Une panthère expédiée d'Afrique arrive dans un cirque où Yanka est l'assistante du dompteur. Dès la nuit suivante, la panthère est retrouvée déchiquetée alors que Yanka est devenue l'hôte d'une créature qui entend se développer dans son ventre…
BABY BLOOD est souvent cité comme le premier film gore du cinéma français. En réalité, d'autres avaient déjà commencé à défricher le terrain auparavant. On trouve ainsi divers métrages français parés d'éléments franchement gore, que ce soit dans le cinéma de Jean Rollin (LES RAISINS DE LA MORT, LA MORTE-VIVANTE…), les films de Raphael Delpard (LA NUIT DE LA MORT et CLASH) ou même des œuvres plus isolées comme LES PREDATEURS DE LA NUIT de Jesus Franco, lui-même un remake des YEUX SANS VISAGE, qui devait être considéré comme particulièrement sanglant dans les années 60. Il faut pourtant reconnaître qu'aucun n'avait poussé la formule du gore pour le gore aussi loin que BABY BLOOD.
Avant de se lancer dans l'aventure du gore, on propose à Alain Robak de tourner un court-métrage pour une série nommée ADRENALINE à destination de Canal+. Le réalisateur français est partant, surtout qu'il voit là une façon d'évaluer les soucis d'un tournage de film gore avant de passer à un long métrage. CORRIDOR se retrouve d'ailleurs sur le DVD mais il avait aussi été diffusé dans les salles de cinéma en 1990 dans ADRENALINE LE FILM, une compilation de courts-métrages français, distribuée comme un film traditionnel. On peut d'ailleurs déjà y retrouver Jean-François Gallotte, qui interprète le rôle principal de cet amusante histoire immobilière, avant qu'il n'aide Alain Robak pour BABY BLOOD où il joue, en plus, l'un des rôles.
Une quinzaine d'années après sa sortie, le film n'a pas pris une ride et les effets spéciaux de Benoit Lestang et Jean-Marc Toussaint ont gardé toute leur efficacité sanglante. Le scénario est quant à lui des plus simplistes et n'a sûrement pas besoin d'une grande analyse puisqu'il se résume au parcours d'une jeune femme enceinte d'une créature qui a besoin de sang humain pour se développer. A partir de là, l'histoire raconte son voyage au gré des rencontres et des victimes qu'elle laisse sur le bas-côté de sa route. Etrangement, quasiment tous les hommes qu'elles croisent sont dépeint comme des machos ou des personnages très négatifs : le gérant du cirque, Jean-Yves Lafesse en camionneur, un looser (Jean-François Gallotte) et même une équipe sportive prête à la violer dans un car. Ce qui n'est pas sans rappeler vaguement un passage d'ELLE S'APPELAIT SCORPION, autre film où la gente masculine n'est pas dépeinte sous son meilleur jour.
Les péripéties de cette femme enceinte en quête d'hémoglobine constituent donc une comédie très noire où l'actrice Emmanuelle Escourrou, alors débutante, se livre totalement à la caméra. Le sexe étant rarement éloigné du cinéma gore, les deux étant à même de délivrer des images «osées» ou «choquantes». A partir de là, il apparaît évident que BABY BLOOD ne sera pas au goût de tout le monde surtout que certains passages sont parfois assez glauques et d'une grande noirceur.
Le DVD de Studio Canal n'est pas une première puisque le film était déjà sorti sur ce support auparavant mais sur le marché germanique. Dragon, le petit éditeur autrichien, s'était donc chargé de proposer un luxueux digipack pour une édition au contenu attirant. En effet, on pouvait déjà y trouver deux bandes-annonces différentes, le court-métrage d'Alain Robak et une interview d'une quinzaine de minutes du réalisateur français enregistrée en mai 1997 mais avec une voix-off allemande.
BABY BLOOD fait donc son apparition sur le marché français dans la collection "Midnight Movies" qui n'est pas réputée pour proposer des inédits accompagnés de suppléments. Pourtant, cette édition de BABY BLOOD à petit prix a de quoi largement satisfaire à tous les points de vue ! En effet, on retrouve le court-métrage réalisé par Alain Robak, la bande-annonce française ainsi qu'une fin alternative assez amusante à propos de tortues géantes ! Mais le fin du fin, c'est bel et bien un montage d'interviews du réalisateur, de Jean-François Gallotte, Emmanuelle Escourrou et Alain Chabat sur un peu moins d'une quarantaine de minutes. Bien que certains des sujets développées le soient à plusieurs reprises, ces interviews enregistrées récemment donnent un aperçu de l'historique du film selon plusieurs points de vue.
Le film est proposé dans un transfert 16/9 de bien meilleure qualité que celui utilisé sur le DVD allemand. Celui-ci arborait des couleurs fadasses et une définition très approximative pour un cadrage qui découvrait, il est vrai, un tout petit peu plus d'image sur les quatre côtés. Tout cela est à présent corrigé avec un rendu des couleurs bien plus naturel ainsi qu'une image offrant bien plus de détails.
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Contrairement à son homologue autrichien, le DVD français n'offre pas un panel différent de langues. Il faudra donc se contenter de la version français d'origine en stéréo surround sans aucun sous-titrage. Etant donné que ce disque est à destination du marché français et diffuse une œuvre francophone, on peut difficilement en vouloir à l'éditeur en dehors du fait qu'un sous-titrage dans notre langue aurait pu servir aux personnes malentendantes qui sont, il faut bien le dire, largement oubliées dans la production de DVD français. Le disque allemand offrait deux doublages, ce qui permettait de comparer les voix de la créature en allemand, très déformée, et en anglais au ton tout à fait anodin.
Vendu à petit prix, BABY BLOOD nous arrive dans une édition bien plus fournie qu'on aurait pu l'imaginer et surtout avec une bonne qualité audio/vidéo. Il serait donc bête de s'en priver, à moins que vous ne soyez du genre à tourner de l'œil dès qu'une goutte de sang factice apparaît sur un écran !