Nous pensions le Docteur Forrest et ses professeurs-cyborgs définitivement éteints ? Que nenni ! Un quatrième cyborg, mis à l'écart par son créateur, refait surface et entend bien accomplir la tâche pour laquelle il a été programmé. La créature artificielle intègre donc un établissement scolaire en situation difficile et, dès les premières minutes, commence son grand ménage. Qu'ils soient punks maquillés façon raton laveur, rebelles tout de cuir vêtus ou encore étudiants en salopette orange, tous ces jeunes aux goûts douteux sont désormais la cible d'un professeur cybernétique adepte des explosifs et des coups de genoux dans les côtes.
Si Mark L. Lester est aujourd'hui connu en tant que réalisateur, c'est essentiellement grâce à l'œuvre gonflée à la testostérone qu'est COMMANDO. Réduire la carrière du cinéaste à ce seul fait de gloire serait cependant une grossière erreur… En effet, la filmographie du bonhomme compte par ailleurs et entre autres le très «couillu» DANS LES GRIFFES DU DRAGON ROUGE, le sympathique FIRESTARTER (adapté d'un roman de Stephen King) et le remarquable CLASS 1984. Malheureusement visionnaire, ce dernier film pointait du doigt la recrudescence de la violence au sein des établissements scolaires. Le trait était bien évidemment «forcé» et la mise en forme par instant Bis mais l'œuvre fit date dans un genre que l'on pourrait désigner sous l'appellation «film de gangs». Sept années après CLASS 1984, Mark L. Lester décide de lui offrir une suite qu'il intitulera sobrement CLASS OF 1999. Cette fois-ci, l'homme laisse libre cours à sa folie et nous livre un métrage purement fantastique dans lequel de faux «Terminators» punissent leurs élèves au lance-rocket ! Malgré un budget à l'évidence étriqué, l'œuvre faisait preuve d'une étonnante générosité et disposait en outre d'un casting à même de faire hurler de bonheur les amateurs de séries B. Jusqu'ici donc, tout allait bien…
C'est malheureusement en 1994 que prend forme la mauvaise idée d'une seconde séquelle à CLASS 1984. Mark L. Lester ne reprend pas les rênes et préfère céder sa place à Spiro Razatos, un cascadeur n'ayant alors qu'une seule réalisation à son actif. Mark Sevi, tout aussi débutant, se chargera quant à lui de la rédaction d'un scénario filiforme, piochant allègrement et sans ambition dans les deux opus précédents. Mais au-delà de cela, c'est bien évidemment le casting qui effraie. Là où CLASS OF 1999 mettait en scène Malcolm McDowell, Pam Grier, Stacy Keach, John P. Ryan et Patrick Kilpatrick, ce nouveau volet devra se contenter de… Sasha Mitchell ! Autant dire que la claque est sévère. Pour rappel, Mitchell est essentiellement connu pour avoir succédé à Jean-Claude Van Damme dans la tétralogie KICKBOXER. L'homme y levait la patte avec difficulté et semblait davantage attiré par les frites-mayonnaises que par les arts martiaux. Malgré sa silhouette virant à l'ovoïde et une incompétence rappelant celle de Chad McQueen (le fils karateka de Steve), Mitchell fit essentiellement carrière dans les séries B nécessitant un distributeur de mandales bon marché. L'acteur connaîtra par ailleurs une certaine «gloire» en incarnant avec justesse Cody Lambert, cousin benêt de NOTRE BELLE FAMILLE aux côtés de Patrick Duffy.
Riche d'un casting des plus démoralisants, ce troisième opus de la «saga» initiée par CLASS 1984 arrive finalement dans les vidéoclubs américains sous le titre CLASS OF 1999 II : THE SUBSTITUTE. Etrangement, le film semble donc oublier l'existence du métrage d'origine pour mieux s'imposer en tant que suite directe de CLASS OF 1999. Sur le sol français, le métrage l'intitulera CLASS OF 2001 mais dans les faits, nous avons bien là une séquelle directe du film de 1989. En effet, Spiro Razatos intègre à son CLASS OF 2001 de nombreux flash-back et reprend ainsi à son compte le concept amusant des cyborgs aux méthodes éducatives et expéditives. Sauf qu'ici, le ludique cède bien la place au pathétique. Particulièrement fauché, le film ne met en scène qu'une poignée d'étudiants gentiment rebelles et ce dans des décors d'une pauvreté affligeante. Nous n'aurons donc là qu'un simple couloir, une salle de cours, une maison préfabriquée et un petit sous-bois qui fera office de champ de bataille durant le dernier tiers du film. Oubliez dès lors les batailles rangées, l'ambiance apocalyptique et le look futuriste de CLASS OF 1999. CLASS OF 2001 ne se donne à aucun moment les moyens d'égaler son grand frère et se pare d'un visuel contemporain, voire vieillot.
De même et bien qu'il date du milieu des années 90, le film de Razatos cumule les clichés typiques des années 80 et enchaîne les lignes de dialogue «choc» qui tombent ici tristement à plat. La faute sans doute à un acteur principal transparent et de toutes évidences incapable de jouer la comédie. Son imitation du TERMINATOR (modèle réduit) relève ainsi de la vaste blague, de même que les «prouesses» physiques de cet anti-héros décidément bien rigide... Ce modèle de cyborg nous apparaît dès lors comme bien moins sophistiqué que ceux vus dans CLASS OF 1999. On serait même tenté de croire qu'il s'agit là d'une fin de série ou d'un modèle déclassé. Détrompons-nous cependant car cet ultime guerrier d'acier s'adonne à la lecture (la poésie guerrière étant son péché mignon) et se laisserait même tenter par quelques parties de jambes en l'air ! Ainsi, lors d'une séquence mémorable, l'androïde-bourrin surprend l'une de ses collègues professeur en plein ébat amoureux. La machine se met alors à suer abondamment, jette un coup d'œil furtif et démoralisé à son entrejambe avant d'aller vider quelques chargeurs. La métaphore est heureuse et annonce bien évidemment un retournement final qui fera ici office de cerise gâtée sur un gâteau déjà bien rance…
Outre cela, CLASS OF 2001 est un film plutôt sage qui, bien qu'il aligne les morts de manière très régulière, pour ne pas dire mécanique, verse dans le gentillet. Les débordements gores du second opus n'ont ici plus cours, de même que la méchanceté crue de CLASS 1984. Ce troisième volet se contentera de quelques explosions champêtres et d'une paire de craquements cervicaux. L'amateur de gore ne pourra donc qu'être frustré par un tel «retrait» de la violence qui va à l'encontre même du propos initial de Mark L. Lester et de ses scénaristes. A ce sujet, nous noterons du reste que Spiro Razatos et son acolyte Mark Sevi s'égarent de manière plus que fâcheuse en ne proposant ici aucun cours et finalement que bien peu de références à la scolarité. Dès lors, les idées d'origine se perdent et nous n'aurons plus là qu'un professeur ne dispensant rien mais éliminant de jeunes individus sur le seul motif qu'ils sont impolis ! La mécanique du «Slasher-movie» n'est donc plus très loin et le personnage «joué» par Sasha Mitchell prend bien vite des allures de croquemitaine estudiantin risible...
Vous l'aurez compris, CLASS OF 2001 est de ces séquelles qu'il convient d'éviter avec soin sous peine de porter préjudice à votre bonne humeur. Laid comme peu de films et interprété par un balai-brosse qu'une bourde technologique aurait doté de la parole, le métrage de Spiro Razatos a de quoi démoraliser les amateurs des deux premiers opus. L'aspect caricatural de certains «punks» et les quelques poussives explosions auraient bien évidemment pu faire sombrer l'ensemble dans l'involontairement drôle mais nous n'aurons même pas cette maigre satisfaction. L'ennui prime et s'impose malheureusement dès les premières minutes du métrage. Aussi, comme le dirait Sasha Mitchell durant l'un de ses (inter)minables monologues : «La classe, c'est terminé»…
Alors que la VHS française disposait d'une jaquette plutôt sympathique évoquant clairement CLASS OF 1999 et, de fait, TERMINATOR, l'éditeur «Action & Communication» décide d'innover pour offrir à son DVD l'un des visuels les plus abjects du support ! Qu'importe en réalité car si la chronique ci-dessus ne vous a pas découragé, ce n'est bien évidemment pas la laideur de l'objet qui risque de le faire… Ceux qui iront donc jusqu'à l'achat et l'insertion du disque dans le lecteur arriveront sur un menu animé reprenant l'une des séquences du film. Une femme fuit et semble indiquer au spectateur de faire de même mais en vain car le cinéphile audacieux persiste et lance le métrage. En fait, il n'a guère le choix puisqu'il s'agit de la seule option proposée (outre un chapitrage psychédélique) ! Bien que cela soit regrettable, c'est alors sans surprise que le DVDvore téméraire se retrouvera face à une image au ratio d'origine 1.33, encodée à la truelle et ce sur base d'une copie particulièrement fade. Les couleurs n'ont aucun piqué, tendent à baver et laissent à penser que le climat californien (le film est tourné à Los Angeles) est proche de celui de la Picardie… La définition ainsi que les contrastes suivent fort logiquement le même chemin et s'avèrent très insatisfaisants.
Sur le plan sonore, nous n'aurons droit qu'au catastrophique doublage français. Celui-ci se révèle très souvent asynchrone et ne prend absolument aucune précaution quant aux mouvements labiaux des acteurs. La voix choisit pour Sasha Mitchell s'avère bien trop grave mais l'homme n'a bien évidemment jamais eu les honneurs d'un doubleur attitré, y compris dans la série NOTRE BELLE FAMILLE… Outre cela, la piste Dolby Digital 2.0 est totalement plate. Les explosions n'ont absolument aucune envergure et, bien plus grave, les différents intervenant semblent s'exprimer la bouche pleine de ouate ! S'ils existent, les amateurs préfèreront donc sans doute se tourner vers l'import et par exemple l'Angleterre qui propose un disque doté d'une variante Dolby Digital 2.0 de la version originale, mixée à l'époque en Ultra-Stereo.