Header Critique : SASQUATCH HUNTERS

Critique du film et du DVD Zone 1
SASQUATCH HUNTERS 2005

 

Un petit groupe de chercheurs a été alerté par un certain Horace J. Peasley de la présence potentielle de Sasquatches dans les montagnes. Les individus s'adjoignent donc les services de gardes forestiers et partent aussitôt en mission de reconnaissance. Bien vite, l'information d'origine se confirme et c'est sur un véritable charnier d'étranges ossements que tombe la fine équipe. La pince à épiler et la brosse à dents ne sont dès lors plus d'aucune utilité et c'est avec du gros matériel qu'il va falloir revenir faire des fouilles. Malheureusement, les Sasquatches locaux ne l'entendent pas de cette oreille et n'acceptent en aucun cas le souillage de leurs sépultures…

A l'origine, le sasquatch est une créature directement issue des croyances amérindiennes. C'est donc dès les premières colonisations que les indigènes évoquèrent l'existence de terribles géants velus vivant dans les montagnes et se nourrissant essentiellement de poisson… Depuis, le mythe de la créature a fait son chemin pour devenir, au même titre que le monstre du Loch Ness, une entité insaisissable dont l'existence même continue d'être dissertée. Le sasquatch, nommé aussi «bigfoot» en raison des grandes empreintes qu'il laisserait derrière lui, serait donc selon certains peigneurs de girafes, l'un des plus proches descendants du Gigantopithèque (anthropoïde géant, ancêtre de nos gorilles et autres orangs-outans). Ces racines hypothétiques, le sasquatch les partage avec le bien connu Yéti qui serait de fait un cousin éloigné… Même si le malentendu s'avère commun, il convient donc de ne pas confondre les deux «espèces» puisque le Yéti serait, pour sa part, d'origines népalaises et sévirait de préférence dans les régions neigeuses…

Du fait de son existence plus qu'incertaine et de l'aura de mystère qui l'entoure, le sasquatch s'est bien évidemment fait rapidement une place sur pellicule. L'une de ses premières apparitions significatives date de 1967 et relèverait d'avantage du documentaire-réalité amateur que du film-fiction. En effet, BIGFOOT, le court-métrage de Robert Gimlin et Roger Patterson (tournée en 16mm) nous dévoile, près de quarante secondes durant, un sasquatch debout entrant dans sa forêt. Jamais démentie, la réalité du document peut cependant laisser sceptique... D'autres documentaires verront fort logiquement le jour mais c'est essentiellement le cinéma fantastique qui exploitera l'engouement du public pour la bestiole velue. Les réalisations se succèderont donc, allant du plus ridicule (BIGFOOT de Robert F. Slatzer en 1970) au juste correct, sans malheureusement jamais réellement briller. Reste que nous retrouverons le sasquatch de temps à autres au cinéma, très souvent en vidéo, mais aussi lors de quelques prestations inattendues au sein de séries télévisées comme L'HOMME QUI VALAIT TROIS MILLARDS (épisodes 17 et 18 de la troisième saison). Le passage à l'an 2000 semble d'ailleurs avoir été bénéfique à la créature puisque les œuvres la mettant en scène ne cessent d'affluer, et ce, sans doute, grâce à l'avènement de l'image de synthèse…

Le SASQUATCH HUNTERS dont il est question voit donc le jour directement en vidéo en 2005. Réalisé avec un budget des plus restreints, le film sera tourné avec les moyens du bord dans le Topanga State Park, une forêt située en bordure de côte, à l'ouest de Los Angeles. Bien que ce parc soit spacieux et par endroits très arboré, il est avant tout un lieu de randonnées familiales à cheval ou en vélo. Autrement dit, nous sommes assez loin de la densité d'une forêt canadienne et des hauteurs généralement propices à la prolifération de sasquatches… Ainsi, dès son introduction, le métrage fleure bon l'amateurisme et la bande de potes bien décidée à tourner une «aventure humaine» entre deux pauvres arbres et trois vieilles touffes d'herbe. Dans la réalité, nous n'en sommes pas là mais force est de constater que Lowell Peterson, responsable de la photographie à la carrière très télévisuelle (DESPERATE HOUSEWIVES, SIX FEET UNDER, etc...), ne fait rien pour mettre en valeur les paysages mis à sa disposition... Visuellement, le film sera par conséquent invariablement plat et sans saveur, ne donnant à aucun moment le sentiment de «grands espaces» (ou à l'opposé de «densité rocheuse») pourtant vital à ce type d'entreprise supposée être coupée du monde. Le constat s'avère d'autant plus regrettable que d'autres productions récentes, elles aussi fauchées et peu glorieuses, faisaient la part belle à de magnifiques décors de montagne. Même le terriblement mauvais LA TRAQUE SAUVAGE de Jonas Quastel parvenait à faire mieux, c'est dire !

De son côté, le réalisateur Fred Tepper n'est bien évidemment pas tout blanc. Généralement artisan dans le domaine des effets visuels, l'homme tente en effet ici un premier essai en tant que réalisateur. Il ne révèlera pas avec SASQUATCH HUNTERS de véritable talent de mise en scène et l'on ne s'étonnera donc pas que cette expérience fut sa dernière à ce jour… Là encore, le travail est indiscutablement bâclé et les mouvements chaotiques de caméra ne font guère illusion : on souhaite nous cacher des choses ! Parmi celles-ci, le manque d'envergure des décors mais aussi le statisme soporifique de l'action et, surtout, la bonne trogne de la fameuse créature. Tantôt matérialisé sous la forme d'images de synthèse horriblement incrustées, tantôt sous la forme de peaux de chèvre portées par l'acteur néophyte Matthew Tait, le sasquatch du film impose cependant un look plutôt convaincant et novateur. Bien plus trapu qu'à l'accoutumée, doté d'un cou particulièrement massif et d'une bouille de gorille stressé, ce bigfoot aurait même pu être une réussite. Il nous faudra cependant tempérer nos propos devant l'inégalité du résultat. Alors que certaines scènes sont soignées et que le poil fraîchement shampouiné de l'animal resplendit en pleine lumière, d'autres plans ne nous montrent qu'une vague silhouette noire semblant tirée d'un épisode non finalisé de COCOSHAKER… La plupart du temps, l'apparence du monstre se situera toutefois à mi-chemin entre les deux, lorgnant tout de même fermement vers les réalisations «Wynorskiennes» à la PROJECT VIPER ou L'ILE DES KOMODOS. Aïe.

Mais le principal souci de SASQUATCH HUNTERS reste en réalité l'aspect souvent incompréhensible de l'image. En effet, toujours pour des raisons budgétaires, le gros des attaques et des séquences «mouvementées» se déroule de nuit. Une nuit si dense qu'il sera en réalité impossible au spectateur de voir quoi que ce soit durant une bonne moitié du métrage. On distingue quelques silhouettes, on comprend vaguement l'action (hurler ou courir, c'est au choix) et on aperçoit par instant quelques malheureuses victimes au visage barbouillé de sang mais globalement, le film de Fred Tepper joue clairement la carte de l'économe fumisterie… Point de véritable arnaque en revanche en ce qui concerne les acteurs et leur jeu. Bien que la plupart soient débutants ou totalement inexpérimentés, les prestations s'avèrent étrangement très honnêtes et donnent une certaine «pêche» à l'ensemble. Nous avons là un casting dynamique au sein duquel les plus attentifs pourront reconnaître le souriant David Zelina, vu dans l'épouvantable SCARECROW GONE WILD, et surtout la plantureuse Juliana Dever aperçue dans THE MANGLER REBORN et le TIME AND TIDE de Michael Carvaines. A noter que cette dernière nous offre ici une scène de douche forestière particulièrement décalée, assurant ainsi un quota de sensualité agréable et pas si facile à placer au milieu de tous ces individus velus…

Terminons enfin sur une note positive, ou plutôt encourageante, en abordant le cas de la bande originale composée par William T. Stromberg. En total déphasage avec le métrage, celle-ci tente en fait de donner une ampleur monstrueuse à un film pourtant ridiculement limité. Le choc n'en est que plus étonnant et il n'est pas rare que la musique nous emporte alors que l'action tendait à nous endormir. Les envolées évoquent assez régulièrement celles de la partition de John Williams sur JURASSIC PARK (toutes proportions gardées…), rendant bien cruelle la déception occasionnée par l'arrivée de gorilles furibards en images de synthèse… Reste que Stromberg tire correctement son épingle du jeu et qu'il est de fait l'un des rares à pouvoir mentionner l'expérience SASQUATCH HUNTERS sans honte.

Difficile donc de recommander ce métrage pour lequel Fred Tepper s'était pourtant investi. Le réalisateur, producteur et scénariste se plante ici dans les grandes largeurs en nous offrant l'une des plus vilaines pellicules du genre. Doté d'un scénario simpliste écrit pourtant à trois mains, d'une mise en scène très minimaliste, d'un rythme particulièrement poussif et d'une photographie franchement laide, le film déçoit et ne mérite que d'être soigneusement esquivé. Les amateurs de Bigfoots ou Yétis seront bien mieux inspirés de se tourner par exemple vers le ABOMINABLE de 2006, mettant en scène ce cher Lance Henriksen, grand habitué des anthropoïdes velus avec pas moins de trois films dédiés à ces bestioles en seulement quatre ans !

En toute logique, SASQUATCH HUNTERS n'aurait dû être commercialisé que sur ordonnance et aux seules personnes atteintes d'une insomnie chronique. Ce n'est bien évidemment pas le cas et le métrage se trouve être à la portée de tous via une édition américaine que l'on doit à Sony Pictures. Pour l'occasion, la firme joue la carte de la confusion en proposant une jaquette très semblable à celle de LA TRAQUE SAUVAGE (titré simplement SASQUATCH à l'origine) qu'elle distribue aussi aux Etats-Unis.

Concernant le disque en lui-même et plus particulièrement l'image qu'il propose (au ratio d'origine 1.85 encodé 4/3), il n'est pas exagéré de parler de véritable catastrophe. Rarement un encodage aura été aussi visible à l'écran. Tous les défauts numériques connus semblent s'être donnés rendez-vous ici pour une gigantesque orgie de pixels et de rémanence. En réalité, la compression est si douteuse qu'elle rend totalement invisible les potentiels problèmes liés au master… Les couleurs sont par ailleurs très ternes et les contrastes pour ainsi dire inexistants. Enfin, terminons d'achever la copie DVD en évoquant son manque de définition qui ne saurait en aucun cas être justifié par le choix du Super 16 comme format de tournage…

Sur le plan sonore, le choix se limitera à l'unique piste anglaise originale. Ici proposée en Dolby Digital 5.1, elle se montre elle aussi d'une incroyable platitude. Etouffée, dénuée de graves comme d'aigus et faisant fi de toute spatialisation, cette piste déçoit là encore même si elle s'avère moins catastrophique que l'image… Pour une meilleure compréhension, le spectateur pourra enclencher au choix des sous-titres anglais ou français. Comptabiliser les fautes d'orthographes qu'ils contiennent semble être un excellent moyen de rester éveillé durant les phases les plus pénibles du métrage.

Pour ce qui est des bonus, nous devrons nous contenter des bandes annonces de l'éditeur, ici au nombre de six. A noter que deux d'entre elles, celles de BOOGEYMAN et VAMPIRES : THE TURNING, se lancent automatiquement à l'insertion du disque dans le lecteur. Il vous suffira cependant de deux petites pressions sur la touche «chapitre suivant» de votre télécommande pour les zapper si le besoin s'en fait sentir. La totalité des bandes annonces est proposée en version anglaise non sous-titrée.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
SASQUATCH HUNTERS DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h28
Image
1.85 (4/3)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
      • Bandes-annonces
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