A la fin des années 90, le scénariste Michael Hamilton-Wright et le producteur Glen Tedham fondent leur compagnie de production Banana Bros, et envisagent de tourner en son sein un film d'épouvante. Pour eux, l'idéal serait de livrer une oeuvre placée sous le signe de Stephen King. Ils découvrent alors que les droits de la suite de THE MANGLER – titre vidéo - sont disponibles. Ils s'empressent des les acquérir. Rappelons que THE MANGLER est en fait une adaptation réalisée par Tobe Hooper d'une nouvelle issue du recueil "Danse macabre", nouvelle mettant en scène les méfaits gore d'une essoreuse industrielle possédée par un esprit maléfique !
Pour cette suite, Michael Hamilton-Wright écrit un scénario se voulant plus "dans l'esprit de" THE MANGLER que dans sa continuité narrative directe. C'est aussi lui qui prend en charge sa mise en scène, signant ainsi sa première réalisation (et sa dernière, pour le moment). Le film se tourne au Canada, en décor naturel. Il met en vedette deux comédiens hollywoodiens : la jeune Chelse Swain, qui venait d'apparaître dans VIRGIN SUICIDES ; et surtout Lance Henriksen, vedette de nombreux films fantastiques réputés des années 80 (ALIENS, AUX FRONTIERES DE L'AUBE) qui s'est ensuite mis à tourner, à un rythme stakhanoviste, dans de multiples petites productions...
Dans un lycée huppé, la rentrée se fait sous le signe de la technologie sécuritaire. En effet, l'établissement s'est vu offrir par le père d'une élève un système ultra perfectionné contrôlant tout le bâtiment : caméras vidéos, fermeture à distance des portes, transformation automatique des salles en fonction des cours qui vont s'y tenir… Tout est en place pour une année scolaire bien surveillée ! Jo Newton, une jeune gothique férue d'informatique, installe alors un virus, nommé le "Mangler" au sein de l'ordinateur du lycée. Des incidents et des dysfonctionnements se multiplient alors dans ce nouveau système de sécurité...
Et là, vous vous demandez : mais quel est le rapport avec le premier film ou avec le texte de Stephen King ? Pour être tout à fait honnête, il y en a réellement très peu ! Certes, dans les deux cas nous nous trouvons face à une machine détraquée qui, mue par une vie propre, se met à attaquer et tuer des humains. Quelques séquences de terreur se déroulant dans une buanderie et mettant notamment en scène une essoreuse peuvent être vues comme des clins d'oeil au film de Tobe Hooper. Mais ce sont bien les seuls éléments communs reliant les deux titres. D'ailleurs, le nom de Stephen King n'apparaît même pas au générique...
En fait, tout, dans THE MANGLER 2, sent à plein nez l'opportunisme. Nous avons affaire à un titre tentant désespérément de capter un peu de l'aura de l'auteur de SHINING, et ce en mêlant divers genres alors à la mode. Teen movie dans un lycée haut de gamme (SEXE INTENTIONS), comédie grivoise (AMERICAN PIE), slasher (SCREAM), thriller informatique (TRAQUE SUR INTERNET)... Les créateurs de THE MANGLER 2 brasse tout ce qu'ils peuvent avec un budget pour le moins réduit afin de créer le film le plus "ciblé" possible, destiné à plaire à un jeune public dont ils se font, apparemment, une bien piètre idée !
Mais le public en question ne s'est pas laissé faire ! Il tailla énergiquement un costard à THE MANGLER 2, lequel se fit aussi bien démolir par la critique que par les spectateurs à sa sortie. Pourtant, nous trouvons qu'il ne mérite peut-être pas un accueil aussi sévère. En effet, THE MANGLER 2 a au moins le mérite de ne jamais se prendre au sérieux, d'avancer sans prétention aucune et de proposer une amusante variante technologique du Slasher. En effet, nous retrouvons les composantes habituelles de ce genre (ambiance nocturne, personnages décimés les uns après les autres) confrontées à des thèmes venant directement de la science-fiction, et tout particulièrement celui de la révolte des machines. Le résultat s'avère amusant et adopte un rythme relativement soutenu... Certains personnages secondaires doucement caricaturaux, tel ce pittoresque cuisinier français ou le directeur du lycée incarné par Henriksen, ajoutent encore à la légèreté de l'ensemble.
Bref, malgré toutes les horreurs ayant pu être écrites à son sujet, nous trouvons que ce THE MANGLER 2 reste tout de même un petit film agréable, relativement original, sans prétention et ne provoquant pas l'ennui. S'il s'agit aussi d'un film superficiel et aux moyens évidemment limités, ce n'est déjà pas si mal ! Il ne provoquera pas la fin de la série, puisque, en effet, un troisième film fera son apparition : THE MANGLER REBORN, distribué fin 2005 directement en DVD aux USA...
De son côté, THE MANGLER 2 n'aura pas eu l'honneur de sortir en salles et il se verra donc distribué en vidéo directement, aussi bien aux USA qu'en France. Dans notre pays, il n'aura droit qu'à une édition au rabais, fournie sans version originale, qui circulera de vidéo-clubs en solderie sans faire de bruit. En Zone 1, Artisan a proposé un DVD beaucoup plus complet, disque que nous allons chroniqué ici.
Le disque Artisan (zone 1 et NTSC) propose THE MANGLER 2 dans un transfert 16/9 restituant le film dans son cadrage 1.77 d'origine. L'image n'est pas fracassante pour autant. Si la compression n'est pas décelable, on note la présence constante d'un léger grain et une définition quelconque. Le résultat reste globalement correct, surtout pour une petite production distribuée seulement sur le marché de la vidéo.
En ce qui concerne ses bandes sons, THE MANGLER 2 offre tout le confort attendu, avec sa piste anglaise originale disponible, aussi bien en stéréo qu'en 5.1, dans des mixages efficaces. On dispose aussi des sous-titres espagnols et anglais. Hélas, rien n'est prévu pour les Français...
En matière de suppléments, THE MANGLER 2 se montre plutôt généreux. Nous avons ainsi un commentaire audio réunissant le réalisateur-scénariste Michael Hamilton-Wright, le producteur Glen Tedham et l'acteur québécois Philippe Bergeron (qui incarne le savoureux "Chef Lecours"). Un commentaire léger et assez dynamique, même s'il ne faut pas s'attendre à des révélations fracassantes sur le cinéma fantastique et sa conception !
Nous trouvons encore une petite featurette de 13 minutes, revenant sur le tournage de THE MANGLER 2 : il s'agit à l'évidence d'un document purement promotionnel, même s'il se suit avec un certain amusement au vu des conditions de production assez précaires qu'il reflète. Il y a encore un bêtisier de quatre minutes, assez dispensable, tout comme les deux clips musicaux illustrant des chansons extraites de la bande originale du film. Puis, nous avons droit à sa bande-annonce, ainsi qu'à de nombreuses bio-filmographies des acteurs et des créateurs de THE MANGLER 2. Un feuillet glissé dans le boîtier propose encore quelques notes de production sur la genèse de ce projet...
Bref, une bonne petite édition pour un agréable petit film. Mais, hélas, ce disque est à réserver aux seuls anglophones amateurs d'imports...
