Header Critique : STORY OF RICKY (RICKY OH)

Critique du film et du DVD Zone 2
STORY OF RICKY 1991

RICKY OH 

Riki-Oh Saiga aimait à courir aux côtés de sa compagne dans les prairies verdoyantes et ensoleillées. Il raffolait de ces petites touches de poésie qui égayaient son quotidien et de cette naïve complicité qui les unissait. Mais tout cela est bien fini dorénavant. Un terrifiant mafieux a provoqué la mort de la belle et Ricky, rendu fou par la haine, a usé de ses poings pour tuer. Le héros au cœur d'artichaut est donc arrêté par les autorités compétentes et envoyé aussi sec dans une prison de haute sécurité. Bien vite, Ricky se rendra compte qu'il n'est pas là pour de folles vacances. Le gérant de l'établissement est en effet un véritable tyran qui, aidé de certains prisonniers particulièrement violents, mène sa barque d'une main de fer en plus de s'adonner au trafique d'opium…

THE STORY OF RICKY est l'avant dernière réalisation du totalement barré Simon Nam (aussi connu sous le nom de Nai Choi Nam ou encore Ngai Kai Lam) mais c'est avant tout son métrage le plus remarquable. Il s'agit là d'une adaptation «live» d'un manga culte en douze volumes, édité entre 1988 et 1990… Cette œuvre papier, dont le scénario est signé Takajo Masahiko et les dessins Tetsuya Saruwatari, nous conte les aventures ou plutôt mésaventures d'un certain Riki-Oh Saiga. Le jeune homme reçut dès son enfance un enseignement rigoureux lui permettant bien vite de devenir un véritable Maître dans l'art du Qigong. Chose plutôt bienvenue puisqu'une fois adulte, un gang de Yakuza tue sa petite amie. Riki-Oh se venge donc sans mal mais part aussi sec finir ses jours dans une prison de haute sécurité peuplée d'individus fort peu recommandables… Un scénario plutôt simpliste, essentiellement sujet à d'incroyables affrontements entre notre héros et toute une armée de combattants hauts en couleur. Parmi ceux-ci, nous noterons même la présence d'un certain général Washizaki dont le charater-design fût entièrement repris pour donner «vie» au monstrueux M. Bison du jeu «Street Fighter 2» (Capcom, 1991)… Manga à succès, l'oeuvre ne tarda pas à être adaptée à l'écran avec tout d'abord deux OVA («Original Video Animation») qui virent le jour en 1989 (RIKI-OH : WALL OF HELL) et 1990 (RIKI-OH : CHILD OF DESTRUCTION). La suite logique ne se fit pas attendre et c'est en 1991 que déboula sur les écrans l'étonnante adaptation cinématographique dont il est question ici…

Etonnante à plus d'un titre puisqu'il s'agit là du film de tous les excès. Galvanisé par cette trame scénaristique particulièrement bourrine, Simon Nam semble libéré et peut enfin laisser exploser sa folie créatrice. Le cerveau bouillonnant du réalisateur nous livre donc ici son film le plus gore, le plus frénétique, le plus absurde, le plus surprenant mais aussi et surtout, le plus crétin. Un métrage qui, soyons clair, ne peut laisser indifférent. Affublé d'une classification CAT.III bien mérité, THE STORY OF RICKY reprend donc les grandes lignes du manga dont il est tiré, situant l'action au sein d'une prison et ce dès le générique d'introduction. Seront toutefois omis du film certains détails comme l'existence du frère de Ricky (Nachi), la cicatrice en forme d'étoile de David que porte notre héros sur sa main et la présence de cyborgs… Le passif de Ricky (ou Riki donc) ainsi que son entraînement nous seront par ailleurs exposés assez brièvement durant le métrage via quatre flash-backs méritant à eux seuls une vision attentive…

Deux d'entres eux nous exhibent un Ricky adolescent s'amusant avec sa compagne. L'accoutrement du héros est décalé, les jeux amoureux sont idiots et l'innocence de l'ensemble frôle la débilité profonde. Qu'importe car le message est clair : Ricky est amoureux. Les deux flash-backs suivants nous montreront bien évidement comment sa petite amie en vient à mourir (elle tente de courir dans le vide…) et de quelle manière notre homme va se venger du mafieux incriminé. Cette vengeance annonce clairement le ton du métrage. La spectaculaire déformation du crâne du truand n'est pas sans nous rappeler les blessures infligées par un certain Ken… Car oui, Riki-Oh, dans son concept barbare et sa violence exubérante est très proche du chef d'œuvre de Tetsuo Hara : Hokuto no Ken (adapté en série animée sous le titre KEN LE SURVIVANT). Si ce dernier fût, en 1995, adapté de manière plutôt édulcoré par les Américains au cinéma (KEN LE SURVIVANT de Tony Randel), ce n'est en revanche pas le cas de Riki-Oh qui, tourné à Hong-Kong, fera étalage d'une quantité de tripes et d'hémoglobine assez impressionnante.

Egorgements, défigurations, énucléations, arrachages de membres et autres lésions profondes seront donc légion dans le métrage de Simon Nam. Mais ce n'est pas tout. Ricky possède en effet une particularité bien à lui : Il est capable de transpercer ses adversaires d'un simple coup de poing, ce dont il ne se privera bien entendu pas. Et quand ce n'est pas lui qui ouvre l'abdomen de ses opposants, ce sont eux qui s'éventrent eux-mêmes pour mieux tenter d'étrangler notre héros avec leurs intestins ! C'est ainsi que l'admirable Ricky éliminera sans le moindre mal le directeur Warden, l'assistant de celui-ci (incroyable collectionneur de vidéos pornographiques), les quatre gardiens de l'opium et quelques prisonniers trop teigneux.

Vous l'aurez compris, THE STORY OF RICKY n'est pas un film qui fait dans la demi mesure. Mais au-delà de cette tripaille omniprésente et de cet univers carcéral à dire vrai plutôt classique, c'est aussi la touchante crétinerie du film qui en vient à marquer les esprits. Ricky jouant de la flûte polyphonique avec une simple feuille d'arbre alors qu'il est enterré vivant, Ricky s'entraînant à détruire les pierres tombales d'un cimetière, Ricky s'amusant avec un hélicoptère télécommandé ou encore réparant une grave entaille à son bras en re-nouant simplement les veines… Autant de saynètes qui rendent ce métrage inoubliable et particulièrement typé «Simon Nam». Nous retrouverons par ailleurs l'esprit du monsieur lors du final, nous confrontant comme à son habitude à un monstre de caoutchouc surpuissant mais bien évidemment très laid…

Pour incarner le magnifique Ricky, la production fait appel à un acteur alors peu connu, crédité sur seulement quatre films auparavant mais officiant en tant que figurant sur bien d'autres… Fan Siu-Wong, individu compétent dans différents domaines martiaux (on peut apprécier sa technique dans plusieurs Jackie Chan), n'aura cependant pas l'occasion ici de nous exposer ses talents. Les altercations sont molles, très factices et, fort heureusement très courtes. Seule l'issue de ces combats, éclatante et pourpre, importe vraiment, reléguant très clairement au second plan toute notion de chorégraphie… Un constat d'autant plus dommageable que l'acteur, impliqué au point de prendre plusieurs kilos de muscles supplémentaires pour le rôle, ne brillera pas non plus par son jeu. Le visage faussement dur et les mimiques feignant l'agressivité ne collant guère à ce Fan Siu-Wong loti d'une coupe de cheveux particulièrement datée. L'homme peut donc sans mal être blâmé pour la piètre performance qu'il nous offre. Reste qu'au royaume des aveugles, le borgne est roi et c'est ici le cas. Tous rivalisent d'incompétence et se livrent à un surjeu fatiguant et, encore une fois, extrêmement naïf… De ce monceau d'incompétence, nous tirerons toutefois l'acteur Tetsuro Tamba, unique acteur japonais du film, bien connu pour ses livres et films traitant de la spiritualité. L'acteur est donc bien choisi puisqu'il incarne avec classe le maître à penser / éducateur de Ricky. Mais, Tetsuro Tamba, c'est aussi plus de 200 métrages en tant qu'acteur et parmi ceux-ci, 24 en commun avec le grand Sonny Chiba. Le côté excessif de Chiba transpire du reste grandement dans le métrage de Nam et ce dernier ne privera pas d'un petit hommage à THE STREET FIGHTER lors d'une scène présentant un impact au crâne filmé aux «pseudos rayon X»…

Le disque chroniqué ici nous vient de l'éditeur britannique HK Legends qui, pour l'occasion, se fend d'un transfert 16/9ème qui manquait cruellement aux éditions de Hong Kong par exemple. La copie est correcte, les couleurs assez naturelles, les contrastes bien rendus et les artéfacts, s'ils sont présents, savent se faire discret. Une copie qui pourrait donc nous satisfaire si elle ne souffrait pas par ailleurs d'un recadrage barbare par instants pénalisant. La comparaison avec le disque Hongkongais édité par Megastar est à ce titre édifiante : Le DVD HK Legends perd non seulement de l'information en haut et en bas, mais aussi (et encore plus) sur les côtés. Nous sommes donc en présence d'une image recadrée et zoomée ! Les pertes sont par instants très claires et il est particulièrement dommage de voir que, tout au long du film, les têtes des personnages sont partiellement coupées… Un constat bien regrettable pour un disque se voulant «prestigieux».

DVD Megastar (HK)
DVD HKL (UK)

HK Legends nous propose par ailleurs un remix de la piste sonore cantonaise au format 5.1. Pas de quoi crier à l'exploit puisque seules les enceintes frontales de votre installation seront sollicitées dans la plupart des cas. Les rares stimulations surround se feront lors des séquences de pluie ou d'incendie. Lors de celles-ci, les cinq canaux recevront alors le même signal, ce qui n'est en rien ce que l'on est en droit d'attendre d'une véritable option Dolby Digital 5.1… Reste que cette piste sonore est claire, globalement satisfaisante et qu'elle se voit accompagnée d'un sous-titrage anglais (ou néerlandais) très lisible mais aussi très différent de celui proposé sur l'édition en provenance de Hong Kong. Ayant quelques lacunes en cantonais parlé, il nous sera difficile de trancher sur ce sujet... Le mixage dolby digital 5.1 du piètre doublage anglais est aussi peu efficace que celui de la version originale cantonaise. Nous noterons par ailleurs un écart très significatif entre ce qui est dit et ce qui est retranscrit dans le sous-titrage britannique simplifié...

Du côté des bonus, HK Legends fait en revanche assez fort en nous proposant tout d'abord un commentaire audio dans lequel discutent Jude Poyer (cascadeur) et Miles Wood (critique de films). Cette intervention (proposée en anglais non sous-titrée) s'avère plutôt pertinente avec de nombreuses références, un petit retour sur le système de classification et de censure Hongkongais ainsi que des points réguliers sur les acteurs et leur filmographie. Sont aussi abordées brièvement les adaptations de mangas (japonais, donc) hors de leur territoire d'origine et les quelques influences dont a profités Simon Nam. Le bonus suivant nous invite à profiter 36 minutes durant d'un quasi-monologue de l'acteur principal Fan Siu-Wong, assez fier de lui, nous expliquant longuement qu'il est compétent dans la plupart des arts martiaux. L'homme nous livrera quelques informations intéressantes sur son parcours personnel et professionnel, son père et quelques instants clef du film. C'est ainsi que nous apprendrons que la fameuse scène d'éventration a été tournée avec un faux buste en plastique ! Voilà qui nous rassure, nous qui pensions que des acteurs chinois avaient réellement été éviscérés lors du tournage !

Autre supplément qui ravira cette fois les fans d'arts martiaux : Un kata (enchaînement) exécuté par Fan Siu-Wong lui-même sur une durée de près de trois minutes. Voilà qui fait d'avantage ressortir la sous-exploitation de l'acteur sur THE STORY OF RICKY… S'ajoutent à ce contenu éditorial les différentes bandes annonces de l'éditeur (au nombre de six) et les trailers (hongkongais et britannique) du film de Simon Nam. Nous noterons pour finir la mise en forme particulièrement déroutante des menus. Ceux-ci s'avèrent en effet tout, sauf intuitif. Nous serons donc réduit à tâtonner et sélectionner différents sous-menus aux intitulés exotiques («Aile ouest», «Cimetière») espérant tomber enfin sur une option qui nous intéresse. Un parti pris plus que douteux, pourtant glorifié par la jaquette de ce disque Zone 2…

THE STORY OF RICKY est un film étonnamment généreux et inventif en matière de gore caoutchouteux. C'est cependant aussi un film qui porte la vilaine griffe de son réalisateur et s'avère par conséquent proche du zéro absolu en terme de photographie, direction d'acteur, scénario, mise en scène et autres… Il est donc important d'aborder la chose avec une optique particulière et totalement délivrée de toute considération cinématographique par trop encombrante. Une fois ceci fait, vous pourrez goûter le film pour ce qu'il est : Une surenchère de violence ludique et plutôt unique dans son genre servi par un Simon Nam en très grande forme.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
LIK WONG DVD Zone 2 (Angleterre)
Editeur
HKL
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Angleterre (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h28
Image
1.78 (16/9)
Audio
Cantonese Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Néerlandais
  • Anglais
  • Supplements
    • Commentaire audio en anglais de Jude Poyer et Miles Wood
    • Rising Star : Inteview de Fan Siu-Wong (36mn05)
    • Démonstration par Fan Siu-Wong (2mn40)
      • Bandes annonces
        • Story Of Ricky
        • Trailer original
        • Trailer britannique
      • Mr Vampire
      • My Lucky Star
      • Naked Killer
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