Tom Newman se rend en Afrique pour raison professionnelle. Il embarque avec lui sa petite famille composée de deux enfants qui n'acceptent pas encore totalement leur nouvelle belle-mère. Ils auront l'occasion de mettre les choses au point lors d'une excursion mortelle pendant que le père de famille part bosser sur la construction d'un barrage. Après avoir dégusté le guide, des lions affamés vont attendre patiemment que nos trois touristes sortent de leur véhicule perdu au milieu de nulle part !
Parcours relativement atypique que celui de Darrell Roodt. Pour son deuxième long métrage, il prend le risque de réaliser le premier film critiquant l'apartheid à être produit en Afrique du Sud, son pays d'origine. Sur le même sujet, il réalisera aussi ses films les plus connus avec PLEURE O PAYS BIEN-AIME ou SARAFINA. Cinéaste relativement engagé, Darrell Roodt fait des embardées vers un cinéma plus commercial mais toujours bien ancré dans la réalité sociale de l'Afrique du Sud. Il approche, par exemple, le thriller vaguement horrifique avec LA VERITE D'HENDERSON ou bien THE STICK - ce dernier connaîtra d'ailleurs une interdiction dans son propre pays. En 2005, le cinéaste a même été nominé dans la catégorie du meilleur film étranger aux Oscars pour YESTERDAY. Et pourtant, entre deux titres «prestigieux», Darrell Roodt a aussi dans sa filmographie des titres pour le moins curieux. Il tourne par exemple JUSQU'A LA MORT, un film de kickboxing, et sera amené à transposer dans l'espace des œuvres de Bram Stoker (DRACULA 3000) et Sax Rohmer (SUMURU). L'homme fait donc preuve d'un certain éclectisme le menant même à emballer des épisodes de séries télévisées (CHARLIE JADE). Le film de monstres n'échappe pas non plus à son attention puisqu'il co-réalisera CRYPTID avant de continuer à filmer les étendues africaines avec PREY. Ce dernier deviendra, par la magie d'une traduction française, TERREUR DANS LA SAVANE. A partir de là, il est difficile de cerner un Darrell Roodt qui semble, en tout cas, très attaché à l'Afrique du Sud.
C'est donc dans son pays qu'il retrouve le producteur de ses débuts, Anant Singh, avec lequel il tourne très régulièrement. Avec TERREUR DANS LA SAVANE, le cinéaste a l'idée de réaliser un film où il lui sera possible, une nouvelle fois, de mettre en valeur les paysages sauvages de son pays. Et il est vrai que l'une des grandes qualités du métrage est de bénéficier de jolis décors naturels. L'autre idée de Darrell Roodt consiste à placer des lions agressifs devant sa caméra. Ne reste plus qu'à mettre en forme un scénario sur cette base. Darrell Roodt écrit une première version qu'il affinera ensuite avec deux autres cinéastes. Etrangement, ce ne sont pas des scénaristes originaires des terres africaines qui l'aident dans cette tâche mais Jeff Wadlow et Beau Bauman, qui viennent de terminer le slasher CRY_WOLF. Les trois hommes ne cachent pas leur admiration pour LES DENTS DE LA MER. C'est donc tout naturellement que l'on retrouve des éléments issus directement du film de Steven Spielberg. Mais ils ont très certainement vu aussi le CUJO de Lewis Teague ou bien lu le livre original de Stephen King qui coinçait une mère de famille et son enfant dans une voiture assiégée par un agresseur canin. A la sortie de leur film, les trois cinéastes préfèreront cependant citer OPEN WATER plutôt que cette influence maintenant un peu datée et oubliée. Qu'importe, l'actrice Bridget Moynahan ravive la mémoire du grand public en faisant le rapprochement entre TERREUR DANS LA SAVANE et CUJO au sein du making-of disponible sur le DVD français.
Comme le requin des DENTS DE LA MER dans les eaux profondes, les lions du film de Darrell Roodt restent bien souvent dissimulés dans les hautes herbes. Une bonne façon de surprendre les potentielles victimes qu'ils se font un plaisir de mettre en pièces de manière brutale. Ces interactions violentes entre les lions et leurs proies s'avèrent spectaculaires dans leur mise en scène, même si l'ajout de giclées sanglantes en images de synthèse rend un peu plus artificielles ces attaques. Car si le sang est assez souvent numérique, les lions sont de véritables acteurs hollywoodiens. En effet, les fauves du film ne viennent pas d'Afrique du Sud mais ont été importés des Etats-Unis. Il était bien plus facile de travailler avec des lions rodés au tournage de films plutôt que de se hasarder à travailler avec des lions moins professionnels. Américains ou sud-africains, honnêtement, le spectateur n'y verra aucune différence (à moins d'être un spécialiste du rugissement de lions ?). Le résultat à l'écran est donc assez bluffant et finit de donner une facture impressionnante à ce TERREUR DANS LA SAVANE.
Le scénario s'avère, comme dit précédemment, peu novateur. Cela n'empêche pas de découvrir des personnages relativement bien ficelés ou, tout du moins, aux relations plutôt bien choisies de manière à provoquer un regain de tension dans une situation déjà bien tendue à la base. La mécanique de l'histoire n'est pas pour autant huilée à la perfection - quelques rebondissements sont étranges - mais le spectacle fait illusion. TERREUR DANS LA SAVANE gère d'ailleurs assez efficacement la tension de son huis clos en plein air. Plutôt que de rester collée aux victimes enfermées dans leur véhicule tout terrain, l'histoire est aérée de façon assez judicieuse par la recherche des disparus donnant un peu plus de rythme tout en évitant que l'ennui ne s'installe. L'essai n'est pas parfait mais est donc honnêtement troussé ! Coincés face aux lions, on trouve l'actrice Bridget Moynahan accompagnée de deux jeunes comédiens, Peter Weller partant à leur recherche avec un peu commode chasseur de fauves. L'interprétation est assurée avec un minimum de professionnalisme qui, ces dernières années, fait parfois défaut à ce type de métrage. TERREUR DANS LA SAVANE est ainsi une bonne pioche dans le domaine des bestioles bouffeuses d'hommes. A cet effet, si Darrell Roodt voulait montrer la beauté sauvage de son pays, on peut douter que son film suscite l'envie des touristes d'aller juger sur place, de peur de se faire croquer à cause de l'incompétence d'un guide !
Edité par TF1 Vidéo, TERREUR DANS LA SAVANE expose ses paysages sud-africains dans un ample format large. Le disque affiche un transfert 16/9 respectant le cadrage original et nous offre une image disposant d'une belle photographie aux couleurs chaudes. Si la copie utilisée est très propre, la compression n'est pas, quant à elle, dénuée de défauts : on peut discerner assez nettement des soucis de compression, particulièrement visible, par exemple sur les flammes à la fin du film. L'ensemble reste tout de même acceptable.
La compression par endroits peu légère s'expliquera peut être par la présence de six pistes sonores. Le doublage français et la version originale anglaise sous-titrée sont proposés en stéréo, Dolby Digital 5.1 et DTS. Le spectateur pourra donc choisir à sa convenance le format qui sera le plus adapté à ses goûts et à son installation sonore. Mais il faudra se rendre à l'évidence : le creux entre les pistes Dolby Digital 5.1 et DTS ne justifie pas vraiment la présence de ces deux formats audio. Que ce soit le Dolby Digital 5.1 ou le DTS, l'écoute est souvent spectaculaire mais aussi largement en deçà des meilleurs mixages du genre.
En supplément, l'éditeur nous propose un making-of, une véritable Featurette promotionnelle disposant d'un atout de poids puisqu'elle comprend des voix off françaises venant se caler sur les interventions des acteurs, du réalisateur et du producteur. L'ambiance téléachat s'avère par endroits assez amusante et caricaturale, surtout lors de la première intervention de Peter Weller. Ce segment vidéo n'est donc pas désagréable… dans son style. En plus, il est encore possible de voir deux bandes-annonces mais pas celle de TERREUR DANS LA SAVANE qui brille par son absence. Introuvables sur les menus du DVD, les bandes-annonces de TEETH et BLACK SHEEP, à sortir prochainement chez l'éditeur, sont visibles seulement à l'insertion du disque dans le lecteur DVD.