Header Critique : MARQUE, LA (QUATERMASS 2)

Critique du film et du DVD Zone 2
LA MARQUE 1957

QUATERMASS 2 

Un soir, Quatermass vient en aide à un couple d'automobiliste. L'homme souffre d'un étrange mal qu'il a contracté après avoir toucher les débris d'un objet tombé du ciel...

Après le succès remporté dans les salles avec LE MONSTRE, la Hammer Film va tout naturellement acquérir les droits de la seconde aventure télévisuelle du personnage de Quatermass auprès de la BBC. Mais, cette fois, la maison de production britannique va aussi recourir aux services de Nigel Kneale, créateur du personnage, puisqu'il n'est plus lié par contrat avec la BBC. C'est donc au scénariste de la version télévisée de couper dans le gras des trois heures de programme pour aboutir à un script à même de donner naissance à un métrage cinématographique à la durée raisonnable. De nombreux rebondissements sont ainsi laissés de côté pour resserrer l'histoire sur l'essentiel. Enfin, le budget sera largement plus gros que celui du film précédent avec une enveloppe d'environ 90.000 livres sterling.

Même si Nigel Kneale a toujours exprimé sa désapprobation concernant l'interprétation de Brian Donlevy dans le rôle titre, l'acteur est de retour dans cette nouvelle aventure. Ce qui paraît le plus amusant, c'est que Brian Donlevy est le seul acteur à avoir interprété le rôle à plusieurs reprises à l'écran et ce, donc, à l'encontre de l'avis du créateur du personnage. On retrouve aussi la plupart des techniciens ayant travaillé sur LE MONSTRE avec, bien sûr, le réalisateur Val Guest, le compositeur James Bernard ou encore le maquilleur Phil Leakey. Nouvelle recrue au sein de la Hammer Film, Bernard Robinson prend en charge les décors du film et il deviendra par la suite l'un des techniciens clé du succès des films d'épouvante gothique qui sont sur le point d'être lancés. Bernard Robinson embrayera d'ailleurs juste après sur FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE ! Par contre, Jack Warner ne reprend pas, quant à lui, son rôle de l'inspecteur Lomax et cède sa place à John Longden qui campe un policier au ton bien plus grave.

Sorti dans les salles anglaises avant QUATERMASS 2, le grand succès remporté par FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE ! éclipse le second métrage de la série des Quatermass. Il passera quelque peu inaperçu alors que les critiques de l'époque ne sont pas des plus tendres avec lui. Un troisième film, toujours d'après une version télévisée, sera alors mise de côté puis refera surface à plusieurs reprises avant d'être finalement concrétisé seulement une dizaine d'années plus tard avec LES MONSTRES DE L'ESPACE mais, contrairement aux deux premiers films, Nigel Kneale sera cette fois bien plus content du résultat…

LA MARQUE partage de nombreux points communs avec L'INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURES ce que ne manque pas d'être noté dès que l'on parle du film de Val Guest. Mais il paraît peu probable que ce soit la source des idées de Nigel Kneale. On pourrait simplement croire sur parole le scénariste qui affirme n'avoir eu aucune connaissance du livre de Jack Finney au moment de l'écriture de QUATERMASS II, le feuilleton télévisée. Mais c'est surtout le fait que le livre paraît aux Etats-Unis la même année qu'est diffusé sur les ondes QUATERMASS II en Grande Bretagne qui permet de douter puisque, dans les années 50, l'information circulait bien moins vite que maintenant et cette piste est donc loin d'être pertinente. Plus crédible serait de citer «Les Maitres du Monde» de Robert Heinlein dont le sujet est, une nouvelle fois, très proche avec son invasion insidieuse et qui était paru quelques années auparavant. Quitte à creuser, côté cinéma, INVADERS FROM MARS a, lui aussi, des points communs avec l'histoire de Nigel Kneale. Il est donc toujours possible de spéculer…

En tout cas, un réalisateur n'a jamais caché son admiration pour la série des Quatermass jusqu'à utiliser ce nom comme pseudonyme au générique de PRINCE DES TENEBRES. On pourrait même s'amuser à trouver des points communs entre les trois films de la Hammer et certaines oeuvres de John Carpenter. Par exemple, dans PRINCE DES TENEBRES, les sans abris adoptent des attitudes assez semblables à celles des passants dans les séquences finales des MONSTRES DE L'ESPACE. Et, plus particulièrement en rapport avec LA MARQUE, on ne peut s'empêcher de penser à INVASION LOS ANGELES. Mais le sérieux du traitement de ses histoires ainsi que son personnage principal est surtout souvent vus comme le précurseur des histoires mettant en scènes d'autres enquêteurs en bute avec des extraterrestres et le surnaturel (AUX FRONTIERE DU POSSIBLE, KOLCHAK ou encore THE X-FILES).

Dans LE MONSTRE, toute l'histoire se focalisait sur l'horrible et tragique transformation qui affligeait un astronaute après son retour sur Terre. Dans cette suite, la menace extraterrestre se fait autre et plonge le personnage principal au milieu d'un complot qui a atteint les plus hautes instances. LA MARQUE est pourvu d'un récit bien plus mouvementé et, en raison de cela mais aussi à cause de l'ampleur de la menace, les éléments horrifiques sont finalement bien moins efficaces. Avec LA MARQUE, cette aventure de Quatermass est avant tout un excellent thriller paranoïaque de science-fiction qui avance à bon rythme et sur lequel viennent se greffer plusieurs passages particulièrement corsés pour l'époque. Le film sera bien sûr classé «X» comme son prédécesseur. Cette fuite en avant du récit atténue en tout cas l'ambiance purement horrifique ce qui n'empêche pas le film de se parer d'une aura inquiétante et angoissante.

Alors que le budget est en gros le double de celui du premier film, il n'y a pas non plus de quoi laisser courir son imagination pour imprimer sur la pellicule toutes les folies. Pour les décors «futuristes», la production choisi de tourner, comme pour le feuilleton télévisée, dans une raffinerie anglaise. Allié à la mise en scène de Val Guest et aux décors construits en studio par Bernard Robinson qui se substituent sans heurts dans les plans moins large, le résultat fait réellement illusion. Et pour obtenir encore plus d'ampleur, certains plans sont équipés de matte-paintings des gigantesques dômes et filmés directement avec les acteurs sans avoir recours à des effets en post-production. Bien que l'histoire soit élaguée de nombreux rebondissements (dont un passage dans l'espace) par rapport à la version télévisée, le film peut en tout cas s'offrir une bien plus grande figuration lors des scènes d'affrontements entre les gardes de l'étrange installation et les villageois.

Et, parmi ces villageois, on reconnaîtra bien évidemment Michael Ripper, ami de longue date d'Anthony Hinds, qui joue un tenancier de pub. L'acteur étant probablement celui qui a du apparaître dans le plus grand nombre de films de la Hammer. Autre tête connu, celle de John Van Eyssen déjà, lui aussi, actif au sein des films de la maison de production britannique lorsqu'il joue dans QUATERMASS 2 et bien avant qu'il ne soit le Jonathan Harker du CAUCHEMAR DE DRACULA de Terence Fisher. Et pour terminer, toujours du côté des villageois, il est aussi bon de noter John Rae qui apparaissait déjà dans la version télévisée et qui donnera de l'humanité au regard de la créature dans LE REDOUTABLE HOMME DES NEIGES de Val Guest toujours d'après Nigel Kneale.

Comme ce fut le cas pour LE MONSTRE, l'évocation du nom de Quatermass ainsi que la parenté avec le film précédent disparaît des titres utilisés hors du Royaume Uni. QUATERMASS 2 ou QUATERMASS II, selon certaines affiches anglaises, devient ENEMY FROM SPACE aux Etats-Unis, avec une nouvelle fois quelques coupes dans la version distribuée à l'époque, ou parfois TERRE CONTRE SATELLITE mais le plus souvent LA MARQUE en France.

Dans le boîtier du DVD américain, un petit feuillet annonçait que les deux premières minutes comportaient des détériorations, dus à l'âge du film, bien plus importantes que sur le reste du métrage. On retrouve ce défaut sur le disque français qui doit certainement partir de la même source que l'édition américaine. Toutefois, on sera surpris de découvrir que le disque français prend le parti de rogner un peu d'image sur les quatre côtés. Sur certains plans, il existait des rayures le long du cadre qui disparaissent ici en même temps qu'une petite portion de l'image du métrage. Ce ne serait pas bien grave si le disque français n'offrait pas aussi une image un peu trop douce et bien moins détaillée que celle du DVD d'Anchor Bay !

DVD américain
DVD français

La piste audio anglaise reste en mono d'origine et ne pose pas de problème particulier. On notera toutefois que la version française est loin d'être artistiquement satisfaisante et a été réalisée il y a quelques années de cela probablement à l'occasion du passage de LA MARQUE sur Canal+. Le sous-titrage français disponible sur le disque aidera les quelques réticents à la version originale.

Comme pour LE MONSTRE, l'édition française de LA MARQUE ne risque pas d'impressionner par ses suppléments puisqu'il n'y en a pas du tout ! Aucune trace du commentaire audio de Nigel Kneale et Val Guest présent sur le DVD américain puis repris sur d'autres éditions sorties à travers le monde. Non, il n'y a pas non plus de bande-annonce ou de galerie de photos. Pour en apprendre plus sur le film, il faudra faire comme Quatermass et partir enquêter vous même !

L'édition DVD française de LA MARQUE a le mérite d'exister mais n'est pas mirobolante. Honnêtement, cela ne gâchera pas la découverte du film mais pour les furieux de la «meilleure version», il faudra se consoler avec son prix de vente peu élevé et son sous-titrage français ou bien se tourner, pour ceux qui manient la langue anglaise, vers d'autres éditions parues hors de nos frontières.

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Un excellent thriller parano
Petit prix
On n'aime pas
Un léger recadrage et une image en deça de ce qui aurait été possible
Aucun supplément
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L'édition vidéo
QUATERMASS 2 DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h21
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
      Aucun
    Menus
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