Header Critique : CONTINENT DES HOMMES POISSONS, LE (L'ISOLA DEGLI UOMINI PESCE)

Critique du film et du DVD Zone 2
LE CONTINENT DES HOMMES POISSONS 1979

L'ISOLA DEGLI UOMINI PESCE 

Six hommes s'éveillent à bord d'un bien frêle canot de sauvetage. Leur navire, transportant des bagnards à Cayenne, a sombré en mer des Antilles, ne laissant donc qu'un petit groupe de survivants constitué de cinq détenus et un Lieutenant. Après plusieurs heures de dérive, quelques vents favorables vont échouer la coque de noix sur une île non répertoriée. Alors qu'ils pensent être sauvés, les malchanceux naufragés vont bien vite se trouver confrontés aux nombreux dangers que recèle cette mystérieuse terre. Rites vaudous, pièges artisanaux, propriétaire mégalomane et bien entendu hommes-poissons seront dès lors au rendez-vous de la terrible aventure qui s'annonce…

En l'espace de deux ans, Sergio Martino, véritable touche-à-tout du cinéma Transalpin, nous offrira ce qui forme aujourd'hui sa trilogie dédiée à l'aventure et à l'exotisme. Le premier opus de cette courte salve verra le jour en 1978 et s'intitulera LA MONTAGNE DU DIEU CANNIBALE. Le métrage, surfant gaiement sur la vague Italienne du cannibalisme, mettra en vedette une impudique Ursula Andress confrontée fort logiquement à une horde d'anthropophages goulus. Viendront ensuite, en 1979, LE CONTINENT DES HOMMES POISSONS ainsi que le mordant LE GRAND ALLIGATOR… Tournés donc dans un laps de temps plutôt bref, ces trois métrages possèdent en commun une large partie de leur casting, que ce soit devant (Claudio Cassinelli) ou derrière la camera (Paolo Ricci, Massimo Antonello Geleng, Giancarlo Ferrando). Nous retrouverons par ailleurs sur les deux films de 1979, l'acteur Richard Johnson et, bien évidement, la superbe Barbara Bach

Honneurs aux Dames donc et abordons le cas Bach dont le charme fût révélé au plus grand nombre en 1977, alors qu'elle venait d'interpréter l'inoubliable agent triple X de L'ESPION QUI M'AIMAIT. L'actrice prête au CONTINENT DES HOMMES POISSONS son élégante silhouette et son visage peu commun pour les besoins du personnage de Amanda Marvin, fille d'un Professeur se livrant à de bien étranges expérimentations… Barbara Bach est donc ici LA touche de grâce indispensable à tout bon film d'aventure. Evoluant dans un monde cruel et bestial qu'elle parvient sans mal à dominer de son regard froid et intense. Elle sera toutefois confrontée à la folie du maître des lieux. Incarné par un Richard Johnson (L'ENFER DES ZOMBIES) flirtant assez souvent avec le surjeu, ce mystérieux Edmond Rackham, délibérément exilé, mène de front deux activités. La première lui impose les bons services du Professeur Marvin (Joseph Cotten), lequel fût jadis radié de l'ordre des médecins pour de douteuses manipulations génétiques. Aujourd'hui, ce cher Professeur s'est donc coupé du monde et poursuit en hâte ses expérimentations sur des mutations hommes/animales aux résultats contre-nature et, pour tout dire, assez repoussantes. La deuxième quête de l'odieux Rackham est d'un tout autre ordre puisqu'elle vise à réchauffer son morose palpitant. Il est bien entendu question là de cette chère Barbara Bach, laquelle se refuse étrangement à notre homme depuis l'arrivée des naufragés, et plus particulièrement du Lieutenant incarné par le séduisant et toujours bien coiffé Claudio Cassinelli (2072 : LES MERCENAIRES DU FUTUR, ATOMIC CYBORG)…

Une île inconnue de tous ? Un savant obsédé par les manipulations génétiques ? Une héroïne découvrant l'amour auprès d'un sympathique naufragé ? Des hommes/animaux plus que dangereux et des indigènes fort bien disciplinés ? Tout cela nous rappelle bien évidement une certaine adaptation de L'ILE DU DOCTEUR MOREAU, datant de 1977 et nous offrant une vision en demi-teinte de l'œuvre de H.G. Wells… Rien d'anormal en réalité puisque les principaux intéressés (Sergio Martino, Sergio Donati, Cesare Frugoni et Luciano Martino) ne tenteront aucunement de voiler cette source d'inspiration majeure et évidente jusque dans son épilogue dans une barque. Le film emprunte par ailleurs assez largement à l'œuvre de Jules Verne avec bien entendu «Vingt mille lieues sous les mers» (le professeur, à la recherche de nouvelles ressources, fait indéniablement penser au Capitaine Nemo) mais aussi «L'île mystérieuse» et son éruption volcanique finale… Le cinéma Italien des années 70 (voire 80) étant par ailleurs souvent influencé par les œuvres Américaines ou même Britanniques, nous citerons de plus LES SEPT CITES D'ATLANTIS qui semble avoir eu un impact certain sur le scénario du métrage. Car oui, il y a bien un passage dans une cloche de plongée ainsi qu'une citée perdue et oui, Edmond Rackham a bien en tête de la dévaliser. Il est donc indéniable que LE CONTINENT DES HOMMES POISSONS nous offre un scénario qui, s'il n'est pas particulièrement original, s'avère éprouvé et d'une qualité indiscutable…

Contrairement aux deux autres volets de la trilogie orographique (comme se plait à l'appeler Sergio Martino), ce volet mettant donc en scène des mutants aquatiques n'a pas été tourné au Sri Lanka mais essentiellement en Sardaigne. L'occasion pour le film de nous offrir quelques immenses plages et autres spectaculaires cavernes. Les étendues arides et volcaniques sont en revanche héritées d'une région située au nord de Rome. Un site bien connu pour avoir, quelques années plus tôt, accueilli de nombreux acteurs en sandalettes venus participer à la vague de Peplum qui toucha de cinéma Italien… LE CONTINENT DES HOMMES POISSONS est donc une belle invitation au voyage et nous propose quelques images d'une rare beauté, contrastant clairement avec nos bien vilains hommes poissons ! En effet, si la laideur d'un mutant homme/animal semble assez logique, il est en revanche délicat d'accepter ce qui nous est montré à l'écran. Largement inspiré de L'ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR, le physique de ces individus amphibies laisse particulièrement à désirer. Le déguisement dont sont affublés les malheureux acteurs peine réellement à paraître crédible et semble de plus très handicapant en terme de liberté de mouvements. Nos hommes poissons s'en trouvent dès lors réduits à avancer mollement lorsqu'ils sont sur terre (comme des poissons) et à patauger laborieusement lorsqu'ils sont sous l'eau (comme des hommes)… Un point crucial qui participe sans aucun doute à la relative lenteur du métrage. Certaines scènes semblent en effet s'étirer dans le temps et les apparitions des créatures, nombreuses mais courtes, se trouvent calées entre d'interminables et vains dialogues. LE CONTINENT DES HOMMES POISSONS est donc un film aux qualités nombreuses et indéniables qui pèche essentiellement par son rythme et l'aspect particulièrement daté de ses effets spéciaux. Reste qu'il s'avère être avant tout un divertissement agréable, tourné dans de magnifiques décors naturels et mettant en scène des acteurs particulièrement charismatiques.

Un film tout à fait recommandable qui se voit aujourd'hui récompensé par une sortie DVD Zone 2 de qualité. Edité par Néo Publishing, le disque propose donc de redécouvrir le métrage dans des conditions plus qu'honnêtes. Le master, au ratio d'origine 2.35 encodé en 16/9eme, se montre assez impeccable et pratiquement exempt de défaut. Seuls quelques petits points blancs viendront nous rappeler qu'il s'agit là d'un film qui affiche près de trente ans au compteur… Du côté des pistes sonores, rien à redire non plus puisque le spectateur aura le choix entre la version originale italienne et la version française. Tous deux proposés en mono d'époque (encodé sur deux canaux), ces doublages se montrent clairs et précis à défaut d'être bien entendu très démonstratifs…

Abordons maintenant la partie bonus qui, pour un film de cette époque, ne démérite pas non plus. Nous avons tout d'abord droit à une courte interview du principal intéressé, à savoir Sergio Martino. L'homme nous décrit rapidement les conditions et lieux de tournage, évoque quelques anecdotes en rapport avec les acteurs et de trop rares souvenirs. Un entretien sympathique mais un peu léger qui se verra toutefois complété par un autre documentaire rassemblant cette fois-ci Paolo Ricci (responsable des effets spéciaux), Massimo Antonello Geleng (responsable des décors) et Giancarlo Ferrando (Directeur de la photo) autour d'une table durant presque vingt minutes. C'est Geleng qui mène ici la danse, animant une discussion qui abordera aussi bien les effets spéciaux (la douteuse maquette de la cité perdue…) que les intempéries qui causèrent, entre autres, la destruction du navire du redoutable Edmond Rackham (nommé «Enterprise»). Les deux autres intervenants ne couperont notre homme qu'en de très rares occasions, principalement pour le reprendre sur des points de détail ou le houspiller au sujet d'anecdotes qu'il tente volontairement de passer sous silence. L'ensemble est ludique mais aurait pu, sans les différentes chamailleries, tenir sur cinq minutes seulement !

Se joignent à ces bonus d'autres d'une moindre pertinence avec une galerie de six dessins préparatoires (par Massimo Antonello Geleng), une autre de 13 photographies ou affiches ainsi qu'une «Fiche technique» de trois pages. S'ajoutent à cela différentes filmographies ainsi qu'une biographie sur cinq pages fixes de l'actrice Barbara Bach… Nous noterons par ailleurs que Néo Publishing a commis une petite erreur sur la superbe jaquette réversible du disque. En effet, celle-ci mentionne (des deux côtés) la présence de l'acteur Mel Ferrer au casting. Hors, il n'en est rien et l'acteur n'apparaît que dans une version américaine du film, remontée en vue d'une ressortie sous le titre SCREAMERS. Titre hommage sans doute au hurlement des hommes poissons, ressemblant à s'y méprendre à un barrissement d'éléphant ! Quoiqu'il en soit, il s'agit là d'un montage alternatif (et peu pertinent) réalisé dans un second temps suite à une première sortie peu concluante aux Etats-Unis. On sent les méfaits de l'imdb lorsque cette précieuse ressource est utilisée sans réflexion car ce montage américain n'a jamais fait surface de notre côté de l'Atlantique. Pour l'anecdote, nous noterons enfin qu'il existe même une troisième version du film, réalisée pour la télévision allemande, coupant pratiquement dix minutes lors de l'introduction et de la présentation des personnages naufragés…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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On aime
L’exotisme qui se dégage du film
Barbara Bach
Les hommes poissons au regard… différent !
On n'aime pas
Quelques problèmes de rythme
Des effets spéciaux très datés
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L'édition vidéo
L'ISOLA DEGLI UOMINI PESCE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Neo
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h35
Image
2.35 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Interview de Sergio Martino (8mn29)
    • Petits désordres entre amis : 2ème partie (19mn22)
    • Six dessins préparatoires
    • Galerie (treize photos ou affiches)
    • Fiche technique
      • Filmographies
      • Barbara Bach
      • Beryl Cunnigham
      • Claudio Cassinelli
      • Joseph Cotten
      • Mel Ferrer
      • Richard Johnson
      • Sergio Martino
    • Biographie de Barbara Bach (5 pages)
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