux THE RAGE...