Un mystérieux tueur habillé comme Horny le clown, mascotte de la chaîne de restaurants Hellaburger, assassine violemment les jeunes de la ville. Dans le même temps, Mackenzie Carpenter reçoit des messages surnaturels lui donnant des indices sur les victimes…
Comme beaucoup de cinéastes indépendants, Shane Kuhn et Brendan Cowles sont confrontés à des problèmes de production ou de distribution de leurs oeuvres. En réaction à la sélection trop restrictive du Festival de Sundance, ils vont faire partie des fondateurs du Festival Slamdance qui va promouvoir, lui aussi, le cinéma indépendant à partir de 1995. Dix ans plus tard, Shane Kuhn et Brendan Cowles commencent, au mois de janvier 2005, le tournage de HELLABURGER dont ils assument l'écriture et la réalisation en duo. A terme, le film changera de titre pour adopter un plus générique DRIVE THRU qui sera finalement changé en BURGER KILL pour son exploitation française en vidéo.
Si la vente rapide de menus à base de sandwichs existe depuis le tout début du XXème siècle aux Etats-Unis, c'est McDonald qui va démocratiser ce que l'on appelle aujourd'hui le «fast food». Depuis son implantation durant les années 1940, d'autres enseignes se sont ouvertes sur le même concept. Assez critiqué et souvent considéré comme de la «malbouffe», cette industrie de la restauration rapide a connu dernièrement plusieurs métrages tels que FAST FOOD NATION et surtout le documentaire SUPER SIZE ME. Le réalisateur de ce dernier apparaît d'ailleurs dans BURGER KILL en incarnant le gérant d'un restaurant Hellaburger. La présence de Morgan Spurlock au générique laisserait donc à penser que BURGER KILL est un film plus ou moins engagé. Le tueur n'hésite pas à lâcher quelques courtes tirades vindicatives mais, à vrai dire, le film n'a rien d'une critique ou d'une satire des McDonald, Quick et autres Burger King.
Shane Kuhn et Brendan Cowles ont surtout mis en boîte un slasher tout ce qu'il y a de plus classique. D'ailleurs, à moins qu'il ne s'agisse de nombreuses coïncidences fortuites, les deux auteurs se sont très largement inspirés en piochant allégrement dans les métrages des années 80. L'EXORCISTE est évoqué dans les dialogues lorsque les personnages principaux utilisent une planche de Ouija mais le contexte fait plus largement penser à OUIJA de Kevin Tenney. La nature surnaturelle du vilain clown tueur n'est pas éloignée du Freddy Krueger des GRIFFES DE LA NUIT et sa genèse assez commune amène le souvenir de plusieurs films du genre avec par exemple CARNAGE. D'autres séquences semblent tout droit sorties du BAL DE L'HORREUR, HAPPY BIRTHDAY, MASSACRES DANS LE TRAIN FANTOME ou encore l'inévitable HALLOWEEN. L'une des scènes à la fin de BURGER KILL est un évident hommage au film de John Carpenter lorsque l'héroïne regarde par la fenêtre.
Shane Kuhn et Brendan Cowles ont donc certainement voulu réaliser un slasher référentiel à moins qu'ils n'aient eu simplement l'envie de recycler les meilleurs éléments du genre. Dans les deux cas, BURGER KILL ne fonctionne pas vraiment. On évoquera une pléiade d'acteurs aux talents incertains. Les premières minutes du film sont assez éloquentes avec un quatuor d'interprètes incapables de jouer convenablement la peur ou la panique. Le reste du métrage sera hélas du même niveau à l'exception notable de son actrice principale et de quelques seconds rôles. On pourra ainsi noter les amusantes prestations parodiques de Morgan Spurlock ou Sean Whalen. De son côté Leighton Meester, l'héroïne, incarne peut être trop bien son personnage en regard de l'aspect parfois très second degré du film. Car le souci principal de BURGER KILL, c'est justement d'avoir un peu de mal à concilier son côté humoristique ou décalé avec sa partie purement horrifique. La forme est par ailleurs assez souvent tranchée. On passe ainsi de séquences de dialogues platement réalisées à des attaques violentes beaucoup plus rythmées et, étrangement, ponctuées avec une sorte de néo-métal type Slipknot. Recouvrez le tout avec des scènes gores, de fausses publicités pour la chaîne Hellaburger, la représentation d'une adolescence futilement rebelle et un humour aussi lourd que redondant. Le mélange a un peu de mal à passer. Mais voyons les choses du bon côté, c'est peut être pour se mettre au diapason d'un menu triple cheese, frites et soda !
Comme partout dans le monde, Free Dolphin distribue directement en vidéo BURGER KILL. Le disque est ainsi proposé chez les revendeurs traditionnels mais aussi avec le numéro de janvier du magazine Mad Movies. Le DVD propose de voir le film avec un transfert 16/9 respectant le format d'origine. L'image affiche de belles couleurs et met bien en valeur certaines séquences éclairées avec plus de goût que d'autres. S'il y a ici ou là des différences de contrastes, de plans légèrement flous ou du grain, il faudra plutôt imputer ces anicroches aux deux cinéastes qui ont mis en boîte le film plutôt qu'à cette édition DVD.
Bien que l'édition américaine du film propose une piste anglaise en Dolby Digital 5.1, ce ne sera pas le cas pour le disque français. Seule une piste stéréo anglaise, sous-titrée en français, est donc disponible sur ce DVD. Bien évidemment, le rendu sonore s'en ressent même si l'écoute n'a rien de désagréable. Pour le 5.1, il faudra donc se tourner vers le doublage français qui ne sera pas nécessairement beaucoup plus démonstratif. Le gain est toutefois très notable et l'interprétation française des voix fait encore plus dans le second degré.
Pour se rattraper de l'absence de la piste 5.1 sur la version originale, Free Dolphin propose un supplément absent de l'édition américaine. Ce sera un bêtisier à l'image du film : humour lourdingue et passages insipides. Une fois ces quelques minutes avalées, il ne reste plus qu'à visionner la bande-annonce de BURGER KILL. En ce qui concerne les bandes-annonces, on peut en trouver deux autres sur le DVD mais seulement à l'insertion du disque. Il s'agit de celles de FANATIQUE! et du CREPUSCULE DES MORTS. Enfin, il faut reconnaître que les menus du DVD sont plutôt réussis !