Les forces de police de New York se retrouvent sur une nouvelle affaire des plus étranges. Un laveur de carreaux est retrouvé décapité sur son lieu de travail, sur une façade d'immeuble, alors que d'autres disparaissent en haut des gratte-ciels dans une gerbe de sang ! Plus bas, dans la rue, un petit arnaqueur raté se retrouve embrigadé malgré lui dans le hold-up d'un diamantaire. Entre les deux, la police retrouve des corps mutilés qui laisseraient à penser qu'une personne dans la ville commet des crimes rituels.
Après MEURTRES SOUS CONTROLE, Larry Cohen embraye sur THE SECRET FILES OF J. E. HOOVER, une bio de l'un des directeurs du FBI, avant de passer à une comédie avec des ados en guise de loup-garou dans FULL MOON HIGH. Il essaye alors de produire J'AURAIS TA PEAU dont il a acheté les droits du livre, histoire de mettre en vedette Armand Assante dans le costume de Mike Hammer. Malheureusement, l'expérience tourne court et il est contraint d'abandonner sa place de metteur en scène lorsque la maison de production connaît de graves problèmes financiers. L'envie de revanche le pousse à monter un projet de film à toute vitesse et après avoir récupéré rapidement un casting (Michael Moriarty, David Carradine…), il retrouve Samuel Z. Arkoff et lui propose ce qui donnera naissance à EPOUVANTE SUR NEW YORK (Q, THE WINGED SERPENT).
Alors que tout le monde pense que l'initiale «Q» est celle du dieu aztèque Quetzacoatl, il s'avère que dans l'esprit de Larry Cohen, cela désigne tout autant Quinn, le personnage principal du film interprété par Michael Moriarty. Ce qui est fort logique puisqu'une grande partie de l'histoire s'intéresse essentiellement à ce personnage en quête d'une vie meilleure et qui n'a jamais eu de chance jusqu'ici. Quinn croise donc l'autre «Q» sans vouloir s'y intéresser avant de comprendre qu'il s'agit d'une opportunité comme on n'en rencontre qu'une seule dans sa vie. Comme à son habitude, Larry Cohen ménage quelques rebondissements judicieusement trouvés (les gangsters aux trousses de Quinn, le chantage…) pour ficeler son scénario avec un certain brio là où d'autres se seraient contentés de faire la chasse au monstre pendant les quatre-vingt-dix minutes réglementaires.
De toutes façons, en 1982, Larry Cohen ne dispose pas d'images de synthèse et encore moins d'un gigantesque budget qui lui permettrait de reproduire un affrontement musclé avec le monstre sur toute la durée du film. Quitte à cacher le serpent ailé, le récit se divise donc en trois histoires qui finissent par se recouper. Celle de Quinn déjà explicitée, mais aussi une bizarre affaire de sacrifice qui nous vaut quelques images gores de victimes écorchées de la tête au pied. Ce n'est pas une bestiole géante mais cela a au moins le mérite de faire son effet choc. Grâce à ces trois intrigues, Larry Cohen réussit à garder un rythme enlevé, ce qui empêche le spectateur de s'ennuyer et ce même s'il s'attendait à découvrir une créature ailée bien plus présente dans le film !
La campagne de promotion de Q, THE WINGED SERPENT s'axe tout de même en grande partie sur la créature à même de terroriser New York. L'affiche française, d'ailleurs reproduite au format carte postale à l'intérieur du boîtier DVD, clame que le spectacle est encore plus terrifiant que KING KONG. Pour réussir à tenir ces promesses, on fait donc appel à Peter Kuran qui animera le fameux «Q» selon la bonne vieille méthode de l'image par image. D'un serpent ailé, à l'écran, on obtient en fait une sorte de lézard avec des ailes et qui ne sera révélé dans son intégralité seulement dans la deuxième partie du film, plus particulièrement lors d'un combat acharné avec la police. Les plans d'ensemble du monstre sont plutôt réussis mais le film contient des passages avec des effets spéciaux plus ou moins ratés. D'ailleurs Larry Cohen s'explique dans le commentaire audio sur ce qui aurait pu être encore pire, puisqu'il a pris le parti de ne pas utiliser certains éléments jugés ridicules à l'instar de Dino de Laurentiis et son gigantesque KING KONG en animatronique qui n'a pas vraiment servi !
Face au serpent ailé annoncé, on retrouve un casting de choix avec Michael Moriarty qui trouve là l'un de ses meilleurs rôles, sa performance étonna Steven Spielberg à l'époque nous confie Larry Cohen dans le commentaire audio, alors que l'acteur est essentiellement connu pour la série télévisée NEW YORK DISTRICT. Pour l'épauler, on retrouve David Carradine (KUNG FU, LA COURSE A LA MORT EN L'AN 2000…), Richard Roundtree (SHAFT, TREMBLEMENT DE TERRE, MANIAC COP…) ou James Dixon qui interprétait déjà un rôle similaire mais à un grade moins élevé dans MEURTRES SOUS CONTROLE. Tout ce petit monde donne un peu plus de crédibilité à l'histoire pourtant abracadabrante du film !
Q, THE WINGED SERPENT est présenté ici dans son format cinéma respecté avec l'apport du 16/9. Le transfert est d'excellente qualité, même s'il faudra compter avec une granulation visible par moments (souvent en raison des effets spéciaux) et de quelques défauts de pellicule. En tout cas, il n'y aucune comparaison avec le transfert terne et sans définition du DVD très mal compréssé édité par Integral au tout début du DVD. On constatera toutefois un cadrage légérement différent entre les deux. Blue Underground en a profité pour proposer toute une palette de nouveaux mixages sonores à partir de la bande-son mono. Pas de quoi s'enthousiasmer puisque les pistes Dolby Digital 5.1 (EX) et DTS (ES) ne font pas de miracles. Le rendu sonore est plus ample mais ce n'était peut-être pas la peine d'aller jusqu'au DTS. Vous ne trouverez aucun sous-titrage comme c'est l'habitude chez Blue Underground.
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Une fois que vous aurez visionné les suppléments de base, à savoir une pré-bande-annonce, la biographie de Larry Cohen et une galerie de photos (où un cliché de tournage de MEURTRES SOUS CONTROLE s'est égaré), vous pourrez vous attaquer au gros morceau. Toutefois, pour goûter aux joies de ce commentaire audio, il faudra tout de même bénéficier d'un bon niveau d'anglais puisque celui-ci n'est absolument pas sous-titré. Comme pour GOD TOLD ME TO, ce commentaire nous permet de retrouver Larry Cohen mais aussi William Lustig qui parle quasiment sur toute la durée du film. L'occasion d'en apprendre un peu plus sur l'implication d'acteur de Michael Moriarty (il a par exemple été très affecté par sa performance dans HOLOCAUST) ou le fait que le GODZILLA de Roland Emmerich et Dean Devlin ont plagié d'après Larry Cohen la fin de son film ! Le cinéaste s'étend aussi sur les passages sanglants qu'il n'apprécie pas mais ajoutés à la demande de Samuel Z. Arkoff pour obtenir un véritable film horrifique. Lieu de tournage, acteurs ou anecdotes abondent dans ce commentaire audio et tout cela sans que cela ne soit ennuyeux pour un sou.
Pour ceux qui ont un lecteur DVD-Rom, il sera aussi possible de visionner le contenu d'un fichier PDF contenant une reproduction de l'un des journaux utilisés dans le film mais aussi le dossier de presse, diverses notes ainsi que des coupures de presse à propos du film.
Si l'on devait vous raconter le récit complet de Q, THE WINGED SERPENT, vous auriez certainement l'impression que l'on est en train de vous parler d'un film au scénario inepte tant les éléments sont extravagants. Et pourtant, la vision du film laisse surtout l'impression de passer un excellent moment face à cette histoire inventive de monstre géant, de culte sanglant et d'arnaqueur à la petite semaine qui trouve une opportunité de réussir enfin dans la vie !
