Pour celles et ceux qui souhaitent un coup de jeune pour ce nouvel avatar de gore teuton, il faut faire l'impasse sur Oil of Olaf. HOUSE OF BLOOD, aussi connu sous le titre CHAIN REACTION, tente assez médiocrement de donner dans le gore haut de gamme mais (presque) tout patine méchamment. On n'a pas envie de voir HOUSE OF BLOOD pour le seul plaisir de le voir, on a juste en fait envie de le noter. Et malheureusement de manière assez basse. Oh, pas autant que l'effrayant LEGION OF THE DEAD du même Ittenbach de sinistre mémoire. C'est juste… que pratiquement rien ne fonctionne correctement. Tout semble construit autour de la violence et le sanguinolent des scènes à effets spéciaux qui sont extrêmement réussies. Le reste…
Suivant la théorie de l'effet papillon, la chute d'un corbeau mort provoque une série d'incidents allant jusqu'à la collision d'un bus transportant des prisonniers avec une voiture. Les prisonniers s'échappent, prenant en otage l'occupant de la voiture, un médecin. Ils arrivent dans une maison au fond des bois où des zombies les agressent. Le médecin s'en sort seul mais se voit incarcéré et transféré dans une prison. Et là, nouvel accident et le cycle recommence.
Doté d'un budget assez bas, environ un million de dollars, le film joue surtout sur les décors extérieurs autrichiens où il a été tourné. Majestueux, ils offrent à HOUSE OF BLOOD un côté classieux inhabituel, une sensation d'espace sauvage parfaitement cadré par la mise en scène. Une caméra aérienne, très mobile, parachève cette volonté d'aérer l'ensemble. Malheureusement, cela s'arrête là. L'accident filmé sous plusieurs angles qui permet de le resservir à plusieurs moments du film, le faisant passer pour différentes catastrophes. Ceci n'a rien de condamnable en soi vu le budget, mais cela se télescope avec la maigreur du scénario et une interprétation catastrophique. Donnant ainsi un côté immanquablement mal fagoté à l'ensemble. Quel manque de Boll, dirait Uwe.
Ainsi, la direction d'acteurs s'avère déplorable. Certains ne savent ouvertement pas jouer et déclament leur texte en se hurlant dessus de manière risible (le premier groupe de prisonniers atteint des sommets !), ce qui ôte tout sentiment d'effroi ou d'horreur. Juste un fou rire inébranlable devant tant d'incompétence. Jürgen Prochnow, déjà marqué par un passage hagard (dans le rôle d'un certain Capitaine Kirk !) dans le spectaculairement drôle HOUSE OF THE DEAD, complète sa palette d'expressivité monomaniaque dans ce HOUSE OF BLOOD. L'acteur est à la dérive. Même Christopher Kriesa, déjà présent dans LEGION OF THE DEAD, ne semble pas avoir appris le mot sobriété pour son interprétation du médecin. Il n'y a guère que Martina Ittenbach qui tire son épingle du jeu , tout comme Dan Van Husen qui, après avoir traîné ses guêtres chez pépé Jess dans KILLER BARBYS VS DRACULA, s'amuse à jouer son Hannibal du pauvre avec beaucoup d'amusement. Le reste du casting a du prendre des cours d'acteurs aux docks de Hanovre.
La narration est aussi un vrai désastre avec des flash backs en pagaille qui alourdissent une intrigue déjà bien fade et répétitive. Le tout couplé à d'interminables palabres entre les protagonistes qui traînent, traînent mais traîîîîîînent en longueur le métrage de manière hallucinante ! Il faut quand même attendre près de 25 minutes pour qu'ils atteignent cette satanée maison. L'assoupissement grave qui guette le spectateur n'est interrompu que par des éclats de gore qui explosent sur l'écran. Ami amateur de sensations sanglantes, une suggestion : abrège les souffrances du blabla sans intérêt et rendez-vous directement à 35mn05 : ton premier bras tranché t'y attend ! Mais hélas, ceci devient rapidement tranché (façon de parler !) par encore plus de discussions, échanges de vues sur Schopenhauer ou Roxy Music, qui achèvent des dialogues déjà bien ridicules, le tout dans les mêmes décors entre le premier et le deuxième groupe de prisonniers. L'explication de la présence de cette famille au fin fond des bois donne plus dans le gag que résultant d'une véritable construction scénaristique. Et le scénario se traîne en longueur jusqu'au final qui n'en porte que le nom. Il est clair que ce n'est pas ce qui intéresse Ittenbach. Mais Olaf, merde, un minimum d'ordre, on n'en demandait pas plus !
Venons-en au principal attrait de cette maison de sang. Le gore. Aaaaaah, le gore. Là on sent qu'Olaf jubile. Entre une opération de testicule ouvert à vif, des écrasements crâniens, décapitations, arrachages de gorge, tronçonnage vertical (limite), horizontal, j'en passe et des meilleures… même les impacts de balles déménagent méchamment et rompent avec l'ennui ambiant du reste du métrage. Une indéniable maîtrise des effets spéciaux mécaniques, couplés à quelques effets numériques viennent combler l'aficionado le plus teigneux. On passera sur l'utilisation parfois inutile de certains ralentis. La médiocrité des effets de LEGION OF THE DEAD est de l'histoire ancienne.
Le DVD Zone 2 polonais édité par Carisma offre l'avantage d'un tout petit prix. La contrepartie est une édition minimale comparée à ce qu'offre le disque américain sorti chez Lions Gate Films (présence d'un making of, par exemple). Le film est sorti en kiosque et sous le titre DOMSTRACHU dans la collection «KinoGrozy», spécialisée dans les films sanglants et avec une jaquette outrageusement mensongère. On doit malheureusement se farcir la publicité du sponsor officiel (la radio Radiotacja).
Optant pour une édition «Widescreen» le disque offre une image au format 1.77 avec un transfert 16/9 qui vient compléter le tableau. La copie n'est cependant pas du meilleur acabit, malgré le soin évident porté à la mise en image par le cinéaste. Comme un voile grisâtre qui apparaît tout le long du film. D'où des images parfois ténébreuses qui manquent cruellement de contraste et un grain pointe le bout de son nez lors des scènes les plus sombres. Pour information, la durée précise est de 102mn 33. Le mixage sonore en 5.1 est lui de toute beauté : la multiplicité des canaux donne une ampleur sonore puissante. Voix, musique, effets sonores : nous sommes vraiment en pleine forêt et au cœur de la maison, certains effets étant relativement inquiétants ! Par contre, hormis un chapitrage, on trouve pour seul bonus le film annonce, hélas doublé grossièrement en polonais par-dessus la piste anglaise, comme il est tristement l'habitude pour les doublages polonais.
On aurait également pu signaler à Olaf Ittenbach quelques autres possibilités afin de vraiment finir son film. Par exemple, les zombies auraient pu se transmuter dans la peau des prisonniers, qui auraient regardé le scénario lors d'une pause et auraient soudainement réalisés qu'ils étaient (pour eux-mêmes et le spectateur) beaucoup mieux morts. Fin. Malheureusement, on ne voit ça qu'au cinéma. Même pas, en fait !
Mais soyons clairs. Personne n'ira voir, louer ou acheter HOUSE OF BLOOD pour son histoire. Tout le monde ira le visionner pour les gros morceaux de barbaques et les geysers de sang. Bien. Mais y'a-t-il quelque chose de rédempteur, de quelque nature que ce soit à ce film hormis les effets gore réussis? On reste assis, on fronce les sourcils, on pense… rien. Non, rien. On a beau relire ses notes, regarder la liste des acteurs, voir le film deux fois. Vraiment rien. En fait, la seule chose qui reste à faire est de fermer la télévision, s'installer dans le noir et méditer. Si quelque chose revient, c'est promis, cette phrase ne sera pas la dernière de la chronique.