Maddy et Dan ont enfin réglé leurs problèmes de couple en tirant un trait définitif sur leurs envahissantes carrières. Devenus professeurs à l'université et parents de deux petites filles, ils n'aspirent dès lors qu'à une vie de famille paisible et dépourvue de sauterelle. Leur vœu sera exhaussé et ce sont maintenant d'horribles chauves-souris qui vont s'attaquer à la population du coin… Maddy se voit donc contrainte de remettre à profit ses compétences en biologie pour contrecarrer le noir dessein des chiroptères buveurs de sang.
C'est en 2005 que la chaîne américaine CBS décide d'empiéter sur les plate-bandes de Sci-Fi Channel en produisant une série de modestes téléfilms relatant les agissements d'animaux tueurs. Parmi ceux-ci nous citerons LOCUSTS, un métrage mineur mettant en scène Lucy Lawless et Dylan Neal face à un nuage de sauterelles venu ravager les Etats-Unis. Assez inoffensif, ce film se voulait à l'évidence familiale et tentait de donner vie à un couple vedette capable de perdurer à l'écran. En plus des attaques animales, LOCUSTS s'intéressait donc de prêt à la grossesse inattendue du personnage de Maddy et à l'aveuglement de Dan… La même année, en 2005, le réalisateur Eric Bross ré-exploite donc ce couple et se propose de nous montrer son évolution via le métrage VAMPIRE BATS qui nous intéresse ici.
L'histoire de VAMPIRE BATS prend donc le relais de celle de LOCUSTS. Maddy et Dan sont dorénavant d'heureux parents modèles choyant au mieux leur descendance. L'individualisme et le carriérisme ont par conséquent laissé place à une vie de famille « idéale » dans laquelle chacun assume son rôle à la perfection. La construction d'une nouvelle maison est en cours et le personnage de la belle-mère, bien évidemment irritable, fait son apparition… Là encore, la volonté est à l'évidence de créer un lien entre le spectateur « moyen » et le couple vedette via une description rudimentaire d'un noyau familial dit « classique ». Une tentative en réalité bien vaine car traitée sans originalité ni véritable intelligence. Nous retrouvons cependant là les « valeurs » clairement mises en avant dans LOCUSTS. Mais dans cet esprit, VAMPIRE BATS va cette fois-ci beaucoup plus loin en se proposant de brosser un étonnant portrait de la jeunesse américaine. Plus que cela, le film se veut même extrêmement moraliste et dénonce avec une certaine verve les travers de cette adolescence dépravée, étonnamment semblable à celle qui peuplait Woodstock en 1969…
Ainsi, la première victime sera un jeune homme rendu débile par l'alcool et la drogue lors d'une rave. Bien entendu perdu et incapable de se défendre, il sera littéralement vidé de son sang par les monstres titre du film. L'occasion est trop belle et l'on nous colle donc un premier discours quant aux méfaits des substances illégales. On accompagne le tout de petites phrases assassines et l'on suspectera même les « ravers » d'avoir commis un meurtre rituel ! Voilà bien des propos qui fleurent bon l'ouverture d'esprit et l'appel au dialogue. Reste que VAMPIRE BATS persiste dans cette voie puisque toutes les victimes du métrage seront sous l'emprise soit de l'alcool, soit de la drogue. Doit-on en déduire que ces individus méritent la mort ou que les chauves-souris sont particulièrement friandes de substances illicites par hémoglobine interposée ? Qu'importe car le métrage ne nous laisse guère le temps de réfléchir et enchaîne en nous expliquant que faire parti d'une association étudiante revient à accepter d'être constamment ivre et humilié. Poursuivons dans cet esprit en abordant la musique écoutée par ces mêmes jeunes crétins : La techno. Décrite comme de la non-musique, elle s'avère si abrutissante et malsaine pour les oreilles que nous découvrirons bien vite que c'est elle qui excite les chauves-souris et stimule leur agressivité ! VAMPIRE BATS ne fait donc pas dans la finesse et malmène une jeunesse qui, réjouissons-nous, saura en fin de métrage prendre conscience de ses erreurs et rentrer dans le rang…
Moins surprenante est l'orientation très écologique du métrage. A dire vrai, il s'agit même d'un élément particulièrement classique au sein du petit monde des films d'agressions animales que l'on retrouve par exemple dans PROPHECY : LE MONSTRE, SOUDAIN LES MONSTRES et l'ensemble des films proposant des monstres atomiques… On nous sert donc une série de théories concrètes, basées sur des éléments tangibles et une approche biologique relativement crédible. De nombreux dialogues prennent du reste une orientation « culture générale » plutôt pertinente.
Mais au-delà de ces différents messages, qui n'ont rien de subliminaux ou même de subtils, n'oublions pas que VAMPIRE BATS est avant tout un métrage mettant en scène des animaux goulus amateurs de chair (et de défonce). Et sur ce point, reconnaissons que Eric Bross fait mieux que son prédécesseur David Jackson. Ainsi, les chauves-souris s'avèrent bien plus agressives que ne l'étaient les sauterelles du premier opus. Les attaques sont nombreuses et chacune d'elle donne lieu à moult lacérations. L'hémoglobine est assez présente et les maquillages des différentes victimes sont plutôt convaincants. En cela, VAMPIRE BATS se veut bien plus « mature » que le trop gentillet LOCUSTS. Ajoutons à cela que les vampires ailés sont d'honnête facture et que leur sale trogne leur octroie là encore un côté bien plus effrayant. L'obscurité dans laquelle baigne bien évidemment le film contribue elle aussi à créer une ambiance plus dramatique que celle constatée dans LOCUSTS. Des qualités bien présentes qui ne permettront cependant pas à VAMPIRE BATS de sortir du lot des films dédiés aux animaux caractériels.
Le métrage se voit en effet plombé par une réalisation d'une mollesse à la limite du soporifique que la photographie, plutôt jolie, ne suffira pas à faire oublier. Mais le pire reste à venir avec le jeu toujours aussi lamentable de Lucy Lawless. Starifiée on-ne-sait-comment par la série XENA, LA GUERRIERE, l'actrice peine à convaincre lorsqu'elle n'est pas habillée en amazone. Très vite son regard bleu inexpressif fascine tant il donne l'impression de n'être qu'une fenêtre ouverte sur le néant… Conformément à l'adage « Aux royaume des aveugles, le borgne est roi », la production tentera de masquer la piètre performance de Lawless en l'entourant d'acteurs tout aussi lamentables. Cette réunion de non-talents n'est pas sans impact sur le spectateur qui peinera à entrer dans cette histoire de suceurs mélomanes. Nous noterons au passage l'étrange reconversion du personnage de Maddy qui, là encore, ne pourra que laisser le spectateur perplexe. En effet, alors qu'elle était « spécialiste des insectes ravageurs » (ça ne s'invente pas) dans LOCUSTS, elle s'intéresse dans cette suite à une horde de desmodus rotundus (nom scientifique de chauves-souris vampires dites « communes »)… Le scénariste Doug Prochilo, déjà responsable de l'écriture du premier opus, a t'il été informé du fait que les vampires ne sont pas des insectes ?
On ressortira donc de la vision de VAMPIRE BATS peu convaincu. Malgré la relative abondance des attaques et du sang à l'écran (pour un téléfilm grand public), le travail de Eric Bross laisse un arrière goût indigeste de métrage particulièrement barbant. Les chauves-souris n'en sortent donc pas grandies et l'amateur préfèrera sans aucun doute se tourner vers des films plus nerveux et soignés tels que LA NUIT DES CHAUVES-SOURIS, sa récente suite BATS : HUMAN HARVEST ou même le sympathique MORSURES.
Alors que le DVD de LOCUSTS avait été édité chez nous par Elephant, c'est Columbia Tristar qui prend le relais pour sa suite. Si la section des bonus n'en sort pas grandie, il en va tout autrement des spécifications sonores et visuelles.
Commençons donc par l'image, de bonne tenue, qui est proposée dans son format d'origine 1.77 et encodée en 16/9ème. Les contrastes sont bons et les noirs profonds. L'image est relativement précise et ne souffre ni de défauts de pellicules, ni de défauts de compression. Un constat d'autant plus appréciable que l'on dénombre pas moins de cinq pistes audio au format Dolby Digital 5.1. Parmi celles-ci, nous retrouvons bien entendu la version originale anglaise ainsi que le doublage français. A notre grand regret, les scènes d'attaque dévoilant quelques centaines de bestioles virevoltant de toutes parts, ne profitent pas vraiment des possibilités techniques offertes par le multi-canal. L'ensemble est donc plutôt plat et ce quelque soit la langue pour laquelle vous opterez. Reste que les dialogues sont clairs et se détachent très clairement des différents effets sonores du film.
Pour accompagner ces pistes sonores, le spectateur aura droit à l'une des plus impressionnantes listes de sous-titres vue sur DVD ! On n'en dénombre ainsi pas moins de vingt-quatre ! De quoi se perfectionner dans son apprentissage de la plupart des langues européennes… Du côté des bonus, c'est en revanche bien plus léger. L'éditeur ne se fendra que de cinq bandes annonces n'ayant malheureusement aucun rapport avec le film présenté ici. Un constat d'autant plus énervant que le catalogue Columbia Tristar compte bon nombre de films traitants d'une thématique proche (RED WATER, FRANKENFISH, INFESTED, etc.)…