Pour contrer la surpopulation et le tarissement des ressources naturelles, la «Corporation» décide de mettre en place un programme un peu particulier: Opérer une dépopulation méthodique en éliminant la population jugée inutile! Malheureusement, cela ne fonctionne pas comme prévu, la plèbe ne se reste pas à la fosse commune et préfère revenir sous la forme de morts-vivants contagieux. Afin de se débarrasser de ces indésirables, des soldats sont envoyés dans les zones non sécurisées où ils devront mettre un point final à la menace infectieuse. Max, quant à lui, est un être humain qui tente de survivre alors qu'il n'a pas encore été touché par le fléau...
Matthew Hope a fait le choix d'apprendre son métier sur le tas sans passer par la voie d'une école de cinéma. Il entame donc un parcours qui va l'amener à bosser dans les coulisses du cinéma indépendant britannique. Dans le même temps, il écrit des scénarios dont quelques-uns uns seront tournés sans que le résultat ne soit à la hauteur du cinéaste. Sa situation n'évoluant pas, il se prend en main et tourne un court-métrage, IN THE FIELD, qui contient déjà de nombreux éléments de ce qui va devenir un peu plus tard VANGUARD. Pourtant, ce court ne met pas du tout en scène des morts-vivants, un monde post-apocalyptique ou quoi que ce soit qui se rattache au genre. Des soldats désertent une zone de guerre et, chemin faisant, sont amenés à rencontrer les victimes et leurs opposants dans ce conflit. Cette odyssée en terrain hostile, on la retrouve dans VANGUARD. Pourtant, ce n'est pas la partie la plus intéressante d'un film assez atypique dans sa façon d'aborder la thématique du mort-vivant…
Sur les traces de «Je suis une Légende», VANGUARD choisi de nous présenter un personnage solitaire. Le réalisateur et scénariste, Matthew Hope, ne cache d'ailleurs pas son enthousiasme envers l'adaptation cinématographique du livre de Richard Matheson qui mettait en scène Charlton Heston. A ce propos, la séquence à vélo est à l'évidence un clin d'œil au SURVIVANT. Mais plutôt que de placer son personnage dans un milieu urbain, il l'éloigne et l'isole au milieu de la campagne. Un parti pris qui tranche avec les histoires habituelles de morts-vivants où les héros se réfugient, en état de siège, derrière de sécurisant remparts de bétons. Il est probable que cette décision soit un peu liée au budget microscopique que le cinéaste a rassemblé pour mettre en scène son film. Il n'en reste pas moins que cela détonne et ce d'autant plus que le traitement de l'histoire utilise parfaitement ce retour à la nature. Plutôt que de simples morts-vivants, les êtres humains touchés par une drogue reviennent à l'état sauvage et contaminent ceux qui entrent en contact avec eux. Mais en éloignant son personnage de la civilisation, Matthew Hope donne à son survivant un côté très «Robinson Crusoé chez les zombies». Cette analogie est d'ailleurs renforcée par les tranches de vie routinière du héros. A la limite de l'expérimental, la première demi-heure du film n'hésite d'ailleurs pas à rendre muet son personnage central. Aucun véritable dialogue n'est prononcé et seul une voix off donne les états d'âmes du héros parfois quelque peu cryptique. L'ambiance fonctionne alors parfaitement surtout que VANGUARD semble adopter un second degré donnant à son protagoniste un côté pour le moins bizarre.
Hélas, le film perd de son charme dès que la solitude du personnage est brisée par l'intrusion d'un autre être humain à peu près normal. Commence alors un voyage un peu inutile en dehors de la possibilité de faire des révélations sur l'univers du film. Mais, en soit, cela ne change en fait pas grand chose à la trame centrale du métrage. Il sera éventuellement possible d'en déduire que ces rencontres provoqueront un changement dans l'état d'esprit du héros. En réalité, cela apparaît pourtant déjà bien évident dès le début du film. C'était aussi, peut être, l'occasion pour le cinéaste d'ajouter un peu de politique au sein de son histoire. Evoquée en filigrane à l'ouverture du film, on nous remet donc une couche de lutte des classes avec les individus les plus aisés écrasant bien évidemment les pauvres, allant même jusqu'à l'extermination. Une idée que l'on trouvait déjà chez Romero ou encore le cinéma de science-fiction des années 70. Ajoutez à cela des soldats exterminateurs orientaux, utilisés contre leur gré, et Matthew Hope essaie donc de nous faire une maladroite critique socialo-géopolitique. En réalité, là où VANGUARD fonctionne correctement, c'est surtout lorsqu'il balaie toute forme de civilisation pour nous ramener à l'état sauvage. Le film retombe d'ailleurs sur ses pieds lors de son épilogue qui conclue de manière très surprenante cet étonnant métrage. La musique est d'ailleurs parfaitement dans le ton avec ses rythmes particulièrement explicites de l'approche tribale de ce VANGUARD où les «morts-vivants» se déplacent comme des hommes primitifs.
Tempérons toutefois les qualités d'un premier long métrage tourné avec passion mais très peu de moyens. C'est peut être aussi un peu pourquoi la partie «solitaire» du film fonctionne aussi bien. En essayant par la suite de rassembler des personnages ou de tourner des fusillades, VANGUARD affiche les propres limites d'un cinéaste se heurtant à un budget étriqué sans réussir à le camoufler totalement. Tout est donc loin d'être réussi dans ce premier long métrage qui a surtout l'avantage de proposer un traitement pour le moins curieux d'un sujet très à la mode, celui des morts-vivants.
D'après Matthew Hope, VANGUARD a été tourné en 35mm. Il y a de quoi être surpris à la découverte du DVD commercialisé par Emylia. En effet, l'image affiche un étrange problème de tramage parfois très visible. A partir de ce constat, deux solutions viennent à l'esprit. La première, ce serait qu'en post-production, le lourd traitement de l'image aurait pu en dégrader la qualité. Assez étrange tout de même puisque Matthew Hope navigue depuis assez longtemps déjà dans le milieu du cinéma pour ne pas faire une telle bourde. Ou bien le DVD a été réalisé avec une source à la qualité douteuse. Ou encore, plus simplement, il y aurait eu un souci à l'encodage. Impossible pour nous de trancher mais il faut avouer que le transfert 16/9 proposé ici est assez suspect sans qu'il soit pour autant impossible à regarder. La définition et le contraste sont le plus souvent de bonne tenue en dehors de l'étrange souci évoqué.
Stéréo ou Dolby Digital 5.1, c'est le choix proposé pour la version originale sous-titrée mais aussi le doublage français. A vrai dire, le mixage 5.1 ne fait pas beaucoup d'étincelles et apporte un peu plus de coffre à la bande sonore de VANGUARD. Pour l'interactivité, ce sera vite fait. Il n'y a aucun supplément relatif au film et il faudra donc savourer les bandes-annonces, incluant celle de VANGUARD, de la collection «Sélection Extrême» de l'éditeur Emylia.