Deux jeunes couples partent en voiture dans une bourgade des Etats-Unis à la recherche d'une légende locale, le docteur Satan. Surpris par un orage et la crevaison d'un de leurs pneus, ils atterrissent dans une maison où vit une famille de dégénérés, tous plus tarés les uns que les autres, adeptes du cannibalisme et des rites sataniques. Nos quatre jeunes gens vont-ils s'en sortir ?
On connaissait Rob Zombie chanteur, Rob Zombie illustrateur ; maintenant il faudra lui rajouter la casquette de réalisateur. A vrai dire, Rob Zombie était déjà passé derrière la caméra pour la réalisation de ses clips qui s'inspiraient, tout comme sa musique, très largement du bestiaire des films d'horreur qu'il affectionne tant. En effet Rob Zombie est un grand fan du genre et cela se sent dans ses réalisations, à tel point qu'il raflera un MTV Award pour son clip du titre "More Human Than Human". Approché par le studio Universal pour le design d'un projet concernant une nouvelle attraction d'un parc de loisirs, Rob Zombie en profite pour leur soumettre un scénario qu'il a écrit et qui s'intitule THE HOUSE OF 1000 CORPSES : un récit d'horreur largement inspiré de films comme MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, LA COLLINE A DES YEUX ou encore 2000 MANIACS. Universal, flairant un bon résultat au box-office, investit sept millions de dollars dans le projet, une somme minime en regard des autres productions du genre, laissant la réalisation du film à Rob Zombie.
Le problème c'est que le premier montage ne plait pas du tout aux exécutifs du studio qui trouvent le film trop violent, trop déviant. Un comble pour la firme qui est à l'origine des versions cinématographiques les plus connues de DRACULA, FRANKENSTEIN, LE LOUP GAROU et autres monstres mythiques du cinéma fantastique auxquels Rob Zombie rend hommage dans son film par de subtils clins d'oeil. La politique du studio Universal suit en fait la tendance "revival", faire du neuf avec du vieux, à travers des productions comme LA MOMIE ou VAN HELSING.
Le projet de HOUSE OF 1000 CORPSES renoue avec l'âge d'or des films d'horreur des années 70 et 80, à grand renfort de scènes gore, et vaut au film d'être classé R aux Etats-Unis. C'est à dire une interdiction aux moins de 17 ans. Rob Zombie refuse de remonter son film pour le ramener dans la ligne directrice du studio. Universal vend alors à Rob Zombie les droits du film qui se retrouve sans distributeur... La suite, on la connaît... Deux ans après sa sortie initialement prévue, le film va trouver un distributeur – Lions Gate - et mieux encore, va bien marcher au box-office, lui conférant déjà un statut de film culte. Une suite est d'ailleurs déjà en chantier.
Malgré un air de déjà vu au niveau du scénario, on pense en particulier aux films de Tobe Hooper (MASSACRE A LA TRONCONNEUSE ou MASSACRES DANS LE TRAIN FANTOME), la réalisation de HOUSE OF 1000 CORPSES est transcendée par une approche soignée des décors et de l'éclairage, couleurs saturées à la Mario Bava, par un montage efficace, inserts rapides à la Oliver Stone ou utilisation du split-screen, mais surtout par une approche originale dans le traitement de la violence. Rob Zombie introduit un humour distancié qui désamorce le coté malsain du film. On sent effectivement que le metteur en scène affectionne beaucoup plus les personnages déviants que les quatre pauvres victimes qui sont entre leurs mains.
Toute la force du film tient dans le soin particulier apporté à ces personnages (Captain Spaulding, Baby, Otis, Tiny, Grandpa et Mother Firefly) une bande de tarés comme on en a rarement vus à l'écran. Un sans faute en ce qui concerne le casting (mention spéciale pour Bill Moseley qui incarne en plus de son rôle de Otis, une galerie de personnages que l'on peut voir en insert lors de la visite du train fantôme).
Coté gore, on n'est pas en reste avec une progression dans l'horreur qui culmine avec la visite du sous-sol. Même si l'on regrette que certaines scènes soient vite expédiées (la mort de Fishboy, le sort réservé aux filles kidnappées, l'apparition trop courte du docteur Satan…), il faut reconnaître tout le savoir-faire de Rob Zombie dans l'évocation des crimes perpétrés et la description d'une galerie de monstres peu fréquentables.
Les fans de films d'horreur reconnaîtront dans le film de nombreuses références au genre : les films Universal de la grande époque ; les films de Tobe Hooper et de Wes Craven ; une maison proche de celle de PSYCHOSE ou encore une scène pastiche de HALLOWEEN du meilleur goût. HOUSE OF 1000 CORPSES tient sa réussite au fait que Rob Zombie a parfaitement assimilé cette culture du freaks movie au point que son film, même s'il est référentiel, évite à l'instar de SCREAM de jouer avec les spectateurs. HOUSE OF 1000 CORPSES assume totalement son statut de film d'horreur car son metteur en scène est avant tout un fan respectueux du genre.
Toujours inédit chez nous en salle et en DVD, HOUSE OF 1000 CORPSES est disponible en Zone 1 dans une édition irréprochable (et supervisée par Rob Zombie himself) mis à part le fait qu'il a été produit essentiellement pour le marché américain et qu'il propose seulement la version cinéma. Donc pas de version française ni de sous-titres dans notre langue à l'horizon pas plus que le montage original. Le film a été transféré dans une copie 16/9eme superbe avec une colorimétrie extraordinaire même dans les nombreuses scènes se déroulant la nuit. Les défauts de compression sont assez rares et l'image est parfaitement lisse avec des noirs profonds (sauf peut-être dans la scène finale au sous-sol où l'on peut apercevoir du grain sur l'image). Le son a bénéficié d'un mixage qui fait surtout la part belle aux pistes frontales et curieusement moins aux enceintes arrières, qui sont d'habitude plus sollicitées pour les films à ambiance tels que celui-ci. En ce qui concerne la musique présente sur la bande-son, ce sont essentiellement des titres composés par Rob Zombie avec l'utilisation ponctuelle d'autres morceaux (Ramones, Helen Kane et Slim Whitman). L'option piste musicale isolée (Dolby 2.0) présente dans le choix des pistes audio est composée uniquement des morceaux musicaux et de la musique additionnelle.
Une attention toute particulière a été portée sur les menus qui sont animés par certains des personnages du film (Baby, Otis, Captain Spaulding…) prolongeant ainsi le plaisir du long métrage. C'est Captain Spaulding qui, sur le menu principal, a donc l'honneur de nous présenter les différentes parties du DVD. A vrai dire, ici, la quantité de bonus n'est pas proportionnelle à leur qualité. "Making Of" et "Behind the scenes" sont des featurettes très courtes qui "survolent" certains moments du tournage sans grand intérêt.
Dans son commentaire audio, Rob Zombie se montre incroyablement discret surtout lorsqu'il parle des difficultés qu'il a rencontrées pour distribuer son film. Aucune insulte ni regret envers les studios Universal et MGM qui ont pourtant refusé de sortir son film. Il parle surtout sur un ton monocorde des conditions dans lesquelles il a tourné certaines scènes, se paraphrasant souvent, et arrive parfois à nous ennuyer. Néanmoins, son sens de l'humour un brin sarcastique, ses anecdotes sur certains membres de l'équipe, de scènes tournées dans sa cave et les détails qu'il donne sur la post-production, sont assez intéressants.
"Tiny fucked a stump" est le bonus ayant le moins de rapport avec le film. il s'agit d'une sorte de sketch assez délirant en forme de "private joke" interprété par Otis, Baby et Captain Spaulding basé sur un "gimmick" où tous les personnages, tour à tour, racontent la même blague grivoise sur Tiny (le grand costaud aux longs bras qui ressemble à Leatherface). Le supplément "Casting" est en fait composé des essais de l'acteur Dennis Fimple pour le rôle de Grandpa Hugo ; le film lui est d'ailleurs dédié puisqu'il est décédé peu de temps après la fin du tournage à l'âge de 62 ans. Trois bandes-annonces du film (Teaser, Theatrical Trailer et Spot Radio) complètent la partie Trailer. La galerie photo comprend, elle, une cinquantaine de clichés sur les personnages et effets horrifiques de maquillages réalisés sur les victimes et les monstres.
Les essais sont des répétitions de scènes effectuées par les acteurs du film. Les interviews font intervenir - dans leurs costumes respectifs - les acteurs Bill Moseley (Otis), Sid Haig (Captain Spaulding), Sheri Moon (Baby) et le maquilleur Wayne Toth (FREDDY SORT DE LA NUIT, UN PLAN SIMPLE, PULP FICTION) qui répondent tous à peu prés aux mêmes questions s'affichant sur un panneau fixe à l'écran (l'approche de leurs personnages, leur expérience sur le film et sur les films d'horreur en général, leurs films d'horreur préférés).
On n'apprend pas grand chose sinon que, succès aidant, Otis, Baby et Captain Spaulding sont devenues des "Action Figure" (figurines) et qu'il y aura une suite au film. Il y a également trois bandes-annonces de films distribués par Lions Gate : CABIN FEVER, MAY et GODSEND.
A l'arrivée nous avons donc toutes les raisons de nous réjouir de l'arrivée du film en DVD. Pour son premier long métrage Rob Zombie réussit son pari et nous livre un véritable film d'horreur digne de ses aînés. On n'espère qu'une chose, que la suite soit aussi bonne sinon meilleure que le premier opus et surtout que HOUSE OF 1000 CORPSES trouve enfin un distributeur pour que le film sorte en France au moins dans une édition DVD digne de celle du Zone 1, ou mieux dans sa version intégrale, ce qui n'est pas le cas du disque américain !