Hanté par un traumatisme de son enfance, Daniella Neseri fait des cauchemars à propos d'une ancêtre qui aurait été loup-garou. Elle finit par être internée dans un asile psychiatrique alors que l'on retrouve le corps mutilé de son beau frère…
Le cinéaste italien Rino Di Silvestro a basé toute sa carrière sur le cinéma d'exploitation à tendance largement érotique. Sujets sulfureux et choquants sont les deux mamelles exploitées par le cinéaste italien en plus de celles, généreuses, de ses actrices. Il laisse ainsi derrière lui une filmographie jalonnée de prison féminine (LA VIE SEXUELLE DANS LES PRISONS DE FEMMES), de prostitution juvénile (A SEIZE ANS DANS L'ENFER D'AMSTERDAM), de tortionnaires lubriques nazis (LES DEPORTES DE LA SECTION SPECIALE SS) ou d'orgie antique (LES NUITS CHAUDES DE CLEOPATRE). Au milieu de années 70, il se lance dans un créneau qu'il n'a pas encore exploité avec le cinéma fantastique… mais à sa manière !
LA LOUVE SANGUINAIRE est un film de loup-garou. Un mythe du fantastique qui n'a pourtant été que très peu exploité par le cinéma italien aux grandes heures du cinéma d'épouvante gothique européen. Hormis LE MONSTRE AUX FILLES réalisé par Paolo Heusch au début des années 60, il ne faut compter que sur LA LOUVE SANGUINAIRE. Notons d'ailleurs que les deux films, s'ils n'approchent pas le genre de la même façon, ont tout de même porté leurs métrages vers des rivages plus ou moins coquins ! D'ailleurs, le film de Rino Di Silvestro sera distribué tardivement en France dans un circuit de cinéma pour adultes sous le titre LA LOUVE SE DECHAINE. Bien que le film soit indéniablement un produit érotique, les spectateurs de 1982 ont du être quelque peu déçus par les scènes olé-olé du film !
D'origine française, Annick Borel n'a pas eu une grande carrière cinématographique. Le plus souvent dénudée, elle trouve dans LA LOUVE SANGUINAIRE son rôle le plus important. En effet, l'actrice tient en grande partie le film sur ses épaules, certaines mauvaises langues diront sur sa plastique largement dévoilée. D'ailleurs le film est un bon reflet de l'érotisme des années 70 où la silicone n'a pas encore refaçonné de façon irrémédiable la féminité des pin-ups, potiches et autres starlettes ! Au rayon dévêtu, le film affiche aussi Dagmar Lassander qui connaîtra un parcours bien plus fourni d'une trentaine d'années où elle tournera pour Mario Bava (UNE HACHE POUR LA LUNE DE MIEL), Lucio Fulci (LA MAISON PRES DU CIMETIERE), Riccardo Freda (L'IGUANA DALLA LINGUA DI FUOCO…) et bien d'autres… N'oublions pas de citer Frederick Stafford qui fut l'interprète d'une flopée de films d'espionnage et d'aventures plutôt réjouissants, dont deux épisodes de la série française des OSS 117.
L'approche du film de loup-garou par Rino Di Silvestro n'a rien de classique. Le film débute par une séquence de flashback qui le rattache quelque peu au cinéma d'épouvante gothique et où la créature apparaît bel et bien poilue grâce à un amusant maquillage de Carlo Rambaldi. Mais la suite du métrage prend une direction psychanalytique du mythe et surtout mélange de nombreuses influences pas toujours en relation avec le thème de la lycanthropie. LA LOUVE SANGUINAIRE brasse réincarnations, séquence à la limite de la possession, une rapide romance, viol et vengeance ! Un copieux menu exploité assez habilement sur tout le métrage même si l'on peut se demander parfois où tout cela veut en venir…
En réalité, Rino Di Silvestro accumule un peu trop d'éléments dans son film et ne cherche pas réellement à tirer le maximum de son sujet principal. A l'évidence, c'est donc surtout filmer des actrices à poil qui motive le réalisateur, ce qui peut expliquer d'ailleurs la gratuité de certaines séquences (la lesbienne nymphomane de l'asile psychiatrique, l'automobiliste queutard, habillage et déshabillage…). En tant que film d'exploitation, le métrage affiche du cul et de la violence, LA LOUVE SANGUINAIRE atteint son objectif bien qu'il nous ballote avec un assemblage disparate de genres parfois déconcertant.
Exploité en son temps dans une version tronquée dans les salles américaines, un DVD sort aux Etats-Unis avec une version intégrale du film et doublée en anglais chez Shriek Show. Bien que contenant une petite interview de Rino Di Silvestro ainsi qu'une intéressante galerie de photos, ce DVD proposait aussi un transfert 16/9 au cadrage réducteur masquant un peu trop d'information. Le DVD allemand paru chez X-Rated dépourvu du 16/9 délivrait une image proche du format original mais ne donnait à entendre que le doublage allemand tout en proposant une copie étrangement plus courte.
Finalement, LA LOUVE SANGUINAIRE sort en France et en version intégrale chez Neo Publishing avec un transfert 16/9 respecté de bien meilleure qualité que celui exploité aux Etats-Unis ou chez les Allemands. Les couleurs y étant moins fades et surtout le cadrage respectant l'œuvre originale. Toutefois, on notera tout de même quelques petits défauts de pellicule ainsi qu'un tout petit passage d'une seconde où l'image se colore en vert (toujours pour des raisons de défauts sur la copie utilisée) et une compression pas toujours d'une grande discrétion.
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Annoncées sur la jaquette par un logo laissant penser à de la stéréo, les deux pistes sonores sont en fait en simple mono d'origine. Le choix est donc possible entre le doublage français ou la piste italienne pourvue d'un sous-titrage français amovible. Le doublage français est très étouffé alors que la piste italienne contient quelques petits craquements pour un résultat bien plus dynamique et clair.
En guise de suppléments, ce DVD ne donne à voir qu'une bande-annonce, une fiche technique ainsi que des filmographies de certains des acteurs et du réalisateur. Maigre mais ce contenu est à rapprocher du ridicule prix auquel le disque est proposé chez les marchands de journaux. Aucune déception à avoir, surtout que l'interview de Rino Di Silvestro sur le disque américain est assez courte et n'apporte rien de bien passionnant quand le réalisateur ne donne pas des informations erronée (Annick Borel n'a pas tourné seulement dans ce film !). Notons que la fiche technique du DVD français comporte une erreur puisque la réalisation y est créditée à Mario Gariazzo qui est en fait le réalisateur de ESCLAVE BLONDE, sorti en même temps et chez le même éditeur.
Avec sa jaquette particulièrement peu attractive, Neo Publishing édite la meilleure édition de LA LOUVE SANGUINAIRE en DVD que nous ayons pu voir à ce jour et, ce qui ne gâche rien, il est possible d'en faire l'acquisition chez les marchands de journaux pour environ dix euros ou plus tard chez les revendeurs traditionnels à un prix un peu plus élevé.