Pour remonter la moyenne de leurs notes, une poignée d'étudiants part pour un voyage d'étude de la faune et de la flore sur une petite île isolée. Là, ils sont accueillis par un couple de cinéphiles un peu excentrique…
Pour son premier film en tant que réalisateur, Matt Flynn choisit la voie du film d'horreur. Il en écrit lui-même le scénario qui se veut ultra référentiel à ce type de métrage. Et il est vrai que la vision de FANATIQUE est une accumulation de références. Ainsi, les personnages parlent beaucoup de cinéma, des lignes de dialogues sont empruntées directement à d'autres films et la présence d'un mystérieux tueur cinéphile devraient assurer l'originalité du métrage. Peine perdue puisque Matt Flynn n'exploite pas vraiment son sujet et reste à un niveau superficiel qu'il essaie de camoufler par une overdose de clins d'œil cinématographiques pour la plupart ratés. Ainsi, l'apparition d'un clown tueur pourra laisser perplexe quant au film auquel il est fait référence (KILLER KLOWNS FROM OUTER SPACE ? CA ?). Il en va de même pour la scène où est placée un cadavre rappelant HELLRAISER: si l'un des personnages n'évoquait pas clairement le film de Clive Barker, il serait impossible d'identifier quoi que ce soit. Sur l'heure et demi de FANATIQUE, tout le monde parle de cinéma pour un oui ou pour un non. Cela va de Kubrick à Steven Spielberg en passant par Pasolini sans oublier de citer les figures monstrueuses du cinéma d'horreur. Très artificiel, l'intégration des dialogues a bien du mal à convaincre surtout lors des discussions à bord d'un bateau ou autour d'un feu sur la plage. Particulièrement parce que la brochette de personnages principaux est composée d'étudiants disparates : le sportif bourrin, le black adepte de la fumette, la lesbienne, le gay exubérant, la bombe sexuelle sans inhibition… Qu'importe, ils ont tous des avis sur la question cinéphile ! Les références continuent de fuser du côté des dialogues repris de classiques et utilisés de façon détournée. Ce sera par exemple le cas avec une tirade exprimant que l'"on aurait besoin d'un plus grand bateau" à la vue de la poitrine de l'une des actrices et faisant directement une œillade aux DENTS DE LA MER. D'ailleurs, Burt Young interprète ici un pêcheur bourru qui n'est pas sans rappeler le Quint du film de Steven Spielberg. Des clins d'œil à ce film, et à d'autres, vont ainsi se multiplier donnant un aspect rapidement lourdaud à ce qui aurait dû être, on le suppose, un spectacle léger et amusant pour les cinéphiles. Ajoutons à cela que les personnages portent des noms célèbres histoire que ce soit bien clair !
Après l'ouverture du film où Kane Hodder, cascadeur connu pour avoir été Jason dans plusieurs films de la série VENDREDI 13, connaît un destin funeste, FANATIQUE va se focaliser sur ses étudiants durant une grosse portion du métrage. Entre blagues à base de pets (à deux reprises) et dialogues creux, il n'y a que les meurtres ou une paire de seins qui viennent secouer un film durant lequel le temps se fait cruellement sentir. Il faut attendre le dernier tiers du film pour découvrir ce que FANATIQUE aurait dû être. Si jusque là, le film de Matt Flynn est avant tout un slasher basique où l'on meuble comme on peut le métrage, il devient largement plus intéressant en assumant pleinement son concept. Surprenant hommage incongru à RING et univers délirant avec femme en cage prête à être jeter en pâture à des piranhas, ces derniers délires permettent de sauver un film dans sa majeure partie très anecdotique. Nous sommes bien loin, par exemple, d'un FONDU AU NOIR ou d'un SCREAM. Ce dernier étant, à l'évidence, la cible de Matt Flynn. Toutefois, les références distillées dans le film sont si communes que l'on a bien du mal à croire que le cinéaste est très honnête dans sa démarche ou, en tout cas, qu'il soit un véritable amateur du genre !
Heureusement, le film est ponctué de quelques meurtres parfois assez sanglants. L'amateur d'horreur pourra éventuellement y trouver son compte avec décapitation, énucléation et autres empalements. FANATIQUE présente même un découpage sanglant à la tronçonneuse («MPAA», comité de classification américain demandant souvent des coupes dans les films d'horreur, est inscrit sur la lame de l'engin). De même, dans un registre différent, on pourra se rincer l'œil sur la plastique avantageuse de Gabrielle Richens. Toutefois, on sera surpris que cette dernière pense à ramasser puis remettre son t-shirt avant de s'enfuir alors que son partenaire vient d'être découpé en morceaux devant ses yeux. Un peu de gore et de sexe qui sont, à vrai dire, les seuls ingrédients viables de FANATIQUE avant son épilogue délirant. Notons enfin qu'au rayon des références, Matt Flynn a réussi à convaincre plusieurs acteurs «connus» de rejoindre les rangs de son casting. On peut donc croiser Burt Young (ROCKY, AMITYVILLE II…), Tony Burton (lui aussi rescapé, entre autres, de la série des ROCKY), Kane Hodder ou bien William Forsythe qui se ridiculise quelque peu dans FANATIQUE en interprétant un personnage bizarre et parachuté là de manière très étrange. A ces acteurs confirmés, on ajoutera encore les noms de la mignonne Danica McKellar, Juliet Landau, Sean Kanan ou Jay Kenneth Johnson. Un tas d'acteurs qui ont dû participer à ce travail pour des raisons alimentaires bien que la dernière image du film dénote d'une bonne humeur évidente sur le tournage. Bonne humeur qui ne transparaît malheureusement pas dans ce slasher qui ne fonctionne pas du tout au deuxième degré voulu par son auteur.
Titré à l'origine HACK !, le film change de titre pour son exploitation en France et directement en vidéo. FANATIQUE propose un transfert 16/9 proche du format d'origine. La définition n'est pas ce que l'on a pu voir de mieux dans le genre mais on peut supposer que cela vient du traitement de l'image fait en post-production. La photographie offre ainsi des couleurs chaudes et, par endroit, limite brûlées. Par contre, si l'on a un reproche à faire, c'est au sujet d'une vingtaine de petits carrés numériques qui apparaissent le temps d'un battement de paupière à la vingtième minutes (environ à 20mn05 pour être précis). Pour le reste, l'image ne contient pas vraiment de défauts particuliers.
Deux pistes sonores sont proposées sur le disque avec, on s'en doute, le doublage français ainsi que la version originale anglaise sous-titrée. La piste en anglais est mixée en Dolby Digital 5.1 mais cela n'est pas spécialement flagrant à l'écoute. Peu spectaculaire à la base, l'éditeur a dû opter pour de la simple stéréo en ce qui concerne le doublage français qui ne fait pas non plus de miracle.
Seul supplément disponible sur le DVD, la bande-annonce doublée en langue française donne un peu plus d'énergie au film en condensant le métrage sur une poignée de minutes. Le DVD sera commercialisé au prix d'une douzaine d'euros dans un circuit de vente traditionnel ou bien avec le numéro de mars 2008 du magazine Mad Movies.