Après l'éclatement d'un des pneus de sa voiture, Woody part à la recherche d'une station-service afin de faire regonfler sa roue de secours. L'endroit semble abandonné, mais au cours de ses explorations, le jeune homme va mettre les pieds dans un véritable piège. Ne le voyant pas revenir, ses amis, restés sur le lieu de l'accident, partent à sa recherche. Mais il est déjà trop tard pour tout le monde…
Après un seul court-métrage, David Schmoeller se voit proposer de réaliser ce TOURIST TRAP, un slasher où sévit un psychopathe aux motivations tordues. Sa collaboration avec Charles Band se poursuivra sur d'autres films comme FOU A TUER et CATACOMBS mais celui qui reste dans la mémoire des fans du genre reste sans doute PUPPET MASTER, premier du nom, dont il est également scénariste ; sa création donnera d'ailleurs naissance à de nombreux métrages qui seront soit des suites directes, soit des histoires mettant seulement en scène les marionnettes maléfiques. Par la suite, le cinéaste tournera un téléfilm en 1999 puis un court-métrage en 2007, mais il s'orientera surtout vers l'enseignement du cinéma au travers de la Director's Workshop, qu'il a fondé, ou au sein d'universités.
TOURIST TRAP débute sous les meilleurs auspices avec une introduction se parant d'une ambiance bien glauque. Lorsque le pauvre Woody arrive à la station service où personne ne répond à ses appels, on se doute bien que ça sent le roussi. Mais rien ne nous prépare au jeu cruel dont il sera la victime, enfermé dans une pièce où des mannequins grotesques prennent vie parmi des objets menaçants qui volent tous seuls mus par une force maléfique invisible. Après une si belle entrée en matière, notre enthousiasme est quelque peu freiné devant la suite. En effet, le reste de la première partie n'est qu'une interminable suite de clichés ou de situations peu inspirées et qui traînent en longueur. Les personnages féminins sont très légèrement vêtus et n'ont rien d'autre à mettre que des sandales à talons hauts pour aller gambader dans la nature environnante. Fort heureusement, elles vont trouver un petit lac coquet où se baigner… nues ! Sauf que le spectateur ravi va vite déchanter : il ne verra rien des jolies plastiques de Tanya Roberts et de ses deux copines. Et, bien sûr, un homme d'âge moyen portant un fusil de chasse va venir leur tenir compagnie en se présentant sous son meilleur angle alors qu'on se doute bien qu'il n'est pas très net. Le script original évoquait bien évidemment les nanas dans leur plus simple appareil mais David Schmoeller, embarrassé de filmer les comédiennes nues, décidera de ne pas tourner la séquence avec l'approbation des actrices.
Les acteurs font ce qu'ils peuvent avec des dialogues tout simplement mauvais et qui jouent trop sur les clins d'œil. Les plaisanteries fusent comme quoi «Cet endroit est vraiment bizarre !» et «Imagine que le gars est un dangereux psychopathe !» alors que l'un comme l'autre sont franchement évidents. Aucun effort n'est fait pour leur donner un tant soit peu de consistance et on se rend vite compte qu'ils n'ont rien d'autre à se dire. Leur jeu individuel en mode pilotage automatique se pare de cette même superficialité et le spectateur sombre bientôt dans un ennui profond en se demandant si les personnages sont juste là pour se faire liquider l'un après l'autre et peu importe l'ordre. Cette peur légitime semble même se confirmer alors que survient une légère surprise qui nous emmène alors dans la deuxième partie autrement plus attirante.
Nous voici dans l'antre du psychopathe dont le passe-temps préféré consiste à transformer les gens en mannequins de cire. Cette drôle de lubie n'est pas sans rappeler d'autres perles du genre comme le bien nommé MASQUES DE CIRE mis en scène par Michael Curtiz en 1933. D'autres métrages traitent du même sujet (TERROR IN THE WAX MUSEUM, LE MOULIN DES SUPPLICES, LE MASQUE DE CIRE…) sans pour autant que ce soit devenu un sous-genre à part entière. Il faut dire qu'il n'est pas évident de tisser une histoire solide autour de ce passe-temps inhabituel ce qui n'a pas empêché une production récente, vague remake de L'HOMME AU MASQUE DE CIRE tout à fait regardable, de voir le jour sous le titre de LA MAISON DE CIRE. Pour en revenir à notre homme solitaire et frustré de ne pas pouvoir se faire d'amis réels, il est incarné avec conviction par Chuck Connors qui a déjà fait ses preuves dans moult séries télé ou de nombreux longs métrages pour le cinéma comme SOLEIL VERT ou CAPTAIN NEMO AND THE UNDERWATER CITY.
Parmi les victimes désignées se trouve Becky, qu'interprète la jolie Tanya Roberts déjà mentionnée. La demoiselle porte un nom bien connu de certaines personnes puisqu'elle incarna Julie Rogers, l'une des DRÔLES DE DAMES de la célèbre série télévisée. Son CV comporte également le rôle convoité de Stacey Sutton, la James Bond girl de DANGEREUSEMENT VOTRE. D'autres l'auront vue dans DAR L'INVICIBLE ou encore SHEENA, REINE DE LA JUNGLE, deux métrages qui n'hésitent pas à dévoiler les charmes de la belle. Tout à fait à l'aise devant la caméra, l'actrice possède un certain avantage sur ses camarades qui se contentent de faire ce qu'on leur a dit. Leurs noms ne resteront pas gravés dans les mémoires, la plupart d'entre eux étant surtout des acteurs de séries télé, à l'exception de Jon Van Ness, apparu depuis dans HITCHER, HOSPITAL MASSACRE et ALLIGATOR 2. Mais l'équipe technique est composé de quelques noms "connus" tel que Ron Underwood, assistant réalisateur, ou Ted Nicolaou qui s'occupe ici du montage. Enfin, la musique est signée par Pino Donaggio.
L'image est présentée dans son format 1.85 d'origine contrairement au DVD américain qui propose un léger recadrage en 1.77. La qualité technique n'est pas des plus réussies avec moult fourmillements et des vilains halos blancs présents dans les plans extérieurs. Les contrastes ne sont pas très précis, ce qui est souvent très gênant dans les plans de nuit. La palette de couleurs s'avère par contre riche et chaude, conférant un aspect très agréable à l'ensemble du film. En ce qui concerne le son, il est réparti sur deux pistes, l'anglais sous-titré français et un doublage français, toutes deux mixées sur deux canaux. La version originale présente un avantage évident, d'une part parce qu'elle comporte plus de profondeur mais surtout à cause de l'ineptie des dialogues qui passent mieux que dans un doublage franchement comique. Il est à noter, toutefois, que le sous-titrage présente de nombreuses erreurs de traduction et de français à la limite de l'inexcusable.
Pour cette édition, l'éditeur n'a malheureusement pas gardé le commentaire audio du réalisateur présent sur le disque américain. Il propose par contre une interview de David Schmoeller sur à peine sept minutes durant lesquelles le réalisateur évoque la genèse du projet, les problèmes de classification et les effets spéciaux. Déjà très brèves, les interventions du réalisateur sont entrecoupées d'extraits du film et l'interview s'arrête juste au moment où cela devenait intéressant. En guise d'autres suppléments, l'éditeur vous propose la bande-annonce, une galerie de photos fournie et sympathique, les filmographies de David Schmoeller, Tanya Roberts et Chuck Connors ainsi qu'une fiche technique du film.
