En cherchant à retrouver sa femme disparue, Raymond Pope est amené à rencontrer Elizabeth Kane. Une jeune femme riche et énigmatique qui lui paraît suspecte. Même s'il n'a aucune preuve, il est intimement persuadé qu'elle ne lui dit pas toute la vérité. Un jeu dangereux s'engage alors entre les deux...
Erzsébet Báthory ou Elizabeth Bathory, comtesse hongroise née au XVIème siècle, est passée à la postérité pour sa cruauté mais aussi, et surtout, pour le sombre record de victimes, essentiellement des jeunes femmes, qui pèsent par centaines sur sa conscience. D'après la légende, elle tuait de jeunes femmes pour se baigner dans leur sang et, de cette façon, être belle et jeune à jamais. A sa mort, après avoir été emmurée jusqu'à la fin de ses jours dans son château, la légende s'amplifia et elle fut très vite rattachée au mythe du vampire. Bien évidemment, un tel personnage inspire une inévitable fascination qui va inspirer le cinéma. On pense à Ingrid Pitt se baignant nue dans COUNTESS DRACULA mais aussi au CEREMONIE SANGLANTE de l'espagnol Jorge Grau ou encore au segment de l'anthologie érotique CONTES IMMORAUX de Walerian Borowczyk. Mais puisqu'elle est devenue une vampire, on la retrouvera à notre époque, par exemple dans LES LEVRES ROUGES, ou bien encore lorsqu'elle s'immisce carrément dans des loisirs très actuels tel que le jeu vidéo avec STAY ALIVE.
Wilhelm Liebenberg et Federico Sanchez s'intéressent à la comtesse sanglante lorsqu'ils décident de se lancer dans un premier long métrage produit au Canada. De l'aveu des auteurs, l'idée était de proposer une vision nouvelle du personnage en l'actualisant mais aussi d'offrir une approche plus érotique du vampirisme. Intentions louables mais qui arrivent tout de même un peu en retard dans le domaine du vampire qui mêle plaisir du sang et du sexe. Car le sujet a toujours gentiment mélangé les deux à des degrés divers, certains n'hésitant pas à faire carrément des films porno avec des vampires (DRACULAX ou encore le DRACULA de Mario Salieri). Sang et sexe ont quasiment toujours été intimement lié dans le domaine du vampirisme et la transposition de nos jours des créatures de la nuit n'est pas non plus spécialement nouvelle. Cela n'empêche pas, à sa façon, ETERNAL de se différencier...
Co-scénariste et co-réalisateur, Wilhelm Liebenberg et Federico Sanchez vont plus s'attacher à peindre un thriller érotique qu'un véritable film de vampires. En réalité, la majeure partie du métrage fait largement plus penser à BASIC INSTINCT (ou BASIC INSTINCT 2 à vous de voir) qu'aux PREDATEURS ou à LA VAMPIRE NUE. Au centre de l'intrigue, on trouve ainsi un inspecteur de police de Montréal avec lequel va jouer la mystérieuse Elizabeth Kane. Comme dans le film de Paul Verhoeven, ou même celui de Michael Caton-Jones, on retrouve bien le personnage de mante religieuse évoluant dans un univers de luxe confronté à un personnage plus austère. De même, comme dans le film de Verhoeven, Elizabeth Kane a un ascendant sur une comparse féminine. Le dénouement de l'histoire va même jusqu'à laisser le spectateur dans le doute concernant le personnage d'Elizabeth et le statut final de Raymond Pope. Les points communs sont nombreux et le pauvre flic du Québec, fasciné par cette femme, sera mené par le bout sans trop s'en rendre compte.
Difficile de savoir si la dualité d'ETERNAL doit être imputer à ses deux auteurs. Car le film fonctionne assez moyennement dans son déroulement pour remplir bien mieux sa fonction dès que l'on entre à proprement dit dans l'univers de la comtesse ou dès que l'intrigue touche directement au sexe. Autant dire quelques séquences érotiques ou bien les méandres d'une fête baroque et vaguement décadente à Venise. Hormis ces passages qui donnent un ton luxueux au métrage, le reste paraît hélas bien pauvre. Pourtant, ETERNAL réinvente de manière relativement astucieuse autant BASIC INSTINCT que le personnage d'Erzsébet Báthory. Surtout que l'on sera surpris par la façon dont est abordé le sexe et plus particulièrement en les moeurs du personnage principal. Celui-ci ayant trouvé une camarade de jeu plus à même de répondre à ses fantasmes masochistes que sa compagne légitime, le héros pratique l'adultère sans que le film ne nous donne l'impression de porter sur lui un jugement réellement moraliste. Enfin, les séquences érotiques sont plutôt crues, pour ne pas dire donnant parfois un peu dans la vulgarité, que ce soit dans les idées ou la façon de les mettre en scène. Ce qui pourrait sembler être un défaut s'avère en fait plutôt l'une des qualités du film avec l'impression de vouloir nous présenter un érotisme sans fard mais qui, étrangement, ne comporte que très peu de nudité.
Le choix de l'actrice principale pour incarner la sulfureuse Erzsébet Báthory s'est porté sur la jolie Caroline Néron. Décision étonnante puisque qu'après avoir beaucoup oeuvré pour la télévision au Canada et commencé une carrière dans la chanson, il paraît étonnant pour l'actrice de se tourner vers un premier film de fiction largement imprégné de scènes sexuelles. Quoi qu'il en soit, elle donne surtout corps au personnage, le film ne lui donnant pas vraiment de scène dramatique réellement poussée pour que l'on puisse juger de son talent. Autre choix étonnant, c'est un ancien champion de kickboxing, devenu acteur, qui lui donne la réplique. Surprenant car Conrad Pla ne ressemble pas au héros standard d'un thriller ce qui donne un petit côté atypique supplémentaire à ETERNAL. Toutefois, la plupart des scènes de dialogue mettent rarement en valeur les acteurs, ce qui nous ramène à cette impression de voir un film à la réalisation aléatoire qui tire un peu le tout vers le bas ! Et puis, dans le domaine du vampirisme érotique, d'autres ont fait largement mieux et ce depuis longtemps...
Bien que le film soit déjà pourvu d'un titre francophone, ETERNELLE, Free Dolphin a préféré opter pour l'anglicisme. Le DVD français sera donc titré ETERNAL. Le DVD offre une image au format 1.78, proche du format cinéma, pourvu d'un transfert 16/9 qui laisse apparaître un grain assez prononcé. Le grain est peut être d'origine mais il n'aide en rien une compression qui a un peu de mal à suivre et qui laisse apparaître quelques soucis numériques plus particulièrement dans les arrières plans. Rien à redire en ce qui concerne les deux pistes sonores en stéréo. Mais s'il n'y a rien à redire techniquement sur le rendu de ces deux pistes, on sera étonné de ne pas pouvoir disposer de 5.1 puisque le film a été mixé ainsi à l'origine. D'ailleurs les DVD sortis dans d'autres pays disposent d'une telle option sonore.
En guise de supplément, outre la bande-annonce, on peut visionner un court making of d'une dizaine de minutes qui permet de survoler des images de tournages et des interventions de certains membres de l'équipe technique. Pour obtenir un peu plus d'informations, il faudra se tourner vers l'interview de Federico Sanchez qui s'exprime en français à propos de la genèse du film. Une autre interview donne la parole à la mignonne Victoria Sanchez, toujours en français, où l'actrice, soeur du réalisateur, revient sur son personnage et son expérience sur ce tournage. A vrai dire, cette intervention s'avère bien moins marquante que la plupart des scènes où elle apparaît dans le film.