Au cours de la seconde moitié des années 70, l'horreur anglaise, triomphante durant les sixties, n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'épouvante américaine, qu'il s'agisse d'oeuvres produites par des majors (L'EXORCISTE) ou de productions indépendantes (MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, HALLOWEEN…), l'a largement emporté. Les grands studios américains tournent tout de même encore des films en Grande-Bretagne (LA MALEDICTION est produit par la Fox avec succès), tandis que la Hammer tente un dernier sursaut en s'agrippant à la vague démoniaque, avec UNE FILLE POUR LE DIABLE.
Autre tentative de redonner son lustre d'antan à l'épouvante anglaise, PSYCHOSE PHASE 3 s'avère un long métrage mettant en vedette deux petites célébrités du cinéma hollywoodien : Sam Elliott (FROGS) et Katharine Ross (LE MYSTERE STEPFORD - titre vidéo). On retrouve aussi des figures plus traditionnelles du fantastique anglais. L'acteur Charles Gray (LES VIERGES DE SATAN) ou, surtout, l'incontournable scénariste Jimmy Sangster, collaborateur fondamental de la Hammer dans son âge d'or (FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE, LE CAUCHEMAR DE DRACULA). Par-dessus tout cela, nous trouvons Roger Daltrey, le chanteur des Who qui tient là son premier vrai rôle de cinéma, après les deux films musicaux de Ken Russell qu'il a interprété (TOMMY et LISZTOMANIA). Enfin, la mise en scène est confiée à un jeune réalisateur venant de la télévision : un dénommé Richard Marquand, qui se verra confier, quelques années plus tard, la direction d'un certain LE RETOUR DU JEDI !
Margaret et Pete, deux californiens, sont invités à passer quelques jours dans le manoir anglais du milliardaire Jason Montoulive afin d'y effectuer des travaux. Ils sont rejoints par cinq autres personnes, tous venus pour la lecture du testament de Mountolive. En effet, celui-ci est mourrant et compte leur annoncer son héritage. Dès le premier soir, une des invités se noie dans la piscine de la propriété. Comme les évènements étranges se multiplient, Margaret et Pete tentent de s'enfuir du domaine. En vain…
Les histoires de cultes démoniaques et de satanisme sont fort à la mode dans les années 70, après le triomphe ROSEMARY'S BABY, L'EXORCISTE ou LA MALEDICTION. PSYCHOSE PHASE 3 marche clairement sur les traces de ces succès en tentant de l'acclimater aux ambiances des films de maison hantée les plus classiques : plusieurs invités sont réunis dans une vénérable demeure, et des morts mystérieuses s'accumulent de façon inexplicable, comme au bon vieux d'UNE SOIREE ETRANGE.
Il ne faut pas chercher les inspirations de PSYCHOSE PHASE 3 uniquement du côté des Etats Unis. On relève effectivement de nombreuses références à SUSPIRIA, sorti peu de temps avant. Jeune femme se baignant dans une piscine à la décoration baroque, victime chutant en traversant une verrière, allusion à la sorcellerie, personnage maléfique respirant bruyamment sur son lit, caché par des voiles mystérieux…
PSYCHOSE PHASE 3 garde tout de même une personnalité bien britannique. En mariant un fantastique des plus classiques, une ambiance gothique, et un humour noir souvent pince-sans-rire, il trouve un équilibre intéressant entre ironie réelle et cinéma terrifiant. C'est sans doute là sa meilleure réussite.
Au rang de ses points forts, citons aussi certaines séquences bien trouvées, sachant imposer une ambiance surnaturelle des plus convaincantes. Lorsque Margaret et Pete tentent de fuir la villa au volant d'une Rolls Royce, toutes les routes sur lesquelles ils conduisent les ramènent immanquablement, et inexplicablement, à la redoutable demeure.
Malheureusement, PSYCHOSE PHASE 3 s'avère aussi lent et dénué de personnalité. Il souffre d'une mise en scène souvent quelconque, d'un scénario rapidement laborieux et d'une musique extrêmement datée. Quant à la distribution, elle paraît bien hasardeuse, particulièrement pour les deux rôles des américains. Non seulement Sam Elliott ne paraît pas spécialement concerné par les évènements se déroulant autour de lui, mais son personnage lui-même semble inutile à l'intrigue, décalé par rapport à son environnement…
Finalement PSYCHOSE PHASE 3 s'avère un long métrage médiocre. Bien qu'il semble avoir été conçu avec des moyens relativement importants, son opportunisme et son manque de rythme en font un titre mineur, dont on sauvera juste quelques passages et un ton ironique plutôt singulier.
PSYCHOSE PHASE 3 s'est vu édité en DVD en 2004, dans un premier temps aux USA (NTSC, zone 1), chez Universal. Ce disque proposait la piste anglaise d'origine, mais aussi des sous-titres français. Puis, ce titre a progressivement refait surface dans divers coins du globe, et plus particulièrement en France, où Néo Publishing l'a placé dans les rayonnages des boutiques de l'hexagone.
Ce DVD propose PSYCHOSE PHASE 3 dans une copie au format panoramique 1.77, dans un télécinéma à la définition très affûtée. On peut faire quelques petits reproches à son sujet. Les couleurs paraissent un peu appuyées, tout comme les noirs, tandis qu'un léger bruit se fait sentir dans les arrières-plans. Rien de terrible rassurez-vous, et la qualité de la copie argentique proposée compense en partie ces petits inconvénients somme toute discrets.
La bande-son anglaise, en stéréo d'origine, est disponible, et elle s'avère d'une qualité tout à fait satisfaisante. Un sous-titrage français peut-être enclenché, ainsi que le doublage francophone en mono codé sur deux canaux. Cette dernière piste est exclusive au disque français.
Pour les suppléments, nous trouvons une bande-annonce anglophone de PSYCHOSE PHASE 3 (au format 1.33) ainsi que sa fiche technique et les filmographies du réalisateur Richard Marquand ou des acteurs Katharine Ross, Sam Elliott, Roger Daltrey et John Standing. Une galerie d'images, exclusive à ce disque, réunit de nombreuses photographies d'exploitation et de plateau. Par contre, nulle trace de certains suppléments indiqués sur le fourreau. Ce dernier annonce ainsi gaillardement la présence d'interviews de Richard Marquand et des acteurs Katharine Ross, Sam Elliott, Roger Daltrey et John Standing, interviews inexistantes en réalité.
Quoi qu'il en soit, nous avons affaire à une édition honnête, permettant aux francophones adeptes des disques zone 2 et de la version française d'avoir accès à ce titre dans des conditions correctes.
