Des jeunes femmes vikings se lamentent en attendant leurs hommes partis en expédition depuis bien trop longtemps. Elles décident alors de monter une expédition pour partir à leur recherche…
En charge des effets spéciaux des films de l'AIP, Jack Rabin amènera quelques idées pour mettre en chantier des films. Ainsi, en réaction au lancement du Sputnik russe, il lance l'idée de WAR OF THE SATELLITES qui sera mis dans les cinémas incroyablement vite seulement six semaines après. De même, il propose de faire VIKING WOMEN AND THE SEA SERPENT, sûrement en raison de la mise en chantier des VIKINGS de Richard Fleischer, et réussit à convaincre Samuel Z. Arkoff, James Nicholson, Roger Corman à force de dessins évocateurs ! Malheureusement, Roger Corman dira plus tard que ce film fut l'une des plus grosses erreurs de sa carrière !
Enthousiasmé face à ce qu'on lui a présenté, Roger Corman se lance dans un tournage restreint de dix jours qui aurait du accoucher d'un «grand» film. Seulement, il ne suffit pas de dessiner joliment des ébauches de guerrières vikings ou de combats contre un serpent maritime géant pour transposer le tout avec faste sur un écran de cinéma surtout lorsque l'on a que 10.000 dollars en poche. Le film ne ressemblera donc pas vraiment à la fresque épique prévue à l'origine. Et à l'écran, il faut bien avouer qu'il y a à peine de quoi remplir en donzelles la barcasse faisant office de drakkar.
Cela commence d'ailleurs assez mal puisque l'actrice principale se fait porter pâle une heure avant le début des prises de vues. Roger Corman garde son sang froid et fait avancer toutes les actrices d'un cran vers le haut de l'affiche. Une façon de minimiser la casse en donnant un rôle légèrement plus étoffé à chacune des actrices, les moins experimentées n'auront ainsi qu'une interprétation à peine plus développée. La suite des événements n'aura de cesse de donner des désillusions à Roger Corman forcé d'aller de l'avant avec un film qu'il sait dès le départ mal en point ! C'est d'ailleurs pourquoi dès son film suivant, il changera de direction en laissant les panoplies médiévales de côté pour mettre en scène un excellent MACHINE GUN KELLY avec Charles Bronson bien moins difficile à produire !
Lorsque le film est terminé, personne ne réussit à trouver un titre court au film. Finalement, Roger Corman décide de donner à VIKING WOMEN AND THE SEA SERPENT le plus long titre jamais lu ce qui au passage sera un atout marketing et devrait donc faire parler gratuitement du film en raison de ce choix. THE SAGA OF THE VIKING WOMEN AND THEIR VOYAGE TO THE WATERS OF THE GREAT SEA SERPENT aurait du donc être le titre complet du film mais un problème inattendu en décida autrement. Le titre était bien trop long pour être affiché aux frontons des cinémas américains et il fut donc décidé de donner un titre plus conventionnel à VIKING WOMEN AND THE SEA SERPENT bien que la version longue soit toujours au générique.
Les moyens manquent à VIKING WOMEN AND THE SEA SERPENT. La partie précédant le départ en bateau n'a rien de bien passionnant. La traversée est du même acabit jusqu'à l'intrusion du fameux serpent de mer plus rigolo qu'effrayant. La suite de l'histoire sera dénuée d'éléments fantastiques puisqu'il y sera question de libérer les vikings qui cassent des cailloux pour une bande de guerriers menés par un seigneur et son fils. A partir de cet instant, l'histoire reprend un peu du poil de la bête avec une partie de chasse ou des traîtrises un peu moins vaines, pour un scénario, que les crêpages de chignons vus jusqu'ici. Tout cela est confiné en à peine plus d'une heure où l'on aura encore le temps de revoir le serpent de mer à la fin pour bien apprécier le travail de Jack Rabin.
DVD UK Ltd. sort le film dans sa collection «The Arkoff Film Library». Comme nous l'avions vu avec de précédentes sorties (HOW TO MAKE A MONSTER, DAY THE WORLD ENDED, WAR OF THE COLOSSAL BEAST…), la qualité des transferts laissent à désirer. VIKING WOMEN AND THE SEA SERPENT ne déroge pas à la règle avec une image noir et blanc qui gagnerait à être améliorer ne serait-ce qu'en terme de définition et de compression. De plus, le film n'est pas présenté dans son format cinéma respecté et il est difficile de savoir s'il s'agit ici d'un transfert plein cadre ou recadré.
Une seule et unique piste sonore est disponible disque anglais oblige. Le film est donc proposé en version anglaise avec la possibilité d'afficher, ou non, un sous-titrage hollandais ce qui ne devrait pas aider un public francophone (à noter qu'il existe une édition française du film). La retranscription du son nécessitera de monter le volume pour bien comprendre tous les dialogues ce qui augmentera au passage l'audition de quelques petits défauts sonores.
En complément de programme, cinquante minutes avec Samuel Z. Arkoff qui s'exprime longuement sur sa carrière et le cinéma en général. Très intéressante, cette intervention, déjà vue et chroniquée dans nos critiques des autres disques de la collection, est en audio seulement et ne s'adressera qu'à ceux qui manient très bien la langue anglaise. En complément, déjà bien plus accessibles pour un public francophone, on retrouve une sélection de neuf bandes-annonces mais pas celle du film (WAR OF THE COLOSSAL BEAST, DAY THE WORLD ENDED, HOW TO MAKE A MONSTER, THE BRAIN EATERS, THE SPIDER, THE SHE-CREATURE, BLOOD OF DRACULA, VOODOO WOMAN et REFORM SCHOOL GIRL). Contrairement aux premiers titres sortis dans cette collection, on ne retrouve plus des reproductions d'affiches au format cartes postales dans le boîtier DVD.
Dire que VIKING WOMEN AND THE SEA SERPENT est un film réussi serait un peu exagéré. Si l'on coupe toute la première partie du film bien peu intéressante, on se retrouverait même avec un court-métrage d'aventure. Le film a quand même quelques petits atouts mais noyés dans un énorme manque de moyens. VIKING WOMEN AND THE SEA SERPENT est donc à conseiller en priorité à ceux qui aimeraient voir ce petit film de viking réalisé par Roger Corman.