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Critique du film et du DVD Zone 2
REC 2007

 

Angela Vidal et son cameraman tournent un sujet sur le quotidien des pompiers. Dans ce cadre, ils vont suivre les interventions de deux pompiers. Mais la première intervention à laquelle ils vont être amenés à assister va tourner rapidement au cauchemar dans un petit immeuble au centre de Barcelone…

Jaume Balaguero et Paco Plaza se connaisse plutôt bien puisqu'ils réalisent tous les deux des films d'épouvante en Espagne. Chacun va d'ailleurs réaliser un premier long métrage qui sera produit par la même structure de production, Filmax, et sera d'adapté d'une œuvre d'un même écrivain, Ramsey Campbell. Mais si les deux cinéastes sont clairement ancrés dans le cinéma d'horreur, ils vont associer leurs efforts dans un premier métrage très surprenant. En effet, ils vont co-réaliser un documentaire sur la tournée de la première fournée de participants à Operacion Triunfo. Cette émission de télévision espagnole est une Star Academy, principe de télé-réalité musicale déclenchant un phénomène de médiatisation disproportionné que les deux réalisateurs vont donc capter dans O.T. LA PELICULA. Par la suite, Jaume Balaguero et Paco Plaza vont se croiser de nouveau en réalisant, chacun de leur côté, un épisode de la série PELICULAS PARA NO DORMIR. Ils vont alors avoir l'idée de réaliser un film d'horreur à quatre mains sur le principe de la caméra subjective. Cette façon de tourner va devenir une mini mode puisque plusieurs métrages «importants» vont s'engager sur la même voie : CLOVERFIELD et DIARY OF THE DEAD. Le truc n'a rien de nouveau puisque d'autres l'ont déjà exploité par le passé et plus généralement au sein de métrages à petits budgets à l'instar du PROJET BLAIR WITCH. Mais si aujourd'hui, l'œil de la caméra devient un personnage à part entière, c'est aussi parce que notre société a évolué et que le point de vue de la télévision est devenu omniprésent tout comme les vidéos mise en ligne par les internautes. Beaucoup de films ne manquent pas d'évoquer la télévision et les nouveaux médias avec ces vidéos filmées par des amateurs. Ainsi, le film PHENOMENES propose un passage vidéo intégré astucieusement dans sa narration alors que les films mettant en avant YouTube sont devenus impossibles à comptabiliser. Dans ce contexte, réaliser un film qui brise la barrière entre la fiction et le spectateur n'est pas franchement surprenant. Mais ce type de narration est loin de ne proposer que des avantages. Les limitations se font très vite sentir tout comme le talent des cinéastes qui s'y adonnent.

Heureusement, Jaume Balaguero et Paco Plaza ne sont pas deux flemmards qui vont ramasser une caméra vidéo le jour du tournage pour shooter (flinguer) leur film à l'image d'un Jonathan Hensleigh avec son exécrable WELCOME TO THE JUNGLE. Si les deux espagnols avouent qu'ils n'avaient pas de scénario et qu'ils ont laissé les acteurs improviser devant la caméra, il ne faut pas être dupe. La construction du film intègre nombre de passages pensés rigoureusement à l'avance. On n'improvise pas des plans séquences de plusieurs minutes qui intègrent déplacements de la caméra, dialogues, rebondissements et effets spéciaux s'enchaînant à la perfection. Avant de partir filmer avec leur équipe, Jaume Balaguero et Paco Plaza ont donc minutieusement planifié ce qu'il voulait obtenir dans leur film, c'est à dire de l'efficacité. La théorie est en place mais le film comporte toutefois quelques facilités qui ne manqueront pas d'être notées par les spectateurs attentifs. Ainsi, lorsque REC joue avec les possibilités de sa caméra en nous proposant un retour en arrière de façon à revoir une scène, il oublie totalement cette option lorsque les personnages en ont réellement besoin. Une petite bourde qui n'a rien de très dommageable mais qui n'aidera pas ceux qui trouvent les films à la première personne un peu vains, surtout après autant d'essais dans le genre. Le plus malin restant, à ce jour, Ruggero Deodato et son CANNIBAL HOLOCAUST qui mélangeait dans son film les points de vue permettant ainsi de toujours retenir les spectateurs qui auraient du mal à accrocher à l'unique perception d'une caméra subjective. Cela dit, REC fait partie du haut du panier de tous les films du genre produits ses dernières années. Oubliez LE PROJET BLAIR WITCH et le vide devant la caméra, avec Jaume Balaguero et Paco Plaza, les monstres sont présents à l'écran. Que ce soit les victimes infectées se transformant en morts-vivants ou plutôt en possédés jusqu'à une créature inquiétante. Si REC réussit à faire peur, c'est surtout en exploitant une ambiance d'urgence et d'inattendu. Rien de nouveau en soit dans le cinéma d'horreur, un monstre apparaît à l'écran à un moment inattendu ou un effet sonore brise le silence pour signifier, par exemple, la chute d'un corps. Le film de Jaume Balaguero et Paco Plaza ménage ainsi de nombreux chocs à même de secouer les spectateurs. Evidemment plus il est pris par le film et plus le choc sera de taille. Pour ceux qui auront du mal à entrer dans le métrage, il sera impossible de toutes façons de ne pas reconnaître les qualités du métrage !

REC va être particulièrement bien accueilli dans les festivals et remportera pas mal de prix. Sa sortie en salles sera aussi un succès et le film va même remporter deux Goya, l'équivalent des Césars en Espagne, pour l'interprétation de Manuela Velasco et le montage. Une consécration et surtout un succès public très inattendu qui mène très logiquement à la mise en chantier d'un REC 2. Par contre plutôt que sortir le film dans les cinémas, les Américains ont préféré avoir recours à la localisation du métrage en le refaisant de bout en bout. La situation apparaît d'ailleurs quelque peu absurde puisque EN QUARANTAINE, la version entièrement américanisée, sortira dans les salles espagnoles seulement un an après REC et, pour la France, huit mois après le film original.

Pour la sortie en vidéo de REC, Wild Side propose deux éditions DVD. La différence entre les deux, en dehors de l'emballage ne tient finalement qu'au nombre de disques proposés. Ainsi, la version «simple» contient donc un seul disque. L'édition double DVD, comme son nom l'indique, ajoute un deuxième disque de suppléments. Le contenu du premier DVD est théoriquement identique entre les deux éditions. Pour filmer REC, Jaume Balaguero et Paco Plaza ont utilisé une caméra professionnelle en haute définition numérique. Quasiment tout le film est donc tourné avec la Panasonic HVX-200 en résolution 1920x1080 (le maximum de la caméra) et très probablement en 50i ou 60i (interlacé) de manière à obtenir une image plus coulée et avec un rendu plus vidéo. Néanmoins, pour la fin du film, l'équipe a été obligée de changer de caméra pour filmer en infrarouge. Un gadget qui n'est pas disponible sur les caméras professionnelles mais, au moment du tournage, seulement sur des machines grands publics. A l'arrivée, on ne voit pas de différence entre les prises de vues des deux caméras, il faut dire que le rendu en infrarouge tranche de manière radicale avec le reste du film de toutes façons. A l'arrivée, pour les salles, le film a été gonflé en 35mm. Par contre, ce tournage en haute définition numérique a l'avantage de proposer un transfert de l'image pris directement sur la source d'origine pour sa sortie en vidéo. Du coup, on ne peut certainement pas proposer mieux en ce qui concerne REC (au moins pour un DVD). La compression de l'image ne se fait jamais sentir ou, en tout cas, elle se fait extrêmement discrète pour qu'elle ne puisse pas être repérée. Pour l'anecdote, le DVD est labellisé THX assurant la meilleure qualité possible. Toutefois, si le boulot est bien fait, on obtient de toutes façons de bons DVD.

Le DVD de REC propose trois pistes audio dans trois formats différents. La version originale espagnole, sous-titrée en français, est en Dolby Digital 5.1. Le doublage français, quant à lui, a droit à du stéréo surround mais aussi à une piste DTS plein débit. Dans les trois cas, on obtient une belle retranscription sonore. Cependant, nous préférons la version originale pour des raisons purement artistiques. Quoi qu'il en soit, le mixage sonore s'avère plutôt subtil avec des ambiances naturalistes auxquelles viennent s'ajouter par endroit de spectaculaires effets.

Il y a déjà de quoi faire sur le premier DVD. A un tel point qu'on peut se demander si le deuxième disque n'est pas un peu dispensable. Les deux cinéastes espagnols, Jaume Balaguero et Paco Plaza assurent un commentaire audio très informatif. C'est probablement là où les informations seront les plus précises par rapport aux autres suppléments. Après le commentaire audio, le making-of offre des images mais est plutôt redondant. Il n'en reste pas moins bien fait et se laisse regarder sans déplaisir. Spécialement pour le disque français, on trouve un amusant documentaire où les deux réalisateurs donnent un cours de cinéma. Ils s'y expriment tous les deux en langue française et donnent quelques règles de bons sens pour aborder la réalisation d'un film à petit budget. Si l'emballage est amusant, les informations sont tellement logiques qu'un cinéaste en herbe avec un peu de jugeote n'y apprendra rien. Le plus étonnant c'est que l'on aborde quasiment pas la technique. Par exemple, on peut voir un travelling de fortune improvisé avec une chaise de bureau mais ce segment vidéo ne fait que le montrer. Dommage, ce sont probablement ce genre de trucs inventifs qui auraient pu être vraiment intéressants. En tout cas, cela donne un éclairage plus sympathique concernant Jaume Balaguero qui donne généralement l'impression d'être ultra sérieux en interviews. Enfin, la bande-annonce est le dernier supplément consacré au film sur le premier disque. Néanmoins, des bandes-annonces, on en trouve d'autres pour des titres de l'éditeur à l'insertion du DVD. De plus, un court-métrage français se retrouve sur le premier DVD. Il n'est pas lié à REC si ce n'est qu'il est le gagnant d'un concours organisé dans le cadre de la promotion du film par un fabricant de téléphones. Les premières minutes n'ont rien de très engageant mais l'idée de départ, aussi simple qu'ingénieuse, ne tarde pas à être développée pour donner un coup de fouet à ce qui se présentait, au départ, comme la simple évocation d'une soirée entre potes mal filmée.

Comme déjà dit auparavant, en arrivant sur le deuxième DVD de REC, on peut se demander s'il était vraiment important de lâcher quelques euros supplémentaires par rapport à l'édition simple. Difficile de répondre à une telle question car le supplément le plus intéressant n'a, à vrai dire, rien à voir avec le film en lui-même. En effet, on peut voir ABUELITOS, un court-métrage de Paco Plaza assez étrange et de facture très professionnelle, ce qui ne surprend pas de la part du cinéaste. Le menu de ce deuxième disque est, en tout cas, plutôt copieux même si une bonne part n'est pas forcément incontournable à l'image des acteurs répétant leurs rôles, on le suppose dans le cadre du casting. «Dans les coulisses» montre quant à lui l'envers du décor sur trois séquences qui s'avèrent être des images brutes de tournage. La section des interviews a le mérite de donner la parole au chef opérateur, qui joue le caméraman tout en captant les images du film, mais aussi à la personne ayant travaillé sur les effets sonores. On retrouve ensuite les deux cinéastes qui nous parlent une nouvelle fois du film. En retrait des interviews, on trouve une intervention de l'actrice Manuela Velasco qui amène sa pierre à l'édifice de façon personnelle. Elle insiste pour sa part sur le côté atypique d'un métrage qui est devenu un succès alors qu'à l'origine, elle ne pensait pas qu'il serait plébiscité ou même qu'il sortirait en salles. "Archive secrète" permet d'écouter, sur des images de coupure de presse affichées au mur, la bande audio trouvé dans l'un des appartement dans son intégralité. Jaume Balaguero et Paco Plaza sont une nouvelle fois présent dans «Les 4 Fantastiques» qui est en réalité le recyclage d'une interview réalisée à Gerardmer par Premiere. On y trouve donc les deux réalisateurs du film mais aussi ceux de L'ORPHELINAT et des PROIES. Quatre cinéastes espagnols auxquels on pose des questions un peu bateau sans véritablement approfondir. Cela donne en tout cas l'occasion de voir que les jeunes réalisateurs espagnols ne se sentent pas plus espagnols dans le type de cinéma qu'ils font et affirment plutôt être le fruit d'un héritage pluri-culturel. On terminera avec plusieurs scènes coupées qui ne sont parfois qu'une poignée de secondes sans grande importance. Le plus gros morceau étant une version longue du reportage au sein de la caserne de pompier. La scène la plus intéressante concerne le couloir clouté et donne davantage de détails au sujet de l'appartement particulièrement inquiétant découvert en fin du film. A l'arrivée, ce deuxième disque laisse un sentiment un peu mitigé. Mais, au final, ce double DVD s'avère très complet et a donc de quoi satisfaire les amoureux du film. Pour ceux qui n'ont pas plus d'envie que de voir le métrage, le premier disque sera entièrement suffisant, surtout que l'on y obtient la partie la plus «importante» des suppléments !

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
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Un film à la troisième personne véritablement soigné
Une édition double DVD très compléte
On n'aime pas
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L'édition vidéo
[REC] DVD Zone 2 (France)
Editeur
Wild Side
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h15
Image
1.85 (16/9)
Audio
Spanish Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio de Jaume Balaguero et Paco Plaza
    • Making-of (39mn14)
    • Tourner un film d’horreur : mode d’emploi (29mn38)
      • Interviews
      • Pablo Rosso, chef opérateur (19mn48)
      • Oriol Tarrago, sound designer (17mn10)
      • Jaume Balaguero et Paco Plaza (26mn52)
    • Les 4 Fantastiques (17mn16)
      Interviews de Jaume Balaguero, Paco Plaza, Juan Antonio Bayona et Gonzalo Lopez-Gallego
      • Scènes coupées
      • Angela craque (0mn39)
      • Plan de service (0mn49)
      • Evacuation de Jennifer (0mn17)
      • Le couloir tapissé de clous (1mn15)
      • La caserne des pompiers : version longue (20mn30)
      • Dans les coulisses
      • L’attaque de la vieille dame (7mn33)
      • L’évacuation du blessé (3mn49) Montée en enfer (4mn54)
    • Confidences de Manuela Velasco (12mn14)
    • Archives secrètes (2mn17)
      • Castings
      • Claudia Font (2mn18)
      • Ferran Terraza et Carles Vicente (3mn19)
      • Vicente Gill (3mn02)
      • Ferran Terraza et Jorge Serrano (1mn25)
      • Bandes-annonces
      • REC
      • L’Orphelinat
      • Shine a Light
      • Maradona
      • Les Bonimenteurs
      • Courts-métrages
      • Abuelitos (15mn29)
      • Les Ongles
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