Suite au crash d'une navette spatiale aux Etats-Unis, il apparaît évident aux autorités que toute la zone de l'accident est contaminée par une substance extraterrestre. Mais plutôt que s'inquiéter de ce souci, les services de santé vont plutôt se focaliser sur une vague de grippe. En réalité, toutes les personnes qui ont été en contact avec des débris du crash ont changé radicalement de personnalité et semblent suivre un but mystérieux…
Le livre «L'invasion des profanateurs» de Jack Finney ne cesse d'être adapté de façon régulière au cinéma depuis sa première apparition sur les écrans en 1956. Faisant suite à Don Siegel (L'INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURES), Philip Kaufman (L'INVASION DES PROFANATEURS) et Abel Ferrara (BODY SNATCHERS), Oliver Hirschbiegel se retrouve à la réalisation d'une quatrième transposition sur grand écran. Le projet n'est pas à l'origine du cinéaste allemand puisque Warner envisage déjà une nouvelle version du livre (ou des films) bien avant d'entrer en contact avec le réalisateur de LA CHUTE et L'EXPERIENCE. Le scénariste Dave Kajganich va donc en assurer l'écriture en proposant une relecture plus actuelle de l'œuvre originale. Se faisant, le film va finalement s'éloigner quelque peu de son statut d'adaptation pour ne conserver que les éléments purement essentiels. Les étranges cosses extraterrestres disparaissent totalement au profit d'une contamination purement virale. Le mode de propagation de cette invasion rejoint ainsi des préoccupations contemporaines quant aux virus mortels et autres infections que l'on peut retrouver au cinéma au travers de films tel que RESIDENT EVIL ou 28 JOURS PLUS TARD. Bien évidemment, la menace extraterrestre de INVASION ne transforme pas les infectés en être humains enragés. Au contraire, l'entité extraterrestre qui fusionne avec son hôte lui retire toute émotion humaine le transformant finalement, ce qui est paradoxal, en sorte de zombie au sein d'une société où l'individu s'efface au profit de la communauté. En cela, le thème principal du livre d'origine, et des films qui en ont été tirés, est respecté.
Avec INVASION, l'histoire d'origine grimpe d'un échelon en allant se placer à un niveau élevé de la hiérarchie américaine. Se déroulant à Washington et prenant comme l'un des personnages principaux un officiel du gouvernement, le film évoque la façon dont les citoyens sont manipulés. Pas vraiment d'une grande subtilité, cela fonctionne tout de même assez bien en exposant des moyens mis en œuvre pour berner la population au travers d'un remède qui s'avère être, en réalité, l'agent contaminant. Le film ajoute ainsi à la paranoïa latente de l'œuvre originale une nouvelle peur. L'idée d'une transmission par simple contamination apparaît aujourd'hui plus réaliste mais elle a un défaut de taille. Celui de mettre en retrait la véritable substitution des corps. Dans INVASION, l'être humain infecté change de personnalité mais n'est pas purement remplacé. Cet insidieux échange donnait d'ailleurs lieu à un véritable suspense horrifique dans BODY SNATCHERS qui s'avère absent de cette nouvelle adaptation. Avec de nouvelles idées, cette nouvelle vision de «L'invasion des profanateurs» ne réussi pas vraiment à faire oublier l'horreur dépeinte dans les films précédents. Le film d'Oliver Hirschbiegel prend d'ailleurs le parti de réfuter le spectaculaire gommant au maximum la spécificité science-fictionnelle. Et ce probablement pour ancrer totalement son histoire dans la réalité. Visuellement, le film ressemble donc bien plus à un simple thriller qu'à une invasion extraterrestre. C'est certainement ce qui va mener Warner a modifier le film après la remise de la copie du cinéaste allemand. A cette occasion, le studio va demander aux frères Wachowski (MATRIX) de plancher sur le film pour lui donner un coup de nerf. Du coup, les acteurs seront rappelés et de nouvelles scènes seront mises en boîte par James McTeigue sans l'intervention d'Oliver Hirschbiegel. Un choix qui va d'ailleurs mener l'actrice Nicole Kidman à l'hôpital puisque à l'occasion du tournage des nouvelles scènes, elle sera prise dans un accident de voiture. Un petit souci supplémentaire pour une production qui tâtonne en essayant d'assembler son film. En connaissant le statut de films remonté, retourné et repensé à la dernière minute, la vision de INVASION surprend beaucoup moins. Ainsi, le montage s'avère par instant assez étrange voire versant dans l'expérimental en mixant plusieurs séquences, dialogue et autres informations dans la continuité d'une scène qui n'a pas grand chose à voir.
Malgré sa gestation hésitante, INVASION comporte néanmoins de bonnes idées. Ainsi, le choix de placer dans le rôle principal une mère de famille inquiète pour son enfant s'avère payant. A la base, l'idée était plutôt inquiétante mais cela donne une ligne directrice inédite au film. Il était déjà question d'un enfant dans BODY SNATCHERS et plus généralement du remplacement des proches dans les films précédents mais cette nouvelle version joue assez bien de ce suspense familial. Le personnage principal interprété par Nicole Kidman est une psychiatre qui traite donc des troubles de la personnalité. Une excellente idée qui ne sera pas vraiment exploitée pleinement mais donnant, en tout cas, l'occasion d'introduire une patiente interprétée par Veronica Cartwright qui était l'une des actrices principales de L'INVASION DES PROFANATEURS de Philip Kaufman. Mais l'idée la plus intéressante et la plus surprenante de INVASION, c'est de nous offrir un final optimiste en rupture totale avec toutes les adaptations précédentes. De prime abord, cette idée est idiote mais cela amène surtout une réflexion grinçante sur l'humanité. Difficile de savoir qui a eu l'idée de conclure l'histoire de façon aussi nihiliste sous couvert d'une fin heureuse. Cela s'inscrirait, en tout cas, assez bien dans le prolongement des thèmes abordés par Oliver Hirschbiegel dans son radical L'EXPERIENCE.
Si INVASION n'est pas une réussite, loin s'en faut, le film se suit tout de même sans déplaisir. Les quelques rares effets spéciaux ne sont pas toujours exceptionnels mais cela s'avère assez anecdotique dans le déroulement d'une intrigue qui se veut avant tout minimaliste dans ses effets de «science-fiction». Pas désagréable du tout, l'histoire reste universelle et exploite toujours des peurs aussi actuelles. Enfin, l'intrigue est servie par des acteurs concernés avec, dans les rôles principaux, Nicole Kidman, Daniel Craig et Jeremy Northam.
Le Blu-ray présente le film dans son format cinéma d'origine avec un transfert haute définition en 1080p. A l'écran, le résultat est littéralement bluffant. L'image fait preuve d'une précision chirurgicale pour retranscrire la photographie froide du film. Impossible d'y voir des défauts, ce Blu-ray de INVASION peut être pris comme une référence. Le son sera lui aussi en haute définition avec une piste en Dolby TrueHD 5.1 mais seulement pour la version originale anglaise. Les autres pistes sonores, dont le français, seront en simple Dolby Digital 5.1. Encore une fois, même si le film ne fait pas nécessairement la part belle à de nombreuses séquences spectaculaires, le rendu sonore est très réussi.
Annoncé en 1080p sur la jaquette, les suppléments sont effectivement en haute définition. Toutefois, l'image est en réalité présentée en 1080i (donc en résolution «1920 x 1080» mais avec une image interlacée). Ils sont composés de quatre modules vidéo que l'on peut difficilement qualifier autrement que de Featurettes promotionnelles. Pas désagréable à regarder, l'intégralité de ces vidéos ne nous apprend, à l'arrivée, pas grand chose. Les soucis de production du film n'existent pas. Le titre du film changé momentanément pour éviter d'être confondu avec une série télévision (INVASION) n'est pas non plus évoqué. Cela retranscrit hélas un peu la recette actuelle de l'interactivité sur DVD et Blu-ray où l'on nous propose des suppléments les moins informatifs possibles. Le quatrième «documentaire» est un peu plus long et si son titre évoque « L'invasion dans les médias », une grosse partie sera surtout consacrée à la peur actuelle des pandémies virales. Ces suppléments ont donc, au moins, le mérite de nous être présentés en haute définition dans un disque à la qualité audio/vidéo irréprochable.