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Critique du film et du DVD Zone 1
THE CITY OF THE DEAD 1960

 

Avec les succès internationaux des films d'épouvante Hammer, le cinéma d'horreur se voit revivifié non seulement en Grande-Bretagne, mais aussi aux USA et en Italie. 1960, année de la sortie de THE CITY OF THE DEAD, voit ainsi sortir LE MASQUE DU DEMON de Mario Bava ou LA CHUTE DE MAISON USHER de Roger Corman. En Angleterre, les productions d'épouvante se multiplient, et nous avons même la surprise de voir certains vétérans britanniques s'essayer à la terreur, comme Michael Powell avec LE VOYEUR. Des studios hollywoodiens délocalisent des tournages en Angleterre : LE VILLAGE DES DAMNES de la MGM par exemple.

Encore plus symptomatique, des producteurs de séries B américains se mettent à concevoir des films en Grande-Bretagne. Herman Cohen, bien sûr, avec CRIMES AU MUSEE DES HORREURS. Mais aussi un certain Max Rosenberg, associé à la production de FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE, et Milton Subotsky. En 1962, les deux hommes fonderont la firme Amicus, laquelle, à partir du milieu des années 60, deviendra la principale concurrente de la Hammer.

Mais, pour le moment, Milton Subotsky débarque des Etats Unis, où il a produit avec Rosenberg deux films de rock'n roll, et s'implique dans la production de THE CITY OF THE DEAD. Max Rosenberg est parfois crédité en tant que producteur exécutif de ce film, mais cette mention n'apparaît pas à son générique anglais...

La réalisation est confiée à John Llewellyn Moxey, lequel s'était jusqu'alors consacré à la télévision. Dans le rôle du professeur Driscoll, nous retrouvons Christopher Lee, catapulté vedette de la terreur deux ans auparavant grâce à LE CAUCHEMAR DE DRACULA, dans lequel il incarnait… vous savez qui ! A ses côtés, la très jolie Venetia Stevenson joue une étudiante passionnée par la sorcellerie. Cette actrice est en fait la fille du metteur en scène Robert Stevenson, réalisateur d'origine anglaise qui s'illustra en signant certains des plus célèbres films "live" produits par les studios Disney : MARY POPPINS, DARBY O'GILL ET LES FARFADETS, LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT, UN AMOUR DE COCCINELLE...

Aux Etats Unis, dans la région de la Nouvelle Angleterre, Nan étudie la sorcellerie auprès du professeur Driscoll. Celui-ci lui recommande de visiter Whitewood pour y effectuer des recherches. En effet, dans cette petite ville, la populace brûla, trois siècles auparavant, plusieurs personnes pour sorcellerie. L'étudiante s'installe alors à l'auberge du Corbeau et visite les alentours. Elle y fait des rencontres étranges...

Dès son prologue, THE CITY OF THE DEAD pose l'ambiance. Au XVIIème siècle, par une nuit brumeuse, des villageois puritains se dirigent, avec torches et fourches au poing, vers la maison d'Elisabeth Selwyn. Ils lui reprochent de pratiquer la sorcellerie et de se livrer à des commerces avec le Diable ! Prestement, Elisabeth est emportée sans ménagement sur un bûcher dressé au centre du village. Avant de disparaître dans les flammes, elle a juste le temps de lancer une redoutable malédiction sur ses bourreaux !

Si les films gothiques produits aux Etats Unis ont souvent tendance à se dérouler en Europe, nous avons ici une exception : un film de terreur de ce genre filmé en Grande-Bretagne alors que l'action se situe dans le contexte purement américain d'une chasse aux sorcières dans la tradition des procès de Salem et autres souvenirs funestes, qui nous rappellent l'atmosphère de certains textes de Lovecraft comme "L'affaire Charles Dexter Ward".

A une époque à laquelle la Hammer impose l'horreur en couleurs, THE CITY OF THE DEAD reste dans la tradition d'un noir et blanc raffiné, fantomatique, magnifiquement photographié par Desmond Dickinson. Ceux qui ont vu le HAMLET de Laurence Olivier, éclairé par le même chef-opérateur, en retrouveront l'ambiance brumeuse, les jeux sur la profondeur de champs ainsi que les lumières expressionnistes apportant une très forte identité visuelle fantastique. Entre cette ambiance gothique et le sujet de la magie noire, il paraît intéressant de souligner une certaine parenté entre THE CITY OF THE DEAD et les productions Val Lewton des années 40, telles que LA FELINE et autres LA SEPTIEME VICTIME...

Est-ce à dire que THE CITY OF THE DEAD mérite de rejoindre le panthéon des chefs d'œuvre du septième art fantastique ? Ce serait aller là un peu vite en besogne... En effet, ce film souffre de certaines maladresses, à commencer par des tentatives de flirter avec un cinéma américain pour "teenager" qui peut faire sourire dans sa naïveté, tout comme quelques touches de très léger érotisme, charmantes, mais un peu hors-sujet... Qui plus est, en adoptant sciemment une structure impliquant des répétitions, THE CITY OF THE DEAD manque de surprises. Enfin, le dénouement laisse échapper quelques éléments un peu ridicules...

Maintenant, THE CITY OF THE DEAD, c'est aussi une interprétation de bonne qualité, particulièrement en ce qui concerne ses acteurs "méchants", comme les sorciers qu'incarnent Patricia Jessel ou Valentine Dyall. Certains comédiens plus jeunes sont moins à l'aise, mais, rappelons tout de même qu'il s'agit d'une petite production, petite production ayant habilement employé les moyens lui étant alloués, particulièrement pour recréer l'ambiance étrange de la cité de Whitewood !

Si THE CITY OF THE DEAD n'atteint pas les plus hautes cimes du fantastique britannique, il n'en reste pas moins une agréable curiosité. En DVD, il est sorti plusieurs fois aux USA sous son titre local HORROR HOTEL, dans un montage plus court que la version britannique. Heureusement, l'éditeur VCI a corrigé la donne en le sortant en 2001 sous son nom anglais THE CITY OF THE DEAD, dans sa version intégrale. Un DVD (multizone, NTSC) ressorti en 2005, dans l'édition que nous allons tester ici. Signalons aussi que le français Bach films a sorti ce titre dans sa collection des "Inédits du fantastique", disponible à petit prix (zone 2, PAL), sous l'intitulé LA CITE DES MORTS. A notre connaissance, c'est la première fois que ce film se voit diffusé en France !

Le disque VCI propose une belle copie en noir et blanc, retranscrivant le cadrage 1.66 du film dans un télécinéma 16/9 à la définition très affûtée. La compression ne se signale que par quelques légères instabilités mais, pour un film autrefois cantonné aux éditeurs américains spécialisés dans les titres libres de droit, c'est une très jolie réussite ! Le disque Bach film propose une copie au format identique, elle aussi en 16/9, mais la définition et le contraste sont tout de même un net cran en dessous du disque américain...

En bande-son, nous trouvons la piste anglaise dans son mixage mono d'origine, de bonne qualité, à la fois propre et nette. Le DVD Bach film propose une bande-son du même niveau. Par contre, autant le DVD américain ne propose aucun sous-titre ou doublage alternatif, autant le disque français nous offre un sous-titrage français sur la version originale, ainsi qu'un doublage récent mixé dans un 5.1 heureusement discret.

Le disque VCI se distingue par de nombreux suppléments ! Ainsi, nous pouvons consulter un commentaire audio de Christopher Lee, commentaire dans lequel le vétéran se montre des plus bavards. Il fait preuve d'une excellente mémoire, multiplie les anecdotes et n'hésite pas à faire quelques incartades vers des sujets sans rapport avec THE CITY OF THE DEAD. En tout cas, une piste au contenu très dense, qui se suit sans ennui. Un autre commentaire audio est effectué par le réalisateur John Llewellyn Moxey. Si celui-ci raconte des choses intéressantes et s'avère assez passionné par le cinéma d'épouvante, on regrette que de nombreuses plages de blanc rendent l'écoute un peu fastidieuse.

Nous trouvons aussi des interviews séparées pour compléter cette interactivité. 45 minutes durant, Christopher Lee nous parle du film, de sa carrière, du cinéma anglais, et de tout ce qui lui passe la tête, avec une conviction et un tonus qui forcent l'admiration ! Une interview de John Llewellyn Moxey - durant 26 minutes - revient de façon intéressante sur THE CITY OF THE DEAD et sur sa carrière de metteur en scène, non sans quelques petites répétitions par rapport à son commentaire audio.

Enfin, nous pouvons visionner une interview de Venetia Stevenson, laquelle retrace pour nous sa carrière, qui l'a menée petit à petit du mannequinât à divers postes de la création cinématographique. Elle a ainsi travaillé sur la production de l'excellent SANS RETOUR de Walter Hill, qu'elle considère comme son "réalisateur favori de tous les temps" !

La section supplément contient encore une galerie d'images qui défile durant trois minutes, réunissant des photos d'exploitations, de plateau, ainsi que des affiches italiennes, espagnoles, anglaises ou américaines de THE CITY OF THE DEAD. Sont aussi disponibles des biographies de John Llewellyn Moxey et des acteurs Christopher Lee, Venetia Stevenson, Patricia Jessel, Dennis Lotis ou Betta Saint-John. Le tout est complété par une bande-annonce de THE CITY OF THE DEAD.

Sur le DVD Bach film, nous ne trouvons en bonus que la bande-annonce. Donc, le collectionneur anglophone qui cherchera l'édition la plus soignée et la plus complète de THE CITY OF THE DEAD se reportera prioritairement sur l'édition américaine. Les autres, ainsi que ceux qui ne souhaitent pas investir une trop forte somme, pourront se reporter sur le disque Bach...

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
THE CITY OF THE DEAD DVD Zone 1 (USA)
Editeur
VCI
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h18
Image
1.66 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio de Christopher Lee
    • Commentaire audio de John Llewellyn Moxey
      • Interviews
      • Christopher Lee (44mn47)
      • John Llewellyn Moxey (26mn13)
      • Venetia Stevenson (19mn30)
    • Bande-annonce
    • Galerie de photos
      • Biographies
      • John Llewellyn Moxey
      • Venetia Stevenson
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