Header Critique : HORRIBILIS (SLITHER)

Critique du film et du DVD Zone 2
HORRIBILIS 2006

SLITHER 

Grant Grant aurait pu être heureux. De l'argent plein les poches et une femme superbe à ses côtés auraient en effet dû lui apporter le bonheur auquel il aspirait. Malheureusement, sa tendre moitié, régulièrement sujette aux migraines quand vient l'heure de se coucher, est ce soir encore victime de maux pénalisants. Grant, touché au plus profond de son orgueil masculin décide donc d'aller noyer son chagrin dans la bière et le décolleté de Brenda. C'est alors qu'en pleine forêt, il découvre les restes d'une petite météorite. De la pierre spatiale s'éjecte un lombric à l'étonnante vivacité qui va contaminer notre homme décidément très malchanceux… Grant, possédé par le parasite, n'a dès lors plus qu'une idée en tête : Accumuler de la viande, trouver une mère porteuse et la gaver jusqu'à ce qu'elle donne naissance à plusieurs milliers de sympathiques limaces rougeaudes. Dorénavant, seuls Starla Grant et le shérif Bill Pardy sont en mesure de stopper l'invasion extra-terrestre qui se prépare.

Malgré son jeune âge, James Gunn n'en cumule pas moins sur sa tête ébouriffée les casquettes de scénariste, acteur, compositeur, producteur et réalisateur ! Formé à l'école du Z crade et vulgaire au sein de l'industrie Troma, notre homme écrit son premier scénario en 1996. A l'écran, cela donnera TROMEO ET JULIET, l'un des meilleurs métrages de la firme de Lloyd Kaufman. Crédité sur le film d'une demi-douzaine de postes, Gunn aura de plus œuvré en tant qu'assistant réalisateur à titre officieux. Un travail qui lui sera fort utile pour mettre en boite l'année suivante quelques épisodes de la série THE TROMAVILLE CAFE et deux spots télévisés mettant en vedette le Toxic Avenger, le Sergent Kabukiman et un hamster… Gunn quitte alors l'industrie Troma pour se consacrer à l'écriture de scénarios moins farfelus et déviants. Les résultats ne se font pas attendre et les scripts de SCOOBY-DOO (2002) et L'ARMEE DES MORTS (2004) engendrent des films qui cartonnent au box-office international. Fort de ces succès, Gunn peut enfin décrocher un budget de 20 millions de dollars (29 avec le marketing) nécessaire à la réalisation de son premier long métrage : HORRIBILIS.

Inutile de chercher plus longtemps, HORRIBILIS hérite sa trame scénaristique générale du NIGHT OF THE CREEPS de Fred Dekker (1986). Reprenant à son compte cette étrange histoire de limaces débarquées de l'espace pour prendre possession des humains et les transformer en zombies, le film de Gunn ne fait pas vraiment dans l'originalité. L'allure même des envahisseurs et le final explosif sont eux aussi remis au goût du jour sans véritable volonté d'innover. Plus encore, à l'image des héros du film de Fred Dekker nommés Romero, Hooper, Cronenberg, Cameron, Landis et Raimi, chaque élément de HORRIBILIS fait immanquablement référence aux œuvres ou réalisateurs cultes du cinéma fantastique et plus particulièrement horrifique. Ainsi, le personnage du Maire Jack MacReady fait-il écho au héros incarné par Kurt Russel dans le THE THING de John Carpenter. De même, l'école Earl Bassett nous ramène au personnage interprété par Fred Ward dans TREMORS et l'armurerie Max Renn au héros du VIDEODROME de Cronenberg… Difficile cependant d'accuser Gunn du pillage de NIGHT OF THE CREEPS puisque, à la l'image d'un Quentin Tarantino par exemple, il décrit lui-même son métrage comme un immense hommage au cinéma et aux réalisateurs des années 80… Partant de cela, les clins d'oeil, si bien visuels que musicaux (on y retrouve une partition de PREDATOR), s'accumulent pour nous livrer un ensemble cohérent qu'il convient donc de qualifier d'ultra référentiel et pour tout dire, d'assez ludique.

Pour mener à bien ce projet aussi loufoque que gourmand en effets visuels, Gunn s'entoure à merveille et s'adjoint les services de Todd Masters (DES SERPENTS DANS L'AVION, MONSTER MAN, SCARY MOVIE 3), spécialiste du maquillage et de la fabrication de prothèses caoutchouteuses à souhait. L'homme trouve avec HORRIBILIS matière à oeuvrer jour et nuit puisque le film regorge de zombies aux visages tuméfiés et de mutations physiques en tous genres. Parmi celles-ci, deux sortent réellement du lot pour nous offrir un spectacle des plus réjouissants. La première, appliquée au personnage de Brenda, incarnée dans le film par l'actrice Brenda James, boursoufle le corps de la jeune femme jusqu'à l'excès. En effet, la malheureuse, fécondée par deux appendices phalliques puis nourrie à outrance, enfle démesurément au point de n'être plus qu'une effroyable sphère de chair, véritable porte-étendard de la génération fast-food. Un effet étonnant qui n'a pourtant rien à envier à celui dont se voit affubler Michael Rooker. Débutant telle une urticaire haut de gamme, la mutation dont l'homme souffre se poursuit par l'allongement de ses membres dans des proportions tentaculaires et le gonflement de pustules rosées. La créature dans sa forme définitive ne manquera pas du reste d'étonner tant elle rappelle instantanément les monstres cultes que sont Jabba le Hutt, LE BLOB et la chose difforme de THE THING. Du très bel ouvrage donc, réalisé «à l'ancienne» avec un recours aux images de synthèse limité au strict minimum. Dans leur globalité, ces effets se montrent si généreux et, par moments même, audacieux, que l'on ne peut que pardonner leur aspect ponctuellement perfectible.

HORRIBILIS n'est cependant pas porté par la seule présence de son étrange et gluant bestiaire. En réalité, ce sont surtout les acteurs qui parviennent à insuffler au film son énergie et sa sympathique folie. En tête de cet excellent casting, nous citerons donc Michael Rooker. Celui qui fût le terrifiant meurtrier de HENRY, PORTRAIT D'UN SERIAL KILLER, nous apparaît ici sous les traits d'un homme mûr au crâne rasé et au physique particulièrement inquiétant. Semblant aussi amoureux de sa femme qu'il est menaçant à son égard, le personnage de Grant Grant va muter contre son grè à la manière du Seth Brundle de LA MOUCHE. Si ses sentiments demeureront intacts, la nature même de la créature qu'il a en lui ira peu à peu altérer son humanité, tant sur le plan physique qu'en terme de pulsions et de besoins. Rooker incarne donc cette déchéance avec un réel talent qui nous laisse à penser qu'il s'agit là d'un acteur décidément trop peu présent sur les écrans.

Autre élément clef de la distribution : L'acteur Nathan Fillion. Essentiellement connu pour le rôle de Malcolm Reynolds qu'il tient dans la série FIREFLY et son adaptation au cinéma SERENITY, l'acteur est ici l'élément comique principal du métrage. Tour à tour volontaire, naïf, dépassé par les événements et faussement macho, le personnage du Shérif Bill Pardy est immédiatement pris en sympathie. Ses mimiques et répliques systématiquement décalées («Qu'est ce que c'est qu'ce calamar ?») font inévitablement mouche, faisant de Nathan Fillion LA vraie révélation du casting de HORRIBILIS.

Aux côtés de ces deux acteurs, nous retrouverons la pétillante Elizabeth Blanks (aperçue dans la trilogie SPIDER-MAN), la hurlante Tania Saulnier et surtout l'explosif et délirant Gregg Henry (SURVIVANCE, BODY DOUBLE, MAMBA, PAYBACK) dans le rôle d'un maire au langage particulièrement fleuri ! Bref, un casting parfait se débattant frénétiquement entre cerf-zombie, sangsues extraterrestres, morts-vivants à l'esprit commun (en référence au VILLAGE DES DAMNES), rednecks crétins et bouffeurs d'animaux de compagnie…

Que demander de plus ? Une édition DVD de qualité par exemple… Réjouissons-nous donc puisque c'est à peu de choses près ce que nous propose Universal via son DVD zone 2. L'image tout d'abord. Naturellement proposée en 16/9ème dans son ratio 1.85 d'origine, elle répond très correctement aux exigences du film. A savoir que les scènes sombres (très nombreuses) ne laissent pas apparaître de gros défauts de compression et font preuve d'un contraste et d'une luminosité tout à fait appréciables. Les pistes sonores sont, quant à elles, au nombre de trois (Anglais, Français et Allemand). Bien que portées sur les enceintes frontales, ces pistes Dolby Digital 5.1 parviennent, lors d'explosions de têtes ou de grouillements de sangsues, à nous étonner grâce une spatialisation plutôt bien gérée. Notons que le doublage français (au volume légèrement plus bas) est d'une qualité assez étonnante, parvenant à reproduire avec brio le flot d'injures et de grossièretés déversé par le Maire MacReady, notamment lorsqu'il évoque une invasion de «lombrics qui pilotent mes amis comme des bagnoles en peau d'bite». Elégance et glamour sont donc bien présents pour ceux qui préfèrent privilégier la langue de Molière.

La folie du métrage trouve par ailleurs écho dans les nombreux bonus proposés durant un peu plus d'une heure et vingt minutes. Commençons par les scènes coupées qui sont au nombre de huit. Assez facultatives, elles nous montrent une série de situations comiques en rapport avec le cerf qui prend ici une dimension culte. Nous découvrirons par ailleurs un dîner en tête à tête du couple Grant nous présentant un époux moins aimant, plus cruel… S'ajoute enfin une scène amusante durant laquelle Grant «kidnappe» quelques animaux de compagnie dans un but bien évidement gastronomique. Sur cette lancée sont proposées quatre scènes dans leur version longue. Seule la scène de la boucherie se révèle réellement pertinente, nous dévoilant une excellente performance de Michael Rooker dont le personnage devient fou à la vue de tant de viande («Un osso bucco ! C'est bon ça !»).

S'invite ensuite une série de bonus carrément anecdotiques. Tout d'abord la visite du plateau filmée par Nathan Fillion. Amusante à de rares instants, graveleuse la plupart du temps, elle nous révèle une ambiance réellement détendue et ludique sur le lieu de tournage. Sentiment confirmé par le documentaire «Qui est Bill Pardy ?» transformant le personnage du Shérif en running gag sympathique mais plutôt vain. Clôturons la série des suppléments inutiles avec dix minutes d'images shootées par un Lloyd Kaufman nous expliquant comment il compte donner de l'ampleur à son personnage en faisant passer sa réplique de une à deux phrases ! A noter que le malheureux et son personnage de clochard triste seront finalement coupés au montage… Attaquons la suite des bonus avec un long bêtisier de plus de huit minutes. Sachant qu'une boulette se produit toutes les cinq à dix secondes, nous vous laissons le soin de calculer le nombre de bafouilles, oublis ou erreurs qui nous sont ici proposés. Reconnaissons que la succession frénétique de ces saynètes finit par être amusante…

Le DVD nous propose par ailleurs quatre documentaires. Le premier nous explique, via une petite recette maison, comment confectionner chez soi et simplement du faux sang crédible, comestible et même appétissant. Le documentaire suivant, filmé par James Gunn lui-même, nous invite à parcourir le plateau pour y collecter quelques anecdotes. Le bonus suivant se présente quant à lui sous la forme d'une succession de scènes faisant intervenir des effets numériques. Chaque courte scène nous est montrée quatre fois, à différents stades du travail de l'équipe. Ce documentaire est malheureusement muet et ne fait que nous dévoiler les étapes de la création assistée par ordinateur. Dernier bonus enfin et pour tout dire, le plus intéressant : Le making-of du film. S'étalant sur presque vingt minutes, il nous propose de découvrir Todd Masters (responsable des prothèses), Mike Manzel (en charge des sangsues) et John Gajdecki (superviseur des effets spéciaux numériques) travaillant de concert. Nous assistons donc à un décorticage assez pertinent et complet des scènes clef du film, à savoir celle du bain, celle de la voiture, celle de la grossesse monstrueuse de Brenda et, bien entendu, la scène finale nous dévoilant Grant Grant prenant pleinement possession de sa maison…

Injustement boudé lors de sa sortie cinéma, HORRIBILIS est donc une série B rondement menée, drôle, inventive et plutôt nerveuse. En rendant un hommage très (trop ?) appuyé au cinéma fantastique des années 80 (on ajoutera, entre autres, LES GRIFFES DE LA NUIT ou SOCIETY), James Gunn le réalisateur fait mouche et séduit le public bissophile dès son premier long métrage. Les amateurs de bestioles grouillantes et de situations cocasses ne pourront qu'adhérer et attendre avec impatience les prochains travaux du rejeton des écuries Troma.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
SLITHER DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
German Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Allemand
  • Supplements
    • 8 scènes coupées (10mn02)
    • 4 scènes en version longue (7mn20)
    • Le journal vidéo de Lloyd Kaufman (9mn)
    • Visite du plateau avec Nathan Fillion (4mn42)
    • Qui est Bill Pardy ? (5mn21)
    • Bêtisier (8mn13)
    • Le grill gorehound : Brassage du sang (3mn18)
    • Documentaire : Le tournage de Slither (10mn05)
    • Making-of : Animation des créatures étape par étape (5mn05)
    • Making-of : Les effets de Slither (18min39)
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    Menu 1 : HORRIBILIS (SLITHER)
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