Suite aux péripéties du premier épisode, nous croyions naïvement les Judas disparus à jamais. Nous nous trompions bien évidement… Les insectes mutants vivent en effet toujours dans les bas fonds de New York, se reproduisent frénétiquement et semblent plus déterminés que jamais à en finir avec la race humaine. Remi Panos décide, elle aussi, de rempiler pour de nouvelles aventures... A défaut de trouver l'homme idéal, elle se rabat donc sur ce qu'elle comprend le mieux : Les insectes. Cet intérêt semble du reste réciproque puisqu'en secret, une nouvelle génération de Judas s'intéresse de très près à la vie privée de cette jeune inadaptée sentimentale. L'un d'eux, en particulier, fait preuve d'une jalousie maladive, n'hésitant pas à calmer violement l'ardeur des quelques prétendants…
Le concept développé par MIMIC était porteur : Les créatures mises en images étaient à la fois étranges, complexes, mystérieuses et spectaculaires. L'intrigue restait ouverte en fin de métrage et un développement du cycle de mutation des Judas était tout à fait envisageable. Aussi, il semblait évident que nous verrions bien vite arriver une suite au film de Guillermo del Toro. C'est malheureusement sous la forme d'un direct-to-video au budget et aux ambitions très limités qu'elle se matérialise quatre ans plus tard, en 2001…
Alix Koromzay (LE VEILLEUR DE NUIT en 1998, THE COMPLEX en 2002) n'avait dans MIMIC premier du nom qu'un rôle très limité, celui d'une amie de l'héroïne interprété par Mira Sorvino. Elle obtient dans cette séquelle le premier rôle, celui d'une serial-perdante des relations humaines, d'une scientifique tristement incapable de nouer toute relation stable et agissant de manière totalement déphasée avec le monde dans lequel elle évolue. Le film nous la montre du reste immortaliser ses échecs de manière plutôt cocasse, photographiant ses émotions après chaque entrevue, chaque déception amoureuse créant ainsi un véritable album dédié à sa vie sociale plus que bancale. Pourtant, il semble évident que le personnage de Remi (orthographié «Remy» dans le premier volet) dégage quelque chose d'extrêmement puissant. Des phéromones par exemple… Car en effet, l'idée à la fois amusante et profondément crétine que nous propose cette séquelle est la suivante : Les Judas ont, pour une raison qui ne sera jamais dévoilée, décidé que Remi était LA compagne idéale, celle qui leur permettrait de se reproduire avec succès pour donner naissance à ce que l'on imagine être un rejeton des plus vilains.
Sur ce concept inexplicable et d'ailleurs inexpliqué, le réalisateur Jean de Segonzac, grand habitué des séries télé (NEW YORK DISTRICT, OZ, LA 13EME DIMENSION), tente de mettre en scène un modeste huis clos sur le lieu même du travail de l'héroïne (quelques couloirs et pièces vides)… Disons le tout de suite, l'entreprise ne convainc guère. En plus d'aligner les scènes frôlant de très près le ridicule (un Juda ramenant dans son antre des valises de larves par exemple), le film se montre carrément irrespectueux envers les bases établies dans le MIMIC original. Ainsi, les créatures créées génétiquement à base de mantes religieuses et de termites dans le but de traquer les cafards deviennent ici des cafards géants dotés de gènes de termites et de fourmis ! Affirmation plutôt contradictoire donc puisque la créature devient en fait ce qu'elle devait éliminer…
Mais qu'importe ces quelques menus détails car le scénario n'est malheureusement pas seul à souffrir de la réduction de budget. Ainsi, les personnages séquestrés par les insectes violeurs ne seront qu'au nombre de quatre. Outre l'héroïne, nous aurons droit à deux enfants au talent plus que limité et un flic, interprété par le plutôt mauvais Bruno Campos, que l'on retrouvera dans la série NIP/TUCK ainsi que dans le futur RAMBO IV… Un casting peu réjouissant donc qui ne parviendra pas à insuffler le minimum de crédibilité pourtant vital à l'entreprise.
A côté de cela, MIMIC 2 se veut assez démonstratif. Le Juda pervers nous sera ainsi montré à de nombreuses reprises, laissant clairement apparaître les faiblesses de maquillage dont, à l'évidence, il souffre. En effet, là où les premier et troisième volets privilégient judicieusement l'obscurité, celui-ci n'hésite pas à exhiber une créature dont la bonne tête rappellera aux plus nostalgiques la sympathique créature mutante de LA MOUCHE NOIRE. Difficile, avec un tel faciès, d'envisager une relation sérieuse avec une humaine, aussi spéciale soit-elle ! Le Juda s'obstinera cependant et ce jusqu'à un dénouement réellement tétanisant de ridicule…
Si dans sa forme adulte, le Juda hérite donc d'un physique plutôt ingrat, force est de constater que ce n'est en rien le cas de ses rejetons potelés. Là encore, leur aspect est très différent et peu respectueux du magnifique travail effectué par TyRuben Ellingson dans MIMIC. Reste cependant qu'ils bougent rapidement et qu'ils parviennent lors d'une courte scène à surpasser qualitativement les nuées informes vues dans LE RETOUR DE LA MOMIE ou plus récemment SILENT HILL.
Globalement, MIMIC 2 est donc une suite de bien piètre qualité, n'offrant que peu de satisfaction à l'amateur d'insectes hors normes. Le film ne mollit pas mais l'ensemble manque réellement d'enjeux, à tel point qu'il devient difficile de s'y intéresser réellement et ce malgré sa courte durée. Cette séquelle se regardera d'un oeil amusé, parfois moqueur, la faute incombant sans doute à cette trame scénaristique plus que douteuse. Ni les quelques idées, ni les très rares effusions de sangs ne parviendront à accrocher le spectateur qui, lassé, risque fort d'être tenté de caresser la touche avance rapide de sa télécommande…
Bonne nouvelle toutefois, TF1 vidéo se fend pour ce MIMIC 2 d'une édition DVD plutôt correcte. Le film est ainsi proposé dans un format 1.85 (16/9) de bonne facture, appuyant les contrastes et les noirs comme il se doit. Du côté des pistes sonores, c'est aussi un sans faute avec des pistes Dolby Digital 5.1 et DTS pour la version originale comme pour le doublage français.
Ce disque fait par ailleurs exception dans la trilogie MIMIC puisqu'il est le seul en France à proposer de véritables bonus. Leur intérêt reste toutefois très limité mais nous aurons tout le loisir de jeter un oeil sur le Making Of d'une dizaine de minutes nous montrant hâtivement cinq jours de tournage. Un autre documentaire, encore plus bref, nous proposera de visualiser le procédé de mixage sonore d'une séquence au sein de la société Skywalker Sound. Enfin, outre les habituelles bandes-annonces, le DVD propose de découvrir quelques scènes coupées effectivement superflues. L'une d'elle permet cependant d'"expliquer" de manière assez simpliste le rôle de Reine reproductrice qu'attribuent les Judas à Remi... Une édition globalement honnête donc, qui supplante aisément ce qui a été produit pour les deux autres volets de la trilogie…
Vous l'aurez compris, MIMIC 2 est une suite dont on se serait bien passé. Les acteurs fades, la créature caoutchouteuse et la timidité de l'ensemble ne font qu'enfoncer ce qui, vu le scénario, ne pouvait déjà pas voler bien haut. MIMIC 3 oubliera fort heureusement ce second opus et ses idées étranges pour repartir sur de bien meilleures bases. Nous vous conseillons donc vivement de faire de même et de vous attaquer directement au volet signé J.T. Petty.