Header Critique : CRY_WOLF

Critique du film et du DVD Zone 1
CRY_WOLF 2005

 

Une jeune fille est assassinée d'une balle dans la tête prés d'un campus universitaire. Un groupe d'étudiants décide de se servir de ce triste fait divers pour mettre sur pied un jeu afin d'effrayer leurs camarades. Ils répandent sur Internet la rumeur concernant la présence d'un tueur en série sur le campus. Ce tueur, qu'ils nomment "The Wolf", est bien évidemment de leur création. Ils vont même jusqu'à désigner les prochaines victimes, créant un véritable climat de panique. Mais les victimes désignées disparaissent réellement et il semblerait qu'un véritable tueur soit bien décidé à décimer tous les protagonistes du jeu. A moins que ce ne soit l'un d'entre eux ayant pris le jeu trop au sérieux. Difficile de savoir qui est qui puisque notre groupe d'étudiants suit suit trois règles de base : éviter les soupçons, mentir à ses amis et éliminer ses ennemis...

Présenté hors compétition au Fantastic'Arts de Gerardmer en 2006, CRY WOLF est un petit thriller horrifique estudiantin qui n'a du Slasher que les apparences et les nombreuses références auxquelles il se rapporte. Ce premier long métrage du jeune réalisateur Jeff Wadlow est en fait une sorte de farce macabre dont les huit protagonistes ont l'impression de tirer les ficelles alors qu'en vérité tout semble déraper à leur insu. Cette assimilation au Slasher l'a quelque peu desservi, nombreux s'attendant à un énième ersatz de ces films pour adolescents nés dans les années 80s à la suite du succès des VENDREDI 13 et consorts. Beaucoup espéraient donc un déluge d'effets spéciaux et de meurtres sanglants commis sur de libidineux adolescents ce dont CRY WOLF est quasiment dépourvu si on excepte quelques séquences rapides en fin de métrage. Mais au vu du produit final, la violence graphique aurait été inutile. Ce choix était donc ici fort judicieux de la part de Wadlow.

Le procédé qu'utilise CRY WOLF n'est pas nouveau, le scénario ne brille donc pas par son originalité puisqu'il ne fait que reprendre des thèmes très souvent abordés dans ce type de films. Tout repose donc sur le mensonge, les jeux de cache-cache entre tueurs et victimes, les apparences, les masques que l'on porte pour mieux tromper. CRY WOLF se transforme vite en un grand jeu d'ombres et de lumières qui au départ ne devait être qu'une farce macabre de riches potaches faisant leurs études dans une université tout aussi bourgeoise, le campus de Westlake.

Les références abondent et CRY WOLF devient un melting pot d'œuvres que l'amateur reconnaitra facilement. Outre l'inévitable contexte de la fête d'Halloween, le cœur du film se déroule lors du bal du 31 octobre, on songera au MONSTRE DU TRAIN de Roger Spottiswoode pour cet incessant jeu de masques et l'impossibilité de savoir qui est qui ou qui fait quoi. On pensera également à TAG LE JEU DE L'ASSASSINAT de Nick Castle pour les bases du scénario, un jeu morbide d'universitaires se transformant bien involontairement en massacre mais aussi à HELL NIGHT de Tom DeSimone ou WEEK END DE TERREUR de Fred Walton. Jeff Wadlow a parfaitement su maitriser tous ces éléments et force est d'avouer que la sauce prend tant le film regorge de qualités.

Outre la solidité du scénario, il faut reconnaître à CRY WOLF son sens du suspense. Il parvient brillamment à brouiller les pistes, faire dévier les soupçons jusqu'à faire tomber les masques pour mieux en mettre d'autres. Chaque personnage dévoile ainsi d'autres facettes de leur personnalité jusqu'au moment où la mort les emporte si jamais elle les emporte réellement. Là encore, Jeff Wadlow aime semer le trouble dans l'esprit du spectateur.

Tous sont ainsi des coupables potentiels tout autant que de futures victimes en puissance. On saute ainsi de rebondissements en rebondissements forçant le spectateur à suivre l'intrigue avec intérêt, conquis par ce jeu de piste que des dialogues particulièrement piquants rendent encore plus captivant jusqu'à l'ultime retournement final dans les toutes dernières secondes. La vérité y éclatera enfin, le dernier masque y sera jeté, dévoilant la clé de toute cette histoire, un dénouement certes pas extraordinaire qui divisera l'opinion mais suffisamment convaincant et surtout bien emmené pour réjouir la majorité. Le deuxième atout du film sont donc ses dialogues. D'une pertinence souvent féroce, ils sont d'une remarquable intelligence. Chaque mot, chaque phrase a ici son importance, apportant soit une pièce au puzzle soit une nouvelle ombre au mystère, chaque pièce trouvant sans difficulté sa place lors du final et chaque mot trouvant son sens réel. Rare sont de tels dialogues aussi pertinents dans des œuvres de ce type, CRY WOLF étant à ce niveau une belle réussite.

Autre atout de CRY WOLF, son interprétation met en valeur les dialogues déjà évoqués. Julian Morris et Lindy Booth, personnages pivot du film, forment ici un couple idéal, chacun semblant vivre son rôle, leur donnant une vraie personnalité et par conséquent une totale crédibilité. Les répliques fusent, rebondissent tels des balles de ping-pong, chacun jouant de cette ambiguïté qui caractérise leur personnage. La relation qui les unit, mélange d'innocence et de perversité, séduit d'emblée, la justesse de leur jeu et leur naturel s'ajoutant à la perfection de l'ensemble. Outre sa beauté particulière si séduisante, Lindy Booth est l'incarnation idéale de la jeune fille à la fois douce et innocente mais cachant une réelle perversité pour mieux dissimuler quelque blessure secrète, jouant parfaitement bien sur ces différentes facettes. Quant à Julian Morris, il ne semble pas interpréter Owen, il est simplement Owen, son visage poupin reflétant chacune de ses émotions, véritable miroir de ses sentiments. A leurs cotés, toute une équipe de jeunes acteurs tous aussi convaincants dont entre autres Jared Padalecki, Jesse Janzen, Sandra McCoy et Kristy Wu sans oublier la présence du chanteur Jon Bon Jovi dans le rôle d'un professeur aux secrets interdits.

Ce qui étonnera aussi dans CRY WOLF ce sont les énormes efforts faits sur la photographie, plutôt rares sur de telles productions, qu'une magnifique image au format Scope vient sublimer. On remarquera d'emblée que Jeff Wadlow a privilégié les tons orange, malicieux clin d'œil à Halloween peut être, mais ceux ci rappellent surtout sans cesse le tueur qui peut se cacher, se fondre n'importe où dans cette école avec laquelle il ne fait qu'un. Outre le fait que Dodger soit rousse et que la cagoule du tueur soit orange, la bibliothèque comme les magnifiques salles de cette université de briques orange baignent dans des lumières tout aussi orangées tandis que Jeff Wadlow capture les couleurs ocre, rouge et or d'une fin d'automne splendide lors des sublimes plans extérieurs.

CRY WOLF peut s'enorgueillir de toutes ces incontestables qualités et il aurait pu être une franche réussite si Jeff Wadlow avait eu plus d'ambition au niveau du scénario en lui apportant un peu plus d'originalité. Mais lorsqu'on sait à quoi s'attendre, CRY WOLF sans être ni un grand film ni redorer un genre trop souvent galvaudé, atteint tout à fait son objectif, celui d'entrainer son public au cœur d'une apparente farce dont il devra dénouer les nœuds et autres imbroglio en tentant de discerner le vrai du faux.

Disponible en DVD, aux Etats-Unis, dans une version "Unrated" éditée sur le label Rogue Pictures, ce disque nous propose donc un montage intégral de 91 minutes. Le film est présenté dans son format original 2.35:1 et agrémenté de sous titres français sur la piste audio en Dolby Digital 5.1. On remarquera la qualité de ce disque concernant l'image, retranscrivant le merveilleux travail fait sur la photographie et les couleurs même si on regrettera quelque peu un certain grain sur les séquences de nuit ou plongée dans la pénombre empêchant de bien voir les détails.

Cette édition est dotée de nombreux bonus dont un aperçu du casting, composé de jeunes acteurs, à la fois drôle et intéressant. On retrouvera donc les essais de Julian Morris, Lindy Booth, Kristy Wu, Sandra McCoy, Jesse Janzen et Paul James commentés avec entrain par le réalisateur, le scénariste et le producteur.

Après cela, on se jettera sur les scènes supprimées au montage, ce que devaient être certaines séquences avant d'être revues et corrigées et les scènes qui ne furent pas intégrées au résultat final toujours commentées par l'équipe du film. On plongera ensuite dans l'envers du décor pour une sorte de Making of où on s'attarde surtout sur la difficulté et le danger de la scène où Owen plonge dans la piscine pour sauver Dodger. On y découvre aussi les différentes faces du tueur à la cagoule orange juste avant de se diriger vers les deux excellents premiers courts-métrages de Jeff Wadlow, THE TOWER OF BABBLE et MANUAL LABOR, qui risquent de surprendre le spectateur car il s'agit du point d'orgue de ces suppléments. On n'oubliera pas de mentionner le commentaire audio enthousiaste de Jeff Wadlow, de son scénariste et de son producteur. S'il ne nous apprend guère plus de choses que les bonus ne nous ait déjà dévoilé, il est assez plaisant de les écouter parler de leur film avec un tel bonheur, chacun s'attardant surtout à décrire la beauté des lieux de tournage et la joie d'avoir pu tourner avec de tels acteurs tout en dévoilant quelques secrets de tournage. On terminera ce tour d'horizon des suppléments par le visionnage de trois bandes annonces dont celles de BRICK et RED EYE.

Rédacteur : Francis Perrin
2025 ans
5 critiques Film & Vidéo
On aime
Le pointu et l'intelligence des dialogues
Cet incessant jeu d'ombres et de lumières et la solidité du scénario
La justesse de l'interprétation
Le sens du suspens
Une photographie et un scope superbe
On n'aime pas
Le manque d'ambition du tout
Le déjà vu des situations
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
5,00
4 votes
Ma note : -
L'édition vidéo
CRY_WOLF DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Espagnol
  • Supplements
    • Commentaire audio du réalisateur, du scénariste et du producteur
    • Behind the Scenes : Enter the Sinister Set
    • Wolves, Sheep & Shepherds : Casting the Roles
    • Scènes coupées
      • Courts-métrages
      • The Tower Of Babble
      • Manual Labor
      • Bandes-annonces
      • Brick
      • Red Eye
      • Medium
    Menus
    Menu 1 : CRY_WOLF
    Autres éditions vidéo