Au Texas, durant leur soirée de fin d'année, quatre étudiants se perdent en voiture et percutent un autre véhicule. Pendant que l'un d'entre eux reste sur place, les trois autres s'en vont chercher de l'aide. C'est là qu'entre en scène une bande de psychopathes dont l'un est armé d'une tronçonneuse...
Kim Henkel, co-scénariste avec Tobe Hooper de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, est engagé par New Line pour bosser sur l'écriture de LEATHERFACE, le troisième opus de la série des MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. Très vite, le scénariste jette l'éponge suite à des tensions avec la maison de production et n'aura finalement pas servi à grand chose dans le développement du film. L'idée de produire une nouvelle suite trotte dans la tête de Robert Kuhn qui propose l'idée à Kim Henkel. Ce dernier se laisse tenter surtout qu'il voit là une façon de refaire le premier film tel qu'il aurait voulu qu'il soit à l'origine. Le producteur et le scénariste jugent que les deux premières suites sont ratées et qu'il est donc temps de rendre justice au premier film en produisant une nouvelle histoire d'horreur sur les mêmes bases.
Robert Kuhn et Kim Henkel obtiennent la possibilité de tourner un nouveau film grâce à Chuck Grigson, l'ayant droit du premier film, damant ainsi le pion à New Line. Tobe Hooper décline l'offre de réaliser le film et préfère prudemment se réfugier sur le tournage de THE MANGLER d'après une nouvelle de Stephen King. De leur côté, les deux acolytes passent un accord avec Columbia pour la distribution du film aux USA et Kim Henkel décide de le réaliser lui-même. Il embarque toute sa troupe pour un tournage marathon où il pousse les acteurs dans leurs derniers retranchements, essayant de reproduire l'état de folie qui régnait sur le plateau du premier film.
Mais Kim Henkel n'est pas Tobe Hooper et si l'apprenti réalisateur plagie de nombreux plans issus du film original avec plus ou moins de bonheur (Leatherface qui aggripe une victime lorsqu'elle essaye de s'enfuir par une porte, la pendaison sur le crochet...), la mise en boîte du film est bien trop conventionnelle et sans inventivité pour convaincre. Les acteurs auront beau faire ce qu'ils peuvent, il est difficile de gommer des erreurs flagrantes qui empêchent le film d'être un tant soit peu crédible. A commencer par justement le choix des acteurs qui incarnent la smala de givrés texans. Matthew McConaughey livre une prestation hallucinée mais impossible de voir en lui l'un des représentants d'une famille de bouchers cannibales. Encore moins lorsqu'il s'avère qu'il est le leader d'une petite troupe de timbrés trop propres sur eux ! Voilà bien le plus gros souci de ce TEXAS CHAINSAW, tout y est aseptisé et bien trop lisse en comparaison avec les trois films qui le précédent et surtout les deux premiers, mis en boîte avec brio par Tobe Hooper.
Autre point fort gênant déjà évoqué, TEXAS CHAINSAW souffre d'une réalisation trop commune. Kim Henkel ne peut s'empêcher, à moins qu'on ne l'y ait forcé, de placer des morceaux musicaux sur de nombreuses séquences du film. Autant de moments qui donnent un côté quelque peu clipesque là où il aurait été préférable de s'adonner à la brutalité ou à une approche plus sèche. La plupart des séquences tombent à plat et ne suscitent pas vraiment d'émotions particulières. Aucune peur, aucun stress... Il en va de même en ce qui concerne le portrait des personnages qui donnent l'impression de n'être rien de plus qu'une bande de cinoques sadomaso, bien éloignés de la morbide famille originale. Un personnage fait d'ailleurs irruption aux deux tiers du film pour se plaindre que justement tout cela n'a rien à voir avec la véritable essence de la peur et de la terreur. Une idée amusante du réalisateur / scénariste qui ne se rend même pas compte que du même coup, il juge son propre travail !
Justement, ce nouveau personnage est plutôt amusant puisqu'il amène un retournement de situation assez déconcertant. Il mène d'ailleurs vers une explication fort stupéfiante des massacres passés et à venir. Une conclusion amusante, mais qui a bien du mal à racheter la vision assez ennuyeuse de ce film, où l'on pourra découvrir ce qu'il est advenu de l'héroïne du premier film, incarnée une nouvelle fois ici par Marylin Burns.
Lorsque Robert Kuhn et Kim Henkel rapportent leur copie du film, les problèmes surviennent. A commencer par la Creative Artists Agency, représentant l'acteur Matthew McConaughey, qui n'a pas envie de voir sortir le film sur les écrans américains. Il faut dire que leur client commence à avoir la cote et sa prestation déjantée dans TEXAS CHAINSAW ne serait pas forcément une bonne publicité. Des pressions sont alors exercées sur la Columbia qui de toutes façons n'est pas très emballée par le film qu'on lui livre. En tant que distributeur, la Columbia s'arroge le droit de changer le titre qui passe de RETURN OF THE TEXAS CHAINSAW MASSACRE à TEXAS CHAINSAW MASSACRE : THE NEXT GENERATION. Au passage, une dizaine de minutes sont coupées dans les scènes d'exposition et plus particulièrement celle du personnage de Jenny interprétée par Renée Zellweger qui, à l'instar de Matthew McConaughey, n'est pas encore une actrice très connue (JERRY MAGUIRE et LE JOURNAL DE BRIDGET JONES sont encore loin). Enfin, il est décidé de ne pas sortir le film dans les salles mais directement en vidéo. Forcément, le producteur et le réalisateur s'insurgent et réussissent juridiquement à décoincer la situation et à faire distribuer le film dans les cinémas grâce à Cinepix. Une distribution loin d'être celle qu'ils imaginaient avec bien peu de salles qui diffusent le film, qui aura traîné pendant près de deux ans sur une étagère !
Columbia ne croit pas plus dans ce film pour sa sortie en DVD sous le titre de TEXAS CHAINSAW en France. Il est ainsi relégué en cadeau dans un coffret regroupant deux autres films : LA NUIT DES MORTS-VIVANTS version Tom Savini et LA NUIT DECHIREE. Dans le courant de l'année 2003, le même disque ressortira à l'unité avec un tout petit prix de vente. Ce qui n'est pas surprenant puisqu'il s'agit d'une édition minimaliste d'un film sans grand intérêt.
Quelques défauts de pellicule viennent parasiter l'image et de nombreux plans laissent apparaître un grain assez prononcé. Le rendu général de l'image est donc plutôt sale, ce qui est certainement un voeu de ses créateurs mais aussi dû aux contraintes du petit budget alloué au film. Bien entendu, Columbia n'a pas fait beaucoup d'efforts pour la sortie de ce DVD et donc le résultat est moyen, ce qui n'est déjà pas si mal ! Le disque contient plusieurs pistes sonores en stéréo surround. La piste anglaise sera la seule véritablement attractive et elle dispose d'une dynamique réussie pour une bande sonore mixée en Ultra Stéréo.
Les seuls bonus se limitent à la bande-annonce avec sa tagline qui tue «Si la laideur pouvait tuer, il n'aurait pas besoin d'une tronçonneuse !». Voilà qui pourrait bien être l'un des seuls attraits de ce DVD. On retrouve aussi des bio/filmographies où l'on apprend des informations qui peuvent éclairer certains des éléments du film (les citations de W.E. ?).
En reprenant les rênes de la série, le scénariste l'enfonce dans un marasme d'où elle aurait pu ne jamais ressortir. Heureusement, New Line a produit un nouveau film en 2003 qui rattrape les errances de ce quatrième opus. Il est même amusant de mettre en parallèle les deux films pour comprendre pourquoi un film peut être raté et un autre réussi tout en se basant sur le même concept. On notera d'ailleurs qu'une idée est reprise, en mieux bien sûr, de TEXAS CHAINSAW dans la version 2003, comme quoi, tout n'était pas bon à jeter !