Condamné à la peine de mort pour l'assassinat de son coéquipier, l'agent de police Dave Speed attend d'être exécuté une nouvelle fois. Il faut dire que la peine capitale lui a déjà été infligée à plusieurs reprises sans aucun succès puisqu'il est doté de pouvoirs très spéciaux...
Si le nom de Sergio Corbucci est avant tout associé au Western italien, genre auquel il donnera quelques uns de ses fleurons tel que DJANGO, LE GRAND SILENCE ou encore COMPANEROS, le cinéaste est loin de compter seulement des aventures de l'Ouest dans sa filmographie. On pourra citer une poignée de péplums intéressants (LE FILS DE SPARTACUS ou encore ROMULUS ET REMUS), un film de cape et d'épée fort sympathique (L'HOMME QUI RIT) et surtout une flopée de comédies. Il aura d'ailleurs ainsi oeuvré, pour le meilleur ou pour le pire, en réalisant des métrages avec la plupart des comiques du cinéma italiens que ce soit le duo Franco Franchi et Ciccio Ingrassia, Totò, Paolo Villagio ou même le chanteur Adriano Celentano (toujours dans un registre humoristique). Il apparaissait donc logique que le parcours de Sergio Corbucci croise le chemin de Terence Hill et Bud Spencer. Les deux hommes sont devenus le duo comique italien des années 70/80 en distribuant coups de poings et mandales grâce à l'énorme succès de ON L'APPELLE TRINITA réalisé par E.B. Clucher (ou plutôt Enzo Barboni). Avec Terence Hill et Bud Spencer, Sergio Corbucci tournera PAIR ET IMPAIR puis SALUT L'AMI, ADIEU LE TRESOR. Entre les deux, il réalisera un film fantastique avec Terence Hill sans son comparse barbu. Toutefois, il sera remplacé par un acteur américain de renom, Ernest Borgnine.
A la fin des années 70, SUPERMAN lance une petite vague de super héros dont certains sont produits à destination de la télévision (L'INCROYABLE HULK, L'HOMME ARAIGNEE, CAPTAIN AMERICA...). De leur côté, les Européens tentent le coup assez maladroitement avec SUPERSONIC MAN et L'HOMME PUMA. Toutefois, il y aura une exception assez curieuse puisque UN DROLE DE FLIC va s'approprier la figure du super héros et en tirer une comédie taillée sur mesure pour Terence Hill. Hormis son introduction, le film de Sergio Corbucci va ainsi suivre la trame classique du film de super héros. On assiste à la genèse de notre surhomme puis à la découverte de ses pouvoirs qu'il va mettre à profit dans sa vie quotidienne ou professionnelle. Seule originalité, si l'on peut dire, l'intrigue démarre alors que le héros est déjà accusé de meurtres et les deux tiers du récit seront donc composés d'un long flash-back. Autre point important, notre héros ne cherchera pas à camoufler ses pouvoirs et encore moins à s'habiller en collants fluos.
Le démarquage de SUPERMAN est ici plutôt bien vu et notre héros sera, bien évidemment, affublé d'un point faible très particulier qui lui retire ses pouvoirs. Pourtant, même si l'idée de départ est bonne, le film de Sergio Corbucci n'est pas d'une grande cohérence. La faute à un scénario qui donne l'impression de suivre une intrigue très simpliste sur laquelle viennent s'incruster plusieurs saynètes sans trop se soucier de la logique. Ainsi, la condamnation du héros sur la seule présomption d'assassinat de son équipier paraît se faire en quelques heures et c'est limite si on ne le place pas sur une chaise électrique sans le juger. Alors bien sûr, cela reste une comédie qui n'a aucune autre ambition, ni prétention, que celle de divertir. Et, à ce niveau là, il faut bien reconnaître que le charme opère. De façon pas toujours très égale, il est vrai. Mais la vision de UN DROLE DE FLIC, plus de vingt ans après sa sortie, reste encore aujourd'hui plutôt sympathique surtout pour un jeune public.
On aura tout de même du mal à discerner ici la patte de Sergio Corbucci. La mise en scène n'est pas spécialement inventive, ni même d'excessivement dynamique, en dehors d'un amusant plan en trompe l'oeil où la moitié du corps de Terence Hill est remplacée par une photo de John Wayne. Les effets spéciaux n'ont pas non plus de quoi émerveiller l'oeil, surtout aujourd'hui avec les effets numériques qui permettent toutes les folies. Quelques passages sont ainsi clairement joués par des mannequins jetés par une fenêtre et une bulle de chewing-gum ressemble cruellement à un gros ballon duquel on peut voir s'échapper des câbles. Ajoutons à cela une musique envahissante, durant une bonne part du film, qui n'est pas, à force, très digeste. Mais, il faut bien reconnaître que dans l'ambiance bougrement sympathique du métrage, ces défauts s'oublient assez facilement. L'humour sera à l'appréciation de chacun. UN DROLE DE FLIC joue sur des situations très clownesques qui n'ont rien de subtiles. Si vous êtes prêt à vous amuser de Ernest Borgnine qui s'essaie à danser comme Fred Astaire, de manière assez balourde, ou d'un Terence Hill sourire aux lèvres qui distribue des taloches, vous devriez passer un bon moment.
UN DROLE DE FLIC était déjà sorti aux Etats-Unis chez Jef Films mais l'éditeur s'était contenté de placer un transfert 4/3 sur son DVD. Au début de l'année 2007, Sommerville House a ressorti le film sur un nouveau DVD bénéficiant cette fois d'un transfert 16/9 au format 1.77. Le film est en réalité légèrement recadré et seul le générique du début est au bon format (en 1.66). Le transfert donne l'occasion de découvrir une image à la définition plutôt acceptable. Toutefois, le travail perd en qualité en raison d'un encodage loin d'être optimum. Le rendu général reste très acceptable et permet de redécouvrir le film sans déplaisir. Au passage, on notera que le titre du film sur le générique est SUPER SNOOPER, autre titre anglophone de POLIZIOTTO SUPERPIU, alors que la jaquette indique SUPER FUZZ au recto. Toutefois, si l'on fait plus attention à la jaquette, on verra que Sommerville House a placé SUPER FUZZ et SUPER SNOOPER sur la tranche de son DVD.
Aucun sous-titrage n'est disponible sur ce DVD mais l'éditeur a choisi de placer trois pistes sonores. Et, bonne nouvelle pour les consommateurs francophones, on retrouves le doublage d'origine en français ! Les deux autres pistes sonores sont dévolues à un doublage espagnol ainsi qu'à une bande sonore anglaise généralement vue comme la version originale du film. Si le doublage français en mono est bien celui d'origine, il faudra néanmoins pointer le doigt sur un souci. En effet, un bruit de fond, plus proche d'un sifflement, s'entend sur toute la durée du film. Il s'avère quand même très notable même si cela n'empêche en rien l'écoute. Les deux autres pistes en mono sont dépourvues de ce défaut.
Les seuls suppléments pour UN DROLE DE FLIC sont une galerie de clichés composée exclusivement de photos d'exploitation allemandes et de trois biographies dédiées à Terence Hill, Ernest Borgnine et Sergio Corbucci. Elles sont assez courtes et les filmographies qui les suivent sont très sélectives indiquant certains titres anecdotiques et oubliant d'autres films plus marquants. Etant donné que Sommerville House détient d'autres films avec Terence Hill mais aussi Bud Spencer à son catalogue, on retrouve le duo dans quatre bandes annonces ainsi que dans trois extraits de trente secondes accompagnés d'un clip qui survole les films en un peu plus de deux minutes.