6. De l’argentique 35mm au numérique

Il ne faudra pas hélas s'attarder sur la projection 2K de WHITE CHRISTMAS de Michael Curtiz. Pour le 60e anniversaire du procédé VistaVision, on pouvait s'attendre à beaucoup mieux comme hommage. Pour contrecarrer la 20th Century Fox et son procédé CinemaScope, la Paramount misa tout sur le VistaVision. De format 1.85:1 et bénéficiant d'une projection horizontale, le process n'avait de ce fait aucun besoin de lentille anamorphique. Et quoi de mieux de lancer le tout en tirage Technicolor via la musique d'Irving Berlin, la chanson «White Christmas» étant à l'époque un classique indémodable et la meilleure vente de disques. Et de refaire un lifting au passage de HOLIDAY INN, gros sucés de 1942. Bien leur en a pris, le film se révéla un énorme succès et devint un classique des têtes de fin d'année. Curieusement, le film fit sa première…. le 21 avril 1954 à New York. et donc, 60 ans après presque jour pour jour, un hommage à la cinémathèque de Bradford. Triple fois hélas, en projection digitale laide. Des couleurs qui rendent assez mal sur grand écran, une définition très désagréable à l'oeil et un son pas franchement optimal. L'anniversaire a tourné au vinaigre car même si le film garde un charme indéniable et une puissance nostalgique très évocatrice de l'après-guerre, sa projection fut une réelle déception.

Pour ses 100 ans, Universal a choisi 10 films pour être remastérisés en 4K à partir du négatif d'origine. NOS PLUS BELLES ANNEES fit partie du lot, et l'audience se vit proposée une projection digitale sous ce format. Tourné en Panavision 2.35:1, la copie présentée fait plaisir à l'oeil. des couleurs nettes, au piqué remarquable. Les contours des acteurs apparaissent là aussi sans halo, aucun artefact et les contrastes maitrisés rendent la vision particulièrement agréable. Une palette de couleurs d'une largeur incroyable, qu'il s'agisse de choix de décors extérieurs ou intérieurs, magnifiée par des costumes qui transpercent l'écran. Voir la garde-robe de Barbra Streisand, ainsi que ses maquillage, entre autres. Ce qui donne une impression de naturel, de clarté… mais il y a quelque chose qui cloche. Un image aussi parfaite soit-elle en terme de rendu garde un aspect métallique, manquant de vie propre. La comparaison avec l'image de WEST SIDE STORY est frappante - et sans pitié pour la qualité digitale évidente de NOS PLUS BELLES ANNEES. Si l'origine 35mm ne s'estompe pas pour autant - le grain d'origine répond répond sans jamais sombrer dans l'intrusif, la réduction de bruit n'a pas fait trop de débats ici-, on ne peut que constater qu'une volonté de perfection louable, mais un phénomène d'encapsulage numérique du réel, une rationalisation de l'image.

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Dossier réalisé par
Francis Barbier