Une expédition maritime est montée par Petrox, une société pétrolière, en vue de découvrir de nouveaux gisements. La destination est une île mystérieuse à laquelle s'intéresse aussi un zoologue qui s'embarque clandestinement à bord du navire. Ce voyage les mène à la découverte d'un gorille géant vénéré par une tribu indigène.
Depuis le KING KONG réalisé au début des années 30 par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, les grands singes ont souvent ravagé les écrans de cinéma. Ainsi, de façon très officielle, . Herman Cohen produira sa propre version plus tard avec KONGA, dont le titre ne laisse aucune équivoque quant au contenu. On retrouvera aussi le monstre géant américain aux prises avec le «lézard» japonais dans KING KONG VS. GODZILLA avant que la Toho ne poursuive avec un affrontement entre le gorille et une version mécanisée de celui-ci dans LA REVANCHE DE KING KONG. Dino De Laurentiis fait table rase et l'idée lui prend d'adapter de nouveau KING KONG le plus sérieusement du monde et façon forcément gigantesque !
Les problèmes viendront s'amonceler tout au long de la production du film, qui soulève pour commencer un gros souci quant à l'appartenance des droits de KING KONG. En effet, Dino De Laurentiis et Paramount se retrouvent en concurrence avec une autre adaptation tout à fait officielle à la Universal. Ce qui provoque bien entendu un clash puisque chacun veut tirer la couverture à lui en arguant que leur propre projet est plus officiel que celui de l'autre. Une belle aventure qui démarre donc à coups de procès entre Paramount, Universal et la RKO, productrice du film original. Le tout se réglera de façon très Hollywoodienne par une happy-end symbolisée par un tas de dollars dont le montant exact reste un mystère. Quoi qu'il en soit, Dino De Laurentiis a réussi à faire en sorte que le remake prévu par Universal soit repoussé dans le temps, lui laissant le champ libre.
Le projet de la Universal ne fut au passage jamais produit alors que le studio annonçait déjà la présence de Peter Falk dans le rôle du cinéaste aventurier et Joseph Sargent à la réalisation, ainsi que la reprise de la musique originale de Max Steiner, pour un film qui se serait déroulé dans les années 30. Savoir si Universal a fait monter les enchères pour récupérer de l'argent ou fut refroidi par les accumulations de problèmes survenus sur le tournage du film produit par Dino De Laurentiis reste aussi mytérieux que la transaction entre les studios. Toutefois, après une trentaine d'années, Universal a mis en chantier une nouvelle version de KING KONG, confiée cette fois à Peter Jackson avec toujours l'ambition d'en faire un film d'époque.
Le bras de fer entre les studios ne fut pas le seul problème juridique à avoir émaillé la création du KING KONG produit par Dino De Laurentiis. En effet, l'annonce de la remise au goût du jour de cette histoire ne pouvait laisser insensibles d'autres producteurs. C'est ainsi que Frank Agrama se lance dans une version féministe et parodique avec des capitaux européens. QUEEN KONG ne sera vu que par bien peu de monde à l'époque puisque Dino De Laurentiis juge à ce moment-là que cette oeuvrette risque de faire de l'ombre à son propre singe et il engage des poursuites. L'effet sera le blocage un peu partout de QUEEN KONG, qui ne refera surface que plusieurs années plus tard.
Suite à la sortie dans les salles de KING KONG, il ne fut pourtant rien entrepris pour contrecarrer les sorties d'autres projets qui ne partageaient pas de toute façon le patronyme du personnage démesuré. On notera ainsi un effort coréen du nom de A*P*E, dont le titre fut changé dans plusieurs pays histoire de bénéficier de la renommée du personnage, ce qui fut le cas en France puisque le film y fut distribué comme KING KONG REVIENT. La Shaw Brothers, à Hong Kong, se lance dans le jeu avec THE MIGHTY PEKING MAN et, une fois de plus, les distributeurs français ne seront pas dupes en le re-titrant de façon tout aussi judicieuse que prudente en COLOSSE DE HONG KONG.
Mais pour en revenir à KING KONG, toute la période de gestation fut un véritable enfer pour Dino De Laurentiis. A commencer par un singe géant en animatronique conçu entre autre par Carlo Rambaldi et qui fonctionnait quant il voulait voire pas du tout ! Cela n'a pas refroidi Dino De Laurentiis qui confia des boulots similaires à Rambaldi sur ORCA et BISON BLANC. Quoi qu'il en soit, la plupart des plans du gorille de KING KONG sont en réalité issus de la grande tradition de l'homme dans un costume. Pas n'importe qui, puisqu'il s'agit de Rick Baker qui s'est occupé de la tenue et du visage du gorille. L'homme étant devenu depuis le grand spécialiste des singes à l'écran (GREYSTOKE, GORILLES DANS LA BRUME, MON AMIE JOE, remake de LA PLANETE DES SINGES) mais c'est aussi, entre autres, l'artisan d'une saisissante transformation en loup-garou à une époque où le numérique n'existait pas (LE LOUP-GAROU DE LONDRES).
Singe géant et morceaux de primate en animatronique contre un bonhomme dans un costume ! Des allées et venues entre ces deux types d'effets se font assez souvent dans ce KING KONG. Et c'est la deuxième solution qui s'avère au final la plus crédible ! Ainsi, lorsque l'on peut voir le singe en cage avec sa couronne sur la tête, on peut découvrir le fameux primate animatronique comme une vilaine poupée rigide. Les morceaux grandeur nature tels que les mains font déjà bien plus illusion. Pourtant, les séquences où le singe est le fruit de maquillage et d'un costume sont souvent les plus satisfaisants. Mais ces soucis techniques n'entravent pas vraiment la vision du KING KONG réalisé par John Guillermin.
Fidèle à l'histoire originale, le film opère tout de même quelques modifications de taille. Le voyage n'est plus celui d'un cinéaste en quête de véracité et de sensationnel mais d'un entrepreneur à la recherche de pétrole. Difficile d'intégrer les deux autres personnages principaux dans ces conditions. Pas de problème, l'un d'eux s'embarque clandestinement sur le bateau qui le mènera vers la mystérieuse île, alors que le second sera repêché en chemin suite à un naufrage. Pourquoi pas ! Pour le reste, l'histoire suit la trame classique avec ces indigènes qui vénèrent Kong, l'offrande, le retour à la civilisation et bien entendu la relation entre la frêle jeune femme et le libidineux gorille géant.
Pour qui connaît le film original, les aventures sur Skull Island sont plutôt décevantes. En lieu et place de la faune inquiétante qui constituait l'habitat du gorille et où évoluaient des créatures préhistoriques, on découvre ici une île à la limite paradisiaque. On ne déplore ainsi qu'un gros serpent belliqueux et c'est à croire que le roi Kong a fait le grand ménage dans les parages. La partie aventureuse se laisse tout de même gentiment regarder, en attendant le clou du spectacle, à savoir un gorille géant en goguette dans New York ! Une dernière partie du film plus impressionnante et spectaculaire. Par contre, en ce qui concerne les sentiments, cette version actualisée ne fait pas dans la subtilité. Si l'on pouvait trouver touchant et émouvant le gorille original, le spectaculaire l'emporte cette fois sur l'aspect émotionnel de l'histoire.
Une dizaine d'années après KING KONG, Dino De Laurentiis ne lâchera pas l'affaire en sortant une suite dont la célèbre accroche française promettait beaucoup («Il revient et il n'est pas content !») alors que le résultat à l'écran était largement moins sérieux que la version précédente tournée elle aussi par John Guillermin. Il faut dire qu'entre les deux films, les genres dans lesquels il s'était illustré s'étaient gravement raréfiés (LA TOUR INFERNALE, ALERTE A LA BOMBE, LE PONT DE REMAGEN, LE CREPUSCULE DES AIGLES...). Ainsi, entre les deux films mettant en scène King Kong, il ne tournera qu'une adaptation de Agatha Christie (MORT SUR LE NIL), un soporifique MR. PATMAN où James Coburn travaille dans un asile psychiatrique tout en sombrant lui-même dans la folie et un amusant SHEENA REINE DE LA JUNGLE.
Il ne s'agit pas de la première incursion sur DVD du KING KONG de John Guillermin puisque TF1 Vidéo avait distribué il y a plusieurs années déjà un disque pour ce film. Studio Canal le ressort donc cette fois dans une belle boîte contenant deux DVD. En ce qui concerne le film, l'image est plutôt de bonne facture même si l'on peut répertorier quelques petits défauts de pellicule ou des soucis minimes de compression. L'ensemble est plutôt satisfaisant sans pour autant atteindre la perfection.
La version originale et le doublage français ont droit à des pistes en Dolby Digital 5.1 alors que seule la version anglaise se voit agrémentée, en plus, d'une piste en DTS. D'une manière générale, le rendu des trois pistes est assez éloigné des exubérances en multi-canaux auxquelles nous sommes habitués de nos jours. En dehors de la musique qui en tire largement partie, le reste de la bande-sonore est le plus souvent localisé vers l'avant en dehors de quelques effets particuliers. Le but du jeu ici étant donc de retranscrire le son original avec plus de dynamisme, plus de précision et surtout une plus grande ampleur.
La présence de deux disques pour une édition DVD de prestige s'est largement généralisée. KING KONG ne fait pas exception à cette règle et présente donc d'un côté le film et de l'autre les suppléments sur un disque isolé. Par contre, dans le cas de KING KONG, cette politique pourra paraître plutôt étrange en ce sens que le disque consacré aux bonus est quasiment vide. Passées une bande-annonce et une galerie de photos, il ne reste plus qu'une dizaine de scènes coupées à visionner. Fort peu ! Les scènes coupées en question sont présentées de deux façons différentes. Il est ainsi possible de les voir seules ou alors avec des morceaux du film avant et après, histoire de les remettre dans leur contexte. Une idée judicieuse qui tombe à plat dès lors que l'on s'aperçoit que nombre de ces scènes coupées se résument à des montages alternatifs agrémentés d'une poignée de secondes supplémentaires sans aucun intérêt. Les véritables nouvelles scènes se font donc assez rares, à l'image du bar avant le voyage en bateau où une séquence avec deux membres d'équipage voyeurs. Voir ces scènes est tout de même sympathique mais on peut se demander pourquoi Studio Canal n'a pas jugé bon de remplir son DVD de suppléments de façon un peu plus conséquente. On a du mal à croire qu'il n'existe pas de Featurettes d'époque ou de documents filmés du tournage en train de dormir dans une cave quelque part. D'un autre côté, si l'envie n'était de présenter que ces suppléments et rien d'autre, pourquoi ne pas les avoir simplement mis sur un seul et même disque ? En tout cas, un peu plus de soin a été apporté à l'élaboration des menus de ce second DVD par rapport à ceux particulièrement laids du premier disque.
Le véritable supplément de cette édition ne se trouve pas sur le premier DVD et encore moins sur le second. Il s'agit d'un livret de 80 pages où l'on peut trouver un historique de KING KONG, l'original, mais aussi de façon plus détaillée celui produit par Dino De Laurentiis. Un livret informatif mais qui n'est pas dénué de défauts. On sent bien que la matière a manqué pour remplir toutes les pages ! Beaucoup se trouvent donc agrémentées de planches de photos prises probablement directement sur le master du DVD et qui n'apportent rien, si ce n'est qu'elles sont présentées déformées. En effet, les clichés sont anamorphosés et écrasent les images ! Voilà qui est gênant surtout quand on accumule ainsi des dizaines de photos.
Un disque de suppléments aux trois-quarts vide, un livret de 80 pages qui aurait pu n'en faire que la moitié... A croire que Studio Canal a pensé le packaging et la façon de commercialiser son produit avant d'entreprendre le travail éditorial sur les suppléments éventuels. Le résultat est de toute façon bien surprenant pour l'utilisateur final. Celui-ci pourra au moins visionner ce KING KONG fort agréable, même s'il est largement moins prestigieux que le film original, dans une version au moins honnête d'un point de vue audio/vidéo.