Au gré d'une déambulation nocturne, Max vient à rencontrer deux étranges personnages qui l'agressent aussitôt. Sous leurs airs de sans abri, Sodomus et son comparse sont en fait deux créatures de la nuit à la recherche d'une nouvelle victime…
Lorsque Thierry Lopez s'engage sur MAXIMILIANI ULTIMA NOX, il est déjà l'auteur de six autres courts-métrages : GOLZARATH L'ATTAQUE DES MORTS-VIVANTS, GAME OVER, VIDEO GORE, AMIS POUR LA VIE, SYMPHONIA HORRORIS et APPARITION. Pour son septième essai dans le domaine, il se donne des moyens bien plus importants et décide de tourner en 16mm avec une équipe conséquente dont les membres sont issus de la région de Montpellier. Il fait ainsi appel à Julien Masdoua, fondateur de "La Compagnie du Capitaine" et réalisateur de 24 MINUTES CHRONO, qui monte des pièces des théâtres et autres spectacles depuis pas mal de temps déjà tout en alternant avec des apparitions télévisées dans diverses séries et téléfilms. Ou bien encore à Yoan Fanise qui s'est, entre autres, occupé auparavant de concevoir la sonorisation du jeu vidéo BEYOND GOOD AND EVIL. Rien n'est laissé au hasard par Thierry Lopez pour raconter cette nouvelle histoire courte autofinancée dont il compte bien réaliser une préquelle sous la forme d'un long métrage dans l'avenir !
MAXIMILIANI ULTIMA NOX ne se pare pas spécialement d'un scénario très original et nous donne à suivre en moins de vingt minutes la chaîne alimentaire vampirique qui, contrairement à ce que l'on peut trouver dans la nature, a une drôle de tendance à tourner en rond. Les plus forts s'attaquent aux plus faibles avant de se faire décaniller par d'autres prédateurs qui deviendront eux même des victimes potentielles… Une histoire somme toute assez linéaire mais qui permet à Thierry Lopez de multiplier les séquences d'actions (combats, fusillades, poursuites…) et d'horreurs dans un noir et blanc granuleux particulièrement bien éclairé. L'auteur cite de lui-même certaines de ses influences comme l'expressionnisme allemand qui est, pour lui, les fondements du cinéma et auquel il aura déjà livré un vibrant hommage avec SYMPHONIA HORRORIS. Mais il est impossible de ne pas penser à Lucio Fulci à la vision de ce court-métrage ne serait-ce que par la crucifixion et la longue mise à mort d'un vampire qui n'est pas sans rappeler l'ouverture de L'AU-DELA (séquence elle-même tournée dans des teintes monochromes). MAXIMILIANI ULTIMA NOX n'en oublie pas pour autant d'extirper des personnages hauts en couleurs de son ambiance nocturne, intemporelle et étrange. La présentation du Baron Sodomus est à cet effet l'un des grands moments de ce court.
En complément de programme, le DVD de MAXIMILIANI ULTIMA NOX permet de voir deux autres courts-métrages de Thierry Lopez. Tout d'abord SYMPHONIA HORRORIS qui se lance sur les traces, toutes proportions gardées, du NOSFERATU de Murnau. Le court est une sorte de variation sur l'histoire du fameux vampire tourné en noir et blanc avec des intertitres pour coller au plus près du métrage original. Sans être en tout point une réussite, ce court contient son lot de belles images et permet à son réalisateur de communiquer son amour du cinéma allemand des années 20.
Autre lieu, autre temps, APPARITION se place sur le terrain du cinéma gothique. Adapté d'une histoire de Guy de Maupassant, le récit nous raconte l'étrange aventure d'un gentilhomme qui doit récupérer des lettres dans une chambre fermée à double tour depuis fort longtemps à l'intérieur d'une maison isolée. Comme dans SYMPHONIA HORRORIS, le film se pare d'une ambiance poétique et inquiétante qui n'est pas pour déplaire même si le tempo n'a rien à voir avec les séquences furibondes de MAXIMILIANI ULTIMA NOX. Ce court s'avère en tout cas quelque peu couillu en plaçant son intrigue dans un passé éloigné compte tenu d'un manque de moyens qui ne se fait aucunement sentir.
Pas de soucis de compression notable à pointer du doigt en ce qui concerne la restitution de MAXIMILIANI ULTIMA NOX. L'image respecte le grain du 16mm et la photographie noir et blanc sans problème. On sera même surpris d'une telle qualité pour un DVD auto-produit et l'on excusera sans problème l'absence du 16/9. Précisons tout de même que les deux autres courts ont une image en deçà de la qualité du programme principal mais cela n'empêche en rien de les découvrir.
Autre surprise de taille, il est proposé deux choix sonores pour visionner MAXIMILIANI ULTIMA NOX : Dolby Digital 5.1 et stéréo. On se portera tout naturellement vers un Dolby Digital 5.1 qui fait la part belle à du Black Métal mais aussi à de la musique atmosphérique composée spécialement pour l'occasion. En dehors de quelques effets (coups de feu, plaque d'égout…), le reste de la bande sonore reste axé principalement sur l'avant. De plus, trois sous-titrages ouvrent les portes du monde à ce DVD puisque l'auteur a eu la bonne idée d'offrir des traductions anglaises, allemandes et espagnoles. Les deux autres courts-métrages n'offrent pas les mêmes possibilités sonores et disposent seulement de leur piste d'origine en mono.
En plus des trois courts-métrages, le DVD contient une biographie de Thierry Lopez, une galerie de photos où l'on peut retrouver les dessins du générique final mais aussi un long documentaire d'environ trois quarts d'heure consacré à la réalisation de MAXIMILIANI ULTIMA NOX. Ce Making Of donne la parole au réalisateur, dont on découvrira la riche cinéphilie derrière lui de Russ Meyer à Lucio Fulci en passant par Feuillade, mais surtout permet d'assister au tournage de façon très détaillée. Que ce soit la mise en place des effets spéciaux ou bien le découpage des prises de vue, ce documentaire devrait donner quelques clefs pour ceux qui se posent des questions sur la manière d'appréhender ce type de tournage.
Avant de conclure, il serait bon de revenir sur le statut auto-produit de ce DVD et plus particulièrement sur le fait qu'il s'agit en réalité d'un DVD-R (gravé sur un ordinateur). Ce type de disque ne pourra être lu correctement sur votre lecteur de salon que si celui-ci est relativement récent (environ trois ans). En dehors de ce détail technique, la présentation sur DVD de MAXIMILIANI ULTIMA NOX est d'un grand professionnalisme avec des menus sonorisés, des transitions entre les écrans ou même un texte légal en début de programme très particulier ! En fait, la seule frustration de ce DVD, c'est de ne pas y trouver les quatre autres courts-métrages de Thierry Lopez qui aurait donné à ce disque un statut d'anthologie complète !
Vous ne trouverez pas ce DVD dans les supermarchés et autres boutiques spécialisées dans la vidéo, il faudra un peu plus d'effort pour le commander directement auprès du réalisateur via son site internet. Mais après tout, sans effort, vous allez continuer à bouffer la tambouille pré-mâchée servie par des commerciaux en charge de réaliser des films. Il serait donc peut être temps de vous bouger le mulot en prenant de temps à autres des risques pour donner quelques euros aux véritables indépendants et dans le cas de Thierry Lopez, cela devrait lui donner encore plus de courage pour monter son long métrage prometteur !
