Sur Terre, de nos jours, une machination extraterrestre risque d'effacer toute trace de la race humaine de notre planète. Ailleurs, sur la planète Messaline, une guerre avec des hommes poisson semble sans fin. Dans un autre registre, au début du XXème siècle, Agatha Christie va être confronté à un étrange mystère… Trois décors différents pour de nouvelles aventures du Docteur Who !
Après seulement trois épisodes de la quatrième saison de la série DOCTOR WHO, le personnage de Martha Jones revient le temps de trois aventures. Un choix assez curieux puisque le personnage avait donc quitté la série durant la précédente saison. Les concepteurs de la série semblent ne pas vouloir se débarrasser de ce personnage puisqu'il apparaît aussi dans la deuxième saison de TORCHWOOD, série périphérique de celle dont nous parlons ici. En tout cas, ce retour momentané se déroule sans heurt et permet d'introduire le début d'un triptyque pacifiste. Pas de mystère, la menace qui plane sur la planète Terre est ourdie par des Sontarans. Créatures guerrières introduites au milieu des années 70. Là, un Sontaran échoué sur Terre au Moyen Age essayait de réparer son vaisseau spatial tout en manipulant un vilain seigneur féodal. La série introduira trois autres histoires mettant en scène ces créatures extraterrestres qui ne vivent que pour la guerre. Toutefois, depuis 1985, nous étions sans nouvelles jusqu'à leur réapparition de nos jours dans «The Sontaran Stratagem». Au passage, la série va nous donner de nouvelles informations concernant ces créatures extraterrestres tout en leur donnant un double épisode spectaculaire (pour du DOCTOR WHO, évidemment).
La manipulation planétaire des Sontarans permet à ce double épisode, «The Sontaran Stratagem» et «The Poison Sky», d'évoquer la guerre mais aussi l'environnement. A l'origine, le plan des extraterrestres était d'ailleurs d'utiliser les émissions atmosphériques des usines pour répandre un gaz nocif. Toutefois, cette idée sera remplacée dans la version définitive par un dispositif plus incongru que des cheminées d'usines. Et cela s'avère en effet des plus surprenant et bien dans l'esprit souvent déroutant de cette série britannique qui cède plus au serial délirant qu'à la science-fiction sérieuse. A cet effet, la partie du scénario où le Tardis est enlevé par les Sontarans pourra surprendre par son côté enfantin ou naïf. Mais il s'agit de rebondissements très communs dans l'univers de cette série télévisée qui traverse les époques depuis les années 60. Ce qui amène évidemment le scénario a s'amuser, comme souvent, à tisser des liens avec les aventures précédentes du héros. De plus, l'interaction avec des militaires donne l'opportunité de confronter le Docteur avec une hiérarchie dont il n'a que faire et d'appuyer de nouveau son aversion pour les armes. Les dialogues avec les officiers sont pour le moins assez amusants et donnent une touche d'esprit très britannique.
Si la futilité d'un affrontement guerrier sur plusieurs milliers d'années et effleuré dans «The Sontaran Stratagem» et «The Poison Sky», le sixième épisode de la quatrième saison va placer au cœur de son sujet le thème de la guerre. Sur une autre planète, deux races extraterrestres s'affrontent sans savoir réellement pourquoi dans une guerre qui semble sans fin. Motivé par des dirigeants bornés, des troupes combattent avec comme seul but une suprématie fort illusoire. Malin, le scénario met en place un système qui permet de prolonger le conflit tout en effaçant de la mémoire collective toute autre raison d'exister. En gros, le système de chacune des parties n'existe plus que pour créer des soldats à même de partir au combat. Franchement sombre et nihiliste comme concept, la série y injecte son humour propre tout en y amenant un élément très inattendu ! Titré «The Doctor's Daughter», le personnage va donc y rencontrer sa fille. Idée saugrenue qui est amené de façon bien plus astucieuse que la mise en place bien artificielle de cet épisode. Car le préambule impromptu, celui qui envoie nos héros à l'endroit où début l'aventure, est certainement le seul défaut d'un épisode haut en couleur. Thème central grave et développement des personnages sont traités de belle manière. Pour l'anecdote, l'actrice Georgia Moffett, incarnant la fille du Docteur, est la véritable fille de Peter Davison (cinquième incarnation du Docteur pour le petit écran). Evidemment, la BBC a utilisé cette coïncidence pour faire la publicité de cet épisode. A l'écran, de prime abord, l'actrice semble mal choisie mais elle s'avère finalement parfaite en incarnant correctement l'ingénuité perdue de son géniteur.
Le septième épisode «The Unicorn and the Wasp» calme un peu le jeu puisque l'histoire va se resserrer sur un petit manoir anglais où une réception est donnée au début du XXème siècle. Le scénariste Gareth Roberts avait déjà écrit «The Shakespeare Code» donnant l'occasion de nous montrer l'auteur britannique sous un jour différent. Cette fois, c'est un autre auteur anglais qui est au centre de l'histoire puisque cet épisode va mettre en relation le Docteur et Agatha Christie ! Ce qui ne devait être qu'une après-midi sympathique au sein de la bourgeoisie anglaise va prendre un tournant différent à la découverte d'un cadavre. Le Docteur et Agatha Christie vont alors commencer à enquêter sur une histoire bien dans la tradition du roman policier chère à l'auteur. Comme d'habitude, l'humour de la série va jouer avec les codes du genre par exemple l'interrogation de plusieurs personnes afin de connaître leur alibi nous montre en image des faits assez divergent de ce que l'on nous raconte. Enfin, cet épisode est l'occasion de donner une version « Fantastique » d'un fait divers réel mettant en scène Agatha Christie. En effet, l'auteur avait disparu durant une dizaine de jours sans jamais donner d'explication. Bien sûr, cet épisode nous donnera sa version des faits qui n'ont rien de banals ! Comme dans «The Shakespeare Code», le scénariste s'amuse à créer des ponts entre l'œuvre littéraire de l'auteur et son scénario. A plusieurs reprises, l'acolyte du docteur, Donna Noble (Catherine Tate), ne manquera pas de lui suggérer de manière fortuite quelques idées. Ces paradoxes temporels sont traités avec malice ce qui finit de donner à cet épisode un ton bougrement sympathique !
Ce deuxième volume de la quatrième saison du DOCTOR WHO est à destination des impatients qui veulent à tout prix découvrir (ou redécouvrir) les nouvelles aventures du personnage. En effet, ce disque sort assez rapidement mais ne propose aucun supplément d'aucune sorte. A la fin de l'année, l'éditeur proposera pourtant un coffret réunissant tous les épisodes de cette saison tout en y ajoutant des compléments. Dans ce second volume, contrairement au premier déjà chroniqué, il n'y a pas trois épisodes mais quatre. Ce léger changement permet en fait de caser les treize épisodes de cette saison sur quatre volumes. Les deux qui sortiront ensuite ne disposeront que de trois épisodes chacun.
S'il n'y a pas de supplément, les quatre épisodes sont, en tout cas, retranscrit de belle manière sur ce DVD. Proposé dans leur format 16/9 d'origine, la série a toujours un rendu vidéo qui lui sied parfaitement contrairement à TORCHWOOD. Cette dernière est d'ailleurs tournée en Haute Définition alors que le DOCTOR WHO, de qualité largement supérieure en tant que série, est toujours filmé en Betacam Digital en raison du grand nombre d'effets spéciaux qui nécessiterait beaucoup plus de temps pour être produit en HD. Les pistes sonores sont en stéréo surround. L'écoute est agréable et ne manque pas de dynamisme. Enfin, comme tous les disques consacrés à la série (toutes époques confondues), il est possible d'afficher un sous-titrage en anglais sur chacun des épisodes.
