Header Critique : WOLF CREEK

Critique du film et du DVD Zone 2
WOLF CREEK 2005

 

Depuis quelques années, les cinéastes ont montré un regain d'intérêt au genre survival dont MASSACRE A LA TRONCONNEUSE reste le plus fier représentant, nous offrant ainsi de nouvelles additions très réussies. Proche de nous, Alexandre Aja a bluffé les fans avec son coup de poing cinématographique HAUTE TENSION, tandis que des réalisateurs anglo-saxons nous ont gratifié de moments délicieusement pervers avec des oeuvres comme DETOUR MORTEL, HOSTEL ou encore THE DESCENT. C'est cette fois au tour de l'australien Greg McLean de nous faire plaisir avec ce premier long métrage un peu oublié parmi les titres précités. La faute aux distributeurs français qui, malgré la présence du film au festival de Gérardmer en début de cette année 2006, l'ont programmé pour une sortie en salles au mois d'août de cette même année alors que des éditions DVD américaine et anglaise existent déjà depuis plusieurs mois.

Basé sur des faits réels que nous évoquerons un peu plus loin, l'histoire est celle de Liz et Kristy, deux jeunes femmes anglaises qui entreprennent un voyage à travers une partie de l'Australie en compagnie de Ben, un jeune homme rencontré sur place. Arrivées au cratère météorologique de Wolf Creek, leur voiture refuse désormais de démarrer et elles n'ont d'autre choix que d'attendre une bonne âme de passage. Celle-ci se manifestera sous les traits de Mick Taylor dont les desseins inimaginables vont conduire le trio directement en Enfer.

Le film prend son temps à démarrer, préférant se focaliser en premier sur ses trois protagonistes ce qui s'avère un choix judicieux compte tenu du côté vu et revu de l'intrigue de base. Les jeunes gens n'ont rien de bien particulier, ils possèdent tous un physique agréable mais ordinaire, et profitent de la vie de vacances avant un retour à la normale. On est là, avec eux, au milieu d'une ambiance détendue où il n'existe de prime abord aucune menace - on avance doucement mais sûrement vers un destin d'autant plus cruel et marquant que l'on a eu le temps d'apprécier les personnages. Le métrage fonctionne un peu à la manière de nombreux vieux films d'horreur où on ne voit le monstre qu'à la fin. On sait ce qui va arriver mais on ne sait ni quand, ni comment. Seule une séquence du début où Liz prend un dernier bain de mer présage une certaine finalité de par la beauté des images et la musique triste qui les accompagne.

A partir du moment où l'antagoniste est introduit dans l'histoire, il s'opère des changements subtils chez les personnages, renversant peu à peu la situation de départ qui faisait de Ben l'homme de la situation. D'esprit libre et décontracté, il redevient soudain un petit garçon soumis à la domination naturelle d'un tueur froid et vicieux, dépourvu de toute forme de compassion. Vivant seul au milieu du bush, Taylor a trouvé le moyen idéal d'assouvir ses pulsions en massacrant des touristes dont personne ne sait qu'ils ont même disparu. Le réalisateur se permet un clin d'oeil plutôt amusant à CROCODILE DUNDEE, la référence première pour le personnage en ce sens qu'il devait être typiquement australien et avoir quelques tics facilement identifiables à l'instar d'autres tueurs déjà plus connus (Jason Voorhees, Freddy Krueger…). Mick Taylor est interprété avec brio par John Jarratt, un acteur prolifique qui a surtout des téléfilms à son actif. Il sait se montrer charmant mais son comportement possède aussi quelque chose d'indicible qui le rend d'emblée inquiétant. Son humour est très particulier (ce rire !) et ajoute une facette manipulatrice évidente à la lumière de ses actes.

Les deux jeunes femmes sont jouées par des actrices australiennes. Venue également de la télé, Cassandra Magrath est Liz Hunter, le personnage principal, qui passe de réservée et délicate à débrouillarde et courageuse. Son amie Kristy est campée par Kestie Morassi qui s'est déjà fait un petit chemin au cinéma australien dans des comédies dramatiques. Elle est le Yang du Ying de son amie, extravertie et sécurisante qui se retrouvera en victime soumise, totalement dépassée par la situation. Ben est joué par Nathan Phillips, jeune homme charmant à la tête rasée et aux tatouages branchés, une image collant de près à celle que l'on se fait des surfeurs amateurs typiques du pays. L'un des bémols du métrage provient du fait que son personnage disparaît pendant une bonne partie du film alors qu'il va s'avérer crucial. Ce choix est assez intéressant en ce qu'il prend le genre à contre-pied en omettant de nous montrer des inserts révélant son destin, mais au final, cela donne également une impression décousue à l'histoire ce qui peut en gêner la lecture.

Certains comportements ne marquent pas beaucoup de points de crédibilité non plus mais le métrage n'en reste pas moins une réussite du genre. McLean arrive à installer un vrai malaise et un grand sentiment de terreur chez le spectateur en exploitant à fond la peur de l'inconnu et l'instinct de survie dans une situation extrême. Bien que les mises à morts soient vicieuses et sans concession, nous sommes loin de la violence brute de HAUTE TENSION, par exemple, ou de l'intensité extrême de THE DESCENT. Mais à l'instar de ces deux films, les effets spéciaux sont artisanaux, marquant encore une fois un retour aux sources bienvenu parmi un flot continu d'images numériques trop fluides et parfaites pour développer l'ambiance dans la majorité des productions récentes. Ici, on voit le couteau entrer et tourner douloureusement dans une plaie, on voit le résultat peu ragoûtant d'un tir de fusil en pleine tête, on voit les corps décomposés et déchiquetés d'anciennes victimes, on peut presque sentir l'odeur nauséabonde qui règne dans l'antre du tueur sans pour autant se noyer dans des litres d'hémoglobine.

Pour le ton crasseux et méchant, WOLF CREEK se rangerait plutôt du côté de HITCHER que du trop lisse DETOUR MORTEL, et c'est en premier lieu grâce à son décor principal, le bush australien. Le paysage est à 100% cinégénique, les plaines immenses s'étendent à perte de vue, instaurant une solitude si complète qu'elle en provoque une claustrophobie de par le fait qu'il n'existe aucun moyen de communiquer avec le monde extérieur. La rencontre avec un tueur qui connaît cet endroit comme le fond de sa poche rend la situation des victimes d'autant plus désespérée et démontrée par les meurtres étant à l'origine de l'idée du scénario.

Au début des années 1990, deux squelettes sont retrouvés par un randonneur. Des fouilles vont rapidement en révéler d'autres, le nombre augmentant rapidement au fil des mois. Suite au témoignage d'un auto-stoppeur survivant, Ivan Milat est arrêté, jugé et condamné à la prison à perpétuité pour sept meurtres. Comme tout bon tueur en série qui se respecte, il n'a avoué que les meurtres dont on lui a présenté des preuves irréfutables - le nombre exact de ses victimes restera à toujours une énigme. Une seule allusion à Milat est faite dans le film où son nom et prénom figurent sur un panneau sous forme d'anagramme, «Navithalim Mining Company» mais il en est fait mention dans les suppléments. Il n'a pas été question ici de retracer fidèlement ces évènements mais la violence et le sadisme extrême restent très proches de la réalité. Pour l'anecdote, les autorités australiennes avaient demandé à ce que le film ne sorte qu'après le procès en 2005 d'un autre tueur de randonneurs, Bradley John Murdoch.

L'image est présenté dans un ratio 1.85, respectant le format cinéma. Le directeur de la photo, Will Gibson a réussi un exploit remarquable au niveau de la composition des images qui ne sont rien moins que sublimes. Tourné en Vidéo Haute Définition, le résultat est incroyable, autant durant les scènes de jour que de nuit. Certaines parties ont été retravaillé avec des images numériques (comme un morceau de ciel pluvieux remplacé par un ciel bleu) mais cela reste discret. Aucun effet de style n'est à déplorer, le réalisateur ayant misé sur un côté documentaire avec caméra à l'épaule ce qui profite bien sûr à son film.

Les pistes audio sont présentées en stéréo et en Dolby Digigtal 5.1. La seule langue est l'anglais et malheureusement, aucun sous-titre n'est présent, même pas pour malentendants. Mais comme le reste, le son est absolument excellent. Les dialogues sont tous audibles et la musique souligne de façon irréprochable les émotions que veut faire passer le réalisateur.

Du côté suppléments, nous sommes franchement bien servis. Le commentaire audio présente Greg McLean, Matt Hearn (l'un des producteurs), Cassandra Magrath et Kestie Morassi. Nous sommes d'emblée plongés dans une ambiance sympathique et détendue où les anecdotes sont drôles sans prendre le dessus sur les informations d'ordre technique. Le petit budget alloué avait obligé l'équipe à filmer là où ils le pouvaient et ensuite à tout relier au montage. L'exactitude géographique n'est de ce fait pas de mise mais cela n'a aucune importance pour le profane. On apprend également que le temps leur a joué bien des tours. Arrivés dans un lieu où il n'avait pas plu depuis dix ans, des trombes d'eau se sont ensuite abattues pendant trois jours entiers mais, curieuse coïncidence, ce malheureux incident arrive à point nommé dans le film juste au moment où la menace s'installe. D'autres événements imprévus ont également contribué à la réussite du projet et on se dit que parfois, le hasard fait vraiment bien les choses. Le seul bémol est la coupe très brusque au début du générique de fin, nous laissant sans un au revoir, ni rien.

Le Making Of de 50 minutes est l'autre grande réussite du DVD. Nous rencontrons les différents participants du tournage qui, malgré les difficultés apparentes, a l'air de s'être déroulé dans la bonne humeur. La passion du réalisateur est aussi évidente que son talent artistique et il ne semble pas particulièrement touché par les obstacles, étant du genre à trouver des solutions créatives pour les contourner plutôt que d'abandonner. Le documentaire est intéressant et informatif au lieu de se poser en promo déguisée. Et nous avons rarement vu un caméraman à la conscience professionnelle aussi développée !

L'interview de John Jarratt dure une vingtaine de minutes. L'acteur se trouve face à une caméra fixe et on n'entend pas les questions qui lui sont posées. Sa transformation physique dans le film est ce qui frappe en premier, tandis que ce père de six enfants parle du réalisateur et de son rôle. Le côté statique des images a un effet hypnotisant à force mais l'homme est très agréable à écouter, apportant d'autant plus de profondeur à son personnage.

Les scènes coupées sont au nombre de trois seulement, et on aurait aimé qu'elles soient commentées car présentées toutes seules, elles ne comportent pas un très grand intérêt. Nous avons ensuite un teaser du film d'une minute qui donne franchement envie, ainsi que trois bandes annonces. La première est celle de WOLF CREEK, la deuxième consacrée à HAUTE TENSION (ou SWITCHBLADE ROMANCE en anglais) et la dernière offre des images du film anglais DEAD MAN'S SHOES que, par ailleurs, nous vous conseillons chaudement. Enfin, nous trouvons un extrait de CRY_WOLF, un teen movie d'horreur encore inédit en nos contrées.

Sans se poser en jalon du genre, WOLF CREEK est un excellent survival sans prétentions qui ravira le coeur des fans du genre. Espérons que la sortie en salles sera à la hauteur de ses mérites et qu'une édition DVD complète nous soit proposée ensuite.

Rédacteur : Marija Nielsen
55 ans
98 critiques Film & Vidéo
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La réalisation de Greg McLean
Le bush australien
Un tueur charismatique
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L'édition vidéo
WOLF CREEK DVD Zone 2 (Angleterre)
Editeur
Optimum
Support
2 DVD
Origine
Angleterre (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire audio de Greg McLean, Matt Hearn, Cassandra Magrath et Kestie Morassi
    • Making Of (49mn41)
    • Interview de John Jarratt (20mn55)
      • Scènes coupées
      • Nathan At Store - "G'Day" (0mn35)
      • Kestie In Bed With Nathan (1mn38)
      • Cass Down The Well (3mn42)
      • Bandes Annonces
        • Wolf Creek
        • Teaser
        • Trailer
      • Haute Tension
      • Dead Man's Shoes
    • Extrait de Cry_Wolf (3mn42)
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