Le mariage arrangé entre le Roi Arthur et Guenièvre se transforme en véritable romance. Le couple s'épaule alors pour organiser l'union du royaume et établir des règles de conduite pour une chevalerie plus civilisée. Mais le regroupement d'homme d'exception amène le fier Lancelot Du Lac à la table ronde du château de Camelot…
Avant de se rencontrer au début des années 40, l'Autrichien Frederick Loewe et l'Américain Alan Jay Lerner passent quelque peu inaperçu alors que les deux hommes essaient de gagner leur vie grâce à la musique. En s'associant, Frederick Loewe va donc composer la musique et Alan Jay Lerner écrire les paroles pour des spectacles à Broadway. Le succès, après quelques essais infructueux, ils vont le trouver grâce à la comédie musicale Brigadoon. Hollywood ne tardera pas à s'en emparer pour produire BRIGADOON, une version filmée par Vincente Minelli et mettant en vedette Gene Kelly et Cyd Charisse. Par la suite, d'autres spectacles de Broadway créés par les deux hommes seront portés sur grand écran dont le plus connu est certainement MY FAIR LADY et le plus curieux LA KERMESSE DE L'OUEST où Clint Eastwood et Lee Marvin poussent la chansonnette. La dernière collaboration pour un spectacle entre Frederick Loewe et Alan Jay Lerner sera la création de Camelot où Richard Burton incarnera le Roi Arthur sur la scène de Broadway au tout début des années 60 !
Bien évidemment, ce spectacle ne passe pas inaperçu et il est décidé d'en réaliser un grand film musical qui portera le même nom. Richard Burton ne reprend pas le rôle et on va donc trouver un remplaçant nommé Richard Harris. Pour l'anecdote, au début des années 80, le spectacle sera monté de nouveau sur scène une vingtaine d'années après sa première. Richard Burton ne pouvant continuer à interpréter le rôle pour cette reprise, on fera une nouvelle fois appel à Richard Harris pour le remplacer et terminer la tournée. La réalisation sera confié à Joshua Logan qui a déjà à son palmarès une comédie musicale à succès avec SOUTH PACIFIC d'après un spectacle de Broadway d'un autre duo célèbre (Richard Rodgers et Oscar Hammerstein). D'ailleurs, c'est aussi à Joshua Logan que l'on confiera, dans la foulée de CAMELOT, la confection de LA KERMESSE DE L'OUEST. Et cela s'avère plutôt étonnant car le cinéaste va ainsi réaliser les deux comédies musicales hollywoodiennes les plus surprenantes du point de vue de leurs distributions…
Outre Richard Harris qui incarne donc le Roi Arthur, on trouves Vanessa Redgrave dans le rôle de Guenièvre, David Hemmings joue Mordred, Lionel Jeffries est le Roi Pellinore et Franco Nero s'époumone dans sa representation de Lancelot Du Lac. Et c'est ce dernier qui donne la prestation la plus incroyable dans le film. Sa première apparition, lorsqu'il entonne «C'est moi» sur les remparts d'un château théoriquement français, est carrément ridicule. Il est aussi évident que l'acteur n'assure pas ses parties chantées mais ça ne l'empêche pas de vivre les vocalises de manière très exagérées tout en regardant droit dans la caméra. Une attitude qu'aucun autre interprète n'adopte durant tout le film mais il faut aussi préciser que Richard Harris ou Vanessa Redgrave assure réellement leurs lignes de chant. Le décalage du jeu de Franco Nero n'est pas aidé, d'une façon beaucoup plus générale, par les parties musicales qui semblent très anachroniques en regard de l'époque où se déroule l'action. Il s'agit pour la plupart de mélodies qui ne s'imprègne absolument pas du contexte historique pour rester dans le registre typique de Broadway. Là, au milieu d'un château médiéval avec des gars en armures, cela ne fonctionne pas vraiment ! Pire, certains passages ne sont pas sans rappeler SACRE GRAAL et la fameuse chanson «The Camelot Song» issu du film des Monty Python.
CAMELOT est une grosse production et se pare de nombreux décors grandioses comme le grand hall du château ou encore la salle de la table ronde. Même si l'on peut s'attendre à un résultat bien plus spectaculaire, Joshua Logan réussi plusieurs séquences qui sont, contre toute attente, les moins impressionnantes. Par exemple, on citera la mignonne chanson «The Lusty Month Of May» qui introduit un petit côté grivois dans l'innocent personnage de Guenièvre. Idée qui reviendra un peu plus tard avec «Then You May Take Me To The Fair» où la Reine joue de ses charmes pour manipuler quelques chevaliers. Quelques autres passages sont plutôt bien faits comme l'ouverture nocturne du film où le Roi rencontre pour la première fois sa Reine dans une forêt reproduite en studio et teinté d'une certaine magie. La fin du film est aussi particulièrement intéressante avec un Arthur désespéré de ne pas avoir accompli sa tâche avant qu'il ne retrouve l'espoir dans l'enthousiasme d'un enfant qu'il écartera du champ de bataille. Etrangement, ce sont donc surtout des passages intimistes que Joshua Logan a réussi. Le cinéaste n'a manifestement rien d'un Richard Thorpe et on s'en rend compte lors des joutes entre chevaliers qui paraissent bien molle en comparaison de ce qui sera fait dans LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE ou encore IVANHOE pourtant réalisé une dizaine d'années auparavant. Ce que ces scènes perdent en action, elle le gagne néanmoins en costumes et dans une foule de détails colorés.
Les légendes du Roi Arthur sont le plus souvent fantastique et cet élément de l'histoire s'avère largement gommé. Le personnage de Merlin n'apparaît qu'au début du récit et quelques épisodes légendaires comme l'histoire de l'épée ne seront évoqués que verbalement. Le film préfère donc s'intéresser essentiellement au lourd fardeau qui pèse sur les épaules d'Arthur et, bien évidemment, à la double trahison sentimentale de Guenièvre, l'épouse, et Lancelot Du Lac, le meilleur ami. Néanmoins, l'histoire est largement remaniée et on donne ainsi des origines différentes à celles communément utilisées pour le fils d'Arthur mais il faut aussi rappeler que les légendes basées sur l'histoire d'Arthur sont déjà sensiblement différentes en fonction des sources littéraires. Quoi qu'il en soit, l'aspect purement fantastique est donc bien évacué et on ne discernera que certains passages où l'ambiance est légèrement teintée d'une poésie féerique.
La sortie française en DVD de CAMELOT est plutôt curieuse. Le film est déjà disponible aux Etats-Unis depuis quelque temps et propose une édition disposant d'un transfert remasterisé. Le DVD français bénéficie de ce lifting si l'on en juge par la qualité de l'image au format large respecté bien évidemment offert avec un transfert 16/9. L'image est d'une belle netteté et les couleurs sont stables. Rien à redire de ce côté là ! Toutefois, les griefs ne vont pas tarder à venir… Car, du coté du son, on ne dispose que d'une seul piste en version anglaise sur laquelle on peut afficher un sous-titrage français. Mais le disque ne propose qu'une simple piste stéréo alors que le DVD américain offre un mixage en Dolby Digital 5.1. On ne trouvera pas non plus la musique isolée toujours en 5.1 résidant sur le disque américain. Notons toutefois que l'ouverture, l'entracte et la musique clôturant le film sont conservés.
Les suppléments ne vont pas remonter le niveau puisqu'il n'y a absolument rien sur le disque en dehors du film. Encore une fois, nous sommes quelque peu surpris de ne pas retrouver les Featurettes ou encore les bandes-annonces disponibles, une fois de plus, sur le disque sorti aux Etats-Unis. Autant dire que cette édition ne brille pas par son contenu supplémentaire. Finalement, le dernier bon point, c'est la sortie du film, pour les curieux, à un prix relativement attractif sur le marché français.