En 1525, la tête de Acatl est placée dans une pyramide en compagnie d'un couple de prêtres emmurés vivant. Après plusieurs siècle, une expédition archéologique retrouve le tombeau et ramène ce qu'il contient vers la civilisation sans se soucier de l'avertissement à l'encontre des profanateurs de sépultures. Il ne faudra pas bien longtemps avant que les membres de l'expédition trouvent la mort les uns après les autres…
Le prolifique Chano Urueta va tourner au Mexique plus de 100 films entre la fin des années 20 et le milieu des années 70. Ce nombre impressionnant d'œuvres qu'il va réaliser vont ainsi couvrir quasiment tous les genres cinématographiques de la comédie en passant par le Western ou encore des films où des catcheurs se mettent des manchettes au menton. Il va donc inévitablement toucher au fantastique que ce soit de manière indirecte via, par exemple, la comédie (EL SIGNO DE LA MUERTE) ou par des films ancrés de plain-pied dans le genre. Son chemin croise celui du producteur Abel Salazar et ils tourneront ensemble toutes sortes de films dont EL ESPEJO DE LA BRUJA (LE MIROIR DE LA SORCIERE) souvent considéré comme son meilleur film d'épouvante. Mais ce qui nous intéresses ici, c'est LA CABEZA VIVIENTE dont le titre a été traduit directement en LA TETE VIVANTE pour sa sortie DVD.
Tourné à la même période que LE BARON DE LA TERREUR, cette TETE VIVANTE pourra paraître moins extravagante. Pourtant LE BARON DE LA TERREUR et LA TETE VIVANTE ont de nombreuses similitudes à commencer par son histoire qui nous sert une nouvelle vengeance ou encore l'équipe technique et les acteurs. Si LE BARON DE LA TERREUR débutait au temps de l'inquisition, LA TETE VIVANTE remonte un peu plus loin au temps des aztèques. De quoi nous offrir une belle introduction en décor naturel et pourvue de nombreux figurants mais aussi un cruel arrachage de coeur. Une fois ce prologue terminé, le passage du temps qui va nous amener au XXème siècle est présenté de manière similaire avec un défilé de date égrenant les siècles qui s'écoulent. Arrivé de nos jours (ou presque), il ne reste plus qu'à éliminer un nombre restreint de personnages coupables d'avoir troublé le sommeil d'une tête et d'une momie. Même la fin du film n'est pas sans rappeler celle du LE BARON DE LA TERREUR avec l'arrivée inopinée des forces de l'ordre (ici Abel Salazar assez discret dans le reste du film).
Si la structure du récit ressemble pas mal à celle du BARON DE LA TERREUR, il est difficile de ne pas non plus y voir l'influence de LA MOMIE de Karl Freund et celle de LA MALEDICTION DES PHARAONS de Terence Fisher. Alors, bien sûr, la momie du film de Chano Urueta ne porte pas de bandelettes mais elle se retrouve figée dans une posture qui n'est pas sans rappeler celle de Boris Karloff. Le film dispose aussi d'une héroïne ressemblant en tout point à la grande prêtresse du temps des Aztèques. Cette similitude dans les traits des descendants, on la retrouve tout autant, faut il le préciser, dans BARON DE LA TERREUR. De LA MALEDICTION DES PHARAONS, c'est le personnage de German Robles, archéologue cartésien, qui fait penser au personnage interprété par Peter Cushing dans le film de Terence Fisher.
Pourtant, LA TETE VIVANTE réussi à nous offrir un spectacle qui s'affranchi des films précités. Du BARON DE LA TERREUR, on nous épargne l'humour policier et on nous propose surtout un scénario bien plus cohérent. Enfin, l'histoire de LA TETE VIVANTE propose une histoire tout de même très différente et qui ne se calque finalement que très peu sur LA MOMIE et s'éloigne tout autant de LA MALEDICTION DES PHARAONS grâce à un astucieux jeu de passe-passe. Et c'est sans compter sur le rebondissement final pour le moins inattendu qui se profile à l'issue de LA TETE VIVANTE.
N'allez pas pour autant penser que le film de Chano Urueta dispose d'un scénario parfaitement huilé. Il réussit à placer tous ces ingrédients choc sans pour autant tout expliquer. N'étant pas au fait des mœurs funéraires des Aztèques, on peut par exemple se demander pourquoi placer une tête seule et non pas le corps entier de Acatl. Comprenons surtout que cela nous aurait privé de cette tête pensante qui ouvre de temps à autres les yeux pour diriger une momie vengeresse et une jeune femme sous influence magique. Plutôt bien emballé et mis en scène, en tout cas bien plus que le surestimé BARON DE LA TERREUR, le film de Chano Urueta est une sorte croisement des films d'épouvante de la Universal avec une part d'esbroufe un peu naïve. Le réalisateur filme ainsi des images racées et savamment éclairées en noir et blanc pour délivrer des scènes choc parfois purement gratuites. Pour résumer cette idée, il suffit de citer la séquence où German Robles découvre une vilaine araignée (manifestement en plastique) qui déambule sur le visage de la tête coupée et présumée morte. La scène n'apporte rien mais augmente simplement le degré «horrifique» du métrage. Le film de Chano Urueta n'est pas dénué de défaut mais s'avère en tout cas fort sympathique grâce à cette variation mexicaine sur le thème de la momie.
Comme pour LE BARON DE LA TERREUR, le visuel coloré de l'édition parue chez Bach Film a de quoi donner le sourire. Reprenant les éléments graphiques de l'affiche originale, cela met tout de suite dans l'ambiance. L'intérieur permet de découvrir quelques biographies et une filmographie sélection de Chano Urueta accompagné d'une poignée de clichés.
Si le contraste n'est pas optimum, l'image en plein cadre d'origine donne l'occasion de voir LA TETE VIVANTE dans des conditions honorables. Oui, il y a pas mal de petits défauts de pellicule ou une gestion du noir et blanc dont les nuances ne sont pas toujours parfaites, mais il faut surtout se souvenir qu'il s'agit d'une production mexicaine qui a fêté depuis longtemps son quarantième anniversaire !
Le disque de LA TETE VIVANTE laisse cohabiter trois formats sonores différents. Cela paraît assez bizarre d'encoder des menus en Dolby Digital (sur deux canaux), la version espagnole en MPEG et le doublage français en PCM. Théoriquement, cela risque d'être invisible à l'oreille du spectateur mais, dans certains cas, ces vas et vient entre les formats pourra poser problème avec certains amplis. En tout cas, de la même façon que pour l'image, le rendu sonore est une bonne surprise. Ce n'est pas la perfection mais l'écoute n'est pas désagréable. A noter que le doublage français un peu artificiel semble avoir été réalisé dernièrement.
Les suppléments, vous les trouverez essentiellement sur la boîte de LA TETE VIVANTE avec les biographies déjà mentionnée. Pour le reste, il faudra se contenter des bandes-annonces de la collection mexicaine de l'éditeur. On dit «contenter» mais cela représente tout de même une douzaine de bandes-annonces qui vous permettront d'avoir un avant goût des autres titres de la collection. Pour la plupart d'entre eux, il apparaît plutôt clair qu'il ne s'agit pas des bandes-annonces réalisées à l'époque.