Une famille s'installe dans une maison qui cache un lourd secret. Très vite, des événements inexpliqués surviennent comme autant d'avertissements et de rappels des horreurs passées et à venir...
Le cinéma horrifique espagnol ne date pas d'hier et perdure avec un certain regain d'intérêt ces dernières années. Filmax produit même à tour de bras des métrages à petits budgets à vocation internationale sous la bannière Fantastic Factory. Le cinéma fantastique espagnol est donc bien vivant et Jaume Balaguero fait partie de cette vague de cinéastes portés vers le cinéma d'épouvante. C'est justement Filmax qui produit sont premier long métrage, LA SECTE SANS NOM, qui sera distribué à travers le monde avec un certain succès. Pour son deuxième essai à destination des salles obscures, il passe à la vitesse supérieure avec DARKNESS.
La genèse de DARKNESS est assez bien décrite dans les suppléments du DVD que ce soit par le producteur Brian Yuzna ou par le réalisateur Jaume Balaguero lui-même, il n'est pas nécessaire de développer davantage. Si ce n'est pour bien comprendre que DARKNESS est un produit plus prestigieux pour Fantastic Factory qu'un ARACHNID ou un FAUST. Le réalisateur a donc accès à un casting cosmopolite où figurent Anna Paquin (X-MEN), Lena Olin (LA NEUVIEME PORTE), Iain Glen (AUX SOURCES DU NIL) ou Giancarlo Giannini (LA TARENTULE AU VENTRE NOIR ou plus récemment HANNIBAL).
Jaume Balaguero a donc accès à un casting plus prestigieux et un budget plus conséquent mais, même s'il clame le contraire, continue sur la même lancée que celle initiée dans LA SECTE SANS NOM. Un cinéma d'ambiance où la forme l'emporte souvent sur la cohérence du scénario pour maximiser les effets auprès de son auditoire. Par exemple, l'inquiétante photographie donne lieu à d'excellents frissons mais ne sert en rien l'histoire. De la même façon, on retrouve aussi des flashs visuels ou sonores qui sont autant d'opportunités de déstabiliser le spectateur. En théorie tout du moins car à force, la formule peut rapidement lasser devant la gratuité des effets. Néanmoins, à ce petit jeu, Jaume Balaguero réussit sur la longueur de DARKNESS à ménager quelques passages de pure trouille qui ne sont à vrai dire pas toujours liés à la gratuité d'un son assourdissant !
Le réalisateur espagnol est un cinéaste sous influence, ce qui transparaît dans son film et il ne s'en cache pas, comme on peut le découvrir dans les interviews. DARKNESS s'approprie de nombreuses idées et les détourne parfois vaguement : SHINING, LA MAISON PRES DU CIMETIERE... Des parentés prestigieuses auxquelles Jaume Balaguero rend hommage mais qu'il ne réussit pas pour autant à intégrer dans son intrigue aux multiples révélations finales. Car, une fois de plus, comme dans LA SECTE SANS NOM, le concept du film se cale essentiellement sur des surprises inattendues... qui ici ne le sont pas tout à fait !
Ne crachons pas dans la soupe, surtout que DARKNESS est un film diablement efficace dans son genre. De plus, il est basé sur l'idée de la peur du noir, tout comme deux autres films sortis plus ou moins à la même période. Bien qu'il ne développe qu'assez peu ce concept par rapport au PEUPLE DES TENEBRES et à NUITS DE TERREUR, le film de Balaguero s'avère, au final, le plus réussi niveau «épouvante». Et c'est le but que s'était donné son réalisateur. Ce qui d'un point de vue cinématographique est réussi. Mais le film n'en est pas pour autant la grande oeuvre vantée ici ou là !
DARKNESS, comme son nom l'indique, est dédié aux ténèbres et c'est souvent retranscrit dans les images. Dès lors, le passage en DVD aurait pu être problématique. Wild Side a réalisé un excellent travail de ce côté et le transfert au format cinéma respecté est à quelques exceptions près sans faille. Du bon boulot que l'on retrouve du côté des pistes sonores en 5.1 toutes en subtilité et qui savent ménager leurs effets démonstratifs de la plus belle des façons. On notera qu'une piste DTS est disponible mais uniquement pour le doublage français. Au niveau de l'interactivité sur les deux disques, il y a de quoi être un peu plus perplexe puisque c'est un peu à l'aveuglette qu'il faudra naviguer.
Wild Side édite DARKNESS dans une édition double DVD un tout petit peu plus fournie que celle produite par Filmax en Espagne. En effet, en plus de reprendre le contenu du disque espagnol, l'éditeur ajoute deux interviews de son propre crû, l'une de Balaguero tournée durant le festival du cinéma fantastique de Gérardmer et une autre de Brian Yuzna. L'éditeur ajoute au passage la bande-annonce vue en France et une galerie des projets d'affiches françaises. Ce qui d'ailleurs provoque une légère redondance avec une autre galerie, provenant du DVD espagnol, où l'on nous propose d'admirer les concepts d'affiches utilisés à travers le monde dont celui de la France. La nouvelle galerie permet tout de même de voir certaines des idées non retenues et donne une notion du parcours créatif qui mène au choix d'une affiche. Une autre galerie amène son lot de clichés pris sur le tournage.
Brian Yuzna apparaît dans une toute petite interview où il ne fait que raconter comment il a été amené à rencontrer Jaume Balaguero, et la genèse du film. Il est d'ailleurs intéressant de trouver parmi les suppléments le flippant teaser de DARKNESS, réalisé bien avant que le scénario du film ne soit écrit et qui fut utilisé pour trouver un financement. Cette genèse du film, on la retrouve dans l'interview de Jaume Balaguero mais puisque son entretien est largement plus long, le cinéaste peut aussi y développer d'autres sujets comme sa passion pour le cinéma d'épouvante, ses influences et son travail. Certaines de ses déclarations seront d'ailleurs redites, mais lors d'une autre occasion, dans le Making Of du tournage.
D'un peu plus d'une demi heure, le Making Of fait plus ou moins la lumière sur la création de DARKNESS. On y retrouve Jaume Balaguero en interview mais aussi le producteur Julio Fernàndez ou une partie des acteurs. Une nouvelle fois, on a droit à la genèse du film mais aussi à des images du tournage présentant entre autre la mise en place de certaines scènes ou des images plus personnelles comme l'acteur Iain Glen à la guitare. Pour continuer dans la création technique du film, une petite vidéo donne des aperçus des scènes avant et après l'ajout des effets spéciaux. De quoi démonter par l'image la création de certains plans vus dans le film.
Chaque scène coupée est introduite par Jaume Balaguero qui explique pourquoi la séquence a disparu et parfois ses regrets quant à ces suppressions. Dans leur ensemble, il n'y a pas de quoi s'enthousiasmer outre mesure pour ces quatre séquences supplémentaires qui n'apportent rien de plus concret à l'intrigue du film. D'un autre côté, la séquence de la piscine aurait au moins pu légitimer les longues baignades d'Anna Paquin qui se trouvent dans le film.
Enfin, le deuxième DVD ajoute des filmographies du réalisateur et des acteurs ainsi qu'une section dédiée aux bandes-annonces du film dont nous avons déjà parlé. Le premier disque contient aussi quelques bandes-annonces des titres à venir chez Wild Side (LES ENFANTS D'ABRAHAM et 3, HISTOIRES DE L'AU-DELA) ainsi qu'une pub agrémentée d'extraits pour la très attendue collection Shaw Brothers. En tâtonnant dans le noir de l'interactivité du second disque, il est aussi possible de trouver les crédits du DVD montés comme le teaser du film.
S'il n'est pas le film exceptionnel annoncé, DARKNESS est un bon film d'épouvante, visuellement fort, qui souffre d'un manque de cohérence scénaristique. Le double DVD édité par Wild Side lui rend en tout cas hommage en faisant mieux que l'édition sortie en Espagne par la propre maison de production du film.