Header Critique : FIELD OF DREAMS (JUSQU'AU BOUT DU REVE)

Critique du film et du DVD Zone 1
FIELD OF DREAMS 1989

JUSQU'AU BOUT DU REVE 

Ray Kinsella, un fermier, entend une voix mystérieuse lui demander de bâtir un terrain de base-ball dans ses champs. Il s'exécute. Quelque temps plus tard, le fantôme d'un joueur de base-ball, mort depuis des années, y apparaît.

Le roman "Shoeless Joe" de W.P. Kinsella est publié au début des années 1980, et le scénariste Phil Alden Robinson envisage rapidement d'en faire une adaptation. Il est soutenu par les producteurs Charles et Lawrence Gordon, qui vont lui permettre de faire aboutir son projet chez Universal. Entre-temps, Robinson a réalisé son premier film, IN THE MOOD, une comédie qui n'a pas eu de succès. JUSQU'AU BOUT DU REVE est donc sa seconde réalisation pour le cinéma, qui bénéficie d'un casting de grande qualité, avec notamment Kevin Costner, alors en pleine phase ascensionnelle (on l'avait vu dans LES INCORRUPTIBLES, le film sur le base-ball DUO A TROIS...). Le roman de Kinsella mettait en scène un véritable écrivain, J.D. Salinger. Celui-ci refuse qu'on le représente dans le film, et Robinson doit réécrire ce personnage, ce qu'il fait en créant l'auteur Terence Mann, avec, en tête, l'acteur James Earl Jones (CONAN LE BARBARE). Ce dernier accepte heureusement ce rôle. Les deux principaux joueurs de base-ball apparaissant dans JUSQU'AU BOUT DU REVE ont bien existé : "Shoeless" Joe Jackson est interprété par Ray Liotta (qu'on a un moment envisagé pour Ray Kinsella) et Archibald "Moonlight" Graham est incarné par Burt Lancaster en personne, dont ce devait être le dernier rôle pour le cinéma. Le film fut tourné complètement hors de Californie, dans la ville de Boston, et dans les états de l'Iowa et de l'Illinois.

Ray Kinsella, un citadin, s'installe dans l'Iowa avec sa femme et sa fille, afin d'y devenir fermier. Alors qu'il inspecte ses plantations de maïs, une voix d'origine mystérieuse lui murmure : "Si tu le construis, il viendra". Comme les jours passent, Ray a des visions d'un terrain de base-ball. Alors qu'il n'a jamais été un amateur de ce sport (contrairement à son père, qui en était passionné), il fait bâtir ce terrain en plein milieu de ses champs. Un soir, y apparaît Shoeless Joe, un célèbre joueur de base-ball mort depuis des années, avec lequel Ray échange quelques balles et discute. D'autres célébrités d'outre-tombe viennent se dégourdir les jambes chez l'agriculteur, tandis que les voix mystérieuses continuent de lui adresser des messages énigmatiques. Ceux-ci mènent Ray sur deux pistes : celle de l'écrivain Terence Mann, un auteur libéral, qui défendit des idées progressistes au cours des années 1960 et vit désormais en reclus à Boston ; et Archibald "Moonlight" Graham, un joueur de base-ball méconnu, qui n'a eu qu'une seule fois l'occasion de fouler le terrain d'un match important...

JUSQU'AU BOUT DU REVE s'inscrit nettement dans la lignée de comédies fantastiques humanistes, dans le style de LA VIE EST BELLE ou de HARVEY. L'ombre du grand Capra plane ainsi sur ce film, qui brasse des valeurs américaines positives (générosité, audace, famille...) sur fond de grands sentiments. Ainsi, une petite voix mystérieuse donne des instructions étranges à Ray, l'incitant à suivre un chemin pour le moins farfelu et risqué. Il s'agit en fait de signes du destin, comme toujours un peu obscurs, qu'il va devoir suivre en leur accordant une confiance presque aveugle : cela lui permettra, peut-être, d'aller jusqu'au bout de son rêve ; mais cela pourra aussi bien le conduire à la catastrophe... Voici donc Ray qui bâtit un superbe terrain de base-ball en plein milieu d'un champ de maïs de l'Iowa, et abandonne, temporairement, sa femme, sa fille et sa ferme afin de suivre des indications venues de l'au-delà...

JUSQU'AU BOUT DU REVE trace aussi le portrait doucement désabusé de la génération d'américains qui rentra dans l'âge adulte à la fin des années 1960. Ray et sa femme ont participé aux mouvements hippies, se sont illustrés en défendant des "causes" de cette époque. Mais, vingt ans plus tard, leur énergie et leur idéalisme se sont érodés au contact de la réalité. Quant à l'écrivain Terence Mann, ancien intellectuel brillant et militant, il a, depuis, choisi de couper les ponts avec son passé, et s'est réfugié, aigri, dans une vie d'ermite. Toutefois, il ne faut pas croire que Robinson se prête à une relecture désavantageuse des mouvements contestataires des années 1960, à la manière réactionnaire d'un FORREST GUMP. Bien au contraire, il admire la combativité de cette génération, mais constate que la flamme de sa foi dans le progrès s'est bien estompée. Pourtant, cette flamme est toujours là, et peut se réveiller à la moindre occasion (la censure du livre de Terence Mann)...

Si Robinson ne se montre pas critique quant aux mouvements contestataires des années 1960, qu'il considère au contraire comme la source de changements positifs au sein de la société américaine, il constate que ces changements se sont faits au prix de batailles et de ruptures, inévitables. Ainsi, Ray s'est brouillé avec son père, et ils n'ont jamais eu l'occasion de se réconcilier. Dès lors, le base-ball, le loisir le plus populaire des États Unis, est dépeint comme une passion fédératrice, transcendant les classes sociales et les convictions politiques.

Au-delà d'un constat sur l'évolution de la société américaine, JUSQU'AU BOUT DU REVE s'interroge sur la notion de destin. Aucun de ses quatre "héros" n'est montré comme un "winner", bien au contraire. Shoeless Joe a été banni du base-ball professionnel après avoir été soupçonné de corruption passive. Ray, à presque quarante ans, mène encore sa vie de façon instable. Terence Mann, lassé par ses années de lutte, s'est exclu de la société. Archibald "Moonlight" Graham est passé à un cheveu de réaliser son rêve (devenir un joueur de base-ball professionnel), mais il a échoué et est devenu un simple médecin de campagne.

Ce dernier personnage, particulièrement, est fort touchant : certes, son souhait le plus cher était de devenir un champion sportif ; et pourtant, sa véritable destinée, celle dans laquelle il s'est vraiment accompli, était d'être le médecin d'une petite ville, où il est aimé de tous. Indépendamment du film lui-même, la "mort" de "Moonlight" est une séquence fort émouvante, puisqu'elle illustre le départ de l'acteur Burt Lancaster, sur un beau rôle, dans un beau film. Après une stupéfiante carrière, ce superbe comédien s'efface de l'écran, non sans nous avoir adressé un dernier adieu, dans une scène magnifique, inoubliable.

Oscillant entre la comédie et le mélodrame, JUSQU'AU BOUT DU REVE parvient, grâce à un scénario bien fait et laissant toujours un peu de mystère en suspens, à rester passionnant à suivre. S'il joue souvent la carte de l'émotion, c'est, la plupart du temps, sur un mode retenu. Certes, le final "miraculeux" en rajoute un peu trop dans le sirop....

Néanmoins, il s'agit d'un bon film fantastique américain, assez à part dans la production de son époque. Lancé aux USA, prudemment, dans un circuit limité, il finira, heureusement, par trouver son public, et deviendra même une oeuvre très rentable. En France, il obtiendra de bonnes critiques, mais ne sera pas vraiment un succès en salles.

Aux USA, le film sort d'abord en laserdisc dans une édition simple, proposant le film au format 1.33 (en fait sans les caches du format panoramique). Puis il ressort dans son format panoramique correct. En 1996, il est publié, à nouveau, cette fois sous la forme d'un double-laserdisc, bénéficiant d'une interactivité très fournie.

Le DVD américain (Zone 1, NTSC), étudié ici, est sorti en 1998. L'image est proposée dans son cadrage d'origine (1.85), mais n'offre pas l'option 16/9. Ce transfert semble assez ancien et trahit quelques faiblesses, comme une fixité légèrement hésitante, quelques saletés, un rendu des images assez sombre, un peu de grain par-ci par-là, et une définition perfectible. Si cette énumération de petits défauts peut faire frémir, le résultat reste globalement très acceptable, notamment grâce à une compression qui sait se faire oublier, et des couleurs naturelles.

Au niveau des bandes-son, tout cela date un peu aussi : on trouvera seulement la version originale anglaise et la version française (ou plutôt québécoise), toutes les deux en Dolby Surround d'origine. Le résultat est néanmoins de bonne tenue, sans faire des étincelles. L'ensemble est accompagné d'un sous-titrage anglais pour malentendants et d'un sous-titrage espagnol.

La section interactivité reprend essentiellement les bonus du laserdisc collector. On retrouve ainsi le commentaire audio du réalisateur Phil Alden Robinson et de son chef-opérateur John Lindley. Très précis, il est composé avant tout d'anecdotes de tournage et d'informations techniques.

Puis, toute une section, appelée "A 'Field of dreams' Scrapbook", reprend le contenu du laserdisc de bonus. On y trouve d'abord un long Making Of (avec un sous-titrage français, contrairement au film !!) de presque 90 minutes, qui revient sur sa genèse, ses différents créateurs et interprètes, la composition de sa musique par James Horner... Grouillant d'interviews, datant du tournage (Lancaster, Costner...) ou plus "récentes" (James Earl Jones, Robinson... ont été à nouveau sollicités en 1996), ce documentaire très soigné est vraiment un modèle du genre. Il est par ailleurs possible de le visionner, avec l'intégralité de la musique de JUSQUAU BOUT DU REVE comme bande-sonore isolée durant les 50 premières minutes, tandis que le texte parlé est transcrit sous la forme d'un sous-titrage anglais...

On peut ensuite consulter une énorme galerie de photographies de plateau et de tournage. Certaines d'entre elles évoquent des séquences tournées, mais coupées au montage. Sont encore proposés à la lecture le scénario original, ainsi que des articles consacrés au véritable personnage de Archibald "Moonlight" Graham et au tournage du film. Une section "Pot-pourri" contient des documents de toutes sortes (photos publicitaires, affiches...), parmi lesquels le story board d'effets spéciaux prévus par l'ILM : des lumières "magiques" devaient accompagner la "disparition" des esprits dans le champ de maïs, mais Robinson renonça à employer de tels trucages, qu'il trouvait superflus. Enfin, on peut visionner la bande-annonce du film.

Toute cette section est d'une richesse stupéfiante, mais il faut aussi reconnaître que sa consultation est rendue assez difficile par une navigation se faisant à travers des menus pour le moins désordonnés...

Universal a rajouté quelques bonus pour le DVD, comme des bio-filmographies de Kevin Costner, Amy Madigan, Ray Liotta, Burt Lancaster et Phil Alden Robinson. De nouvelles notes de production (assez redondantes par rapport aux autres bonus) apparaissent encore. Enfin, le boîtier du DVD inclut un feuillet proposant quelques notes rédigées par W.P. Kinsella, l'auteur du roman "Shoeless Joe".

Si on compare cette édition avec le disque français sorti récemment, les DVD de ce film, même si ils mériteraient certaines améliorations (la qualité de l'image et des bandes-son, ainsi que la gestion de l'interactivité, paraissent un peu dépassées), restent quand même tout à fait intéressantes, notamment grâce à la qualité de l'interactivité qui, bien que datant en grande partie du temps du laserdisc, est toujours passionnante.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
FIELD OF DREAMS DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h45
Image
1.85 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Anglais
  • Espagnol
  • Supplements
    • Commentaire audio de Phil Alden Robinson et John Lindley
    • Field of Dreams Scrapbook (Documentaire - 88mn)
    • Intégralité du script original
    • Articles originaux à propos de Doc Graham
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