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Critique du film et du DVD Zone 2
CONSTANTINE 2005

 

L'équilibre entre le monde du Bien et du Mal a été rompu. Les démons commencent à envahir Los Angeles à la recherche d'un médium et d'un prêtre afin de préparer la venue de Mammon, le fils du Diable. John Constantine, chasseur de démons, va s'allier avec Angela Dodson, une officier de police, dans la lutte contre les forces des ténèbres.

Le personnage de John Constantine fit sa première apparition dans la BD Saga of the Swamp Thing (1985). Son succès auprès du public fut tel que trois ans plus tard, il eut sa propre BD (Hellblazer), qui aurait dû s'appeler Hellraiser si Clive Barker ne l'avait pas choisi en premier. Cette ressemblance fut également la raison du titre CONSTANTINE pour l'adaptation ciné.

Ce chasseur de démons hors du commun est un personnage arrogant, nonchalant et dépourvu d'empathie. Il faut creuser très profond pour en soutirer des semblants d'émotions qui, de toute façon, s'avèrent non durables. Il a tout fait, tout vu. L'ironie de son existence est que le monde surnaturel l'a rendu blasé, on dirait qu'il chasse les ténèbres pour son amusement. Seul la réalité peut le toucher et ceci, elle le fait durement sous forme d'un fatal cancer aux poumons.

Dans le film, notre première rencontre avec Constantine se fait dans un petit appartement où se trouve une jeune fille possédée. A l'aide d'un miroir, il va forcer le démon à y entrer pour ensuite le briser en mille morceaux. Une scène plutôt impressionnante qui n'est pas sans rappeler à beaucoup de niveaux un autre classique du genre, L'EXORCISTE. Mais CONSTANTINE explore d'autres voies en prenant à contre-pied des idées désormais devenues des clichés. Au lieu de se servir d'eau bénite contre les démons, il va, par exemple, se bastonner avec eux ou allumer une relique de manière à provoquer une énorme explosion.

Lorsque la soeur jumelle d'Angela Dodson se suicide, celle-ci prend contact avec Constantine. Etant catholique, elle a du mal à admettre l'idée que Satan pourrait dominer le monde mais petit à petit, il lui faudra laisser son scepticisme de côté. Elle ira jusqu'à explorer l'enfer elle-même dans une scène impressionnante où elle manque de se noyer dans une baignoire (?!), l'eau étant utilisée comme conducteur universel. Constantine y aura également recours en s'aidant d'abord d'un chat, un animal qui représente le démon dans la religion chrétienne, et plus tard, de l'un des symboles les plus puissants en rapport avec la mort, une chaise électrique.

En contrepartie des démons, on trouve leur antithèse avec les anges. Des êtres mythiques intermédiaires entre Dieu et l'homme, représentés par Gabriel (une Tilda Swinton androgyne et magnifique). Leurs ailes ne sont plus d'un blanc pur mais foncées, s'inspirant des peintures de Caravaggio. Ces créatures ne sont pas forcément que bonté, leur côté mi-humain les menant souvent sur des voies de traîtrise ou d'abus de leurs pouvoirs.

Sur le papier, Keanu Reeves ne paraît pas comme l'acteur idéal pour incarner un personnage aussi complexe. Mais il faut bien admettre qu'il s'en sort plutôt bien. Pourtant, il en est très différent physiquement. Constantine est anglais et blond, basé à l'origine sur le chanteur Sting. Reeves est brun et américain et n'a jamais brillé par des compositions de personnages très profondes. D'après le scénariste Kevin Brodbin, aucun producteur ne s'intéressait au script originel. Il a changé la nationalité de son protagoniste et il n'a pas fallu longtemps aux producteurs pour l'accepter. L'esprit de la BD n'est pas très bien conservé car beaucoup de choses ont souffert du passage d'oeuuvre d' «horreur urbaine» à un film à gros budget. Mais malgré ces différences fondamentales pour les fans hardcore, cela renforce plutôt le côté frais et novateur du projet.

Les rapports de Constantine avec les forces des ténèbres restent toujours un peu obscures. Par moments, on a l'impression qu'il en sait plus qu'il n'en dit et une scène clé témoigne du fait que le Diable en personne ne lui fait pas si peur que cela. Cependant, là où le personnage de la BD ne se débrouille pas très bien durant les combats, le héros du film aura recours à des armes fabriquées pour lui par un ami, un peu à l'image d'un Q pour James Bond, le côté McGuyver en moins.

Les personnages qui gravitent autour de notre héros ont tous quelque chose de particulier qui lui sert. Il y a d'abord son apprenti, Chas, qui le conduit partout dans un taxi jaune. Dans la BD, Chas est un homme adulte qui a une famille et c'est le meilleur ami de Constantine. L'intellect de Chas complète à merveille le côté plus physique de son ami. Leur relation a survécu à de nombreuses complications intérieures et extérieures. Il est donc un peu dommage de l'avoir réduit à un jeune homme immature et sans réelle importance dans le fond.

Le père Hennessey est en fait la contraction de trois personnages de la BD : Un junkie, un médium et un prêtre. Comme à son habitude, Constantine manipule ses amis à des fins personnelles. Ils le paieront à chaque fois de leur vie, rajoutant au poids qui pèse déjà sur les épaules de notre protagoniste. A l'origine, Hennessey mourait en mangeant. Mais au lieu de grossir, il maigrit à vitesse phénoménale. La scène étant trop chère à réaliser, ici, il va boire de l'alcool jusqu'à s'y noyer, sauf que de son point de vue, rien ne sort des bouteilles.

Le plus grand problème du film est la confusion qu'il engendre. En effet, celui-ci souffre d'un trop-plein d'idées qui fait partir le résultat final dans tous les sens, alors qu'elles mériteraient d'être mieux expliquées. C'est surtout, et un peu malheureusement, en regardant la pléthore de suppléments que l'on se rend vraiment compte du manque de focalisation.

Bien que Francis Lawrence soit un as du vidéo-clip (Britney Spears ou Aerosmith entre autres), il porte une réelle attention à ses personnages et à leur évolution. Un petit manque de rythme et d'intensité se fait malgré tout ressentir durant les scènes d'exposition mais on se dit qu'avec encore quelques films à son actif, Lawrence sera un réalisateur à suivre. Certaines scènes auraient aussi gagné en clarté et profondeur si des coupes n'avaient pas été réalisées.

A ce propos, le second disque contient justement non moins de 18 minutes de scènes coupées se terminant par une fin alternative. Cette dernière n'en est pas vraiment une puisqu'elle ne concerne que les 30 dernières secondes du film. A ce propos, une brève scène a été gardée à la toute fin du générique. A vous de juger de son utilité. Parmi les treize (!) autres scènes coupées ou modifiées, une bonne moitié aurait aidé à approfondir le personnage de Constantine ou intensifier l'ambiance démoniaque. Les coupes ont été faites en fonction d'un manque de budget ou pour des raisons de rythme. Par contre, la scène concernant "Vermin Man" (un démon composé d'insectes, de serpents, d'oiseaux, de crabes, etc) a été refaite parce que les effets spéciaux n'étaient pas à la hauteur des espoirs de Lawrence. Pourtant, ce passage dans le film est totalement inutile.

Film récent oblige, les défauts sur l'image du DVD sont quasiment inexistants ce qui ne risque pas de provoquer la surprise surtout de la part de Warner qui soigne donc la partie vidéo de ce métrage à gros budget. Par contre, si les pistes sonores en Dolby Digital 5.1 ont de quoi transformer en enfer votre salon, ce n'est pas pour autant le paradis pour les aficionados de l'audio extrême puisque l'on aurait peut être pu attendre un rendu encore plus dantesque. Néanmoins, cela reste bougrement efficace que ce soit dans le cas de la version originale sous-titrée, à privilégier, ou dans celui du doublage français !

En plus des scènes coupées déjà mentionnées auparavant, on peut trouver de nombreuses featurettes. Dans le genre, on trouve celle qui porte l'intitulé «De la BD à l'écran», d'une durée de 15 minutes, et qui présente l'écrivain Jamie Delano mais non le créateur du personnage original, Alan Moore. Dû à ses grosses déceptions avec Hollywood (FROM HELL et LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES), il renie toute appartenance au projet, allant jusqu'à refuser son nom au générique. Pourtant, les autres participants à ce bonus ne tarissent pas d'éloges sur l'oeuvre originelle, à un tel point que cela devient un peu gênant. Si, pour eux, le matériau de base était aussi bon, alors pourquoi ne pas en avoir retranscrit quelque chose de plus consistant à l'écran ?

«La production et l'enfer» (20 minutes) se divise en trois parties toutes concernées ou commentées par le réalisateur. Il parle de la difficulté à passer du clip à la réalisation d'un long métrage et de son réel désir de dépeindre des personnages en chair et en os. Il détaille la scène d'ouverture avec la voiture qui heurte Jesse mais la partie la plus intéressante concerne les armes et les accessoires. La symbolique très importante de certains objets d'origine religieuse n'est pas très claire dans le film et il est dommage de les avoir ignorés sous prétexte que l'assemblement d'une arme, par exemple, a déjà été vue et revue. Constantine se sert du fusil sacré pour une raison, ainsi que de son poing américain ou encore d'un morceau de linceul. Bien qu'ayant de l'imagination, le spectateur ne peut pas tout deviner.

Avec «Le visage de l'enfer», nous passons à la partie technique et aux effets spéciaux. Répartis dans quatre sous-menus, ces bonus ont une durée collective de 30 minutes et nous débutons par la création de l'enfer, présenté comme étant un univers qui existe en parallèle avec le nôtre, un endroit balayé par des vents titanesques, peuplé par des créatures difformes chez qui manque la moitié de la tête et par extension, toute la cervelle. Pourtant, ils vivent, bougent, reniflent et dévorent tout humain qui passerait par là. Le reste nous présente des dessins de productions, des essais CGI et les versions définitives du "Vermin Man", des ailes des anges et du passage d'Angela à travers les murs.

Pour «Constantine, un héros mythologique», le titre est assez explicite en soi. Dans ce bonus assez court (une dizaine de minutes), les thèmes développés sont l'héroïsme, le sacrifice, la voie à suivre et la découverte de soi. Cela fait beaucoup en si peu de temps mais aide à la compréhension de certains passages du film.

«Le rôle de la prévisualisation» est un supplément non sous-titré de 15 minutes. Lawrence commente des story-boards en numérique, détaillant sa façon de préparer une scène avant de la filmer, ce qui présente, comme on s'en doute, un gain de temps considérable une fois sur le plateau.

Nous avons trouvé trois bonus cachés sur le deuxième disque des suppléments. Sur le premier menu, placez-vous sur le crâne de bélier. Au milieu du front apparaît alors un symbole en sur-brillance. Cliquez dessus et vous verrez un poème animé de Frank Cappello, en noir et blanc, d'un peu plus d'une minute. Sur le menu «La production et l'enfer», placez-vous sur Bonus et allez ensuite vers la gauche. Cliquez sur la croix en pendentif du squelette et vous verrez une interview de deux minutes du coordinateur des cascades. Enfin, sur le menu «Le visage de l'enfer», un symbole apparaîtra sur le front du personnage en se plaçant dessus. Ici vous trouverez une interview de deux minutes avec l'acteur Gavin Rossdale (Balthazar) ainsi que la pose de son maquillage en accéléré.
La partie DVD-Rom est assez succincte puisqu'elle ne permet que d'installer un habillage « Constantine » pour Windows Media Player ainsi qu'une démo du jeu, en version PC, dérivé du film et décliné sur ordinateur mais aussi console.

Pour en revenir au premier disque, sur le commentaire audio, nous trouvons Francis Lawrence, Akiva Goldsman, Kevin Brodbin et Frank Cappello sur une seule et même piste. Vous n'aurez pas droit à beaucoup d'anecdotes, leurs dialogues se limitant à commenter les scènes et leur coût, à blaguer et à se congratuler entre eux. Malheureusement, et comme il est de coutume avec les DVDs Warner, ce commentaire audio n'est pas sous-titré. Deux bandes annonces non sous-titrées et un clip vidéo du groupe A Perfect Circle viennent compléter ce double disque très fourni.

Au final, CONSTANTINE est une oeuvre très sympathique et visuellement superbe. Elle ne satisfera pas les fans purs et durs de la bande dessinée mais a le mérite de proposer pour les autres des idées intéressantes concernant la vie, la mort, Dieu et le Diable. Il est juste dommage de devoir regarder les suppléments pour obtenir toute la richesse de l'ensemble des éléments du film.

Rédacteur : Marija Nielsen
55 ans
98 critiques Film & Vidéo
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Les bonnes idées du film
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Certains suppléments non sous-titrés
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L'édition vidéo
CONSTANTINE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
2h01
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Arabe
  • Néerlandais
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • Commentaires audio de Francis Lawrence, Akiva Goldsman, Frank Cappello et Kevin Brodbin
    • "Passive" clip vidéo de A Perfect Circle
      • Bandes-annonces
      • Teaser
      • Trailer
    • Constantine : de la bande dessinée à l'écran (15mn42)
      • La Production et l'Enfer
      • Confession du réalisateur (5mn30)
      • Confrontation avec le mal (4mn42)
      • Les Armes et les Accessoires du film (8mn22)
      • Le Visage de l'Enfer
      • Exploration de l'Enfer (12mn)
      • La création de "Vermin Man" (9mn30)
      • Les Ailes des Anges (3mn16)
      • La scène de l'enlèvement (5mn48)
    • Constantine : un héros mythologique (5mn20)
    • Le rôle de la prévisualisation (13mn58)
      avec ou sans commentaire audio de Francis Lawrence
      • Scènes inédites et fin alternative (17mn44)
        avec ou sans commentaire audio de Francis Lawrence
      • Au bowling
      • Ka vidéo du suicide d'Isabelle
      • L'attaque aux frontières
      • La réaction de Hennessy
      • La discussion de John et Ellie
      • L'Embuscade de "Vermin Man" (version alternative)
      • Recherche sur l'exorciste
      • L'Arrivée au club
      • Ellie et John dans le club
      • Souvenirs traumatisants
      • Light Command
      • La Confession d'Ellie
      • Le Pardon du Diable
      • Fin alternative
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