Parmi les contes d'Andersen, "La reine des neiges" a déjà donné lieu à plusieurs adaptations pour le cinéma, les deux plus célèbres ayant été tournées en URSS : LA REINE DES NEIGES, un dessin animé de Lev Atamanov, et, en cinéma traditionnel, SNEZHNAYA KOROLEVA de Gennadi Kazanzky (distribué en DVD par Ruscico). Toutefois, cette histoire n'a que peu inspiré le cinéma hollywoodien. Elle avait donné lieu à une adaptation américaine en 1984, mais c'était dans le cadre de la série télévisée FAERIE TALE THEATRE. C'est à nouveau pour la télévision que ce conte est remis à l'honneur, sous la forme d'un téléfilm familial produit par Hallmark. A la réalisation, on trouve David Wu, émigré de Honk Kong et monteur réputé, ayant travaillé pour des cinéastes prestigieux : Tsui Hark, John Woo, Ronny Yu et Christophe Gans. Son nom se retrouve ainsi associé à des classiques tels que HISTOIRES DE FANTOMES CHINOIS, THE BRIDE WITH WHITE HAIR ou A TOUTE EPREUVE ! Passé à l'ouest dans les valises de John Woo (à l'occasion du téléfilm LES REPENTIS), Wu a fini par s'affirmer comme réalisateur pour la télévision américaine, LA REINE DES NEIGES étant un de ses plus récents travaux à ce poste. Cette oeuvre s'offre, dans le rôle-titre, la présence d'une vedette du cinéma : Bridget Fonda. A part elle, il faut bien reconnaître que le casting ne propose pas de comédiens à la carrière remarquable...
Il était une fois une petite ville blottie au coeur d'une belle vallée montagneuse... Une jeune fille, Gerda, y vit, avec son père Wolfgang, le directeur de l'hôtel de l'Ours Blanc. Tous deux détestent l'hiver, car c'est à cette saison que leur mère et épouse est morte de froid, des années auparavant. Un beau jour, Kai, un garçon sans le sou, devient le groom de l'hôtel. Il ne faut pas longtemps pour que lui et Gerda partagent de tendres sentiments. Wolfgang, rendu amer et méfiant par la perte de son épouse, voit cette union d'un mauvais oeil. Confiants en l'avenir, les deux tourtereaux ne s'en formalisent pas... Ils ignorent qu'une plus grave menace pèse sur leur idylle... Après avoir reçu dans l'oeil un étrange éclat de glace, Kai commence à se montrer froid et distant. Puis, il tombe sous l'emprise d'une femme mystérieuse, venue passer une nuit à l'Ours Blanc, et il quitte la ville en sa compagnie. Il ignore qu'il s'agit de la redoutable Reine des Neiges, la Princesse de l'Hiver, qui enlève des hommes jeunes afin d'en faire ses esclaves. Gerda part, seule, à la recherche de Kai. Elle va devoir traverser les royaumes des quatre saisons...
Le conte d'Andersen est, à l'origine, assez court, et il a fallu lui faire subir plusieurs aménagements afin de l'adapter au format des longs téléfilms Hallmark. Tout d'abord, Gerda et Kai ne sont plus deux enfants liés par une solide amitié, mais de jeunes adultes, et la première heure nous dépeint leur romance naissante, aux airs de TITANIC assez appuyés, tin whistle irlandais inclus ! Par ailleurs, le périple de Gerda a été refondu en quatre volets, chacune des rencontres importantes étant associée à une saison (la reine du printemps, la reine de l'été, la reine de l'automne et la reine de l'hiver). Les trois premières péripéties renvoient, plus ou moins fidèlement, aux trois premières aventures du l'histoire d'Andersen, respectivement : "Le jardin de la femme qui savait la magie" ; "Le prince et la princesse" et "La petite fille des brigands". Par contre, les épisodes de la femme laponne et de la femme finnoise ont été éliminés. D'autre part, il a été choisi de nous faire suivre la captivité de Kai dans les cavernes de la Reine des Neiges, que ne décrit pas Andersen.
Hélas, ces remaniements ne suffisent pas à apporter une substance suffisante à l'allongement du court texte original. Les traversées des deux premiers royaumes partent d'idées intéressantes, mais, à chaque fois, semblent être étirées sans autre raison que de jouer la montre. La rencontre avec la Reine de l'Automne et ses brigandes est particulièrement lassante : il est bien difficile de faire le lien entre cette aventure et la saison en question. L'artificialité évidente de la reconstruction du récit, fondée sur la séparation en quatre saisons, paraît alors aussi évidente que regrettable.
Pourtant, LA REINE DES NEIGES sauve en partie les meubles grâce aux qualités des meilleures oeuvres Hallmark. Tourné au Canada, il s'offre des décors naturels d'une splendeur éblouissante, ainsi que des plateaux construits luxueux et très soignés. Bénéficiant, en plus, d'une réalisation variée et compétente, de comédiens solides et d'effets spéciaux inattaquables (l'ours blanc...), LA REINE DES NEIGES se permet d'étaler des moyens et une finition que pourraient lui envier bien des films destinés au cinéma. Enfin, la beauté des actrices principales (Bridget Fonda, Kira Clavell et Chelsea Hobbs) ne gâchent rien !
Doté de nombreux atouts, LA REINE DES NEIGES provoque néanmoins un certain ennui, son scénario n'ayant pas réussi à adapter convenablement le conte d'Andersen au format d'un téléfilm-fleuve. Diffusé à la télévision américaine dès décembre 2002, il arrive en DVD en France chez l'éditeur Elephant.
Commençons par les choses qui fâchent : une comparaison avec des captures faites sur le DVD américain de LA REINE DES NEIGES révèle que nous avons affaire à un regrettable recadrage. Proposé à l'origine dans un format panoramique (environ 1.77), le cadre est ici tronqué de façon à proposer une image en 4/3 plein écran... A part cela, l'image est proposée dans un très honnête télécinéma, auquel on ne reprochera qu'un très léger manque de définition.
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La bande-son est proposée en version anglaise 2.0, avec un sous-titrage français. Bien que le DVD américain propose un mixage de la piste anglophone en 5.1, le résultat présenté ici reste de très bonne tenue. Par contre la version française (5.1), bien que bénéficiant d'un doublage convenable, souffre d'effets peu naturels, donnant lieu à de fréquents échos métalliques, rapidement énervants.
En bonus, on trouve un petit Making-Of d'une vingtaine de minutes, qui semble en fait être la mise bout-à-bout de plusieurs petites featurettes promotionnelles. Cela donne un résultat un peu fouillis (on nous ressert environ trois fois certains extraits d'interviews !) et peu informatif. On peut encore trouver la bande-annonce de LA REINE DES NEIGES (qui respecte le cadrage d'origine), une galerie de photos et des filmographies sélectives et anglophones pour les principaux acteurs. On apprécie que toute l'interactivité soit sous-titrée en français !
Cette édition s'avère donc un peu décevante, vu que, contrairement au DVD américain, elle ne propose pas de piste anglaise 5.1, et, surtout, trahit le cadrage d'origine. Néanmoins, elle reste la seule solution pour les spectateurs non anglophones désirant découvrir ce titre...