Le Tueur au puzzle est mort. C'est terminé, il n'organisera plus de jeux pervers menant soit à une douloureuse libération ou bien à une mort atroce. Et pourtant, l'homme a laissé derrière lui de quoi ne pas refermer la porte aux tortures rédemptrices…
D'une régularité déconcertante, la franchise SAW se pare d'un nouvel opus chaque année depuis le premier film initié par le duo James Wan et Leigh Whannell. Si rien ne semble pouvoir stopper cette production infernale, il n'était pas aussi évident que cela, à l'origine, de voir se développer un véritable univers autour d'un concept qui donnait l'impression d'avoir déjà tout dit dès sa première livraison. Après un SAW II en demi-teinte et un troisième film à l'efficacité redoutable, le quatrième film partait avec quelques handicaps. En premier lieu, les deux géniteurs originaux de la série se sont mis en retrait et n'assurent plus du tout l'écriture. Les deux cinéastes ont peut être jugés qu'ils avaient mis un terme à l'histoire en mettant à mort leur très particulier bourreau à l'issue de SAW III. Justement, en partant avec le cadavre du personnage emblématique de la série, les scénaristes de ce quatrième opus se trouvaient face à une très gênante déficience. D'autres séries horrifiques à succès n'ont jamais hésité à raviver leur croquemitaine en faisant fi de la logique. Néanmoins, dans SAW IV, les scénaristes vont opter pour une solution pour le moins osée. Ce quatrième opus va donc gagner du temps tout en proposant un astucieux scénario tissant des liens avec les deux films précédents. La structure du film, peut être pas d'une grande honnêteté, abuse dès le départ le spectateur jusqu'à un épilogue exposant clairement son piège narratif qui risque de laisser les moins attentifs face à quelques questions existentielles. Touffue, l'intrigue se compliquera davantage pour ceux qui n'ont jamais vu SAW II et SAW III puisque l'histoire y repêche des personnages, événements et lieux de façon à assembler les rouages d'une nouvelle machination aussi improbable que réussie à l'écran. Ce nouveau film semble donc nous proposer une sorte de pause de façon à resserrer les boulons de la série et préparer le terrain d'un cinquième métrage dont la sortie est prévue pour le quatrième trimestre 2008.
SAW IV reprend la recette des films précédents. Les pièges machiavéliques et meurtriers sont dispersés sur toute la durée du film de façon à assurer de fortes sensations. Après déjà trois films, cela fonctionne toujours aussi bien même si une grande partie des engins sont des variations de ce que l'on a pu voir précédemment dans la série. De nouvelles idées perverses assurent quelques surprises, pas toujours aussi efficaces que les vieilles recettes, dans la manière de torturer les victimes et par la même le spectateur. Que l'on s'attache ou pas aux personnages suppliciés, le mécanisme inexorable et implacable de la plupart des mises en scène produit un évident effet par procuration sur les spectateurs. Certains argueront que la série SAW est une accumulation triviale de violence. Mais, en réalité, il y a un véritable travail minutieux derrière chacune de ses séquences horrifiques qui n'ont rien à voir avec une enfilade de tabassage sans imagination. La partie horrifique de ce quatrième film est largement assurée et démarre d'ailleurs très fort avec une scène peu ragoûtante. Le succès des SAW repose en partie sur ses scènes horrifiques mais le liant scénaristique n'est pas pour autant laissé de côté. Bien au contraire, l'intrigue s'avère tout aussi tordue que les vicieuses scènes chocs. SAW IV suit durant une partie du film le parcours d'un policier obsessionnel marqué par une affaire criminelle que l'on ne manquera pas de lui rappeler. Fil rouge de ce nouvel opus, le policier va donc découvrir les «victimes» du film en suivant un trajet balisé par une idée plutôt maligne. Il n'en reste pas moins que la série commence tout de même à s'essouffler un petit peu. Curieusement, cette baisse de régime, on la trouve là où on ne l'attendait pas. Si le film nous amène son lot de révélations sur le vilain principal, déjà mort rappelons-le, au travers de flash-back, cela amoindrit la tension et le rythme du film. Ce qui devrait être la force de ce SAW IV fait un peu office, par endroit, de poids pas aussi bien calibré que les mortels pièges du film. Plus gênant, la dimension de gourou de la douleur s'efface devant des révélations malvenues changeant d'optique l'ambiguïté originale du personnage. Par la même, les «victimes» sont de plus en plus des êtres «punissables». Une orientation assez malheureuse qui sera, espérons le, tempérée par le «message» laissé par un maître spirituel à ses disciples… Ou ses victimes, on ne sait jamais vraiment !
Il n'y a pas d'équivoque, la mort du personnage interprété par Tobin Bell devrait donc mettre un terme aux apparitions de l'acteur. Ce ne sera manifestement pas le cas puisqu'il dispensera son charisme particulier dans le cinquième film tout comme il le fait dans SAW IV. En plus de Tobin Bell, ce quatrième film voit se télescoper une partie des acteurs des films précédents. Ainsi, on retrouve Costas Mandylor, Donnie Wahlberg ou encore Angus Macfadyen. Certains n'apparaissent que très brièvement, à l'image de Shawnee Smith, et on pourrait même évoquer Dina Meyer mais sa participation à SAW IV s'avère tout de même assez particulière ! Derrière la caméra, l'équipe technique ne change pas tellement non plus assurant ainsi la continuité visuelle et sonore de la série. Présents depuis le premier film, David Armstrong s'occupe toujours de la photographie du film alors que la musique est toujours assurée par Charlie Clouser. Le produit final est donc le fruit d'une production rodée et compétente se plaçant dans le haut du panier de la production horrifique de ce début de siècle !
Metropolitan sort une édition assez minimaliste de SAW IV. Il est fort probable que cette édition au contenu éditorial maigre sera suivie plus tard d'une version plus étoffée à l'occasion de la sortie en salles du cinquième film. En tout cas, c'est ce qui avait été fait lors de la sortie des SAW II et SAW III en DVD. Du coup, le survol des suppléments se fait extrêmement vite puisqu'il se résume à une très courte scène coupée. Une seule et unique scène à l'intérêt très relatif surtout que rien n'indique l'endroit où elle pouvait s'insérer à l'origine. De plus son contenu est pour le moins anecdotique. A partir de là, il faudra donc se reporter sur la sélection de bandes-annonces d'autres titres de l'éditeur qui n'ont, à vrai dire, par grand chose à voir avec l'univers de SAW. Une partie de ces bandes-annonces sont lancée automatiquement à l'insertion du DVD. La bande-annonce de SAW IV n'apparaît même pas et si l'on veut tisser un lien avec la franchise, on pourra notera la présence de DEATH SENTENCE, parmi les films annonce, mis en scène par le réalisateur du premier SAW.
Comme souvent, l'éditeur réserve la piste DTS pour le doublage français. Ce dernier est aussi présenté en Dolby Digital 5.1 tout comme la version originale sous-titrée. Toutes les pistes assurent une sonorisation fine et d'une grande précision. L'image est au diapason avec une retranscription de grande qualité dans un format 16/9. On notera quelques très petits soucis numériques dont les plus visibles sont localisés à un endroit relativement négligeable puisqu'il s'agit du générique de fin où l'écran noir n'offre pas un rendu totalement uniforme sur toute sa durée. La qualité audio/vidéo est, donc, assurée dans son ensemble et permet de redécouvrir le film dans de bonnes conditions.