Après avoir perdu son mari dans un accident de voiture, Sarah assume dorénavant seule et dans la tristesse sa grossesse. Le soir du réveillon, elle s'apprête à passer sa dernière soirée à la maison avant d'entrer à la clinique pour accoucher. C'est à ce moment là qu'une étrange femme vient à frapper à sa porte…
Journaliste du magazine Mad Movies, Alexandre Bustillo s'associe à Julien Maury pour un premier long métrage horrifique sans concession. C'est tout du moins l'évidence à laquelle on arrive après la vision de A L'INTERIEUR. Mais cette liberté de ton qui accouche littéralement d'une violence graphique démesurée pose un sacré problème. L'intrigue s'avère des plus minces ce qui nous amène à regarder un concept plus qu'une histoire. Un souci assez récurrent dans la plupart des films horrifiques français. A croire que les cinéastes font un «film d'horreur» avant de réaliser un «film» tout court. Pour preuve, on pourrait prendre le grand nombre de références, très disparates voire hétérogènes, que les deux cinéastes citent comme des influences de A L'INTERIEUR. En soit, si ces clins d'œil, ces guides ou ces apports sont relativement bien digérés (ou même carrément invisibles), il n'en reste pas moins que A L'INTERIEUR offre une expérience cinématographique bancale. Comme beaucoup d'autres films français dans ce genre, on se trouve à l'arrivée très partagé entre l'envie d'aimer et celle de détester.
Avec son action resserrée en grande partie dans un lieu unique, une maison de banlieue, A L'INTERIEUR s'avère être une sorte de croisement entre SEULE DANS LA NUIT et le slasher. Toutefois, plutôt que de déployer un véritable suspense, le film va se reposer essentiellement sur la nature simpliste d'un genre qui a rarement brillé par son intelligence. Généralement, le slasher affiche à l'écran des mannequins sans trop de personnalités qui sont réduits à des poupées de chair bonnes à être découpées en morceaux. A ce niveau là, le pari est réussi dans A L'INTERIEUR. En effet, l'équarrissage systématique des victimes repeint complètement les murs des décors. L'un des deux réalisateurs reconnaît d'ailleurs que, privé de ses séquences gore, le film aurait un scénario de «Hollywood Night» (voir les suppléments du DVD français). Donc, A L'INTERIEUR, ça saigne et ça gicle, le spectateur en mal de sensations fortes devrait être ravi. Mais, objectivement, le film accumule les séquences inutiles alourdissant un film qui ne dure environ que une heure et vingt minutes. La musique languissante accompagne alors assez merveilleusement des passages où il ne se passe rien faute d'avoir une intrigue dotée de rebondissements plus développés. Fort dommage car A L'INTERIEUR n'est pas dénué de qualité ni même de passages fort réussis. Ainsi, parmi les très belles images du film, on retiendra ce plan où l'inquiétante femme disparaît de manière quasi surnaturelle dans les ténèbres, le souvenir émouvant du mari disparu et, d'une manière générale, le soin apporté à la photographie.
Il ne faudrait pas oublier les deux actrices qui portent en grande partie A L'INTERIEUR. Alysson Paradis et Beatrice Dalle s'investissent corps et âmes dans leurs personnages torturés par la vie et qui continuent de se torturer l'une et l'autre. La confrontation entre les deux actrices est souvent assez impressionnante. Mais, encore une fois, il faudra apprécier le talent des actrices au travers d'idées pour le moins étrange ou carrément «Z» d'un métrage qui n'a pas su se contenir. Les images «à l'intérieur» du bébé sont plutôt curieuses et la fin du métrage tranche littéralement avec son sujet dans un épilogue grand guignol où on se tape dessus à coup de grille pain. L'amateur de «Gore», par contre, lui appréciera pleinement le pétage de plomb de A L'INTERIEUR qui fait exploser la violence crue dans un environnement plutôt réaliste. Certaines images ont de quoi faire mal à l'instar des plans où la pointe d'un ciseau caresse le ventre d'une femme enceinte. Clairement provocant, A L'INTERIEUR a du taper dans l'œil de Clive Barker puisqu'il a choisi les deux cinéastes pour mettre en scène le remake de HELLRAISER. Un autre film qui fait surgir une violence radicale dans un cadre ordinaire.
Bien que produit par La Fabrique de Films, A L'INTERIEUR ne sort pas en DVD chez son propre producteur. C'est Pathé qui prend finalement en charge l'édition en vidéo du film dans une édition double DVD assez surprenante puisque le film n'a pas vraiment été un succès dans les salles françaises lors de son exploitation au cinéma. Avant de commencer, il est important de préciser que le DVD qui nous a été fourni par l'éditeur est nominatif. Il nous est difficile dans ces conditions de vous assurer que le rendu de l'image et du son seront donc identiques à ce qui sera réellement commercialisé. Il nous apparaît important de vous prévenir.
Sur le premier DVD, on trouve le film avec un transfert 16/9 affichant une image de belle qualité. En gros, il n'y a quasiment pas de défauts numériques toutefois, l'image étant souvent plongée dans une ambiance clair-obscur, le contraste pourra sembler plutôt doux en comparaison d'autres films. En ce qui concerne le son, on pourra opter au choix entre le Dolby Digital 5.1 ou une piste en stéréo. Rien d'impressionnant de ce côté là malgré les séquences énervées, le choix a semble t'il été d'offrir un environnement sonore relativement réaliste. Un sous-titrage pour les malentendants est disponible ce qui est une initiative que l'on aimerait voir plus souvent sur les disques français ! Toujours sur le premier disque, on trouve un commentaire audio où Alexandre Bustillo, Julien Maury et Laurent Barès, le directeur de la photographie, parlent sur toute la durée du film. Techniques, influences et souvenir sont au cœur de cette discussion qui oublie presque tout le temps d'évoquer l'écriture du film. Il en sera de même sur le deuxième DVD bien plus chargé en suppléments !
Le second DVD s'ouvre sur un Making Of de plus de 50 minutes. Entre images de tournage et interviews des différents maillons créatifs du film, ce documentaire survole la production de A L'INTERIEUR en s'intéressant surtout aux effets spéciaux et aux acteurs. Encore une fois, on sera surpris que la genèse de A L'INTERIEUR ne soit que très partiellement évoquée. Ainsi, on passe simplement de la lecture d'un scénario par les deux producteurs à la mise en route du projet. Comment est venue l'idée de cette histoire ou encore quelles sont les motivations des réalisateurs sont deux questions auxquelles vous n'obtiendrez jamais de réponse. Le Making Of se focalise donc essentiellement sur l'aventure du tournage et oublie une partie généralement passionnante de la création d'un film, sa naissance et son écriture. Autre point étrange, les producteurs nous disent qu'ils cherchaient à produire «un film de genre». Ils l'ont donc trouvé mais la question essentielle de savoir pourquoi ils voulaient produire ce type de film reste un mystère. Quoi qu'il en soit, ce documentaire est plutôt sympathique sans être transcendant.
S'ensuit une partie nommée «Modules» et qui regroupe de petits documentaires réalisés pour la chaîne Canal+ qui suivait la création du film. Les quatre premiers s'intéressent au tournage alors que les deux derniers sont plus orientés vers la promotion du film. C'est ainsi que l'on nous explique que la production a voulu créer un événement sur le film au travers d'un blog mais aussi demander leur avis aux internautes concernant l'affiche du film. Pas de chance, car cette promotion sur le net a semble t'il été en très grande partie zappée par les fans de cinéma d'horreur et l'avis des internautes à propos des affiches écartées par la production. C'est bien de faire du marketing mais c'est mieux, au préalable, d'identifier la cible ! Le même segment vidéo filme la réaction à chaud des journalistes à la sortie d'une projection presse au Planet Hollywood. Certains sortent conquis alors que d'autres trouvent le film «atroce». Plutôt amusant ! Le dernier segment vidéo nous présente Beatrice Dalle en tournée de promotion du film lors du Festival de Cannes. Apparemment, son planning étant plutôt chargé certains médias en ont fait les frais. Ainsi, on trouvera une interview filmée par Clap TV où l'actrice n'a carrément plus du tout envie de parler du film. Cette interview surprenante se trouve d'ailleurs sur le DVD. En plus de ce drôle d'entretien, on trouve encore l'actrice dans une interview plus traditionnelle. Néanmoins, cette intervention est reprise en grande partie dans le Making Of et une grosse partie de ces déclarations sont donc de la redite. Parmi les interviews, on trouve surtout une vingtaine de minutes où les deux réalisateurs reviennent sur leurs influences. Ils donnent ainsi leur avis sur plusieurs films qui ont eu une certaine emprise sur la création de A L'INTERIEUR. Certains sont évidents comme TENEBRES de Dario Argento et d'autres beaucoup moins à l'instar du LOCATAIRE de Roman Polanski ou LES INNOCENTS de Jack Clayton. Etrangement, on trouve encore une vidéo titrée «La Bande Originale» alors que le sujet est déjà couvert dans le documentaire. Cela permet de revenir un peu plus en détail sur la musique du film.
Si l'on est assez étonné par l'absence d'information concernant la genèse du film sur ce double DVD, on nous jette tout d'un coup en pâture une fausse bande-annonce qui, d'après le petit texte introductif, aurait été tourné pour convaincre les producteurs. Cette bande-annonce réalisée avec deux autres actrices est un amalgame de certaines images chocs reprises dans ce qui deviendra plus tard A L'INTERIEUR. Encore une fois, il est plutôt frustrant de découvrir cette vidéo parmi les suppléments sans en apprendre plus à son sujet. Pour terminer avec A L'INTERIEUR, on trouve encore la vraie bande-annonce et son Teaser ainsi que deux galeries, l'une pour les images du film et l'autre pour les projets d'affiches. Le dernier supplément est un court-métrage réalisé par Julien Maury, François Maury et David Micheli. N'ayant pas grand chose à voir avec A L'INTERIEUR, ce PIZZA A L'ŒIL est fort sympathique et il faudra attendre la fin du générique pour découvrir l'image donnant une justification au titre.
