Après un siècle de silence, Dracula est de retour et il entend bien s'approprier une amulette magique qui permettra aux forces des ténèbres de régner durant les cent prochaines années. Pour l'aider dans sa tâche, il fait appel au monstre de Frankenstein, à la momie, à une étrange créature aquatique et au loup-garou. A priori, toutes les chances sont de son côté mais une bande de jeunes fascinés par les monstres vont se dresser contre lui !
Fred Dekker est tombé amoureux du cinéma depuis qu'il est tout petit et nourrissait même l'envie de devenir un jour réalisateur alors qu'il était encore un jeune adolescent. Mais avant d'y arriver, à défaut de pouvoir entrer dans une école de cinéma, il s'orientera vers des études de lettres pensant qu'après tout les films passent par une phase d'écriture. Durant ses études, il va donc commencer à écrire des scenarii et sera engagé par Steve Miner. Au début des années 80, le cinéaste lui demande de rédiger un scénario pour un Godzilla américain qui sera titré GODZILLA : KING OF THE MONSTERS IN 3D. Le projet ne se concrétisera pas, en raison d'un budget jugé trop élevé, mais les Japonais utiliseront curieusement quelques éléments de son scénario original dans LE RETOUR DE GODZILLA. Bien que le film tombe à l'eau, Steve Miner va tout de même travailler sur une idée de Fred Dekker avec le sympathique HOUSE. Dans le même temps, il va écrire et réaliser NIGHT OF THE CREEPS. Le film est déjà une sorte d'hommage au cinéma fantastique mais il va aller encore plus loin avec THE MONSTER SQUAD.
Fred Dekker a l'idée de confronter les monstres classiques de la Universal à une bande d'enfants. Il va mettre ce concept en forme en compagnie d'un ami avec qui il a fait ses études, un certain Shane Black qui ne tardera pas à rencontrer un énorme succès en écrivant L'ARME FATALE. Les deux scénaristes vont mêler leurs souvenirs d'enfance afin de rédiger le scénario de THE MONSTER SQUAD. Les points communs avec LES GOONIES ont dû jouer en leur faveur car Peter Hyams et Rob Cohen vont produire le film, qui sera réalisé par Fred Dekker dans la foulée de NIGHT OF THE CREEPS. Le métrage ne connaîtra pas le succès escompté et Fred Dekker ne retournera à la réalisation que pour ROBOCOP 3, qui ne sera pas mieux accueilli. Le réalisateur a préféré depuis se cantonner à l'écriture.
Les monstres les plus marquants de la Universal sont réunis dans THE MONSTER SQUAD : Dracula, le monstre de Frankenstein, le loup-garou, la momie et la créature du lac noir. Fred Dekker avoue également s'être inspiré de DEUX NIGAUDS CONTRE FRANKENSTEIN. Il est vrai que l'on trouve certaines similitudes. Une partie des monstres sont introduits dans l'histoire à l'intérieur de caisses ou bien Dracula ramène à la vie le monstre de Frankenstein, qui ne tardera pas à l'appeler « Maître ». Plus marquant visuellement, Fred Dekker nous refait le passage de la petite fille au bord de l'eau, directement repris du FRANKENSTEIN de James Whale. Hors de l'âge d'or du cinéma d'épouvante américain, une autre influence semble avoir contaminé les deux scénaristes avec quelques scènes gentiment décalquées du E.T. de Steven Spielberg. Tous ces emprunts forment à l'arrivée un sympathique spectacle assez éloigné du politiquement correct de rigueur. L'un des jeunes héros fume, ce qui semble totalement inconcevable de nos jours, et les enfants règlent leurs différends avec les monstres de manière souvent violente : pieu en plein coeur, tir a répétition au fusil à pompe... La liberté de ton du film s'éloigne ainsi quelque peu de ce qui semble pourtant être son modèle : LES GOONIES. Cependant, vingt ans plus tard, il sera peut-être difficile de l'appréhender tant certains des aspects « différents » de THE MONSTER SQUAD ont été banalisés. Le film ne sera d'ailleurs pas vraiment compris à l'époque et la production n'hésitera pas à couper dans le gras de manière à le raccourcir au maximum. Alors que Fred Dekker et Shane Black voulaient probablement jouer sur la nostalgie de leurs jeunes années en ravivant les souvenirs des spectateurs de leur génération, THE MONSTER SQUAD sera vendu comme un simple film pour enfants ! Plus audacieuse, la Warner rencontrera de son côté le succès, la même année, en n'hésitant pas à commercialiser pour un public plus âgé GENERATION PERDUE et ses mômes chasseurs de vampires, éternels adolescents. Shane Black aura de nouveau l'occasion de confronter réalité et fiction à travers les yeux d'un enfant dans LAST ACTION HERO qui, comme MONSTER SQUAD, sera complètement incompris au moment de sa sortie dans les salles !
THE MONSTER SQUAD n'est sûrement pas la vision exacte de ses géniteurs. Mais, en l'état, le film s'avère plutôt amusant. Ce qui ne gâche rien, la mise en image est de grande qualité. THE MONSTER SQUAD est ainsi tourné en Scope avec une belle photographie assurée par Bradford May. Les effets spéciaux ne déméritent pas non plus avec des maquillages réalisés par Stan Winston et surtout ses employés de l'époque (Alec Gillis, Tom Woodruff ou Steve Wang), sans oublier des effets optiques de Richard Edlund (LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE, 2010...). Techniquement, THE MONSTER SQUAD est, en tout cas, un festival de trucages en tous genres, certains plus réussis que d'autres. Enfin, on notera que devant la caméra, on pourra voir Jon Gries, avant qu'il ne se transforme en loup-garou, Leonardo Cimino ou un Tom Noonan plutôt méconnaissable sous le maquillage du monstre de Frankenstein. Curieusement, on trouve aussi dans THE MONSTER SQUAD un gag qui sera réutilisé dans L'ARMEE DES TENEBRES de Sam Raimi.
Coincé pendant longtemps en raison de problèmes de droits, THE MONSTER SQUAD sortira presque en même temps en France et aux Etats-Unis dans le courant de l'été 2007. Le traitement ne sera pas pour autant le même. Pour ce film culte chez les Américains, Lions Gate commémore le vingtième anniversaire avec un double DVD bourrés de suppléments. En France, Opening joue la sécurité et ne propose absolument rien avec THE MONSTER SQUAD de manière à limiter les dépenses. Difficile de blâmer l'éditeur qui a déjà sorti des éditions fournies de films pourtant plus renommés et dont les ventes furent plus que décevantes. Faire le tour de l'édition française de THE MONSTER SQUAD sera donc rapide, à moins d'inspecter à la loupe la jaquette et le fourreau cartonné, qui sont rigoureusement identiques. Dans ces conditions, l'ajout du fourreau paraît plutôt inutile si ce n'est pour éviter, dans notre cas, la poussière sur le boîtier plastique. Ensuite, lors de l'insertion du disque, il va falloir rester calme devant la laideur de l'habillage des menus agrémentés d'animations de mauvais goût.
Au moins, le film est présenté dans son format large tel que proposé dans les cinémas. Le transfert 16/9e retranscrit plutôt bien la photographie chaude et colorée. Il sera possible de trouver à redire sur une compression parfois un peu visible ou une définition pas forcément exemplaire. Le rendu global n'est pas pour autant une catastrophe et le spectacle n'en pâtit pas vraiment. Néanmoins, vu l'absence totale de suppléments, il aurait été louable de soigner un peu plus l'image. La section audio s'en sort mieux. Les nostalgiques retrouveront le doublage français en mono d'origine. Le rendu est, tout de même, assez plat ! Les aficionados de la version originale seront mieux lotis avec la piste anglaise en stéréo surround sur laquelle il est possible d'afficher un sous-titrage en français. La jaquette, peu claire, indique pourtant seulement du mono mais cette information est heureusement erronée. Plus vivante et dynamique, la bande-son anglaise laisse sans problème derrière elle le mono du doublage français ! Reste que cette piste française, bien que très plate, ainsi que les sous-titrages dans notre langue sont l'exclusivité de cette édition. A moins de comprendre parfaitement l'anglais, ce sera donc la seule opportunité pour voir (comprendre) THE MONSTER SQUAD en DVD.
