Sans cheval et une selle sur l'épaule, Django traîne un cercueil jusqu'à un village boueux où il est rapidement confronté à deux bandes qui s'affrontent…
Sergio Corbucci réalise un premier Western, MASSACRE AU GRAND CANYON, qui sort sur les écrans italiens quelques mois avant que la frénésie déclenchée par l'énorme succès de POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS ne touche l'industrie cinématographique italienne. Le réalisateur sort d'ailleurs un autre film, L'HOMME DU MINNESOTA, peu de temps après la sortie du premier Western de Sergio Leone, suivi de RINGO AU PISTOLET D'OR. Son quatrième Western sera celui qui donnera une grande renommée à Sergio Corbucci ! DJANGO ne démarre pourtant pas sous les meilleurs auspices, comme cela est d'ailleurs évoqué dans les interviews, puisque le film n'a pas vraiment de scénario et que l'argent ne répond pas plus à l'appel.
La vision de DJANGO ne trahit en rien une écriture au jour le jour et ses divers soucis de production tant l'œuvre terminée possède une force visuelle et sonore (la musique et l'excellente chanson) à même de rivaliser avec les films de Sergio Leone. Pourtant si le film de Sergio Corbucci emprunte à POUR UNE POIGNEE DE DOLLARS, le film s'avère bien différent dans sa réalisation. Parmi les points communs, il est inévitable de rapprocher l'histoire d'un inconnu qui vient se placer entre deux bandes rivales, ou certains traits communs entre le personnage de Clint Eastwood et celui interprété par Franco Nero. Mais dans sa réalisation, le film diffère que ce soit dans le lieu, les péripéties et même le soin apporté dans la mise en image. Par exemple, quand Sergio Leone cadre au millimètre ses films en Techniscope, Sergio Corbucci choisit de tourner dans un format bien moins large à la limite du plein cadre.
Bardé de scènes anthologiques, Que ce soit l'affrontement avec une armée d'hommes cagoulés qui tourne au carnage ou le douloureux duel final, DJANGO s'impose sans aucun problème comme l'un des chefs-d'œuvre du Western spaghetti. Sergio Corbucci ne s'arrêtera pas là puisqu'il réalisera un peu plus tard un autre incontournable du genre avec le glaçant GRAND SILENCE. Parmi ces autres Westerns notables, on notera LE SPECIALISTE où la vedette n'est autre que Johnny Hallyday, EL MERCENARIO, COMPANEROS ou LE BLANC, LE JAUNE ET LE NOIR.
Diffusé dans de nombreux pays dans des versions coupées en raison de la violence jugée trop excessive à l'époque, DJANGO sera tout de même un énorme succès à travers le monde à l'exception des Etats-Unis où le film y sera très mal distribué. Franco Nero deviendra ainsi du jour au lendemain une star et le nom de Django est repris sans fin pour illustrer les titres de Westerns italiens sans véritable lien avec le film d'origine (DJANGO PREPARE TON CERCUEIL, DJANGO IL BASTARDO…). Pire, en fonction des pays, des films viennent à mettre en avant un Django inexistant dans la version originale parfois même pour des oeuvrettes antérieures au film de Sergio Corbucci (DJANGO LE PROSCRIT, AVEC DJANGO.. LA MORT EST LA…). La suite officielle du film se fera attendre pendant un peu plus de vingt ans avec LE GRAND RETOUR DE DJANGO où Franco Nero reprend le rôle original devant la caméra de Nello Rossati.
DJANGO sort en 1999 dans une édition DVD et Anchor Bay se borne a reprendre un transfert du film déjà existant à la qualité discutable. Quelques années plus tard, après avoir quitté Anchor Bay, William Lustig entreprend de ressortir le film par l'entremise de sa propre maison d'édition. Blue Underground réussit à mettre la main sur le négatif original qui s'avère en très mauvais état. Après environ deux ans de travail, le film est restauré, ce qui permet au passage de s'apercevoir qu'il manquait à l'édition précédente des bouts de pellicule ici ou là. Il n'y a pas de nouvelles scènes mais des images dans certaines séquences qui sont à présent restituées dans leur intégralité.
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Bien entendu, c'est la version restaurée que propose Wild Side. A l'origine, le film fut diffusé dans les salles de cinéma françaises dans une version raccourcie. Le disque donne donc l'occasion de voir le film dans sa version intégrale où les scène supplémentaires en italien sont sous-titrées en français dès lors que l'on visionne le film dans notre langue. Même si l'éditeur propose le doublage anglais, son écoute est à oublier tant le travail réalisé à l'époque est catastrophique néanmoins il faut préciser que le sens des dialogues y est assez différent. Reste donc deux possibilités. Ecouter le doublage français d'excellente facture et retranscrit ici avec un meilleur soin que les deux autres pistes sonores. Ou alors regarder le film avec sa piste sonore italienne, moins claire, avec la véritable voix de Franco Nero puisque l'acteur y assurait son propre doublage.
La restauration de l'image ne permet pas toujours de régler absolument tous les soucis dus à l'usure du temps. DJANGO laisse donc entrevoir quelques défauts de restitution qui s'avèrent franchement mineurs tant l'image offre une définition de haute tenue et des couleurs généreuses. Le film est ici présenté dans son format d'origine (1.66) et optimisé pour les diffuseurs 16/9. On notera d'ailleurs que sur le tout premier DVD édité par Anchor Bay, l'image était légèrement amputée sur les quatre côtés. Ce problème a disparu sur cette édition DVD !
Si Wild Side reprend la version restaurée du film, aucun des suppléments de l'édition Blue Underground ne répond à l'appel. La bande-annonce et la galerie de photos bien fournies n'ont pas été reprises ! Pour remplacer les interviews de Franco Nero et Ruggero Deodato présentes sur le disque américain, l'éditeur français a enregistré ses propres témoignages. Et pour l'occasion, ils ont interviewé… Franco Nero et Ruggero Deodato. En comparant le même exercice réalisé par l'équipe américaine et l'équipe française, on notera d'inévitables ressemblances dans les informations citées.
Toutefois, certaines de ces informations n'apparaissent que sur le disque français tandis que d'autres sont présentes seulement sur le DVD américain comme par exemple l'anecdote sur le chapeau de DJANGO ou l'origine du pseudo Franco Nero, pendant le temps de deux films Franck Nero, alors que le véritable nom de l'acteur est Francesco Clemente Giuseppe Sparanero. Le montage croisé des deux interviews laisse transparaître des versions parfois différentes selon que l'acteur ou l'assistant réalisateur relate les mêmes faits, ce qui s'avère une constante dès que l'on aborde le cinéma italien. En tout cas, le sujet présent sur le disque français est un ajout non négligeable puisqu'en dehors des filmographies, il n'y a rien d'autre sur le disque.
N'omettons tout de même pas la présence d'un livret de 24 pages dont la moitié sont consacrées au film de Sergio Corbucci. De plus, DJANGO n'arrive pas seul puisque le DVD est accompagné d'un second disque où l'on peut voir 4 DE L'APOCALYPSE de Lucio Fulci. Un autre Western italien qui propose une vision très différente du genre à tous les points de vue. Mais, rien que pour DJANGO, l'achat de ce double DVD est pour le moins indispensable à quiconque apprécie un tant soit peu le Western !